Déjà le premier tome nous avait entraîné dans une narration effrénée, sans jamais connaître de temps mort (sinon, quelques personnages trucidés), mais, ce nouveau livre, suite du précédent Une enquête à Locmaria, tome 2 des (mes)aventures de l’Alsacienne Cathie Wald, nous régale encore à l’image d’un somptueux plateau de fruits de mer !
L’héroïne (terme bien approprié car il sera question, dans ce nouvel opus, d’une affaire de trafique de drogue !) décide de s’installer en Bretagne à Locmaria et d’ouvrir un restaurant au titre alléchant Bretzel & beurre salé. On se souvient du premier opus avec une inauguration rock’n roll qui se terminera par un cadavre, et il ne s’agit pas là de bouteille vide…
Margot et Jean Le Moal sont des orfèvres et récidivistes, qui agissent sous pseudonyme. Couple écrivant à quatre mains, l’une est alsacienne et l’autre breton, auteurs de thriller et proposant, avec leur périple breton, un genre spécial : « le cosy mystery », avec trois y s’il vous plaît…
L’histoire, qui s’articule en soixante-cinq chapitres, commence par le meurtre d’un dealer (qui boit la tasse mais pas de cidre !) dont le corps git sur la plage…Cathie le découvrira en faisant son footing. On retrouve les protagonistes du précédent ouvrage : Yann Le Meur, l’intègre journaliste un zest amoureux de l’Alsaco-Bretonne, les gendarmes limiers ; le major Julienne ou le capitaine Grandsir, pandores d’une caserne à la manière des gendarmes de Saint-Trop, sauf qu’on se situe à Locmaria sous la protection du saint local, le bien nommé Ternoc ! De nouveaux personnages (un rien véreux) font leur apparition, comme Dominique Angeloni, alias Doumé ou Bertrand Sposito, un parrain marseillais de la drogue, bronzé trois cent soixante-cinq jours par an, Mathieu Lagadec, petite frappe et genre de Caïen prêt à assassiner son frère…
Ce récit déjanté (Bretagne, terre de vélo !) est toujours rédigé avec humour, dans le détail des descriptions savoureuses, lorsqu’il s’agit d’un dressing : C’est drôlement sympa tous ces miroirs. On se voit vraiment sous toutes les coutures. Par contre, ça m’enlève quelques illusions. Je ne m’imaginais pas avec un cul aussi rond. Il est aussi question d’histoire et de Bonnets rouges,(révoltés par les impôts décrétés par Louis XIV),prémices des gilets jaunes ou de spoliation d’œuvres d’art durant la deuxième guerre mondiale.
L’intrigue est menée de mains de maître(s) et le point final n’est finalement qu’un point de suspension car il annonce déjà les mystères du livre à venir. Un peu, à l’instar des feuilletonistes du dix-neuvième siècle. Un roman à tiroirs et à facettes où l’on a dû mal à ranger, voire à plier la coiffe bretonne…Ce qui fait bien rire, dame cigogne !
© Laurent BAYART
* Bretzel & Beurre salé, Une pilule difficile à avaler de Margot et Jean Le Moal, Calmann Lévy, 2021.