J’ai toujours eu beaucoup de respect et d’admiration pour cette femme surprenante et désopilante : Roselyne Bachelot-Narquin dont le rêve secret était de devenir ministre de la Culture. D’ailleurs, dans son journal, Frédéric Mitterand l’avait prédit : Un jour, elle sera ministre de la Culture ! eh bien, bingo comme on dit ! Castex savait mieux que personne qu’il fallait confier les clés de Valois à une vieille bête blanchie sous le harnais des emmerdements. En l’occurrence, Bachelot confie-t-elle avec humour.
Dans son livre, paru tout récemment, elle nous parle justement de ses « 682 jours » passés rue de Valois en tant que ministre de la culture sous la présidence d’Emmanuel Macron. Pas évident car elle « officia » durant la pandémie et l’épisode ubuesque du confinement : C’est vraiment un paradoxe. Je sortais tous les soirs quand je n’étais pas ministre et, quand je le suis devenue, l’épidémie de Covid a fermé les salles de spectacle…Décidément, aucun des scénarios classiques n’était fait pour moi. Elle se bat avec passion et pugnacité pour défendre la culture, mais force est de constater le dédain à son encontre, même dans son propre camp ! Je me suis morfondue sur les bancs du gouvernement, atterrée par le désintérêt profond des parlementaires pour la culture, en particulier par ceux qui nous accusaient de ne pas la considérer comme essentielle…Pas toujours évident non plus de se faire « alpaguer » lors de la cérémonie des Césars : Anny Duperey m’agresse littéralement avec l’antienne répétée que nous sommes les fossoyeurs de la culture. Elle continuera plus tard en m’accusant d’avoir quitté la cérémonie alors que j’étais dans la loge prévue par les organisateurs. Après les aides auditives, elle pourrait se convertir dans les publicités pour les lunettes.
Cette femme de caractère de 77 ans, née un 24 décembre à minuit, raconte avec tendresse et malice : …mon histoire veut que mon père, alors que je n’avais que quelques heures, m’enveloppa chaudement en ce jour de Noël 1946, sonna à la porte du presbytère de l’évêque de Nevers en lui demandant de m’ondoyer…/…L’évêque enfila son manteau et, avec papa, pris la direction de la cathédrale et de ses fonts baptismaux….D’où son immense respect pour cette majestueuse construction faite finalement de plus de spirituel que de matériel.
Une destinée exceptionnelle pour une femme qui ne l’est pas moins
© Laurent BAYART
- Roselyne Bachet, 682 jours, le bal des hypocrites, Plon 2023.