CHEMIN TRAVERSIER

                                                                A Véronique, sur une photo de Marie Bayart.

         

Tant d’années à marcher côte à côte, à mêler nos pas comme les mains se rejoignent dans la prière de l’éphémère. Se brinquebaler telles des gommettes du minuscule en des phrases tendues et jouer les équilibristes sur le fil d’une marche tronquée, élimée, qui s’étrangle à arpenter les chemins de traverse. Boiter jusqu’au ciel comme l’écrivait l’ami Albert Strickler, mais avancer tout de même parce qu’il faut bien arriver jusqu’à cet autel qui se trouve au bout de la sente et ouvrir l’agenda du soleil sur une aube nouvelle. 

Avancer en tricotant nos pas en les conjuguant ensemble parce que nos baisers s’inscrivent aussi sur cette piste, à l’image de ces petits édifices de pierres que sont les cairns, afin de marquer notre passage dans le duo des serments partagés. Être à deux, encore et toujours, en renouvelant cette promesse de continuer chaque jour à émerveiller l’instant.

Nos semelles, tels les synonymes des doigts de nos mains, portent, quelque part, aussi nos alliances sur l’annuaire de nos pieds.

Mettre au(x) pas aussi notre belle histoire d’amour.

Que reste-t-il encore de route à parcourir ? Notre boussole qu’est notre âme reste muette à ce sujet, Dieu pose ses doigts sur nos lèvres : –Chut, il ne faut pas révéler le mystère de la destinée ! 

La vie est un livre dans lequel le point final s’est caché…

Silence habité qui illumine le cantique de notre amour et nous fait marcher jusqu’au bout de cette voie qui n’a finalement pas de fin.

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                            23 janvier 2024

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