BILLET D’HUMEUR / ACTE 164 / MON JARDIN A MUNDO COMME UN AGENDA BOURRE DE RENDEZ-VOUS…

         Outre, le fait d’avoir le nez et les bronches au grand air, de profiter des coups de grisou du vent, des bienfaits des labeurs et autres besognes de la terre, de la promiscuité de nos amis les oiseaux avec ses aréopages de corneilles, merles, pies, moineaux et j’en passe et des meilleurs à plumes…un autre avantage d’avoir un jardin-potager aux abords de la rue/route, c’est de côtoyer mes contemporains, fréquemment voire régulièrement. Voisins, passants, amis déambulateurs, joggeurs promeneurs, personnes en transit entre bus et train, courseurs (qui font les « commissions »), mamys et papys en balade, main dans la main, enfants faisant du vélo, gens rentrant du boulot  et tutti quanti….

Bonheur d’un petit bonjour, d’un clin d’œil, d’un bref arrêt pour discuter de la pluie et du beau temps, des petits riens et de nos bobos, de la pousse des salades, de l’arrivée des courgettes et des tomates, et que sais-je encore ! Jubilation des instants partagés et de suspendre les trémolos de la grande agitation afin de respirer un peu avec ces passants. Ouf. Ca fait du bien…

Mon jardin à Mundolsheim n’est pas seulement une salle de gym et de musculation en plein air, mais un lieu de rencontres et de connivences. Et parfois, assis sur ma chaise de jardin en train de siroter un café, des quidams n’hésitent pas à venir me faire un petit coucou en forme de conversation impromptue. Visages enjoués, derrière le grillage de la clôture qui ressemble à un parloir de prison. Mais ce n’est pas d’une geôle dont il s’agit mais d’un cachot verdoyant aux fenêtres grands ouvertes…

J’aime ces moments de partage où le temps traine ses semelles sur la moquette de la terre.

Ma fourche-bêche comme un sismographe qui mesurerait les pulsations et le pouls de nos contemporains. Vivre, c’est aussi prendre le temps de regarder les autres…

Et l’écrivain Gilles Lapouge d’affirmer : Si on est habile, on peut faire le tour du monde sans bouger de son jardin. Il suffit d’observer, chaque matin, chaque midi et chaque minuit…

Il avait tout compris ce littérateur de la (fausse) sédentarité.

L’humanité se trouve dans le jardin. Il n’est pas la peine de la chercher ailleurs ! Tel un orpailleur qui possèderait un trésor enterré dans son…jardin ! Inutile de courir le vaste monde !

                                                                   © Laurent BAYART

                                                     16 avril 2021

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