C’est un ouvrage magistral, une sorte de cantique, magnificat et tendre mélopée, que nous offre en plus de deux-cents pages Albert Strickler qui rend un époustouflant hommage à son « Petit père ». Ce patriarche doux et tendre qui ne cessait de répéter, en un leitmotiv effréné, que La vie est belle ! Sur la couverture, on le découvre tenant entre ses mains une portée de poussins, comme une offrande du bonheur aux tous petits et aux humbles. On y retrouve aussi, au jeu des accointances et autres connivences, un autre Albert… Schweitzer celui-là, le prix Nobel alsacien, avec son « Respect de la vie ». D’ailleurs, Paul Valéry n’affirma-t-il pas que : L’être qui s’émerveille est beau comme une fleur. Et nous nous trouvons justement dans l’enchantement et la jubilation d’exister, en cette gourmandise de vivre et cette soif de mots distillée par l’écrivain. Dans ce livre de l’ultime, le chantre du Tourneciel, raconte ce partage des instants vécus en compagnie de ce père qu’il aime et chérit par-dessus tout, jusqu’à la dévotion. Il ne m’a pas appris ni à nager ni à skier ni à danser ni à faucher donc…Il ne m’a appris qu’à aimer que la vie est belle ! Et aujourd’hui encore les pires des jours sont ceux où j’ai l’impression d’avoir oublié la leçon !
Magistral et sublime chant d’amour dans lequel l’auteur psalmodie avec une tendresse rare : O père toi qui est parti/ Sans nous abandonner/ Je te retrouve chaque jour/ Dans la grâce du Ravi/ La louange de l’émerveillé. Gageons que ces mots si puissants et vibrants parviendront jusqu’à leur destinataire, dans l’invisible et le silence de l’éternité qui chante la présence éternelle de ceux que l’on a aimé et que l’on chérit toujours.
L’écureuil tiendra, quant à lui, le rôle du discret messager et autre facteur des missives rédigées sur le parchemin de l’âme.
Laurent BAYART
- Petit père, d’Albert Strickler, Éditions du Tourneciel, 2022.