Nadia Hashimi est Afghane, elle a quitté son pays dans les années 1990 avant l’invasion soviétique. Elle nous offre un livre singulier, roman mais aussi récit sur la condition des femmes dans ce pays martyr depuis tant d’années. A noter la très belle citation de Rumi en préambule de cet ouvrage : Ne sais-tu pas que la lumière du soleil / N’est que l’image du soleil apparaissant sous son voile ?
Récit parce que cette narration (romanesque) sent l’authenticité. Nous est contée cette ligne de fracture vécue par Zeba, retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari ensanglanté à ses pieds. L’auteure du crime est donc désignée d’office. Trop facile et évident. Cette femme sera envoyée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab. C’est Yusuf, revenu des Etats-Unis, devenu avocat, qui aura la lourde tâche de la défendre, car le nœud du licou enserre déjà son cou…
Khanum, quelle importance d’où je viens ? De Mazar, de Kaboul ou de Paghman. Qu’est-ce que ça change ? – ça change tout, jeune homme. Si vous ne venez pas de mon village, vous ne savez pas quels fruits poussent sur ma terre…répliqua l’accusée à son (jeune) défenseur, désormais citoyen américain. Hashimi nous entraîne dans un récit où nous cotoyons des personnages atypiques, dont Gulnaz, la mère de Zeba, qui pratique la magie et la sorcellerie. Les femmes sont véritablement les héroïnes de ce volume, parlant d’elles et de leur condition, la prêtresse lance : Ce sont les espaces vides entre la pierre et la chair qui le constituent. Nous voyons le sourire sur un visage de marbre, le mince rayon de soleil entre deux branches mortes… Prégnante écriture qui nous plonge dans une enquête sentant le bout de corde…On ne cache pas le soleil avec deux doigts lance -philosophe- un protagoniste. L’Afghanistan où tout le monde faisait dix ou vingt ans de plus que son âge…
Kamal, le mari trucidé, était un homme violent, alcoolique et blasphémateur, et dans un pays où la religion est prédominante cela ne pardonne pas !
La vérité aura gain de cause…la corde ayant égaré sa future pendue…pour mettre une majuscule sur le mot Justice.
© Laurent BAYART
- Pourvu que la nuit s’achève de Nadia Hashimi, Editions France Loisirs, 2017.