Archives de catégorie : Blog-Notes

LA VIE NOUS JOUE (PARFOIS) DE SACRES TOURS DE…COCHON!

                                            A mes amis de la confrérie des Taste- Andouilles et Gandoyaux du Val d’Ajol.

         Ah, l’actualité ne nous donne pas envie de faire l’andouille ! Et pourtant, parfois la vie nous emmène dans son manège avec de sacrés tours de cochon ! Emportés et saucissonnés comme de belles pièces de boucher, nous voilà soumis aux vicissitudes des aléas des épreuves qui nous font « grouincer » des dents. Tourne tourne le carrousel qui nous donne le vertige, faisant de nos queues en tire-bouchon des sextants de marinier. Surtout ne pas perdre le nord ! Pratiquer lard pour l’art…coûte que coûte, en gardant  toujours le cap. 

Le pompon à tirer étant une aguichante tranche de bacon ! Un forain-charcutier vous la tend au bout du jarret…Décrocher cette friandise vous ferait gagner un nouveau tour de cochon !

Dans cette Ajolaise et divine foire… Aux andouilles !

                                                      © Laurent BAYART

                                                               14 février 2022

EFFROYABLES MAISONS DES FINS DE SAISON LORSQUE L’AUTOMNE COMMENCE A RESSEMBLER A L’HIVER…

photo Nemorin, alias Erik Vacquier

          Cela devrait être une paisible maison pour flâner à l’automne de son existence, vaquer en toute quiétude jusqu’à son hiver. Cela devrait être une maison pour y faire la fête, en gerbes de tendresse, avec ses vieilles articulations et parler du passé au présent, et même se risquer à employer les conjugaisons du futur. Cela devrait être une maison pour y chanter la plénitude des instants qui prennent leur temps, d’aller à la rencontre des autres et de soi-même. De vivre dans l’élégance de vieillir, même si c’est un peu un naufrage comme aurait dit (paraît-il) le général De Gaulle… Il reste toujours quelques planches d’épaves qui trainent à la surface de l’onde pour s’y accrocher. Cela devrait être une maison de retraite, et non pas une retraite de..Russie qui sentirait le roussi. Bérézina aussi car, en ces lieux, on y parle souvent des guerres qui ne sont pas finies et qui passent en boucle dans les mémoires des visages parcheminés. Cela devait être une maison de bienveillance et d’amour et non pas un jardin jonché d’orties et de ronces.

Et puis, cet appel – par un bout de sonnette – adressé à un destinataire qui n’a pas d’oreilles.

Encore la solitude et l’abandon, même ici…

Cela devait être  – tout simplement -une maison de retraite.

                                                      © Laurent BAYART

                                                               8 février 2022

LIVRE / ENTRE LES MURS OU UN COLLEGE EN MODE TOUR DE BABEL.

          Ce livre tombé par hasard sur ma table de chevet se révèle être un véritable régal, une pépite qui pétille de couleurs, en diaspora de cultures, offrant un tableau original de ce qui se passe dans une classe de collège en ZEP (Zone d’Education Prioritaire) du 19èmearrondissement. Là, un jeune professeur de français endosse l’habit de missionnaire en terre hostile. C’est drôle, décapant, rock’n roll et serti d’une joyeuse bonne humeur. Cet ouvrage, signé François Bégaudeau s’intitule Entre les murs et a obtenu le Prix France-Culture du magazine Télérama en 2006.L’adaptation cinématographique (de Laurent Cantet), de ce récit déjanté, remporta la Palme d’Or au Festival de Cannes en 2008. Excusez du peu, comme on dit… Il était temps de mettre un peu de luminosité sur ce livre ayant pris la poussière sur ma table de chevet…Honte à moi !

Inutile de rajouter que cet opus s’inspire du vécu de l’auteur, les dialogues étant taillés sur mesure et sentent l’authenticité de la « vraie vie » scolaire en zone « chahutée ». Dans le coin salon, Chantal corrigeait ses copies sur une cuisse inclinée en pupitre. Et plus loin, de nombreux pays, notamment africains, étant « représentés » dans cette assemblée hétéroclite où chacun –finalement – apporte à l’autre une certaine forme de (re)connaissance. Ainsi, parlant de l’expression « avoir le cafard », la classe se met en mode ébullition, agora et partage : Le brouhaha naissant m’avait fait hausser le ton, Mohammed-Ali a haussé le sien à proportion : – C’est pas vrai m’sieur, au Maroc y’a des fourmis elles sont grandes comme ça, je vous jure…

Cette humanité en déshérence se révèle être sublime, entre cette machine à café qui ne cesse de recracher les pièces avalées, les passages chez le Principal en mode cartons rouges, mais il y a aussi, et surtout, cette récompense cherchée dans la fange et la gadoue : Je vous ai beaucoup dit de vous taire pendant toute cette année. Je vous ai dit souvent des choses comme « taisez-vous » ou « calmez-vous ». Je voudrais aussi vous dire d’autres types de choses. Par exemple que vous avez du talent, que souvent vous nous l’avez montré. Que tout le monde ici peut réussir à condition de vouloir…

Au final, ce petit prof est un shaman de l’éducation et de la transmission. Cet ouvrage se trouve merveilleusement beau car il montre que l’enseignant reste un passeur, même si son chemin est semé d’embûches et de caillasses. Il suffit qu’il l’enchante et qu’il porte un regard bienveillant sur ses élèves…Et le monde deviendra plus beau pour tout un chacun !

                                                               © Laurent BAYART

Entre les murs de François Bégaudeau, Folio, Editions Gallimard, 2006.

NOS YEUX SUR LA MEME LONGUEUR D’ONDE…

                                                             A Marie,

Tes mots s’écrivent et s’expriment dans la prunelle de tes yeux. Je préfère, et de loin, les chats mais toi, tu m’as fait un peu changer d’avis…Tu fais de la dactylographie dans la tendresse de tes câlins. Les animaux, ne l’oublions jamais, rendent le monde plus supportable et plus beau. Ce sont nos sentinelles, nos garde-fous, nos chandelles allumées comme des catadioptres sur les sentes que nous empruntons, nos complices dans la nuit, lorsque la grande noirceur nous étreint. Pureté de l’émeraude, leur amour est un serment journalier qui nous accompagne au fil de nos vies. Et au paradis, gageons qu’une petite foultitude d’amis à quatre pattes nous attendra en compagnons fidèles…de coussinets fermes !

Que leurs yeux ronronnent oui aboient, qu’importe ! Et si le jardin d’Eden n’était finalement qu’une vaste et éthérée arche de Noé ?

Tes yeux, Robin, nous le signifient déjà un peu…

                                                                    © Laurent BAYART 

                                                                       6 février 2022

FRATRIE DE TOUTES LES TENDRESSES

                                                     A Alphonse et Gustave,

photo de Marie Bayart

Il faudra bien, un jour, ré-enchanter le monde par la caresse de nos baisers et l’amour que l’on jettera comme des volées de pétales de rose sur nos vies. Il faudra bien remettre des poignées d’émotions et le goût de ce qui est primordial sur les jours qui passent, tels des wagons de train sur les rails – en lignes (trop) droites- de notre quotidien. Il faudra bien rajouter de la lumière et de la magie, dans les zones d’ombres, sur les épreuves qui nous brûlent et consument parfois. Il faudra bien retrouver la foi en ce ciel où nos yeux vont s’abreuver dans la profondeur de l’absolu. Il faudra bien ressusciter l’amour et étendre nos lippes sur les joues de l’autre, comme pour y poser des promesses de printemps sur les futurs soleils. Il faudra bien réinventer la fraternité et jeter nos mains, en filets d’affection, pour s’en aller à la quête de l’autre. S’étreindre intensément en une prière qui n’aurait pas de fin.

En grande fratrie de tendresse, car nous sommes tous frères et sœurs. Et vous, les enfants, vous êtes là pour nous ouvrir le cœur et nous rappeler à l’essentiel.

Un baiser comme une colombe qui s’envolerait dans le ciel pour changer le monde…Il est désormais grand temps…et nous en avons tant rêver !

Nos visages ont besoin du velours de cette espérance que vous venez nous offrir, pour esquisser un sourire sur le trait de nos lèvres.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                                        5 février 2022

SUR LA TOILE DU CIEL DES OISEAUX S’IMAGINENT DES AILES…

photo de Emilie Bayart

                                                                                              A Jules,

          Qu’ils sont beaux, ces oiseaux en toile, Jules, qui s’en vont/s’envolent sur la colline (inspirée) de Mundolsheim, dans la toile bleue du ciel qui fait rêver les petits garçons. En quête de liberté et de grands espaces. Planer, qu’elle ivresse à portée de rêve ! Les cartables sont parfois si lourds à porter, l’arithmétique de la vie, bien compliquée et l’alchimie de nos peurs peut nous empêcher, parfois, de prendre de la hauteur. Nos ailes de géant nous empêchent de marcher disait le poèteUn instant de grâce pour mieux sourire au printemps qui s’annonce déjà un peu aujourd’hui. Jules, navigateur du futur, tu prendras – toi aussi – un jour ton envol et apprivoiseras le ciel pour en faire un ami.

Voler de ses propres ailes. Nous avons tous des rêves d’oiseaux au fin fond de nos cœurs.

Car, les petits princes de trois pommes sont les enfants du soleil.

© Laurent BAYART, dit Papilo

                                                                                   31 janvier 2022

LIVRE / UNE PILUE DIFFICILE A AVALER OU RIFIFI A LOCMARIA.

         Déjà le premier tome nous avait entraîné dans une narration effrénée, sans jamais connaître de temps mort (sinon, quelques personnages trucidés), mais, ce nouveau livre, suite du précédent Une enquête à Locmaria, tome 2 des (mes)aventures  de l’Alsacienne Cathie Wald, nous régale encore à l’image d’un somptueux plateau de fruits de mer ! 

L’héroïne (terme bien approprié car il sera question, dans ce nouvel opus, d’une affaire de trafique de drogue !) décide de s’installer en Bretagne à Locmaria et d’ouvrir un restaurant au titre alléchant Bretzel & beurre salé. On se souvient du premier opus avec une inauguration rock’n roll qui se terminera par un cadavre, et il ne s’agit pas là de bouteille vide…

Margot et Jean Le Moal sont des orfèvres et récidivistes, qui agissent sous pseudonyme. Couple écrivant à quatre mains, l’une est alsacienne et l’autre breton, auteurs de thriller et proposant, avec leur périple breton, un genre spécial : « le cosy mystery », avec trois s’il vous plaît…

L’histoire, qui s’articule en soixante-cinq chapitres, commence par le meurtre d’un dealer (qui boit la tasse mais pas de cidre !) dont le corps git sur la plage…Cathie le découvrira en faisant son footing. On retrouve les protagonistes du précédent ouvrage : Yann Le Meur, l’intègre journaliste un zest amoureux de l’Alsaco-Bretonne, les gendarmes limiers ; le major Julienne ou le capitaine Grandsir, pandores d’une caserne à la manière des gendarmes de Saint-Trop, sauf qu’on se situe à Locmaria sous la protection du saint local, le bien nommé Ternoc ! De nouveaux personnages (un rien véreux) font leur apparition, comme Dominique Angeloni, alias Doumé ou Bertrand Sposito, un parrain marseillais de la drogue, bronzé trois cent soixante-cinq jours par an, Mathieu Lagadec, petite frappe et genre de Caïen prêt à assassiner son frère…

Ce récit déjanté (Bretagne, terre de vélo !) est toujours rédigé avec humour, dans le détail des descriptions savoureuses, lorsqu’il s’agit d’un dressing : C’est drôlement sympa tous ces miroirs. On se voit vraiment sous toutes les coutures. Par contre, ça m’enlève quelques illusions. Je ne m’imaginais pas avec un cul aussi rond. Il est aussi question d’histoire et de Bonnets rouges,(révoltés par les impôts décrétés par Louis XIV),prémices des gilets jaunes ou de spoliation d’œuvres d’art durant la deuxième guerre mondiale.

L’intrigue est menée de mains de maître(s) et le point final n’est finalement qu’un point de suspension car il annonce déjà les mystères du livre à venir. Un peu, à l’instar des feuilletonistes du dix-neuvième siècle. Un roman à tiroirs et à facettes où l’on a dû mal à ranger, voire à plier la coiffe bretonne…Ce qui fait bien rire, dame cigogne !

                                                                    © Laurent BAYART 

* Bretzel & Beurre salé, Une pilule difficile à avaler de Margot et Jean Le Moal, Calmann Lévy, 2021.

EFFROYABLE TROTTOIR OU MORTELLE SOLITUDE DANS UNE RuE PASSANTE…

photo Nemorin, alias Erik Vacquier

          Chronique d’une indifférence devenue endémique. Ca s’est passé dans la nuit du 18 au 19 janvier dans une rue bien passante à Paris. Un homme (photographe connu, de surcroît) sort d’un restaurant vers 21h et s’affaisse sur le sol. Il restera ainsi couché sur le pavé glacial, durant neuf heures…Les gens passent, impassibles et froids… Il décèdera au matin. Qui se passe-t-il donc en cette humanité qui ne s’intéresse plus à l’autre ? Qui marche (sur la tête) sans regarder le quidam qu’il croise ? Peut-être les yeux collés à un portable ? Comment en est-on arrivé à ce point extrême ? Dans le pays des Lumières ? Des Droits de l’homme et du bon vivre ? Un journaliste ami du photographe s’est indigné qu’un homme puisse gésir ainsi aussi longtemps sur le trottoir sans que personne s’arrête pour s’enquérir de son état.

Et le chroniqueur de rajouter, bienveillant, qu’il a toutefois refusé de s’en prendre aux passants qui ne se sont pas arrêtés se demandant si, dans une situation similaire, lui l’aurait fait. 

Les exemples – hélas – foisonnent aujourd’hui de ces petits faits divers qui posent leurs entrefilets dans les journaux. Je me souviens – pour ma part – (et toute proportion gardée) qu’étant tombé sur la chaussée un matin, personne ne m’avait aidé à me relever et pire encore, un quidam m’avait même enjambé afin de pouvoir continuer son chemin. Drôle et pathétique…

A désespérer de l’être humain ? Et pour finir, ce petit texte et revenir à notre photographe décédé. Qui, au final, a prévenu les secours ? Un SDF…Comme quoi, l’humanité peut encore se dissimuler là où on ne l’attendait pas forcément. 

La chute pour paraphraser Albert Camus.

Le passant – quant à lui – n’a fait que passer. Et l’homme tombé a fini par… trépasser. 

                                                              ©  Laurent BAYART

                                                                     27 janvier 2022

UNE BELLE ECHAPPEE DE CIEL POUR DECOLLER DE L’INSTANT…

         

photo Marie Bayart

Regarder le ciel, c’est s’abandonner à la pesanteur de la terre. La crête des cimes des arbres dessine des arabesques sur la toile bleue de l’azur, comme des veinules venant irriguer l’espace. Tels des cierges et des candélabres, les sapins sont les porte-plumes de la forêt qui offre sa liturgie et son cantique verts à l’incandescence du soleil. Echappée de sève qui s’élève de l’humus pour aller s’envoler vers les nuées. On dirait des fougères géantes qui viendraient chatouiller les narines de Dieu.

Il suffirait d’un éternuement pour que l’orage vienne jeter l’effroi avec ses postillons de nuages grisâtres en kyrielles de tourbillons de vents.

Graminées qui s’en vont répandre leurs pollens féconds afin d’enchanter la genèse de nouvelles étoiles dans la grammaire du cosmos. 

Le ciel et la terre à nouveau amoureux comme à l’instant premier du monde.

                                                                          ©  Laurent BAYART     

                                                                                  26 janvier 2022

CASCADE ET OMBRES FURTIVES DANS LA FORET.

photo Marie Bayart

Jubilation de la cascade qui vient faire chanter les fougères et les ronces de la forêt. Des filets d’eau vive fusent entre les pierres et les rocailles habillées de mousse comme une rouille minérale. L’humus des sapins constitue un épais tapis moelleux qui exhale les odeurs de la terre et de l’indicible. Quelques cèpes, giroles et autres pieds de mouton ont chaussé leurs palmes afin de taquiner un aréopage de truites buissonnières. La sylve se retrouve hantée par quelques ondines et lutins cueilleurs de bluets et de mûres sauvages. La musique du torrent propose sa symphonie en chute mineure. La nature offre sa magie et rend grâce à ses divinités domestiques.

Dans les broussailles, l’ombre fugace d’un cerf ou d’un sanglier vient poser sa signature déambulatoire sur ce paysage de verdure.

Plus loin, un claquement sourd se fait entendre. Un chasseur en treillis tente de remplir son havresac. Il se rend au supermarché de la forêt, avec son caddie/gibecière, le fusil en bandoulière et fait la queue au rayon viande.

Mais personne pour le servir. Il n’a pas pris de ticket.

Un chevreuil magasinier lui demande de faire la queue comme tout le monde…

Aujourd’hui : promo à deux balles.

                                                         © Laurent BAYART 

                                                                                      24 janvier 2022