BILLET D’HUMEUR / ACTE 143 / MA TERRE EN HABITS DE LUMIERE.

                                                                                     A Rémi Picand,

         En ces drôles de temps de confinement, quel bonheur de mettre des majuscules aux instants en allant fourrager laborieusement la terre de son jardin. Ecrivain, j’ai la sensation de glisser des mots sur les pages brunes et fécondes de cette terre retournée. Compost, paillage, déchets végétaux, purin et fumier  constituent de petites sonates en musique de chambre aérienne et aérée. Un zest chef d’orchestre, le jardinier avec sa fourche-bêche en guise de baguette de maestro ! Les (bonnes) vibrations du sol m’offrent la sérénité des travaux de saison dans l’ivresse des grandes froidures de l’hiver. 

Le temps pose ses guirlandes de sérénité dans l’infinie quiétude du jardinet.

J’aime ces instants précieux qui enchantent la lumière du jour. Le monde est si beau lorsqu’il nous rappelle à l’essentiel et à l’humilité de la simplicité des labeurs.

Sainte sueur et fatigue qui m’évitent – la nuit venue – de compter les moutons. 

J’y vois plutôt des lombrics effectuer leurs discrets ballets. Chorégraphes du monde majestueux du tout petit. 

Qu’on se le dise, la grâce n’est pas l’apanage des géants ! 

                                                                   © Laurent BAYART

                                              10 décembre 2020

Laisser un commentaire