Qu’importe la porte qui se dresse comme une herse de châteaux devant nous, elle nous ouvre inexorablement les chemins fermés qui s’en vont en lacets dans la fuite du paysage.
J’aime le vagabondage imaginé par ces portes qui sont posées sur nos murs comme des miroirs de glace sur lesquels patinent nos visages reclus. Elles cloisonnent nos maisons et font de nous des prisonniers de paillassons. Fuir par les fenêtres serait un parjure ! Ce sont les oiseaux qui s’en vont par les battants des croisées à la recherche d’une ivresse d’azur!
Partir par une porte, c’est déjà une forme de noblesse de l’odyssée, une pérégrination qui s’affiche en majuscule, presque l’entame d’une aventure. Ouvrir le rideau rigide d’un battant ou d’une entrée pour s’éclipser…
Et tout au bout de l’horizon, aux confins du chemin, ouvrir une autre porte, celle dont la clef des champs est saupoudrée d’une poudre d’escampette magique.
Vivre, c’est s’en aller en passant par la douane d’une porte…
© Laurent BAYART
21 janvier 2025