BILLET D’HUMEUR / ACTE 19 / ELOGE DE LA LENTEUR

                  On pensait, peut-être un peu trop…rapidement, que le monde appartenait à la race des pur-sang ou des lévriers, qu’il avait été définitivement abandonné aux hommes pressés (si chers à Paul Morand), à ces coursiers de l’instantanéité qui bouffent du chronomètre et font de la tachycardie avec leurs agendas surchargés. Culte de la vitesse et de la nervosité qui régnait sur les rapports humains. Et puis, voilà qu’on nous prédit des temps plus apaisés, et un retour du « slow ». Exit le rock n’roll endiablé ? Ainsi, est-il demandé, de ralentir le rythme effréné. Car finalement à quoi bon cette course folle à se déplacer toujours plus vite ? Regardez les touristes en avion : ils ne voyagent plus, ils se déplacent ! On ne prend plus le temps de rien…

slow

Un article récent * nous précise qu’un mouvement est…en marche : De nombreux Français ayant le sentiment d’être toujours trop pressés cherchent à se ménager des espaces de lenteur. Il semblerait que la vitesse aurait du plomb dans l’aile. Avec les moyens de communication modernes, on peut être joint plus facilement et le souhait de gagner vingt minutes sur un parcours est moins pressant que dans le passé. Voilà que l’on privilégie les moyens de transport écologiques en proposant des autoroutes pour vélo appelées véloroutes. On sait bien, depuis La Fontaine, que la tortue est toujours gagnante par rapport au lièvre. Il en va de même pour la santé, prendre son temps se révèle être bénéfique. Alors, la slow attitude (concept créé par le journaliste canadien Carl Honoré) serait-elle en passe de changer un peu le monde ?

Le temps n’est plus aux accélérateurs de particules. L’être humain aspire à retrouver les chemins de la lenteur, une espèce de bonheur à savourer l’instant présent. Bref, plutôt bradycardie que tachy… Regardez tomber chaque grain dans le sablier et oubliez la technologie sophistiquée des horloges à quartz. Et puis, ce texte a été écrit lentement, comme quoi, même les mots peuvent se poser et jeter l’ancre…

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • Les Echos, 30 et 31 janvier 2015.

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