Belle réussite que cette quatrième édition du Salon Livre de Souffelweyersheim –dont le thème était le voyage – qui a eu lieu le week-end dernier. Près d’une cinquantaine d’auteurs ont répondu présent à l’appel de son organisatrice, passionnée de lettres et professeur de français, Patricia Chabas. Je ne suis pas un poète de salon, mais j’avoue avoir eu un grand plaisir à participer à ces deux journées, du reste bien remplies. Le public – malgré les nombreuses sollicitations de « l’avant fête » – est venu relativement nombreux.
Outre présenter ses livres et les vendre, les rencontres et retrouvailles que ce salon a suscitées furent des moments conviviaux et chaleureux. Connivences avec des confrères artistes ou écrivains, convergences de points de vue, connexions amicales et complices….Ainsi, ce fut gratifiant et bien « plaisant » (comme disent nos amis québécois) de converser, deviser et parfois s’insurger avec des personnes qui partagent les mêmes émotions et vibrations que vous. Dans ce registre, j’ai particulièrement apprécié Suzanne Braun, auteur historienne d’Art, chaleureuse aficionado des chats, Jacques Hampé, photographe et cinéaste, à la gouaille et l’humour attachants, Frédéric Witté, sympathique voisin, auteur d’un récit poignant, John Boring et son épouse, romancier et scientifique aux propos toujours intéressants, Max Philippe Morel, vieille connaissance du temps de l’Encrier ( retour en arrière d’au moins vingt-cinq ans, sinon plus…), auteur de science-fiction et fantastique, en provenance de la Bahia et des terres brésiliennes, Philippe Lutz, svelte romancier, randonneur sur lequel le temps n’a pas de prise…Sympa aussi l’échange avec cet éditeur de Hoenheim, Armand Caspar, que je ne connaissais pas…
Voyage donc avec la découverte de l’autre et vers cette chaleur de la rencontre. Les Salons servent aussi à cela. Loin parfois, des spartiates de la dédicace, des stressés du paraphe et du tiroir-caisse, de ces bourlingueurs, finalement plus à l’aise probablement avec les peuplades sauvages qu’avec leurs contemporains occidentaux….de ceux aussi qui vous parlent et –soudain – vous abandonnent en plein milieu d’une phrase, à l’approche d’un touriste de salon (potentiel acheteur) en lui collant un livre dans la main…
Moi, j’aime les voyages où l’on cesse un instant la longue course vers l’avant pour prendre le temps de serrer la main de l’autre. Tampon sur un passeport des fraternités retrouvées. En cela, Souffelweyersheim fut une belle destination et un rendez-vous où les douaniers avaient tous un sourire à vous laisser passer au-delà des méridiens.
Laurent BAYART