Tous les articles par Laurent Bayart

LAURENT BAYART EN « MODE ELECTIONS » DANS LA REVUE FLORILEGE

Laurent Bayart publie, dans le numéro de mars 2017 de la très belle et élégante revue bourguignonne « Florilège », dirigée par Stephen Blanchard et qui existe depuis 1974, un texte d’actualité : « En mode élections » dans sa chronique trimestrielle « Entre nous soit dit ».  Texte un zest prémonitoire dans lequel, l’écrivain s’interroge :

Mais qui pour promettre un peu plus d’humanité, des mots qui pourraient servir à rassembler les êtres humains et leur mettre quelques étoiles dans les yeux pour leur parler – enfin- de poésie ? Le monde est à réinventer. Il n’est pas trop tard. Il suffit d’être un peu fou. Si peu.  

Le chaos, c’est peut-être quand il n’y a justement plus d’utopies à déposer dans nos aurores.

  • Florilège, mars 2017 ( numéro 166), Stephen Blanchard, 19, allée du Maconnais, 21000 Dijon.

RETOUR SUR LE DERNIER FESTIVAL INTERNATIONAL DES CINEMAS D’ASIE DE VESOUL / FOCUS EN INTERIEUR/NUIT.


Encore une fois, la magie a opéré durant cette vingt-troisième édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, qui s’est déroulée du 7 au 14 février. C’est toujours une surprise et un enchantement d’avoir la capacité de pouvoir « gober » une quarantaine de films durant une petite huitaine de jours, moi qui ne vais pas en « intérieur/nuit » durant tout le reste de l’année… L’esthétique, l’exceptionnelle qualité et l’originalité des films présentés font que ces projections sont des moments d’émerveillements et de rencontres aussi, puisque les réalisateurs ou les acteurs sont souvent présents. Du palmarès établi par les spécialistes et le public, je donnerai un peu le mien. Du moins, mes coups de cœur parmi une production riche et variée où même les documentaires se sont révélés passionnants !

Ma palme d’or irait peut-être à ce film indien : « Hôtel Salvation » de Shubbashish Bhutiani dans lequel il est question d’un vieil homme de 77 ans qui, sentant sa mort venir, se rend à Bénarès dans un hôtel réservé aux personnes qui désirent passer là leurs derniers jours. Le film est somptueux et plein de tendresse. La mort n’étant finalement qu’un rite de passage à l’image du Gange. Je retiens cette belle parole dite par l’un des protagonistes de cette histoire : A quoi sert un chemin s’il ne mène pas à un temple ? D’autres opus remarquables : Baby beside Me (Corée) de Son Tae-Gyum, Going the distance (Japon) de Harumoto Yujiro, un jeune réalisateur sympathique qui a obtenu trois prix à Vesoul…L’histoire d’une indéfectible amitié et fidélité, rare. Her Mother (Japon) de Sato Yoshinori où il est question de la notion de pardon après un meurtre. Le jeu des acteurs est remarquable et la thématique haletante. La visite de la fanfare (Israël) de Eran Kolirin est un classique bien connu. The land of Hope de Sono Sion évoque l’explosion d’une centrale atomique à Nagashima (nom créé en fusionnant ceux de Nagasaki, Hiroshima et Fukushima). Une histoire bouleversante desservie par des acteurs hors-pair. A noter, dans les nombreux films géorgiens, celui de Tenguiz Abouladzé Le repentir, un petit chef d’œuvre qui nous parle des dictateurs avec un humour glacial mais ô combien actuel, cette réalisation datant de 1984, pas de poussière sur la pellicule. L’absurdité ubuesque de la barbarie reste toujours d’une cruelle modernité. A signaler aussi Mandarines de Zaza Urushadzé où est évoqué le conflit qui fit rage en 1992 en Abkhazie. Enfin, dans le rayon des documentaires, mention particulière à Un intouchable (Inde) d’Asil Rais, un homme qui « collecte » les cadavres abandonnés et Le cri interdit (Chine/France) de Marjolaine Grappe où il est question du contrôle des naissances en Chine. Une enquête qui fait froid dans le dos où l’on apprend que l’Empire du Milieu détient un triste record mondial : celui du nombre d’avortement, plus de 30.000 chaque jour…

Bien-sûr, cette liste n’est pas exhaustive. Aucun film n’ayant été qualifié d’ennuyeux. C’est dire la qualité et le millésime offert au public de ce festival. Un public convivial et sympathique où des liens se tissent, au fil des éditions. Public bon enfant et amical, où chacun semble un peu se (re)connaître, loin du snobisme et du mode intellectuel rencontré en Avignon par exemple. Cette manifestation porte – et c’est peut-être aussi sa qualité et sa spécificité – la chaleur des humanités retrouvées et des moments de rencontres. Et, par les temps qui courent, ça fait du bien ! Merci aux réalisateurs : Martine et Jean-Marc Thérouanne et à Bastian Meiresonne, spécialiste passionné, à Nicolas Carrez-Parmentelot, ainsi qu’à la kyrielle de bénévoles sans qui ce festival ne pourrait pas exister. Bravo à tous.

                                                                                                               Laurent BAYART

LAURENT BAYART AU CHATEAU DE LICHTENBERG

Après ses « andouilleuses » pérégrinations ajolaises dans les Vosges méridionales, Laurent Bayart va poursuivre sa saison 2017 en menant la vie de château (normal, vu son nom de chevalier…). Il proposera, avec Fabien Christophel, une lecture musicale  dimanche 5 mars prochain à 14h, dans le cadre prestigieux du château de Lichtenberg,  au Centre d’Interprétation du Patrimoine, dans les Vosges du Nord. Un cadre sublime et majestueux, panorama somptueux pour prendre son envol poétique et musical. Une séance de dédicaces suivra ce petit spectacle.

LE GONCOURT…DE LA CHARCUTERIE A LAURENT BAYART !

Laurent Bayart vient d’obtenir le prix littéraire de la foire aux andouilles, le fameux Goncourt de la charcuterie (qui existe depuis 1967), avec son poème (rédigé sur papier sulfurisé de boucherie) « Un amour d’andouille ». Le prix lui sera remis le lundi 20 février à l’Espace Dorothée au Val d’Ajol. Cérémonie durant laquelle le Grand Dépendeur de la Confrérie lui remettra son prix et l’intronisera dans cette « joyeuse confrérie ».

A signaler aussi que Laurent dédicacera, la veille, le dimanche 19 février son nouveau livre « Les charmes du Val d’Ajol » au salon du livre régional du Val d’Ajol qui se déroulera à la mairie de 10 à 18h.

NOUVEAU LIVRE DE LAURENT BAYART : LES CHARMES DU VAL D’AJOL

Laurent BAYART vient de faire paraître un livre récit et guide pratique sur « Les charmes du Val d’Ajol ».  Truffé d’anecdotes, de bons plans, d’histoires surprenantes et de coups de coeur, cet ouvrage passionnant rend hommage à ce petit coin de paradis où l’on joue encore de l’épinette et où les moustaches de Napoléon III continue de traîner sous l’ombre tutélaire des majestueux sapins. Capitale de l’andouille et de la confrérie éponyme, l’écrivain vous offre un moment d’éternité qui s’étire à l’image de l’emblématique saucisse…Et notre ami n’oublie pas, qu’il fit le serment de se marier, rue de la Grande Côte, au Val d’Ajol…

  • « Les charmes du Val d’Ajol », éditions Andersen, 8 Euros (10 Euros, port compris).

LIVRE / « LE CRICKET CLUB DES TALIBANS »

 

Timeri N. Murari, vit à Madras, l’un des plus célèbres écrivains indiens, offre-là un récit roman poignant et haletant sur une période sombre de l’histoire de l’Afghanistan. En effet, en 2000, à Kaboul, le gouvernement islamique pose sa chape noire sur une population meurtrie par des années de guerre et d’occupation par les soldats russes (On estime qu’elle laissa derrière elle près d’un million de morts et que cinq millions de personnes se sont réfugiés au Pakistan). Les talibans arrivent et verrouillent les libertés en posant le grillage bleu clair métallique de la burqa sur le visage des femmes… Les sbires de ce totalitarisme absurde affichant même sur les murs de la ville : « La place des femmes est dans la maison ou dans la tombe ». Sans commentaires…

La seule lueur d’espoir, pour les protagonistes de cette histoire, viendra par le biais d’un sport : le cricket, étrangement autorisé, là où tout est interdit, afin de prouver aux opposants de ce régime tortionnaire que le pays est une nation sportive… Le cricket ? Nous n’étions pas une nation athlétique ni sportive. Avec toutes les invasions que nous avions subies au fil des siècles : Alexandre le Grand, Tamerlan, Gengis Khan, les Perses, les Mongols, les Britanniques, les Soviétiques…

Visage obscur de ce chef taliban Zorak Wahidi qui veut prendre pour épouse la belle Rukhsana, journaliste obligée d’arborer une barbe, de se changer en homme (Babur) afin de devenir entraineur d’une improbable équipe de cricket…pour une compétition où le vainqueur pourra partir jouer au Pakistan…Voilà que le sport devient une porte de sortie vers la liberté.

Les talibans débarquaient dans nos vies au volant de leurs véhicules blindés et de leurs Land Cruiser, comme les Sarrasins sur leurs chevaux…

S’ensuit une narration rocambolesque et palpitante où le talent de l’écrivain nous emporte en une narration passionnante dans laquelle la mort rôde à chaque instant. Voyage dans l’absurde de l’horreur. Roman en forme de récit car l’imaginaire n’a besoin –dans ce cas de figure – que d’observer le triste visage (grillagé) de la réalité… Livre incontournable à découvrir comme un témoignage.

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

* Le Cricket Club des talibans de Timeri N. Murari, roman traduit par Josette Chicheportiche, bibliothèque étrange, Mecure de France, 2014.

LIVRE / SU TONG OU L’EMBLEMATIQUE LITTERATURE CHINOISE

 

Ca a fait tilt lorsque j’ai pris dans les mains un des (nombreux) ouvrages de Su Tong, auteur emblématique chinois, né en 1963 à Suzhou dont j’avais vu, au Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul, le petit chef d’œuvre Epouses et concubines. J’avais ensuite apprécié l’ouvrage Visages fardés qui m’avait aussi subjugué. Voici donc tout naturellement La berge, livre dans lequel Su tong raconte la vie des mariniers et autres bateliers sur la barge de la flottille du tournesol via des existences tourneboulées et une histoire pleine de tohu-bohu.

Destins et lignées portés par les eaux de la rivière des Moineaux, hantée par une martyre de la révolution dont la fin tragique la fit entrer dans la légende. Comme en un récit biblique, son bébé lui survivra à califourchon sur le dos d’une carpe, emmaillotté d’algues dans la litière des eaux du fleuve. Ku Wenxuan devient secrétaire du parti puis, coureur invétéré et faiseur de cocus, il connaîtra la mise au placard et subira les coups de ciseaux vengeurs d’un « raccourcisseur » de quéquettes…

Son fils, le narrateur, Ku Dongliang suivra finalement son père, relégué dans la navigation. Le Garçon surnommé « pet en l’air » sera l’héritier d’une tumultueuse généalogie, déchirée entre l’eau et la terre ferme : les terriens ont le vertige sur les bateaux, et les mariniers sur la terre ferme ! La narration est merveilleusement bien articulée avec des personnages hauts en couleur, aux caractères bien trempés, nés dans les soubresauts de la foudre. Violence, poésie, sexe et humour, mais également tendresse de ce fils déchiré qui sera –au final – l’ange gardien d’un père meurtri : – L’as-tu déjà entendu parler ? – La rivière ne parle pas, papa, tes oreilles te trompent, c’est l’ancre qui frappe la coque.

Un livre magistral que l’on pourrait imaginer porté par les images d’un cinéaste…On y devine aussi les somptueux décors d’une Chine qui fait vibrer les destinées.

Laurent BAYART

* La berge de Su Tong, Bleu de Chine, Gallimard, 2012

CINEMA / J’ME FAIS MON FILM A VESOUL ALORS… V’ASIE !

 

C’est parti pour un « intérieur/nuit » au cinéma Majestic de Vesoul et ce, du 7 au 14 février. Le 23ème Festival International des Cinémas d’Asie déroule son long tapis rouge sur lequel roule son cyclo emblématique. Quatre-vingt-dix films seront à nouveau programmés dont dix-sept inédits. Quelques-uns concourront aux différents prix proposés. Chefs d’œuvres, découvertes, trouvailles, documentaires, films d’animation…Encore un programme somptueux pour cette édition avec les différents prix organisés dont le Cyclo d’Or et un jury de fins connaisseurs. Pour cette édition, un focus particulier sera réservé aux maîtres du cinéma sri lankais. On nous proposera également un « Regard sur le cinéma géorgien », sans oublier le jeune public qui sera gâté avec le zoom particulier de la « Japanimation ». Et puis, la bonne chère et la nourriture seront à l’honneur avec « Le Japon se met à table ». Donc, on vous souhaite un bel appétit, voire une boulimie de films (et je sais de quoi je parle !). Bref, on va encore se régaler grâce aux maîtres queues, à savoir : Martine et Jean-Marc Thérouanne, Nicolas Carrez-Parmentelot et Bastian Meiresonne.

Une cuisine et des mets bien relevés, de quoi satisfaire, une fois de plus, tous les goûts et les palais…des festival(iers) !

Laurent BAYART

 

  • FICA – Festival International des Cinémas d’Asie, du 7 au 14 février 2017. (25, rue du Dr Doillon, 70.000 Vesoul). Tel : 06.84.84.87.46 / vesoul@wanadoo.fr

 

LIVRE / LA CHUTE DE LA FUNAMBULE VERS LE CIEL…

Belle petite trouvaille éditoriale que ce live paru en 2013 chez Zulma dont les couvertures offrent une esthétique tout à fait remarquable (Zulma, vierge-folle hors barrière et d’un sourire (Tristan Corbière)) : « Lucia Antonia, funambule » signé Daniel Morvan. Journaliste à Ouest-France. Cet écrivain a publié quelques romans dont celui-ci – véritable petite merveille – que je découvre aujourd’hui…

Singulière et attachante histoire sous forme de récit, extirpé du carnet de Lucia Antonia, une ancienne trapéziste qui raconte la chute de sa jumelle artiste Arthénice. Saltimbanques de l’ambulatoire qui marchent – en équilibre précaire – sur un « chemin de quatorze millimètres ». L’écriture est somptueuse et les mots dansent au-dessus du vide, en l’occurrence le gouffre de Bramabiau. Son père Alcibiade, fondateur du cirque disant : «  Quel que soit le lieu, le secret des funambules est le même : du danger, de l’espace, du silence ».

Un fil tendu, droit comme le câble d’un i horizontal sur lequel les équilibristes jouent aux chorégraphes. Un peu, comme une métaphore de la vie, les êtres humains en éternelle partance, en quête de cette inévitable chute qui les attend…

Laurent BAYART

Lucia Antonia, funambule de Daniel Morvan, roman, Zulma, 2013.

 

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 46 / RESOLUMENT OPTIMISTES !

Devant ce bilboquet et autre capharnaüm de catastrophes annoncées, de cataclysmes tous azimuts, de feux de broussailles vitaminés qui veulent engendrer des incendies atomiques, il faut – coûte que coûte – retrouver les chemins de l’espérance. Etre fou dans ce monde qui se délite où la barbarie devient un peu le marque-page du quotidien. Aller à contre-courant de l’impétuosité du fleuve fou. Aimer plutôt qu’haïr, se prendre l’envie de rencontres et de poignées de mains fraternelles. Voilà peut-être la vraie révolution ? Qui sait. Comme le chante si bien l’auteur-compositeur Jean Humenry « j’vois comme des p’tits miracles » * lorsque les gens se mettent à (se) parler, à siffler dans la rue et à se prendre par les bras. C’est peut-être la seule réponse à apporter à la sauvagerie dans laquelle nous sommes désormais plongés chaque jour. Redevenir l’enfant qui s’émerveille et laisser  l’adulte lassé par trop de friandises et autres sucreries noires…

Espérer, c’est aider le tout petit qui balbutie ses pas, à marcher vers demain. Ne pas oublier que l’être humain doit être un passeur aidant l’autre à traverser la rive. Transmettre, qu’elle magnifique destinée.

Sans bruits, les éveilleurs d’aurore auront toujours une raison d’avance de ne pas sombrer dans la grande noirceur du pessimisme.

C’est peut-être ainsi que l’on pourra changer un peu le monde. Bousculons-le à notre mesure, à notre dimension avant qu’il nous change nous-mêmes.

Nous aurons alors noyé notre sourire dans un visage de glace.

Alors, faisons des habitacles de nos cercueils, de grands cerfs-volants fantaisites, destinés à partir à la conquête du ciel. C’est la meilleure manière et la plus élégante de dire adieu à la terre…

Laurent BAYART

  • « Boucler la boucle », compact-disc de Jean Humenry, Bayard musique, 2016.