Archives de catégorie : Blog-Notes

VUE AERIENNE SUR DES ENFANTS INSPIRES PAR LES MOTS QU’ILS DESSINENT…

(photo Emilie Bayart)

                                                      A Camille et Gustave,

Comme une tourterelle qui se prendrait pour un drone ou bien un moucheron lilliputien survolant la tête inspirée des enfants, cette image en vue aérienne momentanée fixe le temps sur l’imaginaire de Camille et de Gustave, lutins des profondeurs de la moquette qui -paisiblement – écrivent et dessinent. 

Le monde leur appartient et les jouets éparpillés autour d’eux sont tels des coquillages et liserons laissés par l’océan et la terre. 

Ecrire, c’est inventer le bonheur de se perdre dans l’instant précieux qui se déroule langoureusement devant eux.

Ils auront bien le temps de courir plus tard après leur destinée, alors profitez de l’instant ! 

Savoureux-le…Chacun étant le scribe de la seconde éphémère qui court au ralenti…

Demain est un autre jour. Pas encore écrit.

Alors, profitez encore de cette page blanche qu’on appelle la lumière.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                   14 décembre 2023

ET TOURNENT, TOURNENT LES MOULINS…

sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

          En ces temps bien troublés et obscurs, il nous faudrait bien un Seigneur de la Manche et son Sancho Panza, afin de nous protéger des silhouettes géantes qui nous menacent…Bruits de bottes et de lansquenets qui veulent tapisser de flammes cette humanité cherchant vainement la sérénité. Ogives nucléaires qui moulinent leur errance dans le vestiaire de leurs rampes de lancements. Bras de moulins qui tournent, tournent…comme des éoliennes en déshérence, devant la figure du preux chevalier. Don Quichotte n’est qu’une luciole face à ces Gargantua gigantesques qui veulent mettre à feu et à sang nos sociétés. Lutte fratricide entre frères, amour et haine tel le yin et le yang.

Il nous faudra recouvrer des trésors de lumière pour vaincre cette grande noirceur qui vient mettre sa ténébreuse touche sur la palette de l’arc en ciel.

Dieu, protège ces chevaliers qui viennent chasser les ombres et remettre des étoiles dans l’azur !

Demain, le vent fera tourner les moulins en y posant la lumière des tabernacles.

Et s’aimer enfin, en basculant dans les bras des uns et des autres. S’embrasser, s’étreindre et non plus s’embraser et s’éteindre…

Et, déposer à nos pieds, le monticule de toutes les épées de Damoclès…

                                                               © Laurent BAYART

                                            30 novembre 2023

MONTER JUSQU’AU CIEL…

                                     Pour Albert Strickler, avec la complicité d’Alphonse.

             Inexorablement grimper et crapahuter cette sente verticale qui monte telle une échelle de lumière. Boiter jusqu’au ciel disait-tu, Albert…Tu as réalisé ta prédiction en allant te brinquebaler jusqu’au ciel, afin d’aller rejoindre ton tendre patriarche. Monter toujours et encore, notre destinée et autre karma que nous avons oubliés depuis notre genèse, et pourtant…Ne plus connaître la peur du vide car les anges nous accompagnent de leur tendre bienveillance. Escalade de l’ultime en quête de l’étoile et de ce cosmos qui ne s’arrêtera donc jamais. Où se trouve l’adresse du paradis ? Boite postale de l’infini. Autel de cet indicible Amour qui nous gobera de ses battements de cœur. Nous sommes des gommettes de fourmis à vouloir effectuer cette ascension. Nous avons laissé la peur derrière nous et l’angoisse de cette chute qui nous empêchait de marcher sur ce fil tendu. Funambule de l’extrême, aller enfin retrouver la part de l’ange qui se dissimulait en nous. Notre âme est une étoile qui se cachait derrière la fine cloison de notre épiderme.

Partir pour toujours. Partir pour jamais. Partir enfin…

Et puis, croquer et savourer l’éternité, comme un sablier qui aurait enfermé dans son immense flacon des milliards et des milliards de grains de sable.

Et, partir avec l’un d’eux…

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                          19 novembre 2023

DISPARITION / LA SILENCIEUSE ENVOLEE D’ALBERT STRICKLER.

Photo de Jean-Louis Hess (merci !)

Mon Cher Albert,

Je viens d’apprendre que tu viens de prendre le chemin des étoiles de ton Tourneciel emblématique de La Vancelle. Nous avions commencé tous les deux un courrielspondance journalier, partageant nos expériences de brinquebalants, toi avec ton Lyme qui te laminait et moi avec ma neuropathie qui me handicape. Mais nous parlions aussi ensemble beaucoup de spiritualité, de foi et de nos anges gardiens…ainsi que d’un tas de souvenirs, en effet nous nous connaissions, en vieux compagnonnage, depuis la fin des années quatre-vingts et cela commençait à dater ! Nous nous étions trouvés d’incroyables connivences et connexions…et hier, je m’étonnais de n’avoir pas eu une de tes grandes lettres quotidiennes…

Ton dernier livre/journal s’intitulait justement « Boiter jusqu’au ciel ». Tu auras réalisé ta prédiction…  Te voilà, Albert, en compagnie de celui que tu chérissais et aimais par-dessus tout :  ton « Petit Père » qui ne cessait de répéter que « La vie est belle ! ».

Albert, je suis infiniment triste ce soir, mais je sais que tu restes là, présent pour enchanter notre quotidien, car tu croyais aux lumières de l’invisible.

Désormais, tu es devenu le chantre des lucioles et des anges qui viennent illuminer les mondes d’à côté.

Et là, je t’entends me chuchoter dans l’oreille :

« Tu sais, Laurent, La vie était belle ! ».

Adieu Albert, non, plutôt… au revoir ! 

                                                          Laurent BAYART                                             Mardi 7 novembre 2023

TENDRESSE DE NOS FRATRIES.

                                          Avec la complicité d’Alphonse et de Gustave,

        Ensemble, nous défierons l’adversité, parce que c’est toi, et parce que c’est moi…Mon frère, mon ami, mon alter ego…Un indicible amour qui nous vient de très loin, de ces inextricables limbes et autres placentas du cosmos.

Ensemble, nous n’aurons jamais de jour au ciel déchiré, les urubus ne fracasseront pas l’azur de leurs ailes en ciseaux. Et nous imaginerons, dans le solfège de l’azur, de blanches colombes et de fluettes mouettes, telles des croches de musique qui flûteront sur le drapé de nos partitions. Car nous serons toujours plus forts que les cyclones et les tempêtes que l’océan des tourments pourront nous envoyer… 

S’aimer comme une conjugaison des frères de sang afin de réinventer la lumière et glisser des soleils sur nos destinées. Nos bras, à l’image d’une invisible cotte de maille, nous protégeront des sombres vagues et de ses marées. Chevaliers des humanités à réenchanter.

Je t’aime, mon frère. Nous sommes et serons deux à arpenter les sentes à l’image d’un chemin de Compostelle. Marcher en duo au diapason de nos rencontres.

Et entre nous, il y aura toujours une étoile pour réécrire l’alphabet et offrir aux verbes le bonheur d’être frères.

Fratrie, la fraternité de la même peinture qu’on appelle le sang et qui tourbillonne dans l’écrin de nos veines.

                                                   © Laurent BAYART

                                            7 novembre 2023

TOUSSAINT / VOUS, PARTIS ET POURTANT ENCORE SI PROCHES …

    A ceux qui vivent désormais dans l’invisible présence de l’amour. (sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier).

         Parce qu’un jour il faut bien larguer les amarres, vous avez quitté nos berges pour aller habiter l’invisible et « vivre » désormais dans nos lisières. Partis sans laisser d’adresse, mais en nous offrant la buée d’un inaudible chuchotement comme une prière adressée à l’infini sur la vitre des nuées. On les nomme des morts ; nos défunts… Sylvie Reff parle de « voyageurs », car nous ne sommes, après tout, que des pérégrins sans bagages ni havresac, en partance vers l’accomplissement de nos destinées, avec le passeport d’une luciole qu’on appelle l’âme. En quête de ce Dieu qui viendra nous offrir son éternité.

J’ai beau vous y chercher, je ne vous ai jamais trouvé dans ces jardins tracés aux cordeaux, aux allées bien rectilignes, peuplés par les cierges des ifs et des cyprès.

Vous vous trouviez tout contre moi, accolés à cette proximité qu’on désigne par l’Amour.

Votre présence, telle la signature d’une plume que l’oiseau pose sur le sol en guise de message.

La caresse du vent transportant vos voix de l’outre-monde, si lointaines et pourtant si présentes…

On ne part jamais, on reste dans l’instant, tout simplement…

                                                               © Laurent BAYART

                                           1er novembre 2023

IVRESSE DU CHEMIN.

                                   Avec la complicité de Brigitte Picand,

La route est belle et déroule son ruban de caillasse et de lumière devant moi. Le pic des montagnes joue le rôle de poteaux indicateurs en bossa nova de dénivelés. Chemin de Compostelle ? Un autel s’y trouve-t-il au bout de la sente ? Marcher, un des plus beaux verbes de la langue française avec celui d’aimer…Alphabet des découvertes qui vous rafraichit l’âme. Pérégriner pour aller chercher l’autre, le rencontrer et ouvrir le coquillage des rendez-vous impromptus pour y déceler des perles cachées. – Où allez-vous comme ça ? – Au bout de moi-même !

Et continuer, vaille que vaille et coûte que coûte à parcourir ce rayon de soleil qui s’ouvre devant moi. Ivresse d’avoir abandonné son paillasson pour aller chanter la chanson des semelles qui pianotent sous les pas des pérégrins.

Des bâtons dans les mains, tels ceux de Moïse qui ouvre les rouleaux des eaux pour y inventer le chemin de la liberté. 

Plus loin, un sapin, comme un candélabre annonce déjà la cathédrale…

                                                        © Laurent BAYART                                                            29 octobre 2023

UNE LANTERNE ECLAIRE LE BOIS DE MON CŒUR…

sur une photo de Rémi Picand.

        Il bat encore, tant bien que mal, ce cœur qui m’accompagne depuis tant d’années, au rythme de cette lumière qui nous attire vers les étoiles. Battements et pulsations qui fécondent nos existences et nous font vivre en martelant le temps, telles des pendules comtoises, au rythme de nos passions, de nos émotions et de ces activités qui s’égrènent en nous poussant toujours plus sur le timon de l’avant. Ivresse de cette lumière qui m’habite et fait chanter mon âme. Vivre comme un rendez-vous à réinventer chaque jour. A l’image d’un arbre, faire un nœud dans le mouchoir enfoncé dans sa poche et se souvenir que nous ne faisons que passer…

Car le Grand Bûcheron viendra le jour hache…finir l’histoire là où elle a commencé.

Puis, nous repartirons par la lucarne de notre cœur, les branches caressant enfin les étoiles.

                                                   © Laurent BAYART

                                                      24 octobre 2023

MATHURIN, LE PASSANT JARDINIER DANS L’ITINERANCE DES RENCONTRES.

          Devant mon jardin/sanctuaire, j’en vois passer des gens et des personnages fabuleux ! Les bonnes ondes du potager en goguette font-ils que s’arrêtent quelques passants, pas pressés pour un sou, se mettant un instant en mode pause pour faire un petit brin de causette avec le jardinier que je suis ? Les merles, les pies et autres volatiles qui viennent narguer Bécassine, mon épouvantail, constituent-ils une attraction ? A moins que cela soit les concertos de courgettes, les sonates de poivrons, les andantes de tomates, les airs de jazz distillés par mes haricots, le hip hop de mes blettes ou alors les raves party qui font swinguer quelques betteraves ? Une inaudible musique qui vous remplit l’âme et vous apporte la sérénité en extérieur/jour.

J’aime et savoure ces moments précieux de rencontres impromptues et de connivences.

Certains samedis et parfois aussi le dimanche, je vois passer Mathurin qui prend le bus de Strasbourg pour venir jardiner aux lisières de Mundolsheim, dans un petit coin de paradis situé à Lampertheim.

Sourires, échanges, partage d’expériences de jardiniers. Nous parlons de jardinage, papotons, placotons comme disent les Québécois, telle des tourterelles qui échangent dans le ciel.

Et puis, en fin d’après-midi, sa cagette chargée des produits de la « ferme » à ciel ouvert, il m’offre la merveille de quelques gourmandises de tomates aux goûts savoureux. Moi, j’attrape un butternut et le lui pose dans son havresac !

A la semaine prochaine Mathurin !

Nos rendez-vous ne sont fixés sur aucun calendrier !

Si ! En fait, rédigés sur une feuille de l’agenda de mon pommier !

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                        12 octobre 2023

UNE CANNE COMME UN STYLO SUR UN CHEMIN…

Elle est devenue, cette canne, comme un râteau ou une fourche-bêche de jardinier, ma troisième jambe de brinquebalant qui m’entraine sur des chemins buissonniers à écrémer les étoiles au-dessus de ma tête et faire crisser la caillasse de la sente. Chemin de Compostelle d’un claudiquant en quête de miracle. « Boîter jusqu’au ciel » comme l’écrit l’ami Albert STRICKLER, compagnon de brinquebalance. Parvenir jusqu’à cette improbable Grotte de Lourdes où, qui sait ? une Vierge, Dame du Rocher comme le chantait jadis Jean Humenry, viendra appliquer le baume de la rédemption sur la peste de cette maladie…

Marcher, quel magnifique verbe de toutes les épopées ! Voyage vers l’ivresse des paysages mais aussi vers l’autre, celui qui nous racontera aussi son propre chemin, son errance, son itinérance…Et rencontrer, cet arbre ami, porte manteau magique où j’y déposerai ma béquille, ma prothèse, mon attelle, ma canne…Elle apposera une épaule contre son écorce afin de laisser la consigne de son appendice. Stylo sur le bois d’un bureau. Et puis, continuer l’aventure de vivre pour m’en aller vagabonder, avec quelques oiseaux de passage dans l’immensité des nuées telle une cathédrale à ciel ouvert.

Cheminer, toujours et encore jusqu’à cette adresse qui ne connaît pas son destinataire et sa destinée.

Pour aller butiner le miel de la voie lactée.

Copyright : Laurent BAYART

photo prise dans le magnifique jardin d’Elisabeth et de Didier à Betschdorf.