LES MOTS S’ENVOLENT A LA BIBLIOTHEQUE.

          Je me rappelle les avoir un instant sorti de mes livres, tels des perruches, des moineaux, des colibris ou des mésanges. Prendre le grand air dans les jardins ou sur les cimaises de la bibliothèque, au son de l’accordéon. C’était hier, c’est déjà demain. Le temps passe et file mais l’enchantement demeure. Les mots apprivoisés ont pris leur envol, en poudre d’escampette, comme des papillons de papier. Rythme impromptu et musique en tourbillon qui me fait vibrer dans le partage des connivences. Je me trouve dans l’incandescence de l’écriture, au diapason de la création. Les verbes se glissent dans mes paroles pour aller vers l’autre, vers l’enchantement de la rencontre et de sa genèse. J’aime tant m’acoquiner avec les mots.

Je me rappelle qu’ils se sont extirpés un instant de mes livres, mais lorsque la soirée s’est terminée, comme de fidèles rapaces, ils sont revenus habiter et réenchanter les feuillets des quelques volumes que j’avais pris dans les mains.

Puis, le dernier morceau de musique échappé de l’accordéon, les mots ont remis -eux-mêmes – leur point final. Et, les ouvrages sont redevenus des volières qui se sont rangées dans les rayonnages de la bibliothèque.

Le silence est tombé doucement, telle la plume d’un oiseau qui se pose par terre ou plutôt sur la clef de sol…

Je me rappelle les avoir un instant sortis de mes livres…

                                                               © Laurent BAYART

                                          26 décembre 2022

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