LIVRE / L’AMERIQUE DES ANNEES QUARANTE VISITEE PAR UN SOCIOLOGUE / UNE ANALYSE PASSIONNANTE DE CE NOUVEL ELDORADO.

         Encore une découverte vintage avec ce livre publié en 1940, signé par Didier Lazard, sociologue et écrivain. Ce « road trip » en trailer (caravane), 20.000 kilomètres en trois mois à travers l’Amérique de Roosevelt, se révèle être véritablement passionnant ! 

Pages jaunies et racornies, parfois à couper avec un couteau pour en ouvrir quelques feuillets, cet ouvrage, au titre anodin « Contrastes américains », raconte ce Nouveau Monde que l’on découvre encore – à l’époque – en paquebot. L’auteur raconte la jubilation des immigrants qui se sont dépouillés de leur passé…/…Leur mentalité a changé. Ils ont été des hommes neufs, à la conquête d’un pays neuf. Voyage à travers ce pays de contrastes,d’Est en Ouest et du Sud au Nord. Tel un anthropologue avisé, il décrit le monde de la presse, de la police, de l’univers carcéral,  de l’éducation et notamment des universités, les activités culturelles et sportives, les sciences, l’architecture…Bref, un scan didactique, comme une exploration de cette Amérique moderne, déjà en avance sur son siècle et sur le suivant, et qui a la bougeotte !

Analyse empirique avec ce constat : Très curieuse est, en effet, cette nostalgie des Etats-Unis pour la culture européenne à laquelle rien ne les rattache. Les Américains, ces déracinés avides d’un passé sous le poids duquel l’Europe croule…Edifiant aussi, les problématiques de l’époque (comme quoi, notre actualité contemporaine ne véhicule rien de nouveau !) avec l’assurance-vieillesse publiant un rapport qui traite du nombre de personnes au-dessus de soixante-cinq ans et la population globale des Etats-Unis (qui) a passé du simple au double. Bref, on parle déjà du vieillissement de la population et les spécialistes font déjà des projections jusqu’en 1980 !

Descriptions intéressantes du mode de fonctionnement et de l’historique de cette prestigieuse université qu’est Harvard  (fondée par John Harvard): Le Yard doit son nom au fait que des troupeaux de vaches y venaient paître, avant que la place ne soit envahie pas des troupeaux d’étudiants…

Et de New-York, on y apprend que dans cette ville étonnante l’on construit une école neuve tous les quinze jours…Quant à Pittsburgh, c’est la ville qui fait le plus de fumée des Etats-Unis.

Et, Didier Lazard de conclure, lyrique et poète utopiste, en voyant s’éloigner (dans le paquebot du retour) la statue de la Liberté : La liberté : c’était à la fois la raison historique des Etats-Unis, leur orgueil et leur foi. C’était le bien le plus cher au cœur d’un peuple entier. C’était la source de toutes les énergies et de toutes les richesses du passé, de toutes les craintes et de toutes les espérances de l’avenir.

Pendant ce temps-là, l’Europe était déjà assourdie par l’obscurantisme des bruits de bottes…

                                                                            © Laurent BAYART 

Contrastes américains de Didier Lazard, Calmann-Lévy, 1940.

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