Archives de catégorie : Blog-Notes

NOELLE EN BLACK AND WHITE.

         Chaleureuse touffe de poils noirs de vibrisses en goguette. Noëlle nous offre sa mystérieuse et précieuse présence en black and white, comme une chandelle qui viendrait illuminer notre foyer de ses flammèches en miaulements, tels des chuchotis de prière qu’elle nous scande à voix basse… Chatoyants trémolos qui nous font vibrer. Que veut-elle donc nous signifier ? Après tout, les mondes qui séparent les espèces sont dotés de si fines cloisons…

Hiéroglyphes de sons en canopée de douceur. Elle, abandonnée dans la sylve, nous a apprivoisés comme aurait dit le Petit Prince de Saint-Exupéry. Et voilà qu’elle pose ses coussinets plein de bonnes énergies et autres vibrations dans notre maison. Présence à la fois tellurique et mystique qui fait vibrer nos âmes de la gratitude de l’avoir « trouvée ». Et si c’était nous, finalement, qui nous étions perdus ? 

Avec elle, nous sommes devenus félins à deux pattes. Elle nous parle et voilà que nous lui répondons par des miaulements.

La pupille d’or de ses yeux nous observe avec tendresse. Il y a dans chaque chat une parcelle de Dieu qui nous prodigue l’infini de son amour.

Nous sommes ainsi des ombres qui se fixent dans le noir si habité de sa présence où, derrière son pelage anthracite, brûle un immense et ardent soleil.

                                                               © Laurent BAYART

                                                 31 août 2024

LA VIE COMME UNE LUMINEUSE PARENTHESE OU LE JE EN VAUT BIEN LA CHANDELLE…

                                            Sur une photo de Donatien Breiner,

         Mon regard s’en va se perdre devant moi. Mes yeux jouent aux funambules sur la corde tendue de l’horizon. Fildefériste à jongler sur le filin de nos existences. Qui suis-je donc pour interroger et interpeller le silence des étoiles ? Grain de poussière où s’est glissé le chuchotis d’une parole divine ? La vie ne serait-elle pas une aubade à l’inconnu et au mystère ? Regarder au loin pour y interroger Dieu. Son silence constitue une manière de réponse qu’il nous adresse de derrière les étoiles.

Regarder en silence comme dans un musée, ce qui reste de notre passage terrestre.

Avant de repartir, plus loin, dans le cosmos qui fut notre lumineuse poche amniotique.

Quelque part dans le magma d’une étoile. Notre mère qui est aux cieux…

                                                               © Laurent BAYART

                                                27 août 2024

GOURMANDISES DE COSMOS.

                                             Sur une photo de René Roesch,

         Le ciel est une estampe sur laquelle danse et vibre une kyrielle d’étoiles comme en un miroir qui nous refléterait.  Odes à nos vies passées ? Éteintes ? Le cosmos nous offre son incroyable chorégraphie où s’inscrivent en filigrane – peut-être – nos destinées ? Voies lactés, constellations, novae…sont là pour nous rappeler que nous ne sommes que des fétus de paille, de lilliputiennes fourmis face à l’immensité et l’infinie qui s’ouvrent devant nos yeux éblouis, voire émerveillés…

Dans cette nuit estivale, je cherche mon étoile. Mais, comme la trouver ?

J’en appelle à Dieu, en une prière, un chuchotement.

Et voilà qu’il m’envoie, tel un archange de feu, la chandelle d’un astre. Je reconnais la flamme qui éclaire mon âme, ce petit foyer fécond qui nourrit mon esprit de cette clarté mystique et magique.

Le cosmos est bien une cathédrale où des milliards et des milliards de vitraux racontent nos existences. Avec au bout de ces incommensurables allées, au bout du transept, la chaire d’une croix qui brille comme un soleil.

Dieu de tous les astres.

                                                      Laurent BAYART

                                                          25 août 2024

ETOUFFADE ET IVRESSE DE VERDURE.

         Je me délecte à te contempler en ivresse de feuillée qui chante et enchante le ciel que tu recouvres de ta toiture en myriades de chlorophylle verte. Serein comme un oiseau, je me réfugie sous cette divine tenture ombragée où respire et frétille mille existences. Ivresse de cette canopée qui caresse le ciel et m’offre le vagabondage de l’instant. Je me sens bien sous ce parasol naturel. Arbre-frère qui me protège et me prend sous sa coupe. J’aime ton étreinte qui fait palpiter mon cœur et vibrer mon âme.

Sous ton ombrelle, je sens battre ton pouls.

Une plume virevolte et tombe lentement sur ma tête. Un merle ou une pie me dédicace sa jubilation.

Je suis tout simplement heureux de vivre. Et je sens dans mon dos, pousser des ailes…

                                                      © Laurent BAYART

                                          22 août 2024

LA COMBEAUTE DANSE SUR LES PRES AU VAL D’AJOL.

         Elle coule et s’écoule langoureusement dans les prés, entre les herbes et les champs, et court la prétentaine en jouant de l’arpège avec ses galets. Quelques poissons vagabonds se faufilent telles des andouilles à écailles dans une marmite d’eau vive. La Combeauté lutine, batifole et s’amuse entre les champs. Elle s’en va vagabonder au gré de son inspiration d’eau vive. Cette petite rivière est une fée qui enchante le Val de Joye. Dites donc, c’est encore loin la mer ? Semble demander une truite. Vous n’êtes pas rendue mon amie ! lui répond une rainette ! Quand vous passerez par Fougerolles, n’oubliez pas de vous affubler de quelques cerises à mettre sur vos nageoires comme un divin collier ! La goutte qui fait déborder le vase…avec un hic qui se termine en queue de poisson.

La Combeauté lutine et creuse langoureusement son chemin dans ce Val qui porte fièrement son nom.

Elle s’en va traverser quelques villages, frétille aussi jusqu’à Corbenay, la patrie de ma chère et tendre.

Ivresse de cette eau telle une courte poésie, haiku abandonné sur un coin d’herbe, telle une signature. A peine commencé elle offre offre déjà son dernier vers…

La Combeauté est bel et bien un poème qui traverse le Val d’Ajol.

                                                               © Laurent BAYART

                                                20 août 2024

NOELLE OU « APPRIVOISE-MOI » COMME DIT LE RENARD AU PETIT PRINCE…

          En regardant notre Noëlle, jolie chatte anthracite, abandonnée en forêt (le jour de Noël) et « recueillie » par nous, me revient le magnifique dialogue du Renard avec le Petit Prince (de Saint-Exupéry) :

Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…Que de trésors d’essentiel, de vérité et d’amour qui fourmillent et pétillent dans ce livre si tendre et magistrale, comme un cantique, une parabole, un texte d’évangile. Une véritable Bible pour chacun car il nous parle de cet invisible si prenant et prégnant, dont sont faits aussi nos existences qui ont besoin de se tourner vers le ciel et la magie. Et lorsque je regarde « notre » Noëlle, je me sens redevenu un môme, celui du Petit Prince devant cette chatte (le renard) qui est devenu une amie pour nous et notre famille, et qui a posé sa patte de velours sur notre cœur.

Mériter son amour et son affection, quelle belle récompense dans ce monde si barbare et parfois si cruel !

 La parole du Petit Prince nous réconcilie tous les jours avec la vie et vient nous enchanter l’âme comme si des étoiles s’y étaient posées.

                                                               © Laurent BAYART

                                                12 août 2024

LIVRE/ LA VIE COMME UN RING OU « BOXER COMME GRATIEN ».

         Je l’ai souvent dit et écrit : les biographies de boxeurs sont les plus passionnantes, rédigées comme des romans épiques en forme d’odyssées rocambolesques, et pour cause ! Leurs vies, et autres itinéraires, s’apparentent à des gymkhanas et un parcours de combattant (normal !). 

Ainsi, l’écrivain Didier Castino retrace dans ce livre « Boxer comme Gratien » l’histoire de ce boxeur marseillais Gratien Tonna qui a connu la victoire, l’argent, la gloire. D’un Maltais né à Tunis, entrainé à Marseille, qui aurait pu conquérir le monde. L’écrivain a retrouvé cet athlète de soixante-douze ans qui vit aujourd’hui dans un mobil-home, celui qui fut deux fois champion d’Europe et cinq fois champion de France mais ne connut jamais la consécration mondiale. Hervé (dans la narration), l’écrivain scribe, le décrit parfaitement : Il est plus grand que moi et il a soixante-douze ans. Je te dis pas sa taille à vingt-cinq ans. Tu l’aperçois, tu comprends de suite que c’est un boxeur. Une masse qui se déplace. Un arbre lui tombe dessus, c’est l’arbre qui se casse, tu vois ce que je veux dire ? Plus loin, il rajoute à son adresse : Mais, c’est vrai que tu as des mains on dirait des bêches de croque-mort. L’artiste du ring fut inculpé pour proxénétisme aggravé, ce n’est pas rien aggravé, Gratien Tonna, c’est plus que proxénétisme tout court…De plus, il avait été aussi condamné pour avoir tué accidentellement (il était ivre et n’avait pas vu qu’il y avait des travaux) un policier, en voiture, à l’entrée d’un tunnel au Vieux Port…Incroyable et insupportable destinée en dents de scie. Et Gratien de rajouter : Avant c’étaient les journalistes ou la police qui m’interrogeaient, maintenant c’est les écrivains. Plus loin, le narrateur-complice de renchérir : son visage devient une gueule de boxeur, on ne naît pas boxeur on le devient, le nez s’élargit, enfle, les oreilles se décollent, les pommettes s’usent, les arcades cicatrisent…

L’auteur évoque une idylle avec Dalida ? Et la protection du patriarche de la ville : Gaston Deferre qui le prend un peu dans son giron. Au détour d’un combat, on accoste aussi les époux Balkany à leurs prémices…Sont relatés également les combats épiques avec le Colombien Rodrigo Valdez et Carlos Monzon, avec le goût métallique du sang dans la bouche et la défaite, parfois injuste…

Ce livre est magistral et se lit tel un roman, le romanesque dantesque d’une existence :  Si au lieu de ne faire que passer devant le ring, on prenait la peine de s’y arrêter, on y verrait des existences défiler en trois minutes sous nos yeux…

En cette période d’Olympiades, l’ouvrage raconte le revers de la médaille aussi, en quelque sorte…

                                                            © Laurent BAYART

  • Boxer comme Gratien de Didier Castino, Les Avrils, 2023.

REGARDER LE CIEL, C’EST SE NOURRIR DE SA LUMIERE.

                                                     Photo prise dans le jardin « Une figue dans le poirier », Girmont Val d’Ajol.

Regarder intensément le ciel c’est comme si vos yeux se laissaient aller à psalmodier une prière, chuchotement muet de paroles jetées à la grâce des nuages et de l’azur. Remplir sa rétine d’images et de la majuscule portée par les oiseaux jusqu’aux confins des nuées. Converser avec Dieu comme si l’espace devenait une cathédrale et le soleil, un immense tabernacle où chaque cumulus se métamorphoserait en chandelle.

Poser ses yeux comme on escalade une échelle et se délecter du spectacle qui se passe au-dessus de nos têtes.

Immensité bleue où filent quelques échassiers telles des boites à lettres qui auraient pris la poudre d’escampette, loin du port d’attache de leur maison…

Respirer le ciel, les yeux fermés et garder délicatement une étoile filante derrière les volets de vos paupières.

Comme on conserverait précieusement un coquillage oublié par la marée dans un petit coffret en bois.

Minuscule cabinet de curiosités que l’on pourrait mettre dans son sac et emmener en voyage (aérien) dans le porte-plumes d’un avion.

                                                               © Laurent BAYART

                                                10 août 2024

BANC REPOSOIR DANS LE JARDIN.

                   Une figue dans le poirier, Girmont Val d’Ajol,

         Se poser sur un banc sis dans l’exubérance du jardin, s’asseoir/ sursoir et regarder passer le temps qui justement prend allègrement son… temps. Quelques bourdons et autres insectes s’installent dans l’instant vert où les fleurs et les arbustes semblent doucement jacasser en silence. Quelques oiseaux piaillent en s’ébrouant sous l’étau du soleil, sur le balcon ombragé d’une branche.

Bonheur des fragrances estivales du jardin en goguette. J’aime ces moments d’ivresse où nous nous installons dans l’éternité.

Les feuilles des arbres comme des cotons tiges nous protègent du bruit.

Ici, le silence est habité.

Une libellule qui passe est tel un chef d’orchestre qui chercherait ses musiciens.

Le monde est si beau lorsqu’il se trouve en profusion de verdure.

Et ce banc en bois est comme une partition oubliée par un virtuose en queue de pie.

                                                      © Laurent BAYART

                                          7 août 2024

LIVRE/ « 682 JOURS », ROSELYNE BACHELOT OU LA CULTURE COMME TALISMAN.

                  J’ai toujours eu beaucoup de respect et d’admiration pour cette femme surprenante et désopilante : Roselyne Bachelot-Narquin dont le rêve secret était de devenir ministre de la Culture. D’ailleurs, dans son journal, Frédéric Mitterand l’avait prédit : Un jour, elle sera ministre de la Culture ! eh bien, bingo comme on dit ! Castex savait mieux que personne qu’il fallait confier les clés de Valois à une vieille bête blanchie sous le harnais des emmerdements. En l’occurrence, Bachelot confie-t-elle avec humour.

Dans son livre, paru tout récemment, elle nous parle justement de ses « 682 jours » passés rue de Valois en tant que ministre de la culture sous la présidence d’Emmanuel Macron. Pas évident car elle « officia » durant la pandémie et l’épisode ubuesque du confinement : C’est vraiment un paradoxe. Je sortais tous les soirs quand je n’étais pas ministre et, quand je le suis devenue, l’épidémie de Covid a fermé les salles de spectacle…Décidément, aucun des scénarios classiques n’était fait pour moi. Elle se bat avec passion et pugnacité pour défendre la culture, mais force est de constater le dédain à son encontre, même dans son propre camp ! Je me suis morfondue sur les bancs du gouvernement, atterrée par le désintérêt profond des parlementaires pour la culture, en particulier par ceux qui nous accusaient de ne pas la considérer comme essentielle…Pas toujours évident non plus de se faire « alpaguer » lors de la cérémonie des Césars : Anny Duperey m’agresse littéralement avec l’antienne répétée que nous sommes les fossoyeurs de la culture. Elle continuera plus tard en m’accusant d’avoir quitté la cérémonie alors que j’étais dans la loge prévue par les organisateurs. Après les aides auditives, elle pourrait se convertir dans les publicités pour les lunettes. 

Cette femme de caractère de 77 ans, née un 24 décembre à minuit, raconte avec tendresse et malice : …mon histoire veut que mon père, alors que je n’avais que quelques heures, m’enveloppa chaudement en ce jour de Noël 1946, sonna à la porte du presbytère de l’évêque de Nevers en lui demandant de m’ondoyer…/…L’évêque enfila son manteau et, avec papa, pris la direction de la cathédrale et de ses fonts baptismaux….D’où son immense respect pour cette majestueuse construction faite finalement de plus de spirituel que de matériel.

 Une destinée exceptionnelle pour une femme qui ne l’est pas moins

                                                                         © Laurent BAYART

  • Roselyne Bachet, 682 jours, le bal des hypocrites, Plon 2023.