Tous les articles par Laurent Bayart

LAURENT DANS L’OPUS PRINTANIER DE FLORILEGE

Joli numéro aux couleurs printanières de cette cent soixante quatorzième livraison de la revue « Florilège » éditée par les Poètes de l’Amitié de Dijon. Laurent Bayart publie un nouvel article dans sa chronique « Entre nous doit dit » avec un texte sur la présence inopinée des portables dans les salles d’attente qui remplacent, peu à peu, les bons vieux magazines : « Salle d’attente ou êtes-vous trans-portable ? ». Notre poète a également rédigé une note de lecture sur le dernier compact-disc, anthologie musicale, d’Olivier Hoffmann. Enfin, une note de lecture signée Hervé Robert revient sur le dernier recueil de poésie de Laurent édité par Alcyone « Mot à mot ».

  • revue Florilège, numéro 174 de mars 2019. 19 allée du Mâconnais, 21000 Dijon.
  • aeropageblanchard@gmail.com

LIVRE / LES DANSEURS FOUS DE STRASBOURG

Après avoir été subjugué par le livre/sensation de Jean Teulé, Entrez dans la danse, je viens de dévorer ce livre essai et autre récit de John Waller Les danseurs fous de Strasbourg, une épidémie de transe collective en 1518, avec en couverture un détail de l’œuvre Bruegel le Jeune Pèlerinage des épileptiques de Moelenbeek, datant de 1592.

L’auteur, historien de la médecine et professeur à l’université du Michigan, revient sur cet incroyable « délire médiéval » que constitua cet épisode de transe spontanée, décrit à l’époque  par le médecin humaniste Paracelse. Cette frénésie de danse commença le 14 juillet 1518 avec cette femme, entrée dans la postérité (chorégraphique), Frau Troffea qui se mit à danser sans pouvoir s’arrêter et entraina dans sa « ronde » folle de nombreux strasbourgeois. Mais la chronique nous révèle que cette étrange chorémanies’étendit bien avant aussi en Rhénanie à sept reprises…On imputa ce phénomène à un parasite qui se développe sur les épis de seigle humide (l’ergot de seigle), hypothèse farfelue comme d’autres qui avaient été avancées. Imagination, misère, extrême pauvreté, état de délabrement physique et mysticisme religieux font entrer dans cette danse de mort, ode à Saint Guy dont une chapelle est dédiée aux malades sur les hauteurs de Saverne (la grotte de saint Vit) et que des charretées de pèlerins aux pieds fous se mirent à investir, à l’image d’un pèlerinage de Lourdes pour danseurs en déshérence…

L’auteur, avec une abondance documentaire, nous explique que tout cela n’est pas le fait du hasard mais n’est qu’une suite logique d’autres événements remarquables dont cette tarentelle que l’on dansait en Italie afin de guérir les morsures de la…tarentule, cette grosse araignée passée dans la postérité grâce à la danse !

Au final, l’auteur met cette chorémanie sur une situation de grave détresse psychologique, liée à la malnutrition et à des régimes faibles en minéraux susceptibles de perturber la production d’un neurotransmetteur comme la sérotonine. Et de conclure, d’une manière surprenante, que si ces ancestrales croyances sont devenues obsolètes, ces phénomènes se sont mués au XXI ième siècle,  dans une société contemporaine bien cartésienne où de jeunes danseurs – psychotropes aidant – se mettent à trépigner des pieds durant des nuits et des jours, lors de Rave party, Flashmob ou autre clubbing (boite de nuit)les sonos et les amplis ayant pris la place des peurs moyenâgeuses et du châtiment divin…

@ Laurent BAYART

Les danseurs fous de Strasbourg, une épidémie de transe collective en 1518 de John Waller,La Nuée Bleue, 2016.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 67 /RACISME/ VIOLENCE OU LORSQUE LA NAUSEE ABONDE…

C’est un lieu commun d’affirmer que le monde marche sur le crâne et même sur des clous de fakir ! Depuis des semaines, des mois et même quelques années, on assiste à une banalisation de la violence et d’une haine tous azimuts qui se propagent telle une trainée de poudre… Jadis, les racistes agissaient (et agissent souvent encore) dans l’ombre, la nuit et l’obscurité en taguant ou dégradant des sépultures, mais aujourd’hui, on bascule dans l’abjection en plein jour et – qui plus est – devant les caméras et à la vue de tout un chacun ! On apostrophe des êtres humains, leur jette l’anathème parce qu’ils sont de confessions Juives mais aussi Chrétiennes et Musulmanes. L’histoire ne serait donc finalement qu’un éternel recommencement ? Une boîte à pogroms ? Un feu de la Saint Jean pour autodafés? A quoi servent tous ces livres d’histoire, ces plaques commémoratives, ces mémoriaux aux gerbes fleuries, ces actions éducatives dans les écoles, ces journées du souvenir et ces sermons que l’on assène aux jeunes générations  à longueur de journées: plus jamais ça…et pourtant ? Pour en arriver là ?

Comme si le passé n’était qu’un requiem d’éternel recommencement. La peste de la haine rouvre ses cahiers, presque, comme si de rien n’était ! Et son écriture noire macule les feuillets de ses taches qui se déversent comme des nappes de fioul dans un océan bleuté. 

Nous étions faits pour être libres / Nous étions faits pour être heureux/ comme la vitre pour le givre/ et les vêpres pour les aveux…écrivait Louis Aragon.

On en appelle toujours au sursaut, à la dignité, à retrouver ce goût et cette envie de l’autre. Et pourtant, on sait très bien où mène l’incandescence des braises attisées par un vent fou…Manifester son indignation et basta, on retourne aux affaires courantes ! Comme si de rien n’était. Trop beau et trop facile.

Le monde devenu pétaudière. Qui donc posera ses mains de prophète pour apaiser les flammes avant que les cendres ne se déversent sur nos existences, comme une encre qui aurait mal tournée dans un porte-plume ? Qui pour écrire des mots d’amour et de paix sur ces mêmes cahiers, les seuls capables d’éteindre les incendies ? Le monde a soif de cette eau-là. La seule qui puisse nous rassasier. Le reste n’est que de l’essence…

                                                                                @ Laurent Bayart

                                                                                    23 février 2019

CARNAVAL DE NOTES ET DE MOTS AVEC LAURENT BAYART A LA BIBLIOTHEQUE D’HERMERSWILLER.

Laurent Bayart présentera un spectacle littéraire et musical avec l’accordéoniste Jeanine Kreiss sur le thème du carnaval des mots et des notes. Il proposera des extraits de quelques-,uns de ses ouvrages et offrira en lecture une demi douzaine de textes inédits sur le carnaval, écrits spécialement à l’occasion de cette animation en boules de cotillons et autres confettis !

  • le Vendredi 1er mars, lecture musicale à 19h, avec l’accordéoniste Jeanine Kreiss, à la bibliothèque d’Hermerswiller (67250).

FICA 2019/ DES SOURIRES EN CINEMAS D’ASIE SUR VESOUL

Martine et Jean-Marc Thérouanne, vingt-cinq ans de passion partagée.

Toc toc toc. Presque les trois coups de balai sur le plancher  en bois comme pour le théâtre. Et, c’est parti pour un « intérieur/nuit » d’une bonne semaine. Vesoul nous affrète ses plus beaux atours, sourires en travelling et plan large. L’Asie va faire son cinéma dans les salles obscures du Majestic et semer ses pellicules étoilées dans les rues, les murs, officines, vitrines et sur les bus vésuliens. La Motte marche en Sabot telle une princesse des mille et une nuits. Le conte de fée peut commencer. La Haute-Saône se transforme en steppes eurasiennes et en fabuleux caravansérail. Histoire de faire de chaque spectateur un aventurier de la route de la Soie. Merveille des cinémas venus d’ailleurs qui nous éblouissent et nous émerveillent en version originale et sous-titrée.  Quelques (petites) heures encore à patienter et le générique de l’édition 2019 du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul va retentir sous les lambris du théâtre Edwige Feuillère. C’est Hollywood en plus chaleureux, convivial et sans smoking, ni manière.

Une façon d’humanité retrouvée. Vingt-cinq ans, un quart de siècle et la passion qui pose ses majuscules sur l’écran blanc que les bobines et les projecteurs vont transformer en palette de couleurs qui bougent à la vitesse de la lumière ou presque…

                                                                               @ Laurent BAYART

  • 25èmeFestival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, du 5 au 12 février 2019. 
  • www.cinemas-asie.com

LAURENT BAYART AU FESTIVAL EROTICART DE PLOMBIERES-LES-BAINS

Changement de registre pour l’écrivain-cycliste, invité cette année au festival Eroticart de Plombières qui a lieu du 9 au 17 février avec de nombreux événements dans la ville thermale (un histoire d’ eau?): de nombreuses expositions, rencontres avec les artisans et artistes, démonstrations de Bodypainting, chorales, accordéons et épinettes vosgiennes. Laurent, quant à lui, présentera une lecture/ performance le jeudi 14 février à partir de 15h, jour de Saint Valentin ! – autour d’extraits de ses ouvrages dont la version épicurienne et érotique du vélo « Un amour de bicyclette », « L’O sauvage » ainsi que d’autres oeuvres dont des inédits : notamment un texte érotique sur l’andouille du Val d’Ajol, confrérie éponyme oblige! Bref, un texte un zest cochon…

  • Festival EroticArt de Plombières-les-Bains, le jeudi 14 février 2019, de 15 à 18h, déambulations dans différentes salles de la ville.

Belle année à vous tous ! Et, finalement, j’ai trouvé les textes de l’essentiel dans ceux rédigés par Jean Humenry, auteur compositeur, qui écrit : De vous souhaiter d’être présents aux rendez-vous de la Vie. De vous souhaiter d’être conscients du temps qui s’écoule au présent.
De vous souhaiter d’être juste dans l’Instant
. Magistrale écriture qui résume l’essentiel de nos vies. Que cette année qui commence soit celle de l’instant qui ne cesse de durer et que l’on savoure comme une bulle de bonheur !

VOYAGE EN FICASIE A VESOUL, LA CAPITALE DU FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE, EN NOCES D’ARGENT.

Et nous revoilà replongés en « intérieur/nuit » dans cette capitale asiatique qu’est devenue Vesoul en Haute-Saône. La 25ème édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul va étaler son long tapis noir de pellicules, à l’image de celui tout en rouge de Cannes, du 5 au 12 février. En moins snob et no smoking.

Rendez-vous devenu incontournable, chaleureux, convivial et truffé de pépites cinématographiques.  Cet événement, dédié au septième art asiatique, pose la virgule de son sourire sur la bobine des festivaliers, ravis de revenir chaque année se plonger dans la nuit magique de cet événement majestueux ou plutôt Majestic ! Somptueux cinémas qui déroulent la romance de leurs images en version sous-titrée. Voyages au long cours dans les paysages époustouflants de l’Eurasie, aux confins de l’imaginaire. Voilà que chaque spectateur est convié à faire sa propre route de la soie. Caravansérail en technicolor. Il en faut des trésors de passion, de patience, de curiosité et de rencontres pour présenter autant de productions en un quart de siècle : 1 600 films, 600 000 spectateurs et 550 réalisateurs, acteurs, producteurs et journaliers du cinéma. C’est finalement tout un continent qui se trouve représenté au pied de la Motte (pas la Grande !) et du Sabot. Une ivresse de plaisir à faire la queue à la lisière des salles, à papoter et se raconter le film précédent, à consulter son programme et à piaffer d’impatience dans l’attente d’aller découvrir le prochain bijou. Faisant fi des pop corn, on dégustera –en couleur locale-, qu’on se le dise, des rouleaux de printemps !

Le ticket aussitôt déchiré par le contrôleur-bénévole, vous pourrez pénétrer dans la salle en gradins, comme on franchit une guérite de douane. Vous voilà déjà dans un autre pays ! Venez vous asseoir dans les confortables fauteuils rouges du multiplex. Petite causerie avec le réalisateur, carnet de note et traduction instantanée. Présentation enflammée, pleine d’humour et d’érudition du spécialiste Bastian Meiresonne qui adresse son mythique et tonitruant « Bonjour Vesoul ! », et on lance le film. C’est parti pour le générique et sa musique…

Le monde est si beau lorsqu’il nous fait son cinéma. Et cela fait 25 ans d’amour en noces argentées.  Tant de fidélité méritait bien un bel hommage. Celui rendu au couple fondateur Martine et Jean-Marc Thérouanne qui ont mis l’Asie et son art cinématographique à portée de doigts, comme une alliance…V’Asie ! Aurait chuchoté Roméo à Juliette…en chinois, persan ou coréen ?

@ Laurent BAYART

  • 25 ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, du 5 au 12 février 2019.
  • www.cinémas-asie.com

LIVRE A METTRE ABSOLUMENT AU PANTHEON DE LA LITTERATURE VELOCIPEDISTE : LA BURLESQUE EQUIPEE DU CYCLISTE DE H.G. WELLS.

Paru en 1906, ce livre du génial écrivain Herbert George Wells (La guerre des mondes, L’homme invisible…) est un petit bijou de littérature cycliste, mais pas que…

Je viens de lire avec ravissement et enchantement La burlesque équipée du cycliste qui nous emmène dans une entame de siècle où l’on découvrait alors les vertus de cette petite reine, devenue moyen de communication et de rencontres (amoureuses), permettant aussi aux classes ouvrières de s’émanciper et de prendre l’air sur les routes anglaises. On se souvient du livre référence Voici des ailes de Maurice Leblanc dont on a tant vanté les mérites, mais cet ouvrage-là, à mon sens, est une véritable pépite, un braquet bien supérieur pour employer un terme cycliste.

 Cette comédie guillerette raconte les aventures rocambolesques et picaresques de Hoopdriver,  jeune employé de tissu londonien  qui va prendre quelques jours de congés afin d’aller goûter à la grande aventure d’une randonnée cycliste sur la Southern Coast.

Et voilà notre Don Quichotte en chambre à air, gauche et maladroit, (roi de la gamelle !) partant à l’aventure malgré un nombre incalculable de blessures aux genoux et de « chromes » sur l’épiderme. Son tube d’arnica sera une manière de faire foi du cachet de la poste ! Coup de foudre, à défaut d’un coup de pompe, à la vue de cette « jeune dame en gris », la susnommée Jessie, mineure enlevée par un chevalier à la triste figure de son aristocrate famille. Notre petit employé se transforme en justicier, chevalier et limier à la manière d’un Sherlock Holmes en chambre à air. La bicyclette lui permettra d’aller au-delà de sa petite condition et de se métamorphoser !

Incroyable fantaisie et drôlerie dans cette écriture pleine d’allant et de bonne humeur.

Belle histoire d’amour aussi sur fond de paysages pittoresques et rencontre impromptue d’une jeune bourgeoise avec un petit ouvrier. Révélation de deux mondes qui se percutent. Et, comme toute (belle) histoire à une fin, chacun  regagnera son monde, mais la jeune fille glissera ce sage conseil à son preux bicycliste : Travaillez. Cessez de baguenauder avec la vie. Vous avez prouvé que vous êtes doué de courage, de volonté. Mettez-vous à l’œuvre.

Il y a des rencontres (en bicyclette) qui changent les destins…

                                                                                       @ Laurent Bayart

* La burlesque équipée du cycliste de H.G. Wells, Folio, 1984.