
Ah, il n’est pas la peine de tirer des plans sur la comète et de faire de longues digressions sur l’état de notre monde, il suffit – parfois et souvent…- de relire ses classiques qui constituent de pertinentes libelles du passé qui décrivent une manière de présent. Et voilà-t-y pas que je viens de me plonger dans le sublime délire de « Ubu roi » d’Alfred Jarry (1873-1907), qu’un de mes enfants avaient abandonné, après sa scolarité, dans ma bibliothèque (idéale !). Eh, merdre !
Rappelons que l’opuscule avait été mis en scène en 1888 par Jarry, avec ses camarades du lycée de Rennes, pour se moquer d’un professeur qui représentait « tout le grotesque qui fut au monde »…
Et finalement, force est de constater, que le grotesque ubuesque des situations nous rappelle cette planète en mode « fake news » qui marche sur le cervelet : A ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues… A signaler, tout de même, que mes compères de la Confrérie éponyme pourront constater que l’andouille figure en plat de résistance dans l’assiette du Roi de Pologne ! Comme quoi, il n’était pas que grotesque, mais…gargantuesque en mode rabelaisienne !
En parcourant cette pièce de théâtre déjantée, on se régalera des situations burlesques qu’elle engendre où l’absurde s’érige en pensée unique : Et les nouveaux impôts, monsieur Ubu, vont-ils bien ? Point du tout. L’impôt sur les mariages n’a encore produit que 11 sous, et encore le Père Ubu poursuit les gens partout pour les forcer à se marier…
Lecture vintage qui fait du bien, par les temps qui courent et qui boitent…Ubu, roitelet, reviens vite ! Nos contemporains sont devenus dingues ! Ils marchent sur leurs oneilles.
Et la mère Ubu de lancer à son célébrissime mari pendable : Mais enfin, Père Ubu, quel roi tu fais, tu massacres tout le monde…
© Laurent BAYART
* Ubu roi d’Alfred Jarry, Théâtre texte intégral, Librio, 2006.