NOUS MARCHONS SUR LE FIL TENDU DE NOS PAUPIERES.

        Marcher, toujours et encore dans la jubilation d’avancer et l’ivresse de se tenir debout. En fermant les yeux pour mieux y percevoir et sentir le monde qui joue de l’arpège devant nous. Marcher à l’aveugle avec le monocle noir d’un obturateur d’appareil photo sur les yeux. Bonheur de cette pérégrination de l’instant. Palpitations d’imaginer les paysages défiler devant nous et la caillasse crisser sous nos semelles. La sente déroule son tapis volant entre fougères et ronces. Se maintenir sur le chemin, coûte que coûte, comme on garde le cap d’une odyssée maritime. L’île, à moins que ce ne soit un continent, ne se trouve pas loin.

Marcher à la rencontre de l’autre pour réinventer les fraternités échappées.

Puis, revenir sans connaître la direction à suivre, ni l’adresse de la partance.

Comme si notre maison, notre boite à lettres ou notre paillasson nous avait tout simplement oubliés…

Humilité des bourlingueurs qui n’ont jamais de billet de retour et qui ont gravé sur l’écorce d’un sapin leur destination.

Un cœur fendu d’une flèche.

© Laurent BAYART

                                                 25 juin 2024

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