LIVRE / L’USAGE DU THE DE LUCIE AZEMA, COMME UN VOYAGE AU GRE DES THEIERES, DES VERRES ET DES SAMOVARS.

          Ce livre, somptueusement original, représente une découverte et un instant de grâce, voire de poésie, tel un voyage en Asie et en Perse pour venir y goutter cet Usage du thé à l’instar de celui du monde de Nicolas Bouvier. Lucie Azema se définit comme une voyageuse au long cours, ayant vécu au Liban, en Inde et en Iran. Outre, l’esthétique de cet ouvrage aux mille effluves avec ces photos sépia où des samovars, des théières et des tasses font de la chorégraphie dans des lieux improbables de la géographie, à l’instar de ce train en Ouzbékistan qui en constitue la couverture. L’autrice de rappeler que le thé est une boisson qui porte en elle une grande partie du récit de notre humanité. Plus loin, de rajouter : Le thé a permis de creuser des chemins de traverse entre les peuples : il porte en lui une grammaire commune à l’humanité.

Ouvrage qui fera même chavirer un aficionado du café dont je suis, c’est dire !  L’eau est l’élément premier du thé. C’est en effet à son contact que la feuille se déploie, qu’elle libère son arôme, son parfum, ses textures… Ivresse de ces pérégrinations en chemin de Compostelle où la coquille des Jacquets serait remplacée par une feuille de thé. Ce livre est un cheminement qui enrichit notre âme de découvertes et de rencontres, ainsi on apprend que : En persan, « voisin(e) » se dit hamsàyeh – ce qui signifie littéralement « celui ou celle qui partage la même ombre ». Dont acte.

Autre expression imagée et surprenante, venue de la langue persane pour exprimer l’idée que quelqu’un est un peu à l’ouest, à côté de la plaque, on dit de cette personne too bâgh nist, ce qui signifie littéralement qu’elle « n’est pas dans le jardin ». 

Voici un livre singulier et magique qui m’a totalement conquis, même si – a priori – ce n’était pas… « ma tasse de thé » !

                                                   © Laurent BAYART

  • L’usage du thé, une histoire sensible du bout du monde de Lucie Azema, Flammarion, 2022.

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