LIVRE / « LA VILLE DE PIERRE », SUR FOND DE MER, DE GUO XIAOLU.

                  C’est encore une petite merveille de découverte de littérature asiatique, via la Chine et les (fabuleuses) éditions Picquier, avec « La ville de pierre » de Guo Xiaolu, romancière et réalisatrice chinoise, née en 1973. La narratrice (Jiang Corail rouge) raconte sa jeunesse, lorsqu‘elle habitait à Shitouzhen, la « ville de pierre », petit port de pêche ravagé souvent par les typhons au sud de l’empire du Milieu. Plongée dans des souvenirs éprouvants et dramatiques. 

Les habitants de Shitouzhen, en parlant de partir pêcher en mer, disent « aller mendier en mer » car le retour par les chemins-vagues et les rouleaux démontés n’était pas garanti ! On y côtoie aussi Zhuzi, un fan et aficionado de frisbee qui est un sport naturel qui permet de développer la rapidité de jugement et la maîtrise de soi…La pêche et ses superstitions : Tous les pêcheurs savent qu’on ne doit pas retourner le poisson car un poisson retourné, c’est un navire qui chavire.  Terreur et perversité perpétrées par ce « muet » qui commettra des actes obscènes sur la jeune fille. Écriture introspective et résiliente pour panser ses plaies et repartir de l’avant, avec ce bruit de ressac et ce grand bleu dans lequel vit l’étoile de mer. Celle-ci n’a pas de sentiments, elle a seulement le pouvoir de dévorer la vie et d’engloutir tout ce qui est plus faible qu’elle…Et plus avant : Pourrait-on croire en la regardant que cette adorable créature est capable de tuer et de gober n’importe quoi…

Un ouvrage qui nous entraine dans le courant des souvenirs emportés par la mer et ses typhons de sentiments qui ravagent cœurs et âmes.

                                                       Laurent BAYART

  • La ville de pierre de Guo Xiaolu, traduit du chinois par Claude Payen, Éditions Philippe Picquier, 2004.       

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