LIVRE / « BOXE », LE RECTANGLE DE CORDES OU CHANTE (ET DECHANTE PARFOIS…) LES BOXEURS.

         Prix Médicis de l’essai en 2016, cet ouvrage est une petite pépite rédigée avec dextérité et talent. « Boxe », titre furtif et laconique (comme un uppercut) de Jacques Henric, nous raconte l’ivresse de ces épopées qui jouent leurs destinées dans le rectangle des cordes. Personnellement, je ne suis pas un aficionado de ce sport mais dévore, littéralement, les biographies de boxeurs qui retracent ces existences déjantées où l’argent, la drogue, le sexe, la pègre et la violence jouent du saxo sur les gueules fracassées de ces êtres sans mesure. On sait que l’avenir de ces boxeurs se retrouve souvent en pointillé car les coups de boutoir des gants endommagent irrémédiablement leurs cerveaux : la masse d’un boxeur appartenant à la catégorie des lourds pouvait avoir une force équivalente à cinq mille kilos…

Sont retracés les parcours atypiques et les combats mythiques de ces matadors en short que sont Georges Carpentier, Al Brown, Marcel Cerdan, Mohamed Ali, Sonny Liston, Mike Tyson…De nombreux écrivains ont été les chantres de ces anges au torse nu, véritables Homère racontant ces odyssées souvent noires. Ainsi, Archie Moore, l’ancien lourd-léger confiera : La boxe, c’est comme les syllabes, ça s’apprend au fur et à mesure. On découvre que Marcel Cerdan n’oubliait pas de réciter un Notre-Père avant le match, tandis que Sylvester Stallone qui assista à l’un des derniers combats de Mohamed Ali (à Las Vegas contre Larry Holmes), déjà passablement diminué par sa maladie, déclara : Suivre ce combat fut comme regarder l’autopsie d’un homme qui est toujours vivant. Quant à Jean-Marc Mormeck, à la question : Pourquoi êtes-vous boxeur ? Je ne peux pas être poète. Je ne sais pas raconter des histoires. On apprend aussi qu’un champion fut…manchot !?? 

Bref, un livre captivant et passionnant sur ce noble Art, pas toujours si majestueux que ça…

                                                               © Laurent BAYART

  • Boxe de Jacques Henric, Seuil 2016.

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