
Cet ouvrage est une joyeuse surprise, d’un auteur, Jean-François Merle, que je ne connaissais pas et qui a officié dans le monde de l’édition. Justement, ça tombe bien, il en parle comme s’il se trouvait en terrain conquis !
Histoire d’un auteur, plutôt tâcheron, plutôt en mode laborieux qui bute lamentablement sur la première phrase :J’en possédais un stock, de premières phrases, affriolantes et bichonnées, prêtes à l’usage, consignées dans une chemise à soufflet… » Et le voilà qu’il se trouve en pleine angoisse de la page blanche. Plus de suite. Plouf. Et son éditrice Dolorès qui l’attend au tournant. Elle lui avait versé un solide à-valoir…qu’il a grillé en alcool. Gloup. Le piège se referme…
Pour le sortir de l’impasse, on lui propose un deal qui consistera à faire le nègre, pardon, le « prête-plume » pour l’auteur « phare » de la maison : André Maillecourt. Le voilà parti à la chasse au « grand écrivain » qui n’est finalement qu’un immense leurre, voire une tromperie éditoriale. L’écrivaillon deviendra – à son corps défendant – un véritable limier…chargé de rédiger ses mémoires à sa place ! Trois jours, donc, trois épuisantes journées durant lesquelles je m’échinai vainement à tirer les vers du nez du plus grand écrivain vivant pour percer les mystères de son génie…Si Maillencourt est un imposteur, qui a écrit ces trois livres ?
Voilà un ouvrage à rebondissements et à facettes, finalement palpitant, sorte de huis-clos où Dolorès, l’éditrice, Solveig, la secrétaire (mais pas que…), Maillencourt, l’oncle mystérieux, clés du mystère et le narrateur constituent la passionnante dramaturgie du récit.
Ce livre est un véritable plaisir et une manière pertinente d’entrer dans les arcanes du monde de l’édition. Question : est-ce véritablement une fiction ou bien, une réalité dans le genre « toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. » ? That is the (lancinante) question !
Copyright Laurent BAYART
* Le grand écrivain de Jean-François Merle, éditions Arléa, 2018.
