Il y a parfois (et même souvent) des découvertes fertiles et les couvertures des Éditions Picquier sont, à l’instar de celles de vieux vinyles, de petits trésors esthétiques qui vous chatouillent les mains en vous donnant envie de les prendre !
Huang Beijia est une auteure chinoise, née en 1955, diplômée de l’Université de Pékin, elle occupe un poste au Bureau des Affaires Étrangères de la province du Jiangsu. Elle a – jusqu’à présent – publié trois ouvrages dont cet opus qui attire irrésistiblement l’attention « Comment j’ai apprivoisé ma mère ». Il raconte les péripéties d’un petit garçon (Didi) qui, par suite du décès de son père, vient vivre chez sa mère (Mei) dont il était séparé depuis belle lurette. Elle n’était pour lui qu’une photo, voilà que cette animatrice de radio (connue sous le nom de Xin Ping) sort du cadre pour prendre vie et forme pour s’en aller cohabiter à Nankin. La grand-mère, connaissant bien sa fille qui a déserté le foyer conjugal, savait que Mei ne pourrait pas être une bonne mère, elle avait abandonné son mari et son fils pour sa carrière. Le petit garçon va mener l’enquête autour de cette mère qui anime une emblématique émission de radio en pleine nuit, très prisée. La narration file comme un long fleuve, chacun se réappropriant sa part de tendresse en essayant de rattraper le temps perdu : – Alors pourquoi tu l’as quitté ? Tu l’as quitté et tu m’as abandonné. Ma grand-mère disait que tu ne voulais pas de moi, que tu n’étais pas heureuse d’avoir un enfant.
Voici un livre tendre sur un improbable rapport fils/mère où le temps perdu se regagne par la confiance retrouvée, et puis l’amour aussi…C’est ce qu’on appelle doucement « s’apprivoiser ».
Laurent BAYART
- Comment j’ai apprivoisé ma mère de Huang Beijia, Éditions Picquier, 2008.