Tous les articles par Laurent Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 111 / VOYAGE EN TRAIN DE MON JARDIN POTAGER…

         Comment expliquer cet extraordinaire attrait des adultes et des enfants pour les voyages et ces longues fusées qui filent sur des chemins de fer que sont les trains ? Résidant en face d’une voie ferrée, mes petits enfants ont littéralement les yeux et le regard scotchés au passage des trains, que ce soient le long lamento des wagons de marchandise et de ses conteneurs venus d’Asie, des TER (Transport Express Régional) en forme de longues pilules, des trains régionaux ou des puissants TGV (Train à Grande Vitesse). Ce monde magique du voyage horizontal les hypnotise et les fascine. Bonheur de l’instant qui passe. Peut-être est-ce l’imaginaire du partir et de la bourlingue, de ces gens anonymes qui passent, qui pour se rendre à leur travail, qui pour s’en aller vagabonder dans d’autres villes ou filer, vers des aéroports afin d’aller jongler sur les méridiens, cette fois-ci en voyages verticaux.

Chaque fois qu’un train passe, les enfants s’arrêtent sur leur toboggan, s’immobilisent dans le sable des jeux, se figent dans leur petite cabane ou sur leur balançoire en… train de s’encorder dans le ciel, effleurant quelques branches de pêchers…

Comment expliquer cette ivresse du déplacement en train qui fait rêver enfants et adultes ?

Même le sédentaire/jardinier, que je suis, reste obnubilé par ces voies qui nous emmènent vers l’imaginaire où tout demeure possible. Arriver dans une autre gare, une autre agglomération ou mégapole, vers une plage de sable fin… tel un rêve en destination d’un bout du quai. Je laisse un instant ma fourche-bêche  plantée dans la terre, pour faire un petit coucou à ces silhouettes. Inconnus qui fusent/filent derrière leurs vitres opaques.

Le monde est si beau, quand ceux qui restent et ceux qui partent se rejoignent quelques secondes en d’invisibles connivences et complicités, comme des trapézistes jouant les funambules sur le fil tendu de la ligne d’horizon et qui se retrouvent en plein milieu de la corde pour échanger un impalpable sourire.

                                                      Copyright :      Laurent BAYART

                                                                       13 juin 2020

LAURENT BAYART OUVRE SON AGENDA DANS LA REVUE FLORILEGE !

D’une manière un peu prémonitoire, Laurent Bayart nous parle dans sa chronique « Entre nous soit dit » de son « ivresse des rendez-vous » qu’il fixe d’une manière jubilatoire dans son agenda. Ce dernier qui s’est vidé comme un sablier lors du confinement et de la pandémie de coronavirus, comme tout un chacun ! Il nous avoue : J’aime les agendas. J’ai toujours eu envie d’y inscrire des tas de rendez-vous. Promesses de rencontres et de découvertes…Voici qu’ils se remplissent à nouveau…Ouf.

  • revue Florilège, numéro 179/ juin 2020, 19 allée du Mâconnais, 21000 Dijon.
  • aeropageblanchard@gmail.com

BILLET D’HUMEUR / ACTE 110 / LE MONDE DISTANT DE NOS BAISERS PERDUS ET AUTRES EFFLEUREMENTS.

         Ce fichu virus aura finalement gagné la partie ! Même si, au jour d’aujourd’hui, tout semble s’être apaisé et calmé, cette ivraie et autre chiendent de coronavirus auront réussi à détruire – d’une certaine manière – une forme de vie sociale et la chaleur de nos rapports humains, en mettant de la distance à nos existences. Non contente d’avoir décimé de nombreuses vies humaines, cette pandémie a éloigné nos baisers si tendres et chaleureux de nos joues, banni ces poignées de mains qui faisaient palpiter nos âmes de la joie des rencontres et autres retrouvailles, jeté aux orties ces bourrades et attentions charnelles que nous nous adressions en guise de fraternité et d’affection, sans cesse renouvelées. Toutes ces tendresses qui constituaient les ivresses  et l’ambroisie de nos cœurs. 

Ce virus a masqué les visages, ôté toutes expressions et tous sourires. Dérobé les jolis minois, enlevé les rictus et autres grimaces. Même les rires sont devenus aveugles. Echappés de ce qui faisait la partition de nos sentiments. Nous voilà tous dissimulés derrière un rideau de tissu, cagoulé à moitié, tel des bandits de grands chemins.

Et ces vieilles personnes qui ne reçoivent plus l’aubade d’une visite, la caresse d’une main bienveillante et attentive sur leurs bras ou leurs figures. Leurs rides se creusent encore plus de cette solitude qui les éloigne et les sépare de leurs enfants et petits enfants.

Où est-elle donc passée cette humanité, bousculée par la perversité de ce virus venu du chaos de l’invisible et de l’infinitésimal ?

Voici venu le temps des mondes distants de nos baisers perdus et autres effleurements. 

Ces bisous et autres manifestations d’affection qui manquent à jamais au grand boulier de nos existences. 

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                                5 juin 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 109 / CAMILLE COMME UNE CHANSON D’HENRI DES.

(magnifique) photo de Marie Bayart

Camille, chaque fois que je te vois, j’entends Jules, ton frérot chantonner la merveilleuse et si tendre chanson d’Henri Dès : « Ma petite sœur est jolie ». Sais-tu que son nom, c’est Camille ? C-A, ca, M-I, mille/ elle a trois cheveux sur la tête et pas une dent/ on dirait une pâquerette avec un ruban…Impétueux torrent, rivière qui déborde d’énergie et ratisse ses berges, ruisseau qui gigote et frétille dans la nervosité de l’instant et l’intensité de ses gestes en bouquet de mouvements…Et, pourtant, petite fée électrique, scotchée sur ta feuille de papier, tu t’appliques – méticuleusement – à mettre de la couleur dans les traits des dessins comme si tu voulais ré-enchanter le monde de demain…Déjà petite élève appliquée qui joue à faire ses classes avec les crayons magiques du dessin. Tu apprends ainsi à mesurer le temps et à canaliser ton inépuisable énergie de petite fille. Pâquerette d’Henri Dès qui illumine les jours de ceux qui te suivent et te regardent. Elle a deux petites menottes/ Ainsi-si font-font/ Gigoti, elles gigotent/ Comme des poissons…

Peut-être que toi aussi, Camille, demain tu écriras des chansons, des textes et des poèmes, tu peindras et dessineras, offriras quelques étoiles à ceux qui n’ont plus rien dans leur cosmos. Balanceras de la lumière sur la noirceur, en cécité de papiers trop sombres pour offrir quelque espoir aux êtres humains en mal d’espérance.

Et, comme Henri Dès, tu poseras délicatement le velours de la tendresse sur la barbarie du monde. Les doigts sur les cordes d’une guitare ? Sais-tu que son nom, c’est Camille ? chantera Jules qui veillera sur sa petite sœur, comme le bon lait sous la flamme qui chante.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       31 mai 2020

LECTURE MUSICALE EN FACEBOOK LIVE A LA LIBRAIRIE KLEBER

Laurent BAYART sera mercredi prochain à partir de 17h dans la salle blanche de la librairie Kléber pour une lecture musicale en « Facebook Live », retransmission en direct de cette animation originale. Il vous parlera de voyage immobile avec des extraits de son livre paru en 2018, « J’ai mon voyage, récit d’un sédentaire » (éditions Orizons) où il avait déjà imaginé une sorte de confinement dans l’exotisme et l’imaginaire de son jardin…Il sera en compagnie de l’écrivain Chantal Robillard et de son compère accordéoniste Fabien Christophel. Ne manquez pas ce premier rendez-vous depuis février dernier, comme un voyage qui commence…

LIVRE / UNE JOYEUSE HALTE (EN JAUNE !) DANS UNE PETITE CHAUME VOSGIENNE…

          On pourrait presque intituler ce livre de forme atypique, huis clos dans une petite chaume, l’auteur Grégoire Gauchet, que je ne connaissais pas, nous entraîne dans une folle virée abracadabrantesque dans un coin paumé des Vosges, avec trois « quarantenaires » vététistes, poussant la chanson de leur pédalier et se livrant –sans réserve – à un retour sur expérience de vie commune pas piqué des vers ! L’écrivain ayant déjà commis un certain nombre de polars dont on retrouve – par moments – la dramaturgique trame…

Une joyeuseté littéraire et sportive dans laquelle nos gais lurons et larrons deviseront de l’amour et aussi du… désamour avec, en  toile de fond, les fantômes de Marco Pantani et du moins connu  René Pottier, le premier héros du Grand Ballon aux temps héroïques de la Grande Boucle. Nos trois bonshommes (dont l’un est journaliste sportif !) nous régalent avec leurs dialogues truculents et philosophiques en mode petite reine : L’amour, c’est comme la descente à vélo, ça ne dure jamais toujours…Et leurs procrastinations de continuer allègrement, à la manière du grand Hugo : On se trompe, vieillir, ce n’est pas aller vers l’automne, c’est espérer un nouveau printemps…

Nos amis, pourtant dûment bagués, souhaiteront avec foi et dévotion la venue de randonneuses suédoises, venant réclamer gîte et couvert ! Miracle qui surviendra mais à leur risque et péril ! Forcément, puisque leurs épouses arriveront –elles aussi -aussi (faut pas rêver !), comme de furibondes statues de commandeurs.  La bicyclette « Icare sur des roulettes » se terminera, tout comme leur virée, en mode Mike Tyson et Cassius Clay dans un cabanon transformé en ring…

Voilà un livre marrant et bien revigorant, truffé de mots d’esprit et de philosophie qui nous régale d’une goinfrerie de bonne humeur.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

Le Maillot jaune flotte sur la Petite Chaume »,roman, de Grégoire Gauchet, Le Verger Editeur, 2014.

UN NOUVEL ARTICLE SUR LE DERNIER OPUS/ RECIT SUR LE VAL D’AJOL !

En ces temps de disette et de vache maigre, voilà un article qui me met du baume ou plutôt du « boum » au coeur. Merci à Hervé de Chalendar pour son article paru, ce mercredi 20 mai 2020, dans le journal « L’Alsace » sur mon dernier opus littéraire/ récit consacré au Val d’Ajol ! En espérant pouvoir enfin le présenter au Val de la Combeauté, Chez Narcisse et à la brasserie La Valheureuse !

BILLET D’HUMEUR / ACTE 108/ L’APPEL DE LA FORET OU LA JUBILATION DE L’IVRESSE VEGETALE.

Photo de Marie Bayart

                                                      A Jules, Alphonse et Camille,

          A vous de jouer, désormais, les enfants puisque, adultes, nous avons lamentablement échoués à respecter le monde végétal et tout ce qui nous entoure. Nous n’avons pas compris que ce décor – tout en verdure – fait partie intégrante de notre corps d’être humain. Même particule, même molécule, même globule, même tissu… de cet infiniment grand et infiniment petit qui se rejoignent pour ne former qu’un même corps, celui de notre planète. Nous avons oublié que les arbres sont les artères grandiloquentes et majestueuses de nos vies d’où s’écoule la semence de l’essentiel qui constitue l’essence même de nos instants. Oxygène en chlorophylle qui égaie nos poumons et nous enivre de cette jubilation de liberté et de cette soif d’aller jusqu’à demain. 

Vous filez, les petits, sur la sente qui mène vers des jours verdoyants et prenez votre envol à l’horizontal, moinillons qui portent nos espérances en bouquets de fougères, de jacinthes et de jonquilles.

N’écoutez que votre allégresse à vivre heureux dans un monde apaisé et réconcilié. Soyez sourds à l’incantation des urubus et autres oiseaux de mauvais augures.

Vous êtes vous-mêmes le chemin et l’exemple qu’il nous faudra désormais suivre pour être dignes de votre confiance.

Et nous mettrons, ensemble, des majuscules à nos rêves de monde meilleur car nous n’avons que l’espérance comme unique choix et horizon.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                                21 mai 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 107 / L’HOMME NEW VEAU EST Né OU SALE TEMPS DE COCHON !

Après ce cauchemar science-fictionneste de cette pandémie qui s’est propagée comme une trainée de poudre sur la planète, et ces épisodes affligeants comico-dramatico-burlesques de nos contemporains, écumant les allées des supermarchés, avec leurs caddies abondamment approvisionnés en montagnes de p.q., ou ceux qui se ruaient vers les soupes en sachet à l’hydroxychloroquine, très en vogue,  on s’est dit qu’il serait (largement) temps de ré-inventer le monde et de le ré-enchanter un chouia ! Y mettre enfin un zest de poésie ! Bref, nous élever, nous faire prendre de la hauteur et nous faire rêver un peu…

Et puis, on pensait que les « incivilités » (quel terme élégant pour identifier l’imbécilité !) de nos contemporains allaient se tasser devant l’utopie de l’essentiel et le sens retrouvé de nos existences, et puis, pfutt….le monde d’aujourd’hui, déconfiné/ déconfit, s’est mis à rassembler  pathétiquement à celui d’hier. Les autoroutes à nouveau bourrées comme des colliers de perles hydrocarburées autour de nos cous, à nous asphyxier, nous plomber les bronches…Et puis, nos techniciens de surface n’en finissant plus de balayer et de ramasser (avec des gants) les masques chirurgicaux et autres que nos contemporains abandonnent à la discrétion des trottoirs et du macadam….L’homme nouveau serait-il né ? Apparemment, il continue allègrement à souiller tout ce qu’il touche…En mode erectus détritus.

Fini, les embrassades énamourées, les bourrades fraternelles, les poignées de mains chaleureuses, il faudra désormais se résigner à vivre masqués, en attendant que toute cette agitation se calme. Sale temps pour la convivialité et les rapprochements humains. Ce fichu virus a phagocyté l’humanisme des échanges et inventé des « gestes barrières », sinon en mode barbelés et palissades, mais il ne s’agit pas ici d’une… lapalissade ! 

Et surtout, ne vous avisez pas à éternuer en public, mal vous en prendrait ! Vous seriez menacé de bannissement dans une libraire désaffectée ! (Sinon désinfectée !).

Voici venir le temps des cochons. Nous voilà devenus des têtes de lard, cachés sous nos rideaux de tissu. Et si tout cela se terminait finalementen queue de poisson, euh, pardon, je voulais dire en tire-bouchon…L’expédition étant en porc compris ! Le cachet de la poste faisant évidemment foie de génisse.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                          20 mai 2020