Tous les articles par Laurent Bayart

MAUVAISES HERBES….

                                             Pour Alphonse et Gustave,

         Elles courent la prétentaine les herbes folles que l’on dit mauvaises dans mon jardin. L’ivraie…livrée à elle-même. Je sens s’agacer, des ensembles de salades qui émergent, de leur mainmise dictatoriale sur mon potager que j’essaie de « domestiquer ». Elles prolifèrent prolixes et constituent quelques taches vertes posées dans l’harmonie d’une feuille de papier vierge. Tandis que des pâquerettes et autres pissenlits montrent leurs belles rondeurs et corolles dans cet espace de verdure. Les enfants qui m’aident à les arracher me demandent pertinemment si ces fleurs constituent de la mauvaise herbe ? Que nenni ! Ces fleurettes représentent des brins et brindilles de poésie semés sur mon jardinet ! Elles posent leurs majuscules tels des haikus dans le corps d’un texte littéraire.

Mais les mauvaises herbes sauront se retirer lorsque mes courgettes, haricots, potirons et autres tomates se mettront à chanter leurs andantes. Je les aiderai à prendre la poudre d’escampette !

Les mauvaises notes hiatus s’éclipseront de ce concerto improvisé.

Les mains du chef d’orchestre arracheront ces croches en pâmoison… pour que mon jardin retrouve sa belle clef de sol.

                                                      © Laurent BAYART

                                                               13 avril 2025

SEULS AU MONDE OU ECOUTER L’OCEAN NOUS PARLER…

                                             Sur une photo de Patrice Durupt.

         Le temps parfois suspend sa litanie et son infini ressac. Il s’arrête et se suspend magiquement aux arêtes de la pendule. A moins que cela ne soit une clepsydre ? Toujours une question de sable, comme celui de la plage… Nous sommes des fétus de paille face à l’immensité qui déroule son rideau. Le ciel et l’océan nous regardent…Les étoiles sont les coquillages de l’espace. Nous attendons la venue de l’improbable sur ce banc qui nous offre sa patience. Toi et moi voyageons dans l’immobilité du temps. Nous nous trouvons dans l’attente d’un improbable rendez-vous.

Les bancs font office de radeaux de la Méduse qui dérivent, immobiles, sur la plage.

Tous les deux, nous patientons sans connaître le but de notre quête ou de notre voyage immobile. Les yeux fixés vers l’essentiel.

S’aimer dans l’instant présent.

Avant que l’océan se retire en nous emmenant, pour l’éternité, avec lui…

                                                               © Laurent BAYART

                                                                       8 avril 2025

NOUVEAU CAFE DES POETES A STRASBOURG OU QUAND LES TASSES IMAGINENT LEURS VERS…

Marie Otmesguine avait déjà initié, voici quelques années des soirées poésie où chacun pouvait partager ses mots et les mettre en voix. Cette femme inspirée et inspirante est littéralement habitée par la poésie et propose un « nouveau café des poètes », nous offrant de nouveaux grains de poésie caféinés ! Et voici qu’elle « remet le couvert » en proposant, tous les mois, un rendez-vous original et chaleureux.

Pour cette toute première édition, elle accueillera Cécile Biehler – auteur de plusieurs recueils de poèmes, de nouvelles et de correspondances – et Margo Quere pour une lecture à deux voies de leurs textes écrits en duo. Puis, elle proposera une « scène ouverte » où chacun pourra lire et faire découvrir son imaginaire.

  • Vendredi 25 avril 2025 à 19h « Le nouveau café des poètes » à la librairie Dinali, Grand’Rue à Strasbourg.

MON COMPOSTELLE A MOI OU MA CANNE QUI ME FAIT SORTIR DE MA COQUILLE…

       Je ne pensais pas que ma canne deviendrait un jour un point d’exclamation qui se fixe sur la chorégraphie brinquebalante de mes déambulations. 

Chemin de Compostelle que je m’invente à chaque pas qui me projette vers l’avant. Camino de Santiago en ivresse de paysages et en rencontres illuminant ma sente. Aller jusqu‘à cette mythique cathédrale où tous les pèlerins rêvent de se rendre et convergent. Quête de l’essentiel, Épopée en odyssée improbable, merveilleuse partance où chaque verbe devient une parole d’évangile. J’aime la route qui me grandit et fait chanter mon âme. Je psalmodie quelques prières vagabondes à l’adresse du vent.

Un jour, je partirai à l’aventure de moi-même 

Quitter ma maison et mon jardin, leurs dieux lares pour m’en aller m’enivrer des chemins balisées par les coquilles et autres conques faisant office de bornes providentielles.

Et arriver enfin. Poser le bâton de ma canne pour ouvrir la mer tel Moïse. Chemin de sable, de galets et de coquillages…

Pour partir, encore et toujours, le ciel ne pouvant pas vivre sans ses étoiles.

                                                       © Laurent BAYART

                                                              6 avril 2025

IL FAUDRA OFFRIR AUX ETOILES UN MONDE ENFIN apaisé…

                                                     Avec la complicité d’Alphonse, au musée MM Park à la Wantzenau,

 Un jour, les armes se tairont enfin…et retourneront dans les musées de l’histoire, remugles du temps passé et dépassé, si lointain et pourtant…Des bruits de bottes surgissent encore et toujours, comme si l’histoire ne faisait qu’offrir ses éternelles répétitions ! Pour quels concertos ?

Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère, les soldats seront troubadours et nous, nous serons morts mon frère…chantait le chantre québécois Félix Leclerc. 

Il est grand temps de réinventer l’amour, de vivre au diapason de la lumière et des étoiles qui nous offrent l’émerveillement du quotidien. La paix, la seule déflagration qui puisse faire chanter nos âmes, dans l’apaisement des jours enchantés. Vivre se révèle être si éphémère qu’il est absurde d’abréger notre passage sur terre…par une explosion de haine. Le cosmos peut encore nous attendre, il n’est pas pressé de nous accueillir et de nous cueillir !

Enfant-magicien, enchante ce monde d’un coup de baguette magique. Abracadabra…

Et va accoler un poisson d’avril dans le dos des militaires, comme une arête coincée dans le gosier d’un canon…

                                                                            @ Laurent BAYART

                                                                                 2 avril 2025

AVRIL EN QUEUE DE POISSON OU LES POISONS DES FAKE NEWS…

          Un poisson rouge sorti de son bocal joue les pythies et nous offre les écailles de ses informations du jour. Celui qui va à la pêche aux infos mord finalement à l’hameçon ! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient…Qu’on se le dise ! Filet de pêche rempli de godasses et de bouteilles vides. Il n’y a pas de message de naufragés à l’intérieur !

Et le quidam gobe les mouches en prenant pour argent comptant les balivernes et autres petits gueuletons, ripaille dérisoire qui titille et tend le fil de la canne ! Mais rien ne frétille au bout. On y croit, dur comme fer, tel un caillou lancé par un enfant et qui ricoche sur la surface de l’onde. 

Le premier de ce mois d’avril est à prendre avec des pincettes.

Accréditer les nouvelles du jour, c’est comme être englouti par une baleine en plein océan.

Il n’y a plus qu’à entendre le vomi du rendu.

Demain, tout rentrera dans l’ordre dans le meilleur des mondes.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                     1er avril 2025

LAURENT BAYART DANS LA DERNIERE LIVRAISON DE LA REVUE « FLORILEGE ».

EPSON MFP image

Nouvel article de la chronique trimestrielle de Laurent Bayart dans le numéro 198 de mars 2025 de la revue bourguignonne « Florilège », l’une des plus anciennes publications littéraires et artistiques de France. Laurent nous rappelle « qu’il faudra bien rallumer les étoiles ! ». Plus loin, dans sa chronique, il nous chuchote cette confidence, ode à l’essentielle : « On appelle cela la foi. Cette parole venue de l’invisible et de l’ineffable que seule la prière arrive encore à percevoir, tel un instant de grâce échappé à l’agitation et à la folie du monde. Le reste n’est que poussière et roupie de sansonnet! ».

*Revue « Florilège », numéro 198/ mars 2025, 19 allée du Mâconnais, 21000 Dijon.

aeropageblanchard@gmail.com

LES ENFANTS PATINENT ET TROTTINENT EN TROPTINETTE.

                            Avec la complicité d’Alphonse et de Gustave,

       Les enfants trottinent et patinent sur l’asphalte du village, le cœur léger et en roue libre, ils s’en vont allègrement en classe par le chemin des écoliers, et trottent et patinent sur les pavés du trottoir. Les cartables sont légers comme des courants d’air, et les cahiers glissent guillerets avec eux ! Et la maîtresse, elle vient en chambre à air ?

Les cahiers et les livres sont légers comme des courants d’air. Le vent, derrière les loupiots, s’amuse à les pousser, espiègle et taquin. Il révise avec eux l’abécédaire des courants coulis et coulants.

Sur le chemin de l’école, les enfants caracolent, on entendrait même glisser une comptine de Jacques Prévert.

La vie est belle ainsi. Le trottoir se transforme en une belle ardoise où les roues des trottinettes/patinettes inscrivent, à la craie, la leçon du jour.

                                                   © Laurent BAYART

                                                14 mars 2025

OU VONT NOS OMBRES LORSQUE LE SOLEIL S’EN VA ?…

                                   Sur une photo de l’ami Nemorin, alias Erik Vacquier.

       Fidèles, elles nous suivent à la trace sous le brasier ardent, projecteur du soleil et de sa luminosité, comme des âmes attachées à nos silhouettes. Nous jouons avec elles tels des félins noirs, nuages sur l’asphalte qui glissent au gré de nos déambulations de passants. Ludiques ombres qui dessinent d’étranges fresques et autres arabesques sur le sol, comme une espèce de ciel renversé. Mais où vont-elles donc se réfugier lorsque la lumière s’éclipse et que le soleil tire sa révérence sur l’horizon. Le crépuscule devient lui-même une immense ombre qui précède la nuit…

Où diantre vont-elles se cacher ?

Et nos âmes regagnent-elles alors le boitier de nos corps ?

                                                   © Laurent BAYART                                                          12 mars 2025

MARCHER AVEC UN TRAIT D’UNION VERTICAL…

                                   Sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier,

       Marcher avec le timon-gouvernail d’une canne, bâton de pèlerin ou peut-être celui de Moïse qui ouvre les vagues de la Mer Rouge…Circonvolutions et tribulations au gré des chemins qui chantent sous les pas du vagabond brinquebalant. Canne telle une baguette de chef d’orchestre jouant un concerto en clef de sol…Ivresse de cette féconde déambulation pour aller – pourquoi pas ? – jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle afin d’y accrocher sa canne, comme on le ferait pour des béquilles ! 

Se nourrir de la sente pour y parsemer le terreau des rencontres et des aventures de l’improbable.

Au bout du chemin, glisser un soleil comme l’artiste poserait sa signature dans une coin d’une aquarelle.

Et s’en aller, sur la pointe des pieds, telle une ballerine, en laissant sur la terre, le point d’exclamation d’une canne.

Comme si les pieds, devenus artistes, se mettaient soudain à parapher la sente…

                                                        © Laurent BAYART

                                                     9 mars 2025