On nous a raboté la jante à l’annonce de cette merveilleuse et géniale « Indemnité kilométrique vélo », permettant aux salariés utilisant leur bicyclette pour se rendre au boulot de bénéficier d’une petite manne financière. Outre le fait de rembourser un peu les frais d’entretien de leur monture, celle-ci aurait permis de faire transpirer les ex-automobilistes et d’(es)souffler les futurs cyclistes. Et plop…une crevaison lente a fait oublier cette belle mesure qui n’a – nous apprend-on – quasiment jamais été appliquée et proposée par les entreprises. Quel flop ! On apprend ainsi que, seules 85 structures (soit 0,5% des actifs !) ont mis en place cette super mesure pour le bien-vivre, la santé et l’équilibre des employés, contre l’engorgement des routes et cette pollution qui ne cesse de broyer les poumons des citadins. Bref, un sacré coup de pompe donné aux déplacements cyclistes urbains et quotidiens et un camouflet pour cette politique de véritable transition énergétique ! Car le vélo c’est – n’en doutez pas – la solution à beaucoup de problèmes. D’ailleurs, cyclistes, vous le savez autant que moi, il suffit de faire tourner les jambes sur les pistes cyclables pour que chaque problème trouve sa solution et que se délassent les inextricables nœuds des interrogations… On ne dira jamais assez l’incroyable pouvoir d’un dérailleur et la force salvatrice du noir cambouis sur nos existences.
Ainsi, voilà que le gouvernement souhaite reprendre le guidon et rendre obligatoire cette mesure destinée aux salariés des entreprises. Objectif visé : passer, en quatre ans, de 700.000 à 1.400.000 d’usagers en chambre à air qui se rendent au boulot. On sait, aujourd’hui, que 70% des déplacements de moins de 5 kilomètres sont effectués en voiture…Deux études, dont une menée aux Pays-Bas où ce type d’indemnité existe depuis 1995, ont permis de constater que la réduction des arrêts maladie pouvait aller jusqu’à 15%…
Autant dire qu’il faut vite, et même très vite, appliquer – à grande échelle – cette mesure qui offrira un panel de bienfaits à tous les cyclistes ! Et puis, peut-être arrêtera t’on enfin de faire couler des tonnes et des tonnes de bitume sur les terres cultivables et les champs, afin de les transformer en routes !
Juste une petite exception pour les fines (et peu dispendieuses) bandes et pistes cyclables où le temps passe décidément moins vite, les oiseaux et les chats farnientent et les hommes devenus cyclistes prennent loisirs d’aller –guillerets – à la rencontre de leurs contemporains, en se disant Bonjour !
Eh, vous avez déjà vu des automobilistes se faire un petit coucou de la main ? A part des doigts et autres bras d’honneur, bien sûr…
Laurent BAYART