La boite aux lettres s’est laissée rongée par l’ivraie des mauvaises herbes et du lierre qui grimpe telles des factures impayées, s’entassant dans le petit box en ferraille rouillée. Le temps semble s’être suspendu et on imagine aisément le facteur, homme des cavernes, pithécanthrope vêtu de peaux de bison. En poste extrêmement restante, le courrier semble être d’un autre âge, celui du paléolithique ou du néolithique ? L’homo erectus qui habite derrière les grilles n’attend plus de missives depuis belle lurette !
Le chien qui aboyait, jadis à l’approche du facteur, est probablement réduit à l’état de squelette.
La nature a repris tous ses droits. Cimetière épistolier.
La boîte aux lettres est désormais rongée par les verts.
Magicienne d’un ciel que tu as fixé sur la vitre de la fenêtre, tu inventes l’hiver en faisant danser des flocons de neige sur les parois en verre. Camillou dessine les froidures et autres frimas blancs qui descendent de l’azur ou plutôt de tes doigts de chorégraphe. Petite fée de trois pommes, à peine levée, cheveux ébouriffés et pyjama en goguette, tu dames ainsi la lucarne devenue magique par ton imaginaire de météorologue en herbe folle…
Il ne te reste plus qu’à apposer la gommette d’un soleil, mais, fais gaffe camillou, que l’astre du jour ne vienne pas faire fondre tes petites œuvres blanches qui annoncent déjà des épiphanies de fête et des Noël en goguette…
Ta jubilation de petite fille glisse sur le traineau blanc du Père Noël.
Nous sommes devenus si trouille à vouloir, à tout prix, se faire peur, comme si le monde qui nous entoure ne suffisait pas à attiser nos sombres angoisses. Drôle de fête où les macchabées sortent en smoking, où les sorcières roulent leur carabosse, où les spectres exhibent leurs costumes de squelettes et où les cimetières sont devenus de vastes dancing, genre rave party en gouttelettes de sang. Manquerait plus que le faciès du coronavirus pour finir d’achever nos contemporains, dans cette soupe à la grimace de l’horreur que l’on voudrait nous vendre comme un plaisant divertissement. La mort n’est pas une fête ! Qu’on se le dise…Sauf celle du recueillement et du souvenir !
Pourquoi ne pas inventer un Halloween de bonne humeur et d’espérance pour faire danser les étoiles dans nos yeux et allumer des bougies dans le cœur des gens ?
N’ayez pas peur ! avait scandé, en son temps, le pape Jean-Paul II…
Et profiter de cette fête des morts pour aller converser avec ceux qui sont passés de l’autre côté du miroir. N’avoir par peur… de leur dire qu’on les aime et qu’il reste à nos côtés comme des anges gardiens, cierges de lumière au cœur de nos existences sismiques.
Et que la citrouille ne s’affuble pas d’yeux menaçants, mais qu’elle offre son doux fumet de potage, pour nos envies de partage et d’agapes, fête de nos retrouvailles à travers le temps et l’éternité !
Ivresse de cette lumière qui semble sortir de mon âme pour aller parler aux étoiles et au drapé de l’azur. La prière est une échelle qui vous fait escalader les nuées, dans le chuchotement du parler-bas. Confidences à l’indicible et à l’Amour que l’on invoque avec foi. Là, j’aime parler à nos anges gardiens et aux archanges qui se cachent à la lisière de nos silhouettes, dans cette partie féconde de l’invisible qui psalmodie des instants essentiels.
Que se cache-t-il donc derrière le tabernacle de nos paroles, dans cette chapelle où un autel s’est dressé à l’aune d’une croix ?
La flèche de mon cœur chante une liturgie d’espérance. Renverser les montagnes pour y pétrir un nouveau soleil à l’horizon.
Il suffit parfois d’y croire de toutes ses forces pour que le monde devienne plus beau et qu’il s’habille de lumière.
Derrière le timon d’une flèche d’église, un soleil chante la gloire du ciel.
L’œil de Dieu se glisse dans la paupière d’un nuage.
A regarder de près, ce fichu coronavirus qui n’arrête –décidément plus – de faire parler de lui ressemble, sous le zoom du micros-clope, à une tête de punk ! Fichtre, cette boule hirsute venue de l’infiniment petit vient semer la pagaille et le désastre en cette humanité lasse et malade. Otez-moi ce masque du visage et je vous dirais qui vous êtes ! est devenu une maxime/leitmotiv lancinante, jetée dans cette période pandémique. La planète baigne –désormais – dans un océan de gel hydro-alcoolique, histoire de faire la peau aux microbes récalcitrants. Les frontières des pays n’ont plus de barrières, mais des…gestes-barrières. Et les douaniers quidam sont devenus des contrôleurs de pass sanitaire ! Quel passeport, pour quels pays ! Et chacun, de se tenir à distance respectable de son contemporain, un mètre au moins pour être plus précis ! Et gardez-vous de faire toussoter autour de vous, vous passeriez pour un corona/terroriste ! Oups.
–Mais qu’avons-nous donc fait pour hériter de ce monde-là ? se pose, infinité-salement, un malheureux virus de l’ancestral rhume des foins. Un zest jaloux.
En attendant une nouvelle piquouze de vaccin, le cachet de votre attestation faisant foi dans le dos.
Ces têtes de punk continuent allègrement leur raves-party dans les hôpitaux…
Un punk-rock navet au goût musical de la danse des canards.
Même les partitions ont de la température ! Les thermomètres jouant de la guitare électrique, quant aux toubibs, ils se sont transformés en métronomes !
Les délicates menottes tricotent sur la machine à coudre un adagio de couture en symphonie de tissu coloré. Les enfants s’appliquent comme de petits maestros de trois pommes. Que fabriquent-ils ? Mystère et boule de gomme ! Un tricot pour leur poupée ou un pull pour superman ? A moins qu’il ne s’agisse plutôt d’un masque « maison » afin de conjurer Mister Coronavirus/mordicus ? Atelier des merveilles où les enfants deviennent de petites fées qui transforment leurs doigts menus et fluets en baguettes magiques. Histoire de ré-enchanter le monde avec leurs petits outillages de l’imaginaire. Leurs mains en éventail pour une chorégraphie de confections en patchwork de couleurs, dignes d’une opulente mercerie !
Le monde est toujours plus beau, lorsque les enfants font chanter l’établi de leurs rêves et se mettent à créer de leur propre chef.
Laissez-les travailler en s’amusant ! De fil en aiguille, et sous leurs doigts, la machine à coudre, deviendra un instrument de musique et marquera le tempo, tel un métronome…
Cantiques et staccatos, la collection automne/hiver prépare son catalogue miniature, en mode majeure…
Incroyable et improbable Dordogne qui offre de la poésie en images aux quatre coins de ses paysages pittoresques. Ainsi, à Brantôme, qualifié de « Venise du Périgord », édifié autour de son magnifique et magistrale abbaye, enfoncée dans la falaise, le touriste lambda aperçoit dans le cours d’eau appelé « Dronne » une échelle fichée dans l’eau…Homme grenouille de passage ? Trait d’union entre la terre, le ciel et l’eau ? Escabeau pour rainettes météorologues ? Mille questions qui taraudent l’œil du poète-touriste. Finalement, il semblerait que cette scala ait été installée pour le bateau touristique –tout rustique – qui écume cette eau truffée d’algues.
Qu’importe après tout, l’essentiel étant la poésie de cette échelle qui semble jouer la pagaie ou la rame pour une gondole imaginaire dans cette Venise où les gens se baladent avec leurs masques en sautoirs, mais il ne s’agit pas là d’un carnaval, sinon celui du coronavirus…déguisé en promeneur !
L’ombre perdue ou plutôt…pommée dans mes pensées. Un plateau d’abondance m’incite à croquer le fruit (défendu ?). Y-a-t-il un serpent pour jouer les tentateurs ? Et Eve, que fait-elle ? J’imagine qu’elle prépare les pépins…dans l’atelier du paradis. Mes pensées vagabondent et se voient déjà en train de bouillir dans une marmite pour devenir compote. Où sont passées les lucarnes de mes yeux ? La lumière s’est éteinte.
Un diablotin, haut comme trois pommes, telle la sorcière de Cendrillon veut me faire glisser son poison (d’avril ?) sur ma langue.
Mais voilà que je m’égare et ferme le commutateur qui se trouve en haut, à droite du cliché.
La photo devient noire et ma silhouette a pris la poudre d’escampette, en emportant quelques pommes au passage…
De fil en aiguille, drôle de conversation muette entre Inima le chat et Robin (des bois qui n’est pas, fichtre, le diable !). Museau et truffe en mode connivences. On se partage et scrute, tels des amis de Facebook, le « profil ». Chien et chat se risquent un regard langoureux près du « parloir» de la fenêtre. Echange furtif entre animaux à quatre pattes.
–Veux-tu jouer avec moi ? –Non mais ! Au chat et à la souris ? Pendant que tu y es !
– Tu veux un coup de griffe sur le pif ?
Le photographe observe la scène et finit par tirer le rideau de la fenêtre.
N’manquerait plus qu’un oiseau passe par là…pour poser un cuicui entre miaou et waouaf waouf !
La Meinau à Mundo, la rime est belle mais non, je ne parle pas de ce quartier emblématique de Strasbourg en mode footballistique, mais de l’ami photographe Marc Meinau qui vient nous proposer sa quatrième saison de ce tour de Mundolsheim, initié voici donc déjà 8 ans. Marc arpente le cadastre enchanté de la commune jusqu’aux limites extrêmes des terra incognita pour y nous émerveiller de ses petits clics où il fait s’envoler un oiseau magique et observateur de son appareil photo !
Ainsi, connaît-il notre commune comme sa poche y dégottant chaque fois quelques petites merveilles dans le fourmillement des détails de la poésie du quotidien et de ses enchantements. Symphonie de verdure, sonate de fleurs, marguerites en goguette, tournesols qui lutinent dans les champs en ivresse végétale, nefs des églises protestante et catholique qui jouent des gammes dans le ciel, grande roue qui tourne comme une oriflamme dans la nouvelle zone commerciale, vergers et pommiers telles des notes de musique posées dans l’ivresse champêtre et bucolique, colline inspirée où les ailes volantes s’envoient en l’air dans un tourbillon céruléen, paysage chamboulé et chantourné qui chante sous l’objectif du poète des images, à coup de grand angle et de zoom…
Cette année, voilà que Marc met en lumière la nature, présente étrangement dans les lisières de la ville, l’homme y laissant son empreinte, sa présence muette voire invisible. Sigillé comme on paraphe un tableau en bas de la toile.
Ce nouveau tour de Mundo est comme un petit tour du monde qui vient nous rappeler, avec bonheur, qu’il ne sert à rien de courir le vaste monde si l’on ne connaît pas les trésors qui se trouvent à portée de nos paillassons.
Merci, Marc, de nous donner envie de nous évader dans notre propre maison. Il a simplement ouvert les fenêtres et a pris son bâton de pèlerin qui se termine par un œil de verre photographique.
Chemin de Compostelle où la licorne, emblème de la commune, a remplacé le coquillage mythique…
Oui, Mundo rime désormais avec Meinau, mais en version Marc…