Archives de catégorie : Blog-Notes

QUAND LES HOMMES VIVRONT D’AMOUR, IL N’Y AURA PLUS DE MISERE…

photo de Nemorin, alias Erik Vacquier.

Il va falloir retrouver le sens de l’essentiel, faire fi du vagabondage des gâchettes et des canons, de cette fuite en avant (vraiment ?) qui pose un monocle noir sur l’œil rouge du soleil. Le bruit des armes et celui des larmes résonne comme des culasses d’orgues de Staline. Le monde se réveille avec une immense gueule de bois. Nous ne voulions pas l’apocalypse pour nos enfants, le réchauffement climatique des arsenaux nucléaires et tutti quanti.  Le printemps et ses hirondelles sont en mal de lendemains qui chantent. Je t’aime, mon amour. Les temps sont à la réconciliation des jours arrachés et à recoudre nos blessures sur le tissu des cicatrices. Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère, les soldats seront troubadours et nous, nous serons morts, mon frère…chantait le chantre de l’Isle d’Orléans, Félix Leclerc, mais aussi Gilles Vigneault et Robert Charlebois, sur des paroles sublimes du Québécois Raymond Lévesque.

Il est grand temps que les prédictions des poètes se réalisent enfin…

Les entendre, mieux, les écouter ! Et glisser dans l’amour afin que l’éternité nous apprivoise de ses tendres baisers.

Le temps d’une chanson qui ressemblerait à un hymne national ou plutôt… universel.

                                               © Laurent BAYART

                                                                       16 avril 2022

LIVRE / UN PETIT CHEF D’ŒUVRE QUI NOUS VIENT DU TATARSTAN.

          C’est un livre fleuve à l’image de l’Angara qui coule aux confins de la Sibérie, écrit par une (jeune) auteure née à Kazan au Tatarstan en Russie (non loin de Tambov) : Gouzel Iakhina. Nous sommes en 1930 et elle nous raconte la vie de Zouleikha, mariée à quinze ans à un homme (Mourtaza qui mourra assassiné) bien plus âgée qu’elle et soumise comme une esclave. Arrive ce qu’on appelle la « dékoulakisation » menée par Staline (koulak : riche propriétaire paysan), c’est-à-dire la déportation en Sibérie, d’abord, dans des wagons puis en péniche (qui finalement coulera)…Interminable voyage dans les confins durant lesquels beaucoup périront. Cela fait longtemps déjà qu’il a remarqué que les gens meurent pendant les arrêts. Peut-être que les roues, avec leur roulement bruyant, éperonnent les cœurs fatigués ; que le balancement des wagons apaise. 

Rondement menée, la narration nous entraîne dans ce grand charivari humain où l’homme ne constitue qu’un fétu de paille face aux grands bouleversements et aux totalitarismes, les terres étant « réquisitionnées », les biens et les céréales volés comme des « impôts alimentaires » par la « horde rouge ». L’histoire sort ainsi son rouleau compresseur et lamine ses propres enfants. Ainsi, la gare de Kazan est, pour toute la Russie, une fenêtre vers la Sibérie…en vue de l’établissement d’une colonie perdue dans les limbes du vaste empire soviet. 

Dans ce récit « fleuve », Zouleikha rencontrera sa destinée par le biais de personnages qui marqueront le récit, tel le commandant Ivan Ignatov, mais aussi le médecin humaniste Wolf Karlovitch dit Leibe,  Kouznets ou sa belle-mère, la Goule, effroyable statue de commandeur…

Zouleikha élèvera un enfant chétif qu’elle sauvera du chaos et du hachoir humain : Youssouf. Pour le reste, les dernières pages, passionnantes, révèleront les clefs d’une destinée à facettes où les personnages ouvriront les portes de mystères que nous n’avions même pas imaginés…

Tout simplement, un petit chef d’œuvre.

Laurent BAYART

Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina, traduit du russe par Maud Mabillard, Les Editions Noir sur Blanc, 2017.

POSER UN LAPIN COMME GLISSER UN LUTIN OU UNE FEE SUR LA GRISAILLE DE NOTRE QUOTIDIEN…

avec la complicité d’Alphonse…

         

Réinventer un peu de magie à l’occasion des fêtes pascales. Une résurrection pour raviver les flammes de notre ferveur. Croire en des jours enchantés où nous pourrions regarder plus haut. Le ciel étant une étoile en cacao. Les enfants sont les grands prêtres de nos souvenirs de demain…lorsque nous courions dans les jardins et fouillions les herbes folles à la quête de lapins et d’œufs en chocolat. Le potager de jadis regorgeait alors de mirifiques cacaoyers qui venaient titiller nos estomacs et aussi nos foies…qui se confondent avec foi. Singulier homonyme en malices de plaisirs et en papillotes de gourmandises. Dessiner un lapin aux étincelantes pupilles pour nous faire encore rêver…

Les enfants sont des prestidigitateurs. Leurs doigts s’appliquent à mettre des étincelles de joie sur les pages de notre quotidien.

Sans eux, il n’existerait ni lutins ni fées pour nous faire croire en l’impossible.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                      12 avril 2022

LIVRE / L’EMEUTE OU SOUS LES PAVES LA… PAGE, FACON CLAUDE LUEZIOR.

         Claude Luezior, écrivain fribourgeois, nous propose, avec son nouvel opus littéraire, une joyeuseté en mode sédition et autre révolution, battant le pavé où se trouve la plage ! Cet hyperactif, et parfois déjanté, est à la fois homme de plume, neurologue, professeur de médecine à l’université et père de quatre fils…Nous voilà prévenus ! 

Avec un humour décapant (à faire glousser les barricades !), il nous dresse –judicieusement – l’inventaire du parfait émeutier : trois douzaines de mégaphones (avec des piles neuves achetées sur la caissette du patron) en rajoutant (espiègle et casse-tête) une guillotine en carton-pâte, juste pour rappeler au Roi qu’on a de la mémoire.Des gardes mobiles sont alignés prêts à en découdre avec les agitateurs de macadam, tandis que se diluent aquarelles et lavis : désormais s’escriment les couteaux. Les ambulances pimponnent, emmenant avec eux les borgnes et autres « gueules cassées ». Cela castagne sous l’air des lampions ! Serait-ce le Grand Soir annoncé ? 

Dans cet embrouillamini de slogans et de tintamarre, Claude Luezior, en garde suisse, le stylo dressé comme une javeline, observe ces défilés carnavalesques. La révolte a encore de beaux jours devant elle, mais à l’instar d’un Paris-Roubaix, encore faut-il que les cantonniers laissent les pavés sur la chaussée !

Autrement dit, à la manière luezorienne et en mode littéraire : Sous les pavés, la…page !

                                                             Laurent BAYART

EMEUTES, VOL AU-DESSUS D’UN NID DE PAVES de Claude Luezior, Cactus Inébranlable éditions.

RESTER UN ENFANT POUR TOUJOURS OU LORSQUE LE TEMPS S’ARRETE A JAMAIS…

          Nous sommes des vagabonds à ne plus savoir où poser nos pieds dans une existence qui file décidément bien trop vite. Et parfois, le temps s’arrête bizarrement, comme si quelques photos jouaient de la bossa nova pour une étrange saudade qui pose des étoiles dans nos yeux. Cela devait être en 1964 à Briançon, dans le sanatorium appelé Rhône Azur, un petit garçon chétif attendait cette visite qui est restée gravée en lui dans son éternité. Elisabeth Klaenschi, dite tante Lumière, est venue me voir un jour de luminosité gravée à jamais dans le cœur de cet enfant qui –finalement – s’est contenté de vieillir mais n’a jamais grandi… Même si aujourd‘hui, je devais être frappé d’amnésie, je me souviendrais encore et toujours de cette journée enchantée. Un jour de soleil comme il n’en existe plus aujourd’hui. Mon ange gardien à qui je parle (presque) tous les jours m’accompagne à l’image de cette visite en ce sanatorium. Comment dire ou exprimer l’ineffable ? 

Cette petite femme, telle une fée ou une ondine, que des amis un peu shamans ont aperçu et m’ont décrite dans les lisières des mondes invisibles. C’était elle ! C’était toi ?

Je le sais car l’âme ne connait pas le mensonge et ne peut jamais se tromper.

C’était un jour  de 1965. Je suis resté scotché dans cette éphéméride avec toi, tante Lumière…

Un petit garçon qui croit toujours aux contes de fée…C’était un jour de luminosité, perdu dans le temps, mais ces quelques rayons lui réchauffent encore le cœur…

                                                                           © Laurent BAYART

                                                                                   3 avril 2022

LIVRE / L’AME RUSSE VUE PAR UN AUTRE VLADIMIR…

         Ecrivain (prolixe) et surtout ancien ambassadeur d’origine russe, Vladimir Fédorovski fut diplomate et promoteur de la perestroïka (la reconstruction). Le récit de son ouvrage, tout de rouge vêtu, raconte les « tsars rouges à Poutine », sous le titre aguichant de « Au cœur du Kremlin ». Sans être passionnant, le livre n’en est pas moins très intéressant et instructif. Fédorovski rappelle que sous la gouverne du triumvirat Lénine/Trotski et Staline, ce fut 25 millions de personnes (russes) qui furent trucidées et 27 millions durant la Seconde Guerre mondiale. L’ancien ambassadeur raconte cette vie intestine politique de l’intérieur où la mort violente, les soudaines crises cardiaques et autres poisons, furent des méthodes courantes pour éliminer les trublions et les ranger sous la moquette…Il nous rappelle aussi les temps héroïques du KGB qui fut –en son temps – le champion du monde de l’espionnage. Il raconte aussi la spécialité du « sexpionnage » (ne pas confondre avec les contemporaines « sextapes » !) où l’art d’appâter certains dans les rets de jolies filles, appelées joliment « pièges à miel ». Menace atomique, pas si éloignée que ça, avec la crise des missiles à Cuba, à la mi-octobre 1962, lorsque Khrouchtchev (qui  buvait comme un trou, à l’image de Eltsine plus tard !) répond à Kennedy : Si les Etats-Unis veulent la guerre, nous nous retrouverons en enfer. Ca fait déjà froid dans le dos ! 

Il raconte Brejnev ou le compromis historique, né à Kamenskoïe en…Ukraine. Très narcissique, il ne cache pas non plus son goût pour la vodka de qualité. Contrairement à Gorbatchev qui allait prohiber l’alcool (« loi sèche » qui fit perdre 100 milliards de roubles à l’état !) en Russie. Ce dernier allait « trinquer » car personne ne lui pardonnera ce crime de lèse-boisson…

Brejnev qui fut le discret propriétaire d’une collection de limousines et de bolides haut de gamme…Ca la fout mal, comme on dit, pour un dirigeant communiste !

L’écrivain diplomate subodore que les services secrets russes furent derrière la tentative d’assassinat de Jean-Paul II. Vladimir revient aussi sur ces « fameux » accords de Minsk du 8 décembre 1991  qui décidèrent la création d’une nouvelle Communauté des Etats indépendants et de dissoudre l’Union soviétique…L’actualité nous rappelle cruellement l’histoire de ce « démantèlement » dont nous n’avons pas encore fini de parler…

Un ouvrage qui éclaire le présent. Et Vladimir Fédorovski, le plus parisien des Russes, de rappeler qu’en 1977, c’est Brejnev qui lui proposa son affectation à l’ambassade d’URSS à Paris  (l’ambassade des « princes » et des « princesses », strictement réservée aux fils et filles des plus puissants hiérarques…), qui marque un tournant dans sa vie d’homme politique russe où il deviendra, en quelque sorte, le chantre lucide de cette éternelle Russie qui défraie (et effraie) aujourd’hui la chronique…

© Laurent BAYART

Au cœur du Kremlin, Des tsars rouges à Poutine de Vladimir Fédorovski, Editions Stock, 2018.

DEJA DEMAIN,DANS L’ECRITURE DE NOS CALCULS AMOUREUX…

Le temps a filé et joué de la bossa nova dans la turbulence des jours, parfois chahutés par le filin de la foudre et de ses orages. Les flammes ont dansé leur tango endiablé sur nos destinées, nous offrant l’aubade, tantôt de leurs marées basses, tantôt de leurs marées hautes. Nous ne savions pas qu’en liant nos existences, en y glissant le serment d’être désormais deux, nous allions vivre ainsi avec cette intensité, faisant fi des épreuves et des tsunamis, glissant leur tohu-bohu sur la surface lisse de notre océan.

Le temps a passé, nous avons semé notre amour avec la venue de nos enfants, puis de ces oriflammes qui chantent sur l’avenir, que représentent ces merveilles de petites pastilles de bonheur devenues nos petits enfants….Chacun ayant paraphé notre jubilation de sa propre signature.

Nous n’étions plus désormais deux mais une petite tribu féconde à poser des étoiles dans notre azur.

Qui aurait cru, lorsque nous nous embrassâmes sur ce banc, place de la République, que nous allions graver – à tout jamais – un cœur fléché sur le bois de tous les enchantements ?

Fluette infirmière, et moi déjà dactylographe du verbe à lancer des trilles sur les feuillets que je t’offrais déjà comme des promesses de bonheur en chants d’oiseau amoureux.

Nous étions ivres d’être déjà demain à vouloir poser le soleil dans nos cœurs. 

Le temps est passé et a filé certes, oui, mais le tournesol d’or des jours est resté…comme une luciole de confetti qui brille encore sur la fête de notre amour.

                                                                                 Laurent BAYART

                                                                                   27 mars 2022

LIVRE / UNE LARME M’A SAUVEE OU LORSQUE LE CORPS SE TRANSFORME EN SARCOPHAGE…

         On se souvient du témoignage glaçant de Jean-Dominique Bauby, paru en 1997, « Le scaphandre et le papillon », où l’auteur racontait son expérience de locked-in syndrome, suite à une attaque cérébrale, il ne pouvait plus communiquer  avec le monde extérieur, qu’au moyen de clignotements de paupières…Ce livre, que je tiens dans les mains, raconte la même « mésaventure » (le terme est bien  édulcoré !) arrivée à Angèle Lieby, victime d’une polyneuropathie démyélinisante dite de Bickerstaff » Ceci pour dire cela…Vie heureuse, normale jusqu’à ce que…surgissent d’étranges picotements dans les doigts, puis l’intense étau d’une migraine et la plongée dans la grande noirceur du silence. Le corps devenant un sarcophage froid. Anne entendant et ressentant tout ce qui se passe autour d’elle, les conversations des médecins, les confidences et apartés des infirmières, ressentant la douleur des atteintes à son corps. Le personnel en blouse blanche ne donne pas cher de son avenir, enterrée déjà vivante dans sa chambre de réanimation, branchée à de nombreux appareils la reliant à la vie…

Elle raconte, avec tendresse et émotion, ce fil ténu qui la relie encore à l’existence et dont elle ne cesse de s’accrocher, avec une incroyable foi et persévérance ! Sans jamais jeter l’anathème sur ceux qui l’ont « enterrée » trop vite, sa famille et son mari, inoxydable anges gardiens continuent –par intime conviction – d’être persuadés qu’elle va échapper à l’ineffable. Anne narre ces moments où le temps devient immobile et ne passe plus (cela durera de juillet à décembre, date de sa « rédemption »). C’est curieux comme on se sent toujours, bêtement responsable de ses mauvais rêves. Elle hurlera intérieurement face au supplice de ce téton que l’on pince, manière de savoir si le patient réagit ou pas. Un peu, le « croque-mort » des pompes funèbres…

Jusqu’au jour où une larme coulera de sa paupière pour signifier qu’elle est encore là ! Beau et poignant témoignage, sur ce désir de vie loin du blockhaus du sarcophage qui enferme le papillon à jamais dans sa boîte d’allumette…

                                                                       Laurent BAYART

Une larme m’a sauvée, témoignage d’Angèle Lieby avec Hervé de Chalendar, Editions Les Arènes, 2012.

LIVRE / TOUT LE BLEU DU CIEL POUR NOUS NOYER DANS L’ESSENTIEL.

Merci à Brigitte Picand de m’avoir fait découvrir ce livre !

         C’est un pavé (et parfois, la plage se trouve juste en dessous, ou du moins, le ciel !) de 830 pages, roman initiatique (d’ailleurs, Paulo Coelho y est souvent cité) comme un chemin, avec certes, quelques longueurs et répétitions, mais ce livre est – tout de même – un joyau, une petite merveille. Et parfois, il est bon de se laisser guider par une narration si puissante, singulière et originale. Récit dans lequel on y parle méditation et « pleine conscience » en envolée mystique.

L’histoire ? Un jeune homme de 26 ans, « condamné par un Alzheimer précoce (eh, oui, ca existe !), souhaite prendre le large pour un ultime voyage ». Emile pourrait mariner à l’hôpital, avec une batterie d’essais cliniques, jusqu’à la fin de ses jours, mais préfère se payer un ultime road-trip avec un camping-car dans les Pyrénées. Voilà qu’il lance une annonce afin d’avoir une personne qui pourrait l’accompagner pour cet ultime voyage. Et voilà que Joanne, surgie avec ses parts d’ombre et ses bagages bien lourds…

Mélissa Da Costa raconte, avec simplicité, ce retour à la vie et cette envie de mettre une majuscule dans un point final.  C’est magique, magnifique et sublime. Comment tu as attrapé ça ? – Je n’ai rien attrapé du tout. C’est une maladie orpheline génétique, c’est tout. Et les voilà partis, en couple dépareillé, Joanne devenant épouse et tutrice avant que son improbable mari ne perde le fil de sa mémoire, black out de plus en plus fréquent, et retour vers le passé…Rencontres pleines de tendresse et rendez-vous avec un enfant mort noyé qui revient pour enchanter ce voyage et dénouer les inextricables fils qui les retenaient. Il remplissait des pages et des pages de bleu. Rien d’autre que du bleu. On ne sait pas si c’était le ciel ou la mer qu’il dessinait…Cet enfant disparu, fantôme fécond, qui chante le silence de l’au-delà. Le noir du deuil laissant la place à l’immensité du bleu. Epoustouflant.

Ce livre est une ode à la vie et à l’existence, à ce chemin étranglé qui mène jusqu’au ciel : Si nous pleurons parce que le soleil n’est plus là, nos larmes nous empêcheront de voir les étoiles.

Et, notre destin n’est-il pas de les regarder à jamais ?

                                                                        ©  Laurent BAYART

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa, Libraire Générale Française, 2020.

NOUS ETIONS FAITS POUR ETRE LIBRES, NOUS ETIONS FAITS POUR ETRE HEUREUX…

photo de Nemorin, Alias Erik Vacquier

Nous étions faits pour être libres, nous étions faits pour être heureux…psalmodiait le poète… Et puis, la folie destructrice et ses lourdes menaces ont pris le pas sur le trille des oiseaux et la légèreté volage du soleil. L’épée de Damoclès atomique est sortie d’un coup de son épais fourreau ; étui noir de l’apocalypse. Le monde interloqué avait oublié la précarité du vide, le chant des soldats/urubus noirs du chaos, la litanie des gens en kaki venus jeter leur ivraie dans les champs de coquelicots. Les corbeaux et autres corneilles se métamorphosant en avions, lâchant leurs fientes métalliques en bombes fragmentées. Les flammes ont remplacé l’astre héliotrope du jour.

Aimer ne suffisait plus à l’être humain. Il lui fallait, toujours et encore, cette inépuisable soif de territoires, des arpents de terre…Pour enterrer qui ? Le désir et la danse  de mort plus forts que celui de vivre ?

Nous pensions le temps des apaisements et du bonheur tranquille de n’espérer qu’en l’ivresse des papillons.

Le monde se réveille avec une gueule de bois d’avoir trop bu d’obus obtus.

                                                                              Laurent BAYART

                                                                                14 mars 2022