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LIVRE/ HUMEURS MEDICALES DE LUC PERINO OU LA VIE EN MODE BONNE…HUMEUR D’UN STETHOSCOPE ANTHROPOLOGUE.

                  Cet ouvrage atypique pourrait se décliner comme une suite de brèves ayant trait à la pratique d’un médecin généraliste, inspiré et talentueux, qui nous offre des croustillantes pépites de petits textes. Chroniques rédigées avec talent et puisées de son expérience de toubib, elles se révèlent didactiques et passionnantes ! Observateur au regard acéré, il scrute le patient et ses pathologies afin de raconter avec maestria son quotidien de médecin, toujours bien documenté et plein de références pour argumenter ses textes. Comme il est précisé sur la quatrième de couverture : Cet essai littéraire dévoile, pas à pas, une véritable anthropologie de la maladie et du soin.

Cet iconoclaste inspiré nous entraîne sur les chemins escarpés de sa pratique quotidienne et de son expérience, nous confiant – avec humour et pertinence- ses préférences en matière de médicaments : J’avoue avoir aussi un faible pour ceux qui ne servent à rien. Ce sont les plus nombreux. Leur seule limite est celle de l’imagination des fabricants. Leurs ressorts sont l’activisme du médecin et l’impatience du patient. Notre toubib pose un regard ludique et amusant sur cette médecine qu’il exerce avec humanisme et humanité, préférant le patient tranquille, venant chaque mois pour faire contrôler sa tension/…que le trublion faisant irruption avec sa violente douleur abdominale. Belle envolée aussi sur la Revanche de la rate qui malgré sa taille importante, se trouve négligée de l’anatomie et méprisée des étudiants. N’eussent été les volants de voiture où elle vient s’éclater…Plus loin, cet homme en blouse blanche nous déclare que le patient chronique est devenu un véritable malade professionnel. On vous avait prévenu, ce disciple d’Esculape manie l’humour et la dérision avec talent ! Plus loin, il assène que : Plus de 80% des psychotropes prescripts le sont inutilement, voire dangereux. 

Cet ouvrage, passionnant, est rédigé en mode léger. Il constitue toutefois un petit Vidal de bonne humeur…médicale ! Et ce n’est pas un mince compliment ! Ce trublion du stéthoscope rajoutant, philosophe à ses heures, que la médecine est essai, la santé est littérature. Continuons donc d’écrire ! Dont acte.

                                                              © Laurent BAYART

  • Humeurs médicales de Luc Périno, Éditions France Loisirs, éditions du Félin, 2006.                                                                   

LA SENTE QUI RACONTE LE CHEMIN…

Sur une photo d’Alain Tigoulet.

          Parcourir cette sente en posant sur le sable et la caillasse l’écriture de ses pas, empreintes de semelles comme le cachet de la poste faisant foi. Poste restante de cette déambulation qui fait palpiter nos corps, gastéropodes en position debout harnachés d’une maisonnée de rucksack sur le râble. Ivresse de s’en aller à l’aventure, entre liesse de fougères, candélabres d’arbres et d’arbustes et embrouillaminis de liserons. Le chemin chante l’évasion impromptue et fortuite. Se perdre et s’inventer un horizon aux confins de la sylve. Et croiser un inconnu, promeneur et badaud. Se saluer d’une regard furtif et d’un bonjour de compagnonnage et fratrie. Et l’ombre repart dans l’étouffante verdure des futaies.

Marcher, c’est changer de pays à chaque instant et soulever la barrière fictive d’un poste de douane tenu par un scarabée ou un écureuil. Drôle de garde-chiourme !

La limace sur nos godillots faisant office de tampon de visa en bucolique laissez-passer.

Chaque nouveau paysage porte l’étendard d’un pays.

© Laurent BAYART

                                                                        22 septembre 2024

LES PAUPIERES SONT UN ECRIN DE LUMIERE.

                                                     Vallée des Saints, Carnoët, Bretagne.

         Les paupières ont fermé leurs persiennes mais la lumière est restée à l’intérieur, enfermée dans l’écrin de la pupille. La canne du berger a gobé la nuit et ouvre le chemin, comme le bâton de Moïse faisant s’écarter les vagues de l’océan. Des coquillages font office de caillasses sur cette sente qui fleure le chemin de Compostelle. J’avance ainsi dans l’impromptu des rencontres, les images sont en moi, gravées dans les chromosomes de l’instant qui échappe à la fuite du temps. Je marche vers une cathédrale qui n’a pas encore de fondations et, que des pèlerins imaginent déjà pour de pieuses dévotions.

 Se laisser emporter par l’invisible en regardant ses pas s’inscrire sur l’ardoise du sol. Il ne manque plus qu’un saint pour lui attribuer un nom.

Les paupières sont des semelles qui parlent à la terre mais qui chantent la promiscuité du soleil.

Sur le granit, un poème a laissé le souffle de sa syntaxe telle la bulle d’air d’une parabole dans un sanctuaire

                                                                        Laurent BAYART

                                                                  18 septembre 2024

LIVRE / SAINT-NAZAIRE COMME UN DICTIONNAIRE AMOUREUX DE CETTE VILLE PORTUAIRE, REDIGE PAR NOEL GUETNY.

Lorsque m’est parvenu ce petit livre coquet, publié par l’écrivain Noël Guetny, véritable « biographie » de sa ville fétiche : Saint-Nazaire, je me suis dit que cet ouvrage resterait probablement paisiblement dans un de mes rayonnages…et la curiosité m’a happé, puis je ne l’ai finalement pas effeuillé, mais lu et même dévoré ! 

L’écrivain Julien Gracq l’évoque magistralement : Ville glissant de partout à la mer comme sa voguante cathédrale de tôle…Cet ouvrage fourmille de précieuses et didactiques informations sur les lieux, les sites, la vie industrielle, populaire, les enjeux politiques et l’urbanisme d’une cité qui mérite incontestablement l’attention et le regard. Et, le guide-narrateur d’endosser la parure de l’historien pour nous révéler de nombreux détails et anecdotes dont on se délecte, notamment l’origine de ce nom de Saint-Nazaire qui né à Rome vers l’an 30 après Jésus-Christ, Nazarius (Nazaire) avait un père juif et une mère chrétienne. Baptisé, il partit évangéliser la Gaule…

Focus aussi sur Joël Batteux (ingénieur chimiste), maire et visionnaire, qui releva les nombreux défis qui se présentèrent à lui. Amoureux de sa cité, il laissa son empreinte et son ADN à la ville. Il aligna cinq mandats municipaux consécutifs…

Noël Guetny nous donne envie d’arpenter sa ville et ce n’est pas un mince compliment ! 

Son livre constitue une manière de dictionnaire amoureux où l’alphabet se transforme en rues, édifices et monuments emblématiques.

                                                                            Laurent BAYART

Noël Guetny, Petite histoire de Saint-Nazaire, Éditions La Geste.

LE TEMPS PASSE ET FILE MAIS LA MAGIE DE L’INSTANT CONTINUE DE NOUS EMERVEILLER.

                                                     A l’occasion de mon anniversaire…

         Le temps nous emporte dans son grand maelstrom enchanté, tourbillon de minutes et d’heures qui jouent de la bossa-nova sur nos corps malmenés. Les mots continuent de danser en un tourbillon d’amour qui m’entraîne chaque jour plus loin et m’emporte au-delà de l’horizon, là où les étoiles esquissent leur divine chorégraphie dans le ciel et inventent de nouveaux tempos…

Marcher ensemble dans l’ivresse de nos rendez-vous chaque jour réinventés. Car, qu’importe le chemin pourvu qu’il mène à un autel. Alors, pérégriner encore et toujours comme s’il s’agissait de notre chemin de Compostelle à nous.

Nous sommes des gommettes, de minuscules poussières enchantées par la vie qui ne faisons que passer en laissant quelques circonvolutions dans l’eau, avant que les ronds de ses ondes ne s’effacent à jamais. On appelle cela l’infini.

Le caillou du chemin, jeté dans l’écrin de la rivière, faisant cachet de notre foi.

Les mots n’ont jamais cessé de poser leurs émerveillements et magie en moi.

Pérégrin écrivain, j’ai égaré le point final dans ma grande besace à mots, Dieu se chargera bien de le retrouver, pour le poser sur mon chemin, lorsqu’il faudra s’arrêter un jour…

Puis, écrire sur le duvet lumineux d’une étoile et jouer de la harpe sur les cordes tendues des constellations.

Et, retrouver enfin toutes les étoiles qui se sont transformées en anges gardiens.

                                                             © Laurent BAYART

                                                                        11 septembre 2024

L’ETE PREND DES AIRS DE GUINGUETTE AUX ANEMONES DE MUNDOLSHEIM.

                                             A Gwendoline et Laurent, organisateurs émérites.

         Les boîtes aux lettres de la rue des Anémones se sont ouvertes, l’autre jour, pour faire office de reposoirs à saucisses blanches, merguez, salades colorées et autres délices gustatifs. L’impasse de la rue barrée, les panses se dépensent, cliquent et trinquent. Les verres sont en goguette. C’est la fête des voisins, rendez-vous devenu incontournable dans notre rue / avenue qui fait l’impasse… Les accolades, bisous et autres poignées de mains fusent au cœur de la grappe humaine qui se forme au fond de la rue des Anémones. Le temps s’arrête et prend des airs de fête en cette fin (faim) d’été. 

Au bout, près du rond-point engazonné, un grand barnum est installé avec le long tapis aérien d’une interminable table ! Banquet, noces ? Que nenni ! Il s’agit tout simplement de la traditionnelle fête des voisins. Chacun et chacune prend enfin le temps de se retrouver, devant les paillassons et autres perrons de maisons pour de joyeuses ripailles et retrouvailles.

Le temps suspend son vol et les bouteilles de vin poussent de drôles de gloussements de joie en forme d’épicuriens pop ! Les bouchons s’envoient et s’envolent en l’air, tandis que les verres se tendent d’un « seul homme ».

Notre rue s’est transformée en guinguette et le temps qui s’arrête prend des allures de fête.

Même les boites aux lettres se retrouvent tous en une joyeuse sérénade et en une pyramide de cubes en goguette.

Ca tombe bien : le cachet de la poste et de la bonne humeur faisant foi !

                                                                       © Laurent BAYART

                                             Dimanche 1er septembre 2024                                                            

NOELLE EN BLACK AND WHITE.

         Chaleureuse touffe de poils noirs de vibrisses en goguette. Noëlle nous offre sa mystérieuse et précieuse présence en black and white, comme une chandelle qui viendrait illuminer notre foyer de ses flammèches en miaulements, tels des chuchotis de prière qu’elle nous scande à voix basse… Chatoyants trémolos qui nous font vibrer. Que veut-elle donc nous signifier ? Après tout, les mondes qui séparent les espèces sont dotés de si fines cloisons…

Hiéroglyphes de sons en canopée de douceur. Elle, abandonnée dans la sylve, nous a apprivoisés comme aurait dit le Petit Prince de Saint-Exupéry. Et voilà qu’elle pose ses coussinets plein de bonnes énergies et autres vibrations dans notre maison. Présence à la fois tellurique et mystique qui fait vibrer nos âmes de la gratitude de l’avoir « trouvée ». Et si c’était nous, finalement, qui nous étions perdus ? 

Avec elle, nous sommes devenus félins à deux pattes. Elle nous parle et voilà que nous lui répondons par des miaulements.

La pupille d’or de ses yeux nous observe avec tendresse. Il y a dans chaque chat une parcelle de Dieu qui nous prodigue l’infini de son amour.

Nous sommes ainsi des ombres qui se fixent dans le noir si habité de sa présence où, derrière son pelage anthracite, brûle un immense et ardent soleil.

                                                               © Laurent BAYART

                                                 31 août 2024

LA VIE COMME UNE LUMINEUSE PARENTHESE OU LE JE EN VAUT BIEN LA CHANDELLE…

                                            Sur une photo de Donatien Breiner,

         Mon regard s’en va se perdre devant moi. Mes yeux jouent aux funambules sur la corde tendue de l’horizon. Fildefériste à jongler sur le filin de nos existences. Qui suis-je donc pour interroger et interpeller le silence des étoiles ? Grain de poussière où s’est glissé le chuchotis d’une parole divine ? La vie ne serait-elle pas une aubade à l’inconnu et au mystère ? Regarder au loin pour y interroger Dieu. Son silence constitue une manière de réponse qu’il nous adresse de derrière les étoiles.

Regarder en silence comme dans un musée, ce qui reste de notre passage terrestre.

Avant de repartir, plus loin, dans le cosmos qui fut notre lumineuse poche amniotique.

Quelque part dans le magma d’une étoile. Notre mère qui est aux cieux…

                                                               © Laurent BAYART

                                                27 août 2024

GOURMANDISES DE COSMOS.

                                             Sur une photo de René Roesch,

         Le ciel est une estampe sur laquelle danse et vibre une kyrielle d’étoiles comme en un miroir qui nous refléterait.  Odes à nos vies passées ? Éteintes ? Le cosmos nous offre son incroyable chorégraphie où s’inscrivent en filigrane – peut-être – nos destinées ? Voies lactés, constellations, novae…sont là pour nous rappeler que nous ne sommes que des fétus de paille, de lilliputiennes fourmis face à l’immensité et l’infinie qui s’ouvrent devant nos yeux éblouis, voire émerveillés…

Dans cette nuit estivale, je cherche mon étoile. Mais, comme la trouver ?

J’en appelle à Dieu, en une prière, un chuchotement.

Et voilà qu’il m’envoie, tel un archange de feu, la chandelle d’un astre. Je reconnais la flamme qui éclaire mon âme, ce petit foyer fécond qui nourrit mon esprit de cette clarté mystique et magique.

Le cosmos est bien une cathédrale où des milliards et des milliards de vitraux racontent nos existences. Avec au bout de ces incommensurables allées, au bout du transept, la chaire d’une croix qui brille comme un soleil.

Dieu de tous les astres.

                                                      Laurent BAYART

                                                          25 août 2024

ETOUFFADE ET IVRESSE DE VERDURE.

         Je me délecte à te contempler en ivresse de feuillée qui chante et enchante le ciel que tu recouvres de ta toiture en myriades de chlorophylle verte. Serein comme un oiseau, je me réfugie sous cette divine tenture ombragée où respire et frétille mille existences. Ivresse de cette canopée qui caresse le ciel et m’offre le vagabondage de l’instant. Je me sens bien sous ce parasol naturel. Arbre-frère qui me protège et me prend sous sa coupe. J’aime ton étreinte qui fait palpiter mon cœur et vibrer mon âme.

Sous ton ombrelle, je sens battre ton pouls.

Une plume virevolte et tombe lentement sur ma tête. Un merle ou une pie me dédicace sa jubilation.

Je suis tout simplement heureux de vivre. Et je sens dans mon dos, pousser des ailes…

                                                      © Laurent BAYART

                                          22 août 2024