LIVRE / VOYAGE AU PAYS DE FRANKLIN DELANO ROOSEVELT.

Publié en 1934 chez Grasset, ce livre analyse l’Amérique du Président Roosevelt et cette révolution menée par ce descendant de migrant hollandais, devenu un protagoniste emblématique, et chantre du  New Deal (« Nouvelle donne »), dans la vie politique et publique des Etats-Unis.  32èmePrésident des States et seul à avoir été élu à quatre reprises ! Voyage intéressant et galeries de portraits où fourmillent chroniques et anecdotes sur les personnages clefs de sa politique. La couverture représente un aigle bleu, symbole de laNational Recovery Administration (NRA) qui avait pour but d’éliminer la « concurrence acharnée » en réunissant l’industrie, les travailleurs et le gouvernement pour créer des codes des «pratiques loyales» et des prix fixés.

Voilà pour une rapide explication de texte. L’auteur, Robert de Saint-Jean qui fut, quant à lui, écrivain et journaliste, compagnon de Julien Green, nous brosse une analyse intéressante et exhaustive d’une Amérique en embryon de grande puissance planétaire, à une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas encore, la T.S.F. étant le grand média de communication : S’il choisissait de parler au microphone, il peut escompter que, d’après le recensement approximatif des postes et des auditeurs, cinquante-trois millions sept cent mille paires d’oreilles écouteront sa harangue. 

On y apprend la place prépondérante de la first lady surnommée Eleanor Je-suis-partout qui, lors d’un de ses déplacements officiels, fut surprise de n’apercevoir « aucun kodak » et de déclarer, vaguement dépitée, à la cantonade : Pourquoi les photographes ne viennent-ils pas ? On apprend qu’elle parlait parfaitement le français, tout comme son mari. Les anecdotes cocasses et drôles foisonnent. Ainsi, on raconte qu’après chaque réception  importante à la Maison Blanche, il manque toujours quelques serviettes et quelques cuillers. –Que faire, s’écria Mme Roosevelt, pour décourager ces amateurs de souvenirs ? Faut-il ne donner aux invités que des serviettes en papier, comme dans les cantines de l’Armée du Salut ?   Cette femme, qui semble posséder une grande humanité et empathie, avait même pris, un jour, la défense d’un homme qui avait volé pour venir en aide à sa famille affamée. Elle tira d’affaire cet individu en déclarant : Vous seriez bien méprisable, si vous ne voliez pas pour apporter du pain aux vôtres…

Intéressant aussi ce chapitre consacré à L’équipe de Roosevelt,  composée de fortes personnalités comme : Henry Agard Wallace (celui des fontaines à Paris ?), Miss Perkins, Borah qui a des idées toujours surprenantes, toujours tranchantes…qui déclara aussi : -Je ne crois pas à une guerre prochaine en Europe…/…mais je suis convaincu que la Ligues des Nations se montrerait complètement incapable d’empêcher une catastrophe. Lippmann considéré comme un augure par la grande majorité de ses compatriotes. Ajoutez à cette galerie, la personne atypique de Fiorello La Guardia, maire de New-York, qui contraria vivement l’ambassadeur d’Allemagne, car il détestait Hitler ! 

Enfin, au rayon des clichés, le chroniqueur de rappeler fort justement : Qu’on ne dise pas, sur l’autre bord de l’océan, que le Français est un monsieur qui part sans payer après avoir fait des histoires, qu’on ne murmure pas, de ce côté-ci, que tous les Américains ont à la place du cerveau une machine à calculer. Et de conclure, en parlant de l’Amérique : Ne bâtira-t-elle pas des villes plus démesurées que celles d’hier, plus hautes que New-York, plus démentes que Chicago ? Quels prodiges n’inventera-t-elle pas lorsqu’elle comptera cent cinquante, puis vers l’an 2000, deux cent millions d’hommes ?

L’histoire, qui est une page qui tourne très vite avec les aléas du temps, viendra apporter les réponses…                                                                                                                                                                                  

                                                           Copyright Laurent BAYART 

La vraie révolution de Roosevelt de Robert De Saint Jean, éditions Bernard Grasset, 1934.

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