Archives de catégorie : Blog-Notes

ARTS PLASTIQUES / LE TALENT (PRECOCE) DE IARINA MARIA ANDREI

une sérigraphie de Iarina Maria Andrei

Hyper fiers de notre filleule roumaine de 19 ans, Iarina Maria Andrei, qui continue son exceptionnel et précoce parcours artistique. Voici qu’elle vient d’être acceptée dans une école d’Arts Appliqués en Angleterre et qu’elle travaille d’arrache-pied pour en faire son métier. L’Art, c’est déjà sa vocation ! Voici une de ses dernières oeuvres : une sérigraphie (silk-screen printing) dédiée à une souris…Multiplicité de son inspiration et de ses talents. Bravissimo Iarina !

BILLET D’HUMEUR / ACTE 82 / LES TOURS (bien pendables) DE MA TABLE DE CHEVET.

table de chevet échevelée…

On évoque souvent, lorsqu’il est question de lectures en attente, l’embrouillamini d’ouvrages et les montagnes de livres qui s’amassent/ s’étalent et encombrent ce qu’on appelle la table de chevet. Cet appendice de console (inconsolable !) où la lampe a bien du mal à se frayer une place au milieu de ce fouillis de bibliothèque improvisée qui s’invente des rayonnages en forme de tourelles à l’architecture fragile et aléatoire…

Comment trouver le sommeil à proximité de tant d’histoires, de narrations, de personnages, de décors et de paysages qui n’attendent que vos yeux et votre marque- page pour aller dérouler leur romanesque cinématographie ? Ma table de chevet se grime en improbable bibliothèque, librairie qui s’étale avec ses nouveautés mais aussi ses vieilles parutions que l’on met soigneusement de côté afin de les lire lorsqu’on trouvera le temps. Mais, c’est bien connu, les horloges s’affolent, les heures sont des bolides qui filent dans les cadrans. Les éditions, imprimés et divers opuscules n’arrivent plus à suivre l’affolement des jours qui passent bien trop vite. 

Même si la poussière s’accumule allègrement sur mes bouquins, comme une grimace sur un visage, j’aime cette table de chevet qui n’en finit plus de…m’achever avec cette inextinguible soif et envie de lire, tel un désir permanent à satisfaire. A côté de mon lit. C’est tout dire si je suis l’amant des volumes qui me font des œillades…que je n’arrive plus à combler. O insatiables maîtresses que je voudrais tant effeuiller !

Mais, que faire ? Lorsque j’en lis deux ou trois à la file, c’est une demi-douzaine de leurs comparses en papier qui viennent prendre leur place…

  • Chevet craqué ! semble chuchoter mon petit meuble branlant à côté de moi. 

Moi, j’aime la proximité de ces ouvrages qui, comme le bruit d’un fleuve ou d’un ruisseau, le ressac de l’océan, m’offrent la sérénité de l’instant fécond. Et même, quand je dors, les histoires s’affichent dans mes rêves…

J’aime tellement lire que, même les paupières closes, mes yeux telles des lucioles font encore tourner les pages de mes songes…qui se transforment en livres.

                                                                            @ Laurent BAYART

REVUE / « SPORT ET VIE » SUR L’ALPINISME OU LA MONTEE…VERS L’ENFER !

Le numéro 51, hors-série du toujours passionnant magazine Sport et Vie vient de paraître. Le thème est l’alpinisme. Manière de faire un tour d’horizon, assez complet, sur cette recherche d’absolu que ressentent ces marcheurs de la verticalité, « les clochards célestes » (titre d’un ouvrage de Jack Kerouac). Aucun tabou et beaucoup d’originalité dans ces articles qui démystifient cette quête des sommets où l’on parle des pionniers, mais aussi des femmes dont Henriette d’Angeville (à signaler tout de même qu’il existe encore des montagnes interdites aux femmes, comme le mont Omineau Japon !). Il est question aussi de ceux sans qui tous ces exploits seraient impossibles : les sherpas (représentant d’un peuple Pa qui vit dans l’est sher, sur les pentes des plus hautes montagnes du monde). On y évoque aussi le dopage, ces moments intimes dont on ne parle jamais dans les récits : comment chier en paroi ? Et ces incroyables montagnes…d’étrons qui s’entassent dans les hauteurs car, vu le froid polaire, ils restent bien en place !  On a calculé qu’avec les milliers d’ascensions par saison, onze tonnes d’excréments humains souillent les pentes de la montagne chaque année, sans véritablement se décomposer… Face ou plutôt fesses cachées de la gloire !

On ne parle pas non plus des montagnes de détritus qui jonchent ces lieux idylliques et de tous les cadavres, aventuriers disparus, qui (re)jaillissent avec le réchauffement climatique (il y en aurait 300 !). Incroyable ruée vers les sommets et notamment vers le plus haut du monde, l’Everest (qui porte le nom du géomètre anglais, George Everest, (1790-1866) avec 807 personnes qui sont arrivés à sa pointe, à ce chiffre, il faut rajouter leurs acolytes porte-faix, les sherpas dont on ne parle jamais ! Du business et des incroyables ressources financières que cela génère, notamment pour le Népal (le tourisme représentant 42% du produit intérieur brut). 

Anne-Laure Boch, docteur en philosophie, neurochirurgien et alpiniste aguerrie compare l’alpinisme à une ordalie, autrement dit à une épreuve dont on sort soit triomphant soit mort ! En clair, on soumet son existence au jugement de Dieu.  Et, un peu plus loin, l’écrivain Cédric Sapin-Defour de rajouter : Et si l’on venait à conclure que l’alpinisme est indéfinissable, alors nous tiendrions une définition tout à fait honorable de cette chose.

                                                                          @ Laurent  BAYART

Sport & Vie, hors série numéro 51, l’alpinisme, les questions qui tuent.

LIVRE / PROFONDEURS DE GUILLAUME NERY OU APNEE-MOI PAR MON NOM !

Champion français d’apnée, Guillaume Néry a battu à quatre reprises le record du monde d’apnée en poids constant, champion du monde grâce à une plongée de 117 mètres, ce sportif – hors norme – se raconte dans ce livre passionnant intitulé « Profondeurs » écrit, conjointement – avec Luc Le Vaillant, journaliste et prix Albert Londres. Autant dire (et ce n’est pas forcément la loi du genre) que l’écriture de ce récit est plaisante et bien amenée.

Un livre à couper le souffle ? Oui, car on entre ainsi dans un univers peu connu, celui des apnéistes de haut niveau : Depuis dix-sept ans, mes moments les plus soufflants, les plus intenses, se déroulent bouche close, nez pincé…Hallucinant de savoir que le record d’apnée (statique) est détenu par Stéphane Mifsud qui est resté 11 minutes et 35 secondes, sur place, sans respirer….Guillaume Néry, quant à lui, s’en tient à 7 minutes et 42 secondes, pardonnez du peu, comme on dit ! 

Le sportif niçois, cosmonaute en Néoprène, (qui s’entraine dans la rade de Villefranche : somptueuse dans sa solitude hivernale, désertée par les touristes pétaradants et autres olibrius estivaux) évoque cette passion qui s’apparente à l’ivresse des hauteurs ou de la conquête spatiale :En altitude comme en profondeur, on pénètre dans des mondes extrêmes où les sensations sont autres…/…Celui qui grimpe est le frère de celui qui descend. Fil ténu et confettis en bulles d’oxygène qui le relient à la vie, lui qui fut victime d’une syncope et failli ne jamais revenir vivant de son périple aquatique. Il évoquera aussi l’accident fatal de Loïc Leferme, l’état de narcose, anesthésie ou ivresse des profondeurs mais aussi ces moments d’exaltation avec ses pérégrinations dans les abysses et son saut dans le « trou sans fond », dans les Bahamas, dont il réalisera un film emblématique Free Fall.

Philosophie et mysticisme des sommets à l’envers, Guillaume Néry nous lâchera cette confidence : Je m’insurge contre l’hypothèse du hasard…/…Je pense qu’il faut parier, comme Pascal, sur l’existence d’un principe créateur…

Autrement dit, entre les étoiles du ciel et celles de l’océan, plane l’ivresse de croire en une certaine forme d’absolu. Suspendre sa respiration, c’est comme entrer dans une éphémère forme d’éternité.

                                                                            @ Laurent BAYART

Profondeurs, en collaboration avec Luc Le Vaillant, de Guillaume Néry, Arthaud, 2014.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 81 / DE CURIEUX CRIS SANS THEME DANS LES CIMETIERES

Sont-ils devenus fous ? Voilà que des sbires de l’apocalypse mettent le feu dans les jardins apaisés des cimetières, tagguant leurs symboles de haine sur la page minérale des pierres tombales où des noms d’autres confessions religieuses, sont gravés. Svastikas tracés à la peinture pour faire rugir d’obscures vibrations d’un passé de feu et de sang. Les anges blancs, statues postées telles des sentinelles dans les allées, n’en croient pas leurs ailes : Ils ont osé !Venir poser la syntaxe de la barbarie dans ces lieux de repos éternel… Sont-ils donc devenus fous pour agiter, en cet endroit de recueillement, les oriflammes de l’horreur et d’un racisme que l’on croyait enfoui à jamais dans les oubliettes de l’histoire ! Chaque fois, les mots nous échappent pour signifier notre stupéfaction. L’histoire balbutie et bégaie à nouveau. Croix gammées tagguées comme des injures à l’amour. Pourquoi cet obscur besoin de maculer d’encre nos ivresses de liberté, notre soif de paix ?

Il faudrait des milliards de prières et de chuchotements tournés vers Dieu afin d’effacer, d’un coup d’éponge, la craie de ses ignominies sur l’ardoise des monuments outragés.

Regardez, ces larmes qui tombent du ciel. Ce n’est pas de la pluie, messieurs les météorologues, ce sont des larmes…Elles s’écoulent de ces corps qui se sont envolés de l’autre côté du miroir et qui ne comprennent pas leurs frères restés débout ! Ces ignobles faussaires du désastre posent leur orthographe de grimaces et la grammaire de leurs crachats sur leurs derniers suaires.

Réveillez-vous vite les vivants, avant que le feu réinvente la cendre ! Les cimetières, alors, se multiplieront à l’infini…

                                                                            @ Laurent BAYART

LIVRE / L’HALLUCINANT RECIT CARCERAL DE MAURIZIO TORCHIO.

         La couverture de l’édition italienne est tout simplement superbe, celle de l’édition française nettement moins inspirée mais, qu’importe, le livre de Maurizio Torchio intitulé « Sur l’île, une prison » est magistrale par son écriture, ses descriptions et l’analyse psychologique finement décrite de l’univers carcéral.  Récit mené tambour battant par un détenu, kidnappeur et meurtrier de surcroît.  L’auteur, né à Turin en 1970, a étudié la philosophie et possède un doctorat en sociologie de la communication mais ceci n’explique pas tout car, à le lire, on se demande vraiment comment il a réussi la prouesse de se mettre dans la peau d’un prisonnier et de décrire, avec une précision d’horloger, le monde mystérieux de l’enfermement.

Cette prison-forteresse, située en pleine mer, se révèle être un univers en huis clos où « marinent » les détenus dont Toro, emprisonné après avoir enlevé la fille d’un magnat du café, puis condamné à une lourde peine pour avoir trucidé un gardien. La narration, sans temps mort, décrit cette vie carcérale journalière et la promiscuité avec les garde-chiourmes, un destin qui les unit dans cette communauté cloisonnée qui vacille entre compassion et haine. Quand quelqu’un s’évade, les gardiens deviennent fous de rage. C’est comme si on avait violé leurs femmes sous leur nez.  Ils se sentent stupides et cocus. Et puis, l’obsession constante des portes fermées et du verrouillage systématique  : parce que, plus les prisons vieillissent plus elles deviennent poreuses, pleine de trous, de bizarreries, de cachettes…

Quant au narrateur, qui sait qu’il a pris  pour« perpète », il analyse avec beaucoup de justesse sa condition : Personne n’a plus d’espoir que les gens qui sont enfermés depuis longtemps : s’ils ne se tuent pas, ils prennent confiance dans le temps…

Ce livre est surprenant par la pertinence de son analyse, comme cette phrase au détour d’une page : La seule différence entre une cagoule pour kidnappeur et une cagoule pour kidnappé est que la seconde n’a pas de trous pour les yeux.

On ne sort pas indemne d’un pareil ouvrage, le point final étant comme une porte, bruit d’écrous, qui se referme lourdement derrière vous.

                                                                                @ Laurent BAYART 

Sur une île, une prison de Maurizio Torchio, éditions Denoël, 2016.

LIVRE / LA COQUILLE DE MOUSTAFA KHALIFE OU LA SYRIE NOIRE.

Voici un récit romancé comme un témoignage poignant et hallucinant de l’univers carcéral syrien. Œuvre à vif qui vous tombe littéralement des mains et jette l’effroi. La coquille de Moustafa Khalifé, raconte, avec distance, cette longue et lente descente en enfer, vécue dans l’extrême bestialité d’une gigantesque prison syrienne située en plein désert. Le narrateur, après six ans de séjour en France où il a obtenu un diplôme d’études cinématographiques, décide de son propre chef de rentrer au pays où il est « cueillit » (sans ménagement) à l’aéroport de Damas…En route pour treize ans, trois mois et treize jours de pandémonium où l’absurde côtoie l’horreur quotidiennement. Pris pour un activiste islamiste alors qu’il est chrétien grec-catholique…

Il faudra une incommensurable volonté et force de caractère afin de surmonter toutes ces épreuves faites d’humiliations et de tortures, lui qui trouva les ressources pour résister à la barbarie grâce à son esprit : les rêves éveillés. Cela me procure beaucoup de plaisir, c’est ma drogue. Je construis le rêve petit à petit…Oubliant ainsi le bruit de cet hélicoptère se posant deux fois par semaine dans la cour de la prison, avec sa liste de condamnés à mort, jetant l’effroi sur les prisonniers mais aussi, provocant la chair de poule aux policiers et aux limiers « municipaux », sbires du président Hafez al-Assad, c’est tout dire…

Tortures, disions-nous, il lâche : La douleur était atroce, mais je n’avais pas peur. A présent, j’avais de l’expérience…Musée de l’horreur où l’humanité semble s’être complètement fourvoyée. Moustafa Khalifé fera sienne cet adage qui circule dans cet univers carcéral : La main que tu ne peux pas mordre, baise-là et prie pour qu’elle se casse.

Il sortira de l’enfer mais à quel prix ? Libéré, certes, mais reclus à jamais dans une improbable coquille…

                                                                            @ Laurent BAYART

*  La coquille de Moustafa Khalifé, prisonnier politique en Syrie, Babel Actes Sud, 2007. 

LIVRE / LE VOILE DE TEHERAN OU LE DESTIN D’UNE FEMME EN MODE FEMININ SINGULIER.

Sociologue et psychologue, mais surtout connue comme romancière iranienne, vivant à Téhéran, Parinoush Saniee avait publié assez récemment La voix cachée. Retour sur un autre de ses livres, plus anciens celui-là, mais d’une brûlante actualité : Le voile de Téhéran (interdit de publication dans son pays) où cette femme exceptionnelle raconte la vie de Massoumeh, demoiselle puis épouse, prise dans l’étau d’une famille où les hommes décident pour elle, en la mariant de force. Récit poignant et haletant de plus de six cents pages, dans cet Iran dominé par l’omnipotent Reza Pahlavi, autrement dit le Shah et sa police politique la Savak qui pourchasse les opposants, en l’occurrence un mari fantôme, militant communiste et activiste qui finira par croupir en prison.

Puis, surgissent les Islamistes qui feront basculer l’empire persan dans un autre fondamentaliste et dictature. La femme étant toujours soumise à l’autoritarisme masculin et à ce code de l’honneur qui emprisonne ses héroïnes dans le carcan des traditions. Cette épouse, éprise de liberté, après avoir subi les humiliations a pris sa destinée à bras le corps : J’ai porté le tchador à Qum, j’ai porté le foulard à Téhéran, quand j’ai épousé ton père il n’a pas voulu que je porte le moindre hijab, puis la révolution est venue et j’ai dû porter un foulard et un manteau qui me descendait jusqu’aux pieds…

Aléas et turbulences de l’histoire où la passion amoureuse reste soumise au diktat et au poids des traditions qui font qu’elle ne pourra pas se remarier et vivre avec celui dont elle a toujours été fidèle et amoureuse : – Tout être humain a le droit de décider de sa vie. – Oui, bien sûr, Maman, c’est ton droit. Mais serais-tu prête à exercer ce droit au prix de l’honneur et de la réputation de tes enfants ? Encore un véto au bout du chemin…

Ce livre, d’une force remarquable, est un requiem pour cette liberté au féminin très singulier.

                                                                           @ Laurent BAYART

Le voile de Téhéran de Parinoush Saniee, éditions Robert Laffont, 2015.

LIVRE / NADIA COMANECI OU LA ROUMANIE AU PAS DE GYM.

Fascinant et passionnant livre/récit sur Nadia Comaneci ou La petite communiste qui ne souriait jamais. L’auteure, Lola Lafon, tisse son imaginaire sur la vie réelle de cette (très) jeune championne roumaine de gymnastique au destin fabuleux qui affola l’ordinateur Longinesdu décompte des points lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Notée dix sur dix, phénomène rarissime ! Cette Lolita olympique d’à peine quarante kilos, écolière de quatorze ans à la silhouette de jeune garçon…pulvérise les statistiques qui la font entrer dans l’histoire du sport. 

Lola Lafon a choisi de remplir les silences de l’histoire et ceux de l’héroïne et de garder la trace des multitudes hypothèses et versions d’un monde évanoui. L’échange entre la narratrice du roman et la gymnaste reste une fiction rêvée…

Imaginaire certes, mais retranscrit, rédigé comme un reportage inspiré où elle décrit la (jeune) existence de cette Jeanne d’Arc magnésique.On découvre des personnages charismatiques dont ce fameux manager qui transformera la frêle fillette en machine à gagner des médailles d’or : le Hongrois Bela Kàrolyi. Née à Onesti, ville de Moldavie roumaine située au nord-est de Bucarest où d’aucuns diraient qu’une fois qu’on fait le tour de la ville, on n’a qu’à le refaire dans l’autre sens…Humour roumain toujours finement coloré.

Belle description de cette Roumanie dirigée par Nicolas Ceausescu, le Conducator fou (adulé pourtant par les dirigeants occidentaux de l’époque !). Il fit de Nadia l’emblème de la « réussite » de son pays. On assiste à cette étrange « révolution », puis la fuite de Nadia Comaneci qui suivra celle de son entraineur. A t’elle collaboré, participé à cette utopie collective ? L’auteure imagine et laisse planer l’ombre d’un doute ou d’une suspicion.

Mais l’histoire ne retiendra que cette étincelle virevoltante de fillette, égérie des poutres et des barres, qui posa l’étincelle de son talent dans les salles de gymnastique du monde entier.

                                                                       @ Laurent BAYART

La petite communiste qui ne souriait jamais, roman, de Lola Lafon, Actes Sud, 2014.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 80 / AU FEU LES POMPIERS, Y’A DES TETES QUI BRULENT !

@ photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

Les villes sont rouge sang, des flammes embrasent des immeubles et des automobiles. On hurle au feu et à cet incendie qui lèche les corps, avant que les épidermes se couvrent de cloques et que les hommes soient noyés dans des rideaux de cendres. Disparaissent à jamais. Des hommes en rouge surgissent, en toute urgence, avec leur grande échelle et leurs longues lances pour venir cracher des puissants torrents d’eau… Apaiser les flammèches. Afin d’éteindre ces limons de brasiers ardents qui détruisent tout et que peut-être, d’autres ont allumés… 

Mais, que se passe t’il ? Des cailloux sont jetés sur leurs véhicules qui pimponnentpour venir sauver leurs contemporains ? Mais qui sont ces fourbes, ces fous,  pour leur  jeter ainsi des pierres enflammées ? Qui sont donc ces insensés ? 

Plus loin, une ambulance, floquée d’une croix rouge, pousse des cris stridents. Gyrophares tournicotants. Cette fois-ci, ce sont des  hommes en blanc qui viennent éteindre les incendies du corps. De l’hémoglobine qui embrase les noires blessures et le désespoir des vies menacées. Vite, vite…l’urgence chante l’humaine détresse. Mais, les mêmes apprentis de l’absurdité viennent – eux aussi – bousculer ceux qui viennent soigner et sauver…C’est à ne plus rien y     comprendre ? Que se passe t-il dans la tête de ces hommes qui semblent avoir perdu toute raison ?

Les sirènes hululent et plus personne pour les entendre, ni les comprendre. Non assistance à personne en danger ont-ils éructés, ceux-là même qui…

Mais qui donc éteindra l’incendie qui se propage dans la tête des fous et remettra un peu de lumière dans les yeux des aveugles ?

                                                                            @ Laurent BAYART