LIVRE/ POLITIQUE FRICTION A LA MICHEL HOUELLEBECQ.

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J’avais lu, voici quelques années, « Les particules élémentaires » que je n’avais guère apprécié, mais la curiosité et les conseils avisés de plusieurs amis m’ont incité à découvrir ce livre sorti récemment : « Soumission ». Promotion loupée pour cause d’attentats du début d’année. Michel Houellebecq dresse un livre de politique fiction qui secoue le Landernau !

L’auteur imagine le « séisme » d’élections présidentielles qui donnent la victoire du parti de la « Fraternité musulmane » coaché par l’homme politique émergeant : Mohammed Ben Abbès. Tsunami et défaite des partis « classiques ». La France s’islamise sous l’œil avisé du personnage héros/héraut, jouisseur, universitaire et adepte de Joris-Karl Huysmans, écrivain polémiste et scandaleux du 19ème siècle. Regard sur une civilisation vieillissante qui s’effiloche dans la perte de ses valeurs et de ses fondements. Voilà que la Sorbonne à Paris se voile : Dans l’antichambre, on était accueilli par une photographie de pèlerins effectuant leur circumambulation autour de la Kaaba. Le nouvel homme fort de la République travaille sur un recentrage de l’Union Européenne avec les négociations lancées pour l’adhésion de l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. La Méditerrannée prenant une place de choix au milieu des vieilles étoiles du drapeau européen…et désire s’étendre vers le Sud, plutôt que vers l’Est.

Avec le talent qu’on lui connaît, Houellebecq le sulfureux et l’iconoclaste taille dans le vif et se fait lanceur d’alerte : Cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine s’est bel et bien suicidée, en l’espace de quelques décennies, en rajoutant plus loin : L’Eglise catholique était devenue incapable de s’opposer à la décadence des mœurs, de rejeter vigoureusement le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et le travail des femmes…

Humour aussi avec le portrait dressé d’un célèbre politicien que l’écrivain semble peu apprécier : Le vieux politicien béarnais, battu dans pratiquement toutes les élections auxquelles il s’était présenté depuis une trentaine d’années, s’employait à cultiver une image de hauteur, avec la complicité de différents magazines ; c’est-à-dire qu’il se faisait régulièrement photographier, appuyé sur un bâton de berger, vêtu d’une pèlerine à la Justin Bridou. Vous l’aurez reconnu !

Ce livre est intéressant par les idées qu’il lance, bien écrit, provocateur, histoire de susciter le débat, sans omettre, avec un zest d’humour, son point de vue éclairé sur la mode des sushis : Il y a une espèce de consensus universel autour de cette juxtaposition amorphe de poisson cru et de riz blanc.

                                                                                                                      Laurent BAYART

« Soumission », roman, de Michel Houellebecq, Flammarion, 2015.

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