LIVRE/ « CHRISTIAN DIOR (J’aDior !) ET MOI » OU CONFIDENCES EN HAUTE COUTURE.

         J’ai eu l’occasion de visiter la maison-musée natale de Christian Dior (1905-1957), villa des Rhumbs à Granville, sise sur une impressionnante falaise donnant sur le grand tissu bleu, taffetas de l’océan. Pas vraiment enthousiaste, je l’avoue, au départ puis j’ai été subjugué par ce lieu magique et surtout l’existence et le déroulé d’un destin hors du commun…

Je me suis donc procuré sa biographie écrite par lui-même : Christian Dior & moi. Déjà, l’ouvrage est un petit bijou de réalisation éditoriale, une merveille à feuilleter comme on découvre une collection de robes. Et d’abord, l’incroyable prémonition de la devineresse de Granville, lors d’une kermesse en 1919 qui lui déclara, étrangement prémonitoire : Vous vous trouverez sans argent, mais les femmes vous sont bénéfiques et c’est par elle que vous réussirez. Vous en tirerez de gros profits et vous serez obligé de faire de nombreuses traversées. Doué d’un excellent coup de crayon au talent de dessinateur inné, il tiendra également un galerie d’art et côtoiera les plus grands artistes de l’époque.

Petit à petit, Christian Dior va révolutionner le monde de la couture. Si l’on peut aujourd’hui comparer le couturier à un metteur en scène, à l’époque de Paquin et de Doucet, il s’apparentait davantage à un producteur de films. Très vite, il va créer sa « maison » (avenue Montaigne à Paris) en sachant s’entourer des « bonnes personnes » comme Mme Marguerite qui, avec ses deux conseillères, servit d’intermédiaire entre mon « bureau de rêveries- comme on disait au XVIIIème siècle – et les ateliers où mes idées devaient prendre forme et se convertir en robes…Plus loin, cet artiste des formes confiera : Au fond, tout ce que je sais, vois ou entends, tout dans mon existence, se tourne en robes. Les robes sont mes chimères. Reprenant également l’emblématique mot de Cocteau : La mode meurt jeune, à son image aussi, malheureusement…

Ce livre, passionnant, raconte chapitre par chapitre, avec précision et détails, cette destinée régie par la beauté et l’amour du travail élevé en œuvre d’art. Christian Dior terminera ses mémoires en rajoutant : J’ai suffisamment proclamé au cours des chapitres consacrés à mon métier qu’une robe telle que je la conçois est une architecture éphémère destinée à exalter les proportions du corps féminin.

La pythie avait raison et avait vu…juste ! La boule de cristal était une robe…

                                                                        © Laurent Bayart

  • Christian Dior & moi par Christian Dior, Vuilbert, 2022.

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