Tous les articles par Laurent Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 82 / LES TOURS (bien pendables) DE MA TABLE DE CHEVET.

table de chevet échevelée…

On évoque souvent, lorsqu’il est question de lectures en attente, l’embrouillamini d’ouvrages et les montagnes de livres qui s’amassent/ s’étalent et encombrent ce qu’on appelle la table de chevet. Cet appendice de console (inconsolable !) où la lampe a bien du mal à se frayer une place au milieu de ce fouillis de bibliothèque improvisée qui s’invente des rayonnages en forme de tourelles à l’architecture fragile et aléatoire…

Comment trouver le sommeil à proximité de tant d’histoires, de narrations, de personnages, de décors et de paysages qui n’attendent que vos yeux et votre marque- page pour aller dérouler leur romanesque cinématographie ? Ma table de chevet se grime en improbable bibliothèque, librairie qui s’étale avec ses nouveautés mais aussi ses vieilles parutions que l’on met soigneusement de côté afin de les lire lorsqu’on trouvera le temps. Mais, c’est bien connu, les horloges s’affolent, les heures sont des bolides qui filent dans les cadrans. Les éditions, imprimés et divers opuscules n’arrivent plus à suivre l’affolement des jours qui passent bien trop vite. 

Même si la poussière s’accumule allègrement sur mes bouquins, comme une grimace sur un visage, j’aime cette table de chevet qui n’en finit plus de…m’achever avec cette inextinguible soif et envie de lire, tel un désir permanent à satisfaire. A côté de mon lit. C’est tout dire si je suis l’amant des volumes qui me font des œillades…que je n’arrive plus à combler. O insatiables maîtresses que je voudrais tant effeuiller !

Mais, que faire ? Lorsque j’en lis deux ou trois à la file, c’est une demi-douzaine de leurs comparses en papier qui viennent prendre leur place…

  • Chevet craqué ! semble chuchoter mon petit meuble branlant à côté de moi. 

Moi, j’aime la proximité de ces ouvrages qui, comme le bruit d’un fleuve ou d’un ruisseau, le ressac de l’océan, m’offrent la sérénité de l’instant fécond. Et même, quand je dors, les histoires s’affichent dans mes rêves…

J’aime tellement lire que, même les paupières closes, mes yeux telles des lucioles font encore tourner les pages de mes songes…qui se transforment en livres.

                                                                            @ Laurent BAYART

LAURENT BAYART DANS LE NUMERO DE DECEMBRE DE LA REVUE ALSACIENNE DE LITTERATURE

Revue Alsacienne de Littérature, décembre 2019.

Le numéro 132 de la Revue Alsacienne de Littérature, dirigée par Maryse Staiber, vient de paraître ces jours-ci. Fondée en 1983, cette publication « triphonique » propose tous les semestres, 140 pages de littérature, d’arts et de textes sur le patrimoine. Le thème de cette livraison est « Trames ». Pour ma part, j’ai eu le plaisir de publier des articles/critiques sur les derniers livres de Martin Adamiec, les frères Urban, Pierre-Yves et Michel-Paul, Franziska Drareg, Charles Walker et Pierre Koenig.

  • Revue Alsacienne de Littérature, numéro 132, BP 30210, 67005 Strasbourg Cédex.

REVUE / « SPORT ET VIE » SUR L’ALPINISME OU LA MONTEE…VERS L’ENFER !

Le numéro 51, hors-série du toujours passionnant magazine Sport et Vie vient de paraître. Le thème est l’alpinisme. Manière de faire un tour d’horizon, assez complet, sur cette recherche d’absolu que ressentent ces marcheurs de la verticalité, « les clochards célestes » (titre d’un ouvrage de Jack Kerouac). Aucun tabou et beaucoup d’originalité dans ces articles qui démystifient cette quête des sommets où l’on parle des pionniers, mais aussi des femmes dont Henriette d’Angeville (à signaler tout de même qu’il existe encore des montagnes interdites aux femmes, comme le mont Omineau Japon !). Il est question aussi de ceux sans qui tous ces exploits seraient impossibles : les sherpas (représentant d’un peuple Pa qui vit dans l’est sher, sur les pentes des plus hautes montagnes du monde). On y évoque aussi le dopage, ces moments intimes dont on ne parle jamais dans les récits : comment chier en paroi ? Et ces incroyables montagnes…d’étrons qui s’entassent dans les hauteurs car, vu le froid polaire, ils restent bien en place !  On a calculé qu’avec les milliers d’ascensions par saison, onze tonnes d’excréments humains souillent les pentes de la montagne chaque année, sans véritablement se décomposer… Face ou plutôt fesses cachées de la gloire !

On ne parle pas non plus des montagnes de détritus qui jonchent ces lieux idylliques et de tous les cadavres, aventuriers disparus, qui (re)jaillissent avec le réchauffement climatique (il y en aurait 300 !). Incroyable ruée vers les sommets et notamment vers le plus haut du monde, l’Everest (qui porte le nom du géomètre anglais, George Everest, (1790-1866) avec 807 personnes qui sont arrivés à sa pointe, à ce chiffre, il faut rajouter leurs acolytes porte-faix, les sherpas dont on ne parle jamais ! Du business et des incroyables ressources financières que cela génère, notamment pour le Népal (le tourisme représentant 42% du produit intérieur brut). 

Anne-Laure Boch, docteur en philosophie, neurochirurgien et alpiniste aguerrie compare l’alpinisme à une ordalie, autrement dit à une épreuve dont on sort soit triomphant soit mort ! En clair, on soumet son existence au jugement de Dieu.  Et, un peu plus loin, l’écrivain Cédric Sapin-Defour de rajouter : Et si l’on venait à conclure que l’alpinisme est indéfinissable, alors nous tiendrions une définition tout à fait honorable de cette chose.

                                                                          @ Laurent  BAYART

Sport & Vie, hors série numéro 51, l’alpinisme, les questions qui tuent.

LAURENT BAYART AU CONCERT DE NOEL A MITTELSCHAEFFOLSHEIM AVEC L’ENSEMBLE D’ACCORDEONS DE STRASBOURG

Dernière sortie littéraire et artistique de l’année pour Laurent Bayart qui présentera les cinq textes écrits sur le thème l’enfance à l’occasion de l’édition 2019 des concerts organisés par l’Ensemble d’Accordéons de Strasbourg. Ce sera à l’église catholique de Mittelschaeffolsheim, dimanche 14 décembre à 19h. (entrée gratuite, plateau).

LIVRE / PROFONDEURS DE GUILLAUME NERY OU APNEE-MOI PAR MON NOM !

Champion français d’apnée, Guillaume Néry a battu à quatre reprises le record du monde d’apnée en poids constant, champion du monde grâce à une plongée de 117 mètres, ce sportif – hors norme – se raconte dans ce livre passionnant intitulé « Profondeurs » écrit, conjointement – avec Luc Le Vaillant, journaliste et prix Albert Londres. Autant dire (et ce n’est pas forcément la loi du genre) que l’écriture de ce récit est plaisante et bien amenée.

Un livre à couper le souffle ? Oui, car on entre ainsi dans un univers peu connu, celui des apnéistes de haut niveau : Depuis dix-sept ans, mes moments les plus soufflants, les plus intenses, se déroulent bouche close, nez pincé…Hallucinant de savoir que le record d’apnée (statique) est détenu par Stéphane Mifsud qui est resté 11 minutes et 35 secondes, sur place, sans respirer….Guillaume Néry, quant à lui, s’en tient à 7 minutes et 42 secondes, pardonnez du peu, comme on dit ! 

Le sportif niçois, cosmonaute en Néoprène, (qui s’entraine dans la rade de Villefranche : somptueuse dans sa solitude hivernale, désertée par les touristes pétaradants et autres olibrius estivaux) évoque cette passion qui s’apparente à l’ivresse des hauteurs ou de la conquête spatiale :En altitude comme en profondeur, on pénètre dans des mondes extrêmes où les sensations sont autres…/…Celui qui grimpe est le frère de celui qui descend. Fil ténu et confettis en bulles d’oxygène qui le relient à la vie, lui qui fut victime d’une syncope et failli ne jamais revenir vivant de son périple aquatique. Il évoquera aussi l’accident fatal de Loïc Leferme, l’état de narcose, anesthésie ou ivresse des profondeurs mais aussi ces moments d’exaltation avec ses pérégrinations dans les abysses et son saut dans le « trou sans fond », dans les Bahamas, dont il réalisera un film emblématique Free Fall.

Philosophie et mysticisme des sommets à l’envers, Guillaume Néry nous lâchera cette confidence : Je m’insurge contre l’hypothèse du hasard…/…Je pense qu’il faut parier, comme Pascal, sur l’existence d’un principe créateur…

Autrement dit, entre les étoiles du ciel et celles de l’océan, plane l’ivresse de croire en une certaine forme d’absolu. Suspendre sa respiration, c’est comme entrer dans une éphémère forme d’éternité.

                                                                            @ Laurent BAYART

Profondeurs, en collaboration avec Luc Le Vaillant, de Guillaume Néry, Arthaud, 2014.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 81 / DE CURIEUX CRIS SANS THEME DANS LES CIMETIERES

Sont-ils devenus fous ? Voilà que des sbires de l’apocalypse mettent le feu dans les jardins apaisés des cimetières, tagguant leurs symboles de haine sur la page minérale des pierres tombales où des noms d’autres confessions religieuses, sont gravés. Svastikas tracés à la peinture pour faire rugir d’obscures vibrations d’un passé de feu et de sang. Les anges blancs, statues postées telles des sentinelles dans les allées, n’en croient pas leurs ailes : Ils ont osé !Venir poser la syntaxe de la barbarie dans ces lieux de repos éternel… Sont-ils donc devenus fous pour agiter, en cet endroit de recueillement, les oriflammes de l’horreur et d’un racisme que l’on croyait enfoui à jamais dans les oubliettes de l’histoire ! Chaque fois, les mots nous échappent pour signifier notre stupéfaction. L’histoire balbutie et bégaie à nouveau. Croix gammées tagguées comme des injures à l’amour. Pourquoi cet obscur besoin de maculer d’encre nos ivresses de liberté, notre soif de paix ?

Il faudrait des milliards de prières et de chuchotements tournés vers Dieu afin d’effacer, d’un coup d’éponge, la craie de ses ignominies sur l’ardoise des monuments outragés.

Regardez, ces larmes qui tombent du ciel. Ce n’est pas de la pluie, messieurs les météorologues, ce sont des larmes…Elles s’écoulent de ces corps qui se sont envolés de l’autre côté du miroir et qui ne comprennent pas leurs frères restés débout ! Ces ignobles faussaires du désastre posent leur orthographe de grimaces et la grammaire de leurs crachats sur leurs derniers suaires.

Réveillez-vous vite les vivants, avant que le feu réinvente la cendre ! Les cimetières, alors, se multiplieront à l’infini…

                                                                            @ Laurent BAYART

LIVRE / L’HALLUCINANT RECIT CARCERAL DE MAURIZIO TORCHIO.

         La couverture de l’édition italienne est tout simplement superbe, celle de l’édition française nettement moins inspirée mais, qu’importe, le livre de Maurizio Torchio intitulé « Sur l’île, une prison » est magistrale par son écriture, ses descriptions et l’analyse psychologique finement décrite de l’univers carcéral.  Récit mené tambour battant par un détenu, kidnappeur et meurtrier de surcroît.  L’auteur, né à Turin en 1970, a étudié la philosophie et possède un doctorat en sociologie de la communication mais ceci n’explique pas tout car, à le lire, on se demande vraiment comment il a réussi la prouesse de se mettre dans la peau d’un prisonnier et de décrire, avec une précision d’horloger, le monde mystérieux de l’enfermement.

Cette prison-forteresse, située en pleine mer, se révèle être un univers en huis clos où « marinent » les détenus dont Toro, emprisonné après avoir enlevé la fille d’un magnat du café, puis condamné à une lourde peine pour avoir trucidé un gardien. La narration, sans temps mort, décrit cette vie carcérale journalière et la promiscuité avec les garde-chiourmes, un destin qui les unit dans cette communauté cloisonnée qui vacille entre compassion et haine. Quand quelqu’un s’évade, les gardiens deviennent fous de rage. C’est comme si on avait violé leurs femmes sous leur nez.  Ils se sentent stupides et cocus. Et puis, l’obsession constante des portes fermées et du verrouillage systématique  : parce que, plus les prisons vieillissent plus elles deviennent poreuses, pleine de trous, de bizarreries, de cachettes…

Quant au narrateur, qui sait qu’il a pris  pour« perpète », il analyse avec beaucoup de justesse sa condition : Personne n’a plus d’espoir que les gens qui sont enfermés depuis longtemps : s’ils ne se tuent pas, ils prennent confiance dans le temps…

Ce livre est surprenant par la pertinence de son analyse, comme cette phrase au détour d’une page : La seule différence entre une cagoule pour kidnappeur et une cagoule pour kidnappé est que la seconde n’a pas de trous pour les yeux.

On ne sort pas indemne d’un pareil ouvrage, le point final étant comme une porte, bruit d’écrous, qui se referme lourdement derrière vous.

                                                                                @ Laurent BAYART 

Sur une île, une prison de Maurizio Torchio, éditions Denoël, 2016.

LAURENT BAYART DANS LE NUMERO DE DECEMBRE DE FLORILEGE.

Nouvelle chronique de Laurent Bayart « Entre nous soit dit » rendez-vous trimestriel avec le billettiste qui – pour ce numéro d’hiver 2019 de la revue bourguignonne Florilège – vous propose une « Joyeuse escapade dans la ville du Havre ». Ainsi, l’écrivain raconte ses pérégrinations de quelques jours dans cette cité improbable, coulée dans le béton armé, et qu’il découvre avec ravissement : Cette ville recèle vraiment des trésors cachés, loin des clichés et des lieux communs dont on veut bien l’affubler…avec une surprenante évocation brésilienne en la personne – entre autres – d’Oscar Niemeyer, le père architectural de Brasilia…et autres découvertes.

  • revue Florilège, numéro 177, décembre 2019, 19, allée du Mâconnais, 21000 Dijon.

LIVRE / LA COQUILLE DE MOUSTAFA KHALIFE OU LA SYRIE NOIRE.

Voici un récit romancé comme un témoignage poignant et hallucinant de l’univers carcéral syrien. Œuvre à vif qui vous tombe littéralement des mains et jette l’effroi. La coquille de Moustafa Khalifé, raconte, avec distance, cette longue et lente descente en enfer, vécue dans l’extrême bestialité d’une gigantesque prison syrienne située en plein désert. Le narrateur, après six ans de séjour en France où il a obtenu un diplôme d’études cinématographiques, décide de son propre chef de rentrer au pays où il est « cueillit » (sans ménagement) à l’aéroport de Damas…En route pour treize ans, trois mois et treize jours de pandémonium où l’absurde côtoie l’horreur quotidiennement. Pris pour un activiste islamiste alors qu’il est chrétien grec-catholique…

Il faudra une incommensurable volonté et force de caractère afin de surmonter toutes ces épreuves faites d’humiliations et de tortures, lui qui trouva les ressources pour résister à la barbarie grâce à son esprit : les rêves éveillés. Cela me procure beaucoup de plaisir, c’est ma drogue. Je construis le rêve petit à petit…Oubliant ainsi le bruit de cet hélicoptère se posant deux fois par semaine dans la cour de la prison, avec sa liste de condamnés à mort, jetant l’effroi sur les prisonniers mais aussi, provocant la chair de poule aux policiers et aux limiers « municipaux », sbires du président Hafez al-Assad, c’est tout dire…

Tortures, disions-nous, il lâche : La douleur était atroce, mais je n’avais pas peur. A présent, j’avais de l’expérience…Musée de l’horreur où l’humanité semble s’être complètement fourvoyée. Moustafa Khalifé fera sienne cet adage qui circule dans cet univers carcéral : La main que tu ne peux pas mordre, baise-là et prie pour qu’elle se casse.

Il sortira de l’enfer mais à quel prix ? Libéré, certes, mais reclus à jamais dans une improbable coquille…

                                                                            @ Laurent BAYART

*  La coquille de Moustafa Khalifé, prisonnier politique en Syrie, Babel Actes Sud, 2007. 

EDITION 2019 DES CONCERTS DE NOEL DE L’ENSEMBLE D’ACCORDEONS DE STRASBOURG

Pour la quatrième année consécutive, Laurent Bayart participera aux concerts de Noël organisés par l’Ensemble d’Accordéons de Strasbourg, dirigé par Fabien Christophel. L’écrivain-poète a écrit cinq nouveaux textes sur le thème de « L’Enfance ». Moments de gourmandise musicale, de recueillement et de luminosité autour des choristes, enfants et adultes, ainsi que des musiciens de cet ensemble à l’ambiance chaleureuse et familiale qui vous emmèneront dans la magie de Noël retrouvée. Venez nombreux pour cette nouvelle fête musicale à l’occasion des fêtes de fin d’année. Le poète sera présent à Mittelschaeffolsheim.

  • Dimanche 8 décembre à 18h à l’église protestante de Neudorf.
  • Samedi 14 décembre à 19h à l’église catholique de Mittelschaeffolsheim. (entrée gratuite).