Tous les articles par Laurent Bayart

NOUS SOMMES FAITS POUR LE CANTIQUE DE LA PLENITUDE ET DE L’AMOUR.

                               Sur une photo de Nemorin, alias Erik Vacquier.

      Les temps sont à la tourmente, les feux attisent les broussailles. L’incendie rogne les ronces et les sylves, menace les êtres humains dans cette danse de mort à la Strindberg, bossa nova de flammes qui met en péril désormais l’intégrité de l’humanité…

Il faut retrouver d’urgence les chemins de l’apaisement, de la paix et de la plénitude, malgré les malgré comme le répétait souvent l’ami Albert Strickler. 

Vents et turpitudes soufflent sur un monde qui se déchire à nouveau. Bruits de bottes et cliquetis d’armes qui semblent patienter pour la mise à feu des ogives. Les flammes n’attendent que l’allumette…

Retrouver les chemins de lumière et de l’amour qui peuvent changer – encore et toujours – le monde.

Nous n’avons d’autre chemin que de nous aimer. Le reste n’est que parabole de coquillage que l’océan engloutira dans son ressac.

Nos âmes sont des étoiles de mer qui ont pour destinée de se fixer à jamais dans un ciel apaisé et serein.

Car nous sommes faits pour le cantique de la plénitude et de l’amour.

                               © Laurent BAYART

                                    7 mars 2025

CACHE-CACHE…

                            Avec la complicité (des pieds) d’Alphonse et de Gustave,

        On se cache comme des carabins, les enfants sont des p’tits malins, ils connaissent toutes les ficelles pour la grande « cachoterie » et on court se planquer, pendant que le compte à rebours égraine sa liturgie de chronomètre. Le temps de trouver une bonne planque ; -Ahahah, tu m’trouveras pas, na ? Et voilà que les fins limiers cherchent vaille que vaille le papy planqué comme un gamin ! Non mais, tu n’as plus l’âge pour ça ! Et tes articulations qui grincent et grimacent de tous les côtés !!! Squelette rouillé des vieux qui s’imaginent encore se trouver dans une cour de récréation…

Dix secondes…écoulées, et les loupiots ont retrouvé le grand-père espiègle.

Avec les p’tits enfants le temps suspend son vol et je me retrouve dans la cour de l’école avec eux.

C’est tout juste si je ne suis pas affublé d’un bermuda, chaussettes montantes, avec un choco bn dans les mains.

La maîtresse (mamy !) siffle la fin des amusements !

Il est grand temps de reprendre son costume de vieux papy brinquebalant…

O temps suspend ton vol et merci de m’avoir redonné – l’espace d’un instant – l’âme d’un enfant !

                                                © Laurent BAYART

                                                           4 mars 2025

LE MONDE MARCHE SUR LA TETE OU LES PIEDS EN L’AIR !

                             Sur une photo de Nemorin, alias Erik Vacquier,

                            Le monde marche sur la tête ! Sur le haut du crâne pousse des doigts de pied comme de petites antennes paraboliques ou plutôt paradiaboliques ! 

Fête des fous ou Narrenschif comme l’aurait écrit l’écrivain humaniste Sébastien Brant. Envolée carnavalesque où le grand bal des sorcières vient apeurer la lugubre cavalcade d’un monde en déshérence. Qui pour nous remettre d’équerre et droit ? Humanité devenue une immense fête des fous où l’on esquisse des danses de mort. Il faudrait retrouver le goût de l’espérance et de l’amour avant que le chaos nous mette… k.O. !

Qui pour nous offrir quelques étoiles et des soleils à mettre dans nos âmes ?

Nous avons tant besoin de retrouver les chemins de la lumière.

La nuit n’invente que des ombres.

                                           ©  Laurent BAYART

                                                     2 mars 2025

IL Y A TOUJOURS LE CLIN D’ŒIL D’UN SOLEIL DANS LE COSMOS DES JOURS.

                                    Sur une photo de Rémi Picand,

       Nous gardons la signature du soleil dans la grande noirceur des ombres et du silence des jours qui basculent dans l’obscurité. Nuit opaque qui joue à nous faire chavirer dans le désespoir. 

Nos âmes ont tant besoin de ces étoiles qui chantent au tréfonds de nous, si loin et pourtant si proches…derrière les silences agités du cosmos. Là, les chemins ont perdu leur route mais l’ivresse des rencontres nous poussent toujours et encore plus loin…

Nous n’aurons pas assez de vie pour arriver jusqu’au bout. L’espace est incommensurable et l’infini si immense que les mots n’ont déjà plus de sens.

Mais nous portons en nous cette foi à renverser les montagnes, pour y déposer la clarté d’une chandelle ou d’une bougie. Déjà, la lumière annonce son cantique et le sourire de l’Ange fait jubiler nos âmes.

Nous ne sommes que des pèlerins à la recherche de la sente où tout au bout brille l’Esprit, lumignon et lutin de tabernacle.

                                                   © Laurent BAYART

                                                          25 février 2025

GARDER LE GOÛT DE LA FETE EN NOS TETES…

                             Avec la complicité de Gustave,

        Garder le goût de la fête en nos têtes, laisser nos cheveux être saupoudrés par le parmesan de quelques petites étoiles de confettis venus mettre des arpents de ciel sur notre cuir chevelu. Carnaval des mots qui volent, insouciants, essaimant le bonheur de l’instant présent, comme si l’éternité avait décidé d’enfiler quelques masques vénitiens pour nous emporter sur sa gondole dans les canaux en labyrinthes magiques de Venise. 

Ivresse de se laisser kidnapper par Pierrot et Colombine ou par la fée Mélusine. Cavalcade de liesse qui nous offre une parenthèse joyeuse dans nos vies. Retrouver nos âmes d’enfants et se moquer des sorcières et de leurs balais ainsi que des monstres de pacotille qui tirent la langue aux spectateurs…

Faire un pied de nez aux monstres du quotidien et aux muses aveugles des faiseurs de guerre qui menacent le monde.

Serpentins d’allégresse de cette vie qui vient chanter dans les rues, telle une délivrance.

Retrouver le goût de la fête avec des cotillons d’étoiles dans nos cheveux.

Le coeur chaviré par les joies d’un simple sourire de temps enfin apaisés, les rayons du soleil ouvrant les portes de nos âmes. 

                                           © Laurent BAYART

                                        19 février 2025

L’ECHIQUIER DE LA VIE…

                                    Avec la complicité d’un échiquier réalisé par bayartbois,

               Ne serions-nous, finalement, que de simples pions à nous déplacer sur le damier d’un jeu qu’on appellerait tout simplement la vie… ? Tenter d’avancer, coûte que coûte, sans se faire renverser par un roi, une reine, valdinguer d’un coups de sabot de cheval ou un potentat en bois qui nous broierait sans pitié. Ne pas se laisser estourbir par l’échec, et continuer d’avancer sur ce chemin/ jeu damier où chaque case peut s’avérer être une chausse-trape. L’existence est parfois (et souvent) un jeu de guerre où il nous faut parvenir jusqu’à la dernière ligne où la mort devient l’enjeu suprême. 

Damer la piste et poursuivre le lent glissement de sa marche…

Et puis, arrivé au bout, devenir une étoile filante sur ce jeu de bois où l’âme d’un arbre nous accueillera.

Échec et mat. Écriture rimbaldienne du déplacement à ras de case.

Jeu est décidément un autre.

                                           © Laurent BAYART

                                          16 février 2025

L’ASIE DES CINEMAS QUI COLORIENT NOS YEUX…

                                          Sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier, Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul.

              C’est un tourbillon multicolore et multilingue qui déroule son tapis rouge sur les écrans de cinéma qui deviennent des terminaux d’aéroports. Magie des films asiatiques qui égrènent leurs romances en version sous-titrée. Ainsi, se délecte-t-on des images et de la poésie, ainsi que de l’exotisme des parlers et des idioms des langues de là-bas…, mais aussi, en même temps, on lit les dialogues, plaisir des yeux qui font du yoyo sur les images animées…On devine que les spectateurs ou plutôt les festivaliers sont de vrais polyglottes ! Vastes Liseuses en quadricolore, les mots s’écrivent devant nos pupilles émerveillées. 

Les couloirs sont d’interminables routes de la soie qui nous (em)mènent dans d’improbables pays, loin du paillasson de notre maison, abandonné pendant quelques jours…

On découvre alors que même notre facteur a les yeux bridés et des accents coréens ou japonais, à moins que cela ne soit du mongolien ? 

Et qu’il vient, non pas à bicyclette mais monté sur un chameau de Bactriane.

Le monde fait son cinéma et l’on voyage, vaille que vaille, coûte que coûte, dans l’émerveillement des découvertes. 

Les fauteuils rouge de la salle de cinéma sont devenus des tapis volants…

                                                   © Laurent BAYART

                                                          16 février 2025

LIVRE / L’IRAN DE DELPHINE MINOUI OU L’ODE A LA FEMME IRANIENNE « BADJENS ».

         Chiraz, en Iran, automne 2022, la révolte « Femme, vie, Liberté ». Une Iranienne escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. D’origine iranienne, Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, couvre depuis plus de vingt-cinq ans l’actualité du Proche et Moyen-Orient. Ses ouvrages connaissent un immense succès récompensés notamment par le prix Albert Londres.

Bad-jens, mot à mot, mauvais genre…espiègle ou effrontée. Et il en faut, du courage et de la ténacité à ces femmes pour survivre et braver les nombreux interdits imposés par les mollahs ! Ne serait-ce que montrer sa chevelure qui devient un immense parjure, sinon une provocation : …les cheveux des femmes renferment une étincelle qui aguiche les hommes. Et qu’il faut désormais les couvrir pour nous prémunir d’eux. Et de rajouter plus loin, un zest philosophe et lucide : A l’école et dans la rue, je serai celle qu’on veut que je sois. / A la maison, celle que je veux être.

L’humour est aussi une forme de résistance : Il a cette façon trop cheloue de s’adresser à nous sans nous regarder./ C’est comme s’il parlait à un mur…/…Heureusement qu’elle n’a pas mis ses chaussettes Mickey…Résistance par la musique, l’art, l’envie de s’envoler joyeusement dans l’ultime, le tatouage aussi qui est plus qu’un dessin : un moyen de « se »raconter sur la peau, d’en faire le paysage d’histoires inversées…Quant à la jeunesse, elle pourfend et brave la loi d’airain du grand silence et de l’obscurité : Les jours de soleil, on s’arrête au pied des ruines de Persépolis./ On choisit un coin d’herbe et on se roule des pelles…Ainsi, même les ancêtres et les vestiges sont complices de ces frasquesEt plus avant, ce désir de laisser son corps aller à la fête : Envie de me rappeler que j’ai un corps, d’être sensuelle, de sentir que j’attire, d’être désirable et de désirer…

Est largement évoquée le décès de Mahsa Amini qui est morte parce qu’elle portait un « vêtement inapproprié ». Le chemin reste long et semé d’embûches pour ces femmes courageuses qui savent ce que signifie la liberté. Elles scandent le poème de Tâhereh, (exécutée après s’être dévoilée devant une assemblée d’hommes, 1817-1852) : Si le ciel désire voir mon visage, / Il sortira chaque matin son miroir en or.

                                                               © Laurent BAYART

  • Badjens de Delphine Minoui, Seuil roman, 2024.

LIVRE/ L’AVENTURE QUI VOUS MENE EN BATEAU OU « ANTARCTICA BLUES » DE JENNIFER LESIEUR.

          Épuisée par sa vie parisienne, Jennifer Lesieur, l’auteure (plusieurs biographies à son actif, un Prix Goncourt de la biographie et le prestigieux Jack London !), embarque sur le MS Fram pour une croisière en destination de l’autre bout du monde : l’Antarctique. …l’endroit le plus froid, le plus venteux, le plus sec du globe. Un continent de 14 millions de kilomètres carrés, soit la superficie des Etats-Unis et du Mexique réunis, constitué d’un socle rocheux recouvert par 90% de la glace du globe…/…Si cette glace, d’une épaisseur moyenne de 2300 mètres, fondait, le niveau des océans augmenterait de 60 mètres…Voilà pour ce curriculum présenté en forme de superlatifs impressionnants. 

Nous nous trouvons non loin du passage de Drake et de la Terre de feu, du cap Horn et des Malouines ainsi que de la Géorgie du sud (…l’île est vierge de toute présence humaine, hormis quelques volontaires dans l’ancienne station baleinière de Grytviken. Elle grouille en. Revanche de faune…). Plus loin, faisant toujours référence à cette île, de rajouter, parlant des reliefs qui s’y trouvent : …la Géorgie du Sud est une élévation. Une main divine a dû empoigner un fragment des Alpes et le jeter là, en plein cœur de l’Atlantique Sud.

 Jennifer Lesieur nous conte l’histoire des navigateurs et autres explorateurs qui sont partis en quête d’aventure de l’extrême, dans ce cosmos blanc où l’homme devient une étoile abandonnée à l’infini. Terre où d’intrépides originaux qui n’ont pas…froid aux yeux se lancent dans d’improbables défis comme ce dénommé Pugh qui décide de faire un crawl d’un kilomètre au pôle Nord pour montrer l’ampleur de la fonte accélérée de l’Antarctique…/…Debout sur la banquise, il plonge dans l’océan, vêtu d’un slip de bain, d’un bonnet et de lunettes de piscine. L’eau est à -1,7 degrés….

Voilà un ouvrage passionnant qui nous parle de ces confins qui se trouvent si proches et si méconnus. Voyage au pays des tabulaires (une forme d’icebergs) qui dérivent et font du canoë, façon mastodontes !).  Une terre de paix (pour combien de temps encore ?) : En 1959, 12 nations ont signé un traité établissant l’Antarctique comme « terre de paix et de science ».

Magnifique déambulation dans ces terres de glace où, selon Charcot, celui-ci trouvait les lectures terrestres plus à même de préserver la santé mentale de ses hommes, plutôt que les boites de conserve…Dont acte !

                                                                    © Laurent BAYART

  • Antarctica blues de Jennifer Lesieur, Stock, 2024.

EMMENEZ-MOI AU BOUT DE LA TERRE…

                                             Avec la complicité d’une partition de Jeanine…

          Emmenez-moi au bout de la terre, là où le vent décidera de m’emporter en faisant de moi une curieuse éolienne soumise aux caprices du dieu des vents…Partir et glisser sur les méridiens en enivrante ritournelle. Devenir funambule des fuseaux horaires pour réinventer le monde au gré de mes voyages improvisés. La musique pose ses partitions comme une mappemonde qui prendrait ses aises sur une table et s’étendrait langoureusement à l’image d’un chat.

Peut-être que le vent s’est infiltré dans le soufflet d’un accordéon ? Et voilà le musicien devenu virtuose des pérégrinations ! Ses doigts qui pianotent marchent sur les touches comme sur un chemin.

Le linge qui sèche sur un fil tendu s’acoquine avec les pinces éponymes…afin que les mouchoirs, chemises ou draps ne prennent pas la poudre d’escampette et ne terminent pas dans la grande essoreuse d’un cumulo-nimbus.

Sur le clavier de l’accordéon, un courant d’air a glissé sa fausse note.

Et voilà qu’une clef de sol se prend pour un delta plane, tandis qu’un fa dièze fait du rodéo sur l’échine d’une vache.

Quant aux paroles qui s’envolent, elles ont décidé de faire le tour du monde, avec leurs mots volages, et d’entamer un « Vendée Globe » aérien.

Une partition en plein air, c’est de la musique qui a décidé d’inventer sa salle de spectacle !

Le jardin est devenu un vaste auditorium tout vert…

                                                               © Laurent BAYART

                                              8 février 2025