LIVRE / «LA LAITIERE DE BANGALORE» OU LA VACHE REND LE MONDE PLUS LAIT ET AUTRES INCROYABLES BIENFAITS.

          C’est vraiment une pépite de découverte que ce livre indien publié par Shoba Narayan. Elle nous offre, sous forme de récit romanesque, une véritable encyclopédie sur la vache et ses mille bienfaits, distillés sous forme de lait mais aussi de bouse, ou d’urine (propriétés antibactériennes, antioxydantes, anticancer et antifongiques) qui sert de médicaments, en nous réconciliant avec toutes ses vertus, loin des clichés du ruminant sympa, décorant nos pâturages occidentaux (qui regardent passer les trains !) et voué à terminer à l’abattoir.

La laitière de Bangalore (Cette mégapole de douze millions d’habitants appelée Bengaluru est considérée comme la Silicon Valley indienne) se lit comme du petit lait et nous révèle une foule d’informations passionnantes sur ce bovin emblématique : le père de la psychologie positive, Martin Seligman, a listé six traits de caractère prisés par les cultures à travers le monde. Ces six traits sont la sagesse, le courage, la tempérance, la transcendance, la justice et l’humanité. En Inde, le folklore, les mythes et la poésie prêtent toutes ces qualités à la vache. Et si on pose la question à un Indien pourquoi les vaches sont-elles. Sacrées dans son pays ? Il vous répondra sans doute quelque chose comme : « Elles sont les hérauts du bonheur ». Plus loin, on apprend qu’au-delà du lait, transformé en yaourt, en babeurre, en beurre, en crème et en ghee, la bouse de vache est elle aussi utilisée pour nettoyer les cours des maisons dans les villages, et pour faire du méthane, le « goburgaz », Gobur signifie « bénédiction de la part d’une vache ». Shoba Narayan redonne des lettres de noblesse à cet animal souvent brocardé et moqué. Et, elle complète : La mémoire d’une vache vient seulement en deuxième position après celle d’un éléphant. Ce qui est tout simplement hallucinant, c’est le nombre de références à la vache nourricière et mythique que l’on retrouve dans la culture indienne, jusqu’aux noms des villes et des lieux. 

Et l’histoire me direz-vous ? Shoba, qui rentre en Inde après plus de vingt ans passés aux Etats-Unis, se lie d’amitié avec Sarala, sa voisine laitière qui lui proposera d’acquérir une vache…C’est là, que nous découvrirons ce véritable foisonnement culturel, économique et mystique, lié à la vache. L’Inde nous dit-on abrite environ trois cents millions de bovins…une véritable population de meuh (et de mouches) ! 

Et puis, on reparle des prétendus méfaits du lait de vache, mais il n’en est rien de la vache indienne : Il y a quelque dix mille ans, une mutation génétique s’est produite parmi le bétail, entraînant la conversation de la protéine bêta-caséine présente dans leur lait : on est alors passé du lait « A2 » au lait « A1 ». Toutes les vaches indiennes produisent du lait de type A2. Soit celui d’avant la mutation…

Ce livre est une vivifiante et bienfaisante ode à cet animal qu’est la vache, et Shoba de nous rappeler son côté divin et spirituel ainsi : On peut, en attrapant la queue d’une vache, marcher jusqu’au paradis ».

Gageons qu’après avoir lu ce livre vous ne verrez plus la vache du même œil ! Et même qu’elle deviendra…sacrée pour vous !

                                                                    © Laurent BAYART

  • La laitière de Bangalore, roman traduit de l’anglais (Inde) par Johanna Blayac, de Shoba Narayan, Bibliothèque étrangère, Mercure de France. 2020.

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