Archives de catégorie : Blog-Notes

AVANT LES VENDANGES SUR LES COTEAUX

Irancy, Bourgogne

En symphonie de verdure, les vignes sont les ballerines des coteaux. Les grappes de raisin attendent (imp)patiemment la chorégraphie des hottes des pères Noël vendangeurs (vents d’ange). Les tonneaux et les fûts s’apprêtent à les recevoir dans l’abri douillet de leurs caves. Doux serments en sarments fabuleux (bulleux). Les divins ciseaux sont à l’affût, tels des Figaro un peu titubants. L’ancestrale fête de la céleste cueillette va pouvoir commencer. On attend les trois coups et le lever de rideau. Une armada d’hommes de main va venir faire chanter et dépouiller les vignes de leurs porte-monnaie qui regorge de suc et de sucre liquides. Ivresse des futures bombances et des réjouissances de Bacchus en cette fastueuse dramaturgie.

Plus loin, une bouteille attend son liège, tandis qu’un tire-bouchon rêve de lever les bras en signe de victoire.

Le vin, ambroisie des dieux, comme une hémoglobine blanche ou rouge va venir enchanter la voie lactée des humaines destinées. 

En attendant, les collines enchantées de treilles se languissent de l’andante des pianistes vendangeurs. Que la musique des sécateurs commence enfin ! 

                                                              © Laurent BAYART

                                                                   28 septembre 2021

LIVRE / LA CHINE S’EVEILLE OU JEAN-PIERRE RAFFARIN JOUE LES MANDARINS OU LES PANDAS…

          Eternelle question : faut-il avoir peur de la Chine ? Force est de constater que ce pays-continent semble avoir pris le leadership d’un monde où la géopolitique a été bien malmenée ces dernières années, notamment avec la pandémie qui a mis les économies mondiales sens dessus sens dessous. Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre, représentant spécial du ministre des Affaires étrangères pour la Chine, nous offre sa vision et sa connaissance de ce pays monumental qui continue à attiser les peurs et les fantasmes par la démesure qui l’habite dans tous les domaines. Il cite le proverbe allemand : La peur rend le loup plus gros qu’il n’est et nous rappelle que, jusqu’à la moitié du XIXème siècle, la Chine était le centre du monde asiatique. Zhongguo, son nom en chinois – qui signifie « le pays du milieu ».

Ainsi, l’auteur nous confie qu’au cours de ma bonne centaine de voyages en Chine, j’ai toujours noté que les Chinois nous connaissaient mieux que nous ne les connaissions. Jean-Pierre Raffarin nous livre les fruits de son analyse et fustige la lourdeur/pesanteur de nos institutions, voire notre immobilisme, en prônant un « principe d’initiative » face à notre sacro-saint « principe de précaution ». Notre mandarin rappelant aux lecteurs sceptiques que selon la Banque mondiale, elle a enregistré l’expansion soutenue la plus rapide de l’histoire et a sorti plus de 800 millions de personnes de la pauvreté. L’image de la foultitude de bicyclettes qui encombraient les rues de Pékin s’est transformée en cylindrées automobiles ! 

Cet ouvrage est tout simplement passionnant et nous offre une autre vision d’une Chine que – occidentaux – nous ne comprenons pas. Sans tomber dans l’angélisme, l’homme politique nous livre une espèce de dictionnaire amoureux de ce pays, en affirmant ne pas être « pandaïsé » mais soutient que les Chinois ont besoin d’une Europe forte pour contrebalancer l’antagonisme avec l’Amérique, afin de dessiner un nouveau monde et poser nos pas dans une espèce de singulière route de la soie qui fera – au vingt deuxième siècle ? Qui sait ?- le tour de la planète…

                                                                                © Laurent BAYART

Chine, le grand paradoxe, Pour le réveil de l’Europe de Jean-Pierre Raffarin, document, Editions Michel Lafon, 2019.      

ROBIN FAIT FEU DE TOUT BOIS OU WAOUAF WAOUAF EN SON DE FLECHE CANINE…

          Allez, je ne suis pas un fan de chien, plutôt aficionado des chats, mais force est de constater que le border collie de Marie est vraiment hyper sympa ! Pour les ignares dont je suis, ce chien tire son nom (et pas sa laisse !) de la région des Scottish Borders, frontière qui sépare l’Ecosse de l’Angleterre, un peu de culture s’il vous plaît ! Robin, le nom du chien de ma fille, est le chien le plus intelligent au monde mais également très énergique, agile et athlétique…. Chien de troupeau et de « travail », il ramène, comme un bon pasteur, les brebis égarées dans la meute. C’est vrai que Robin (des bois car il fait une balade quotidienne d’une heure dans les forêts aux alentours de Haguenau et non pas de Nottingham !) nous a tous conquis (enfants compris) par ses affectueuses léchouilles et flèches de câlins. Petit hommage rendu donc à ce chien auquel j’offre un peu de postérité. 

Ah, si j’avais su que j’allais, un jour, écrire un texte sur un toutou !  Mais, avouons qu’il a vraiment un « cœur de lion » et nous enchantent, avec sa copine de même race Naïa, frère Tuck, membre des « joyeux compagnons » ? Mon texte littéraire se veut être un joyeux aboiement lyrique dédié à ce compère à quatre pattes, dénommé Robin. 

Même si chat n’veut pas dire que je préfère les chiens…Celui-ci a mis une majuscule sur le mot Affection et ce n’est pas rien/ foi de chien.

                                                                   © Laurent BAYART

LIVRE / SHERLOCK HOLMES DE JEAN ALESSANDRINI OU ELEMENTAIRE MON CHER WATSON !

          Petit livre croustillant signé par Jean Alessandrini, illustrateur talentueux et typographe emblématique, auteur de policier et de science-fiction qui nous régale avec trois récits déjantés de l’enquêteur à la pipe, sortis de la tabatière de Conan Doyle et du smog londonien de Baker Street !

Le lecteur suit les traces du fin limier et de son compère à Strasbourg sous (l’unique) flèche de la cathédrale puis à Paris, où l’on trucide et provoque un carnage –excusez du peu ! – à coups de défense de narval et canine de smilodon dans une grande salle de paléontologie du Muséum d’histoire naturelle, ressuscitant le Dracula du Venator, chaînon manquant entre l’Homo Erectus et l’Homo Faber. Un saut de chaîne meurtrier et dévastateur, et nous ne nous trouvons pas au royaume de la bicyclette ! Notre enquêteur loupant sa remise de la Légion d’honneur des mains du président Sadi Carnot, tout juste assassiné…Ah décidément, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! On appréciera le petit croquis d’un palais en ébullition :…va-et-vient de dignitaires en jaquette et haut-de-forme qu’une sarabande d’huissiers hagards venaient prendre en charge et tentaient de calmer. Extrême agitation sous l’œil de l’ennemie légendaire : le professeur James Moriarty. 

On terminera cette courte épopée en 2045 avec Sébastien Holmes, arrière-petit-fils du plus illustre détective de tous les temps et le vol du cerveau de Napoléon. Décidément ! Récit (élémentaire, mon cher…) raconté par le mythique docteur Watson resté définitivement dans l’histoire grâce à la célébrissime formule de Holmes. Même si l’auteur avoue, en fin de volume :…je restais un instant à me demander pourquoi je ne l’avais jamais placée dans sa bouche au cours de mes précédents récits. Etant donné le secret qui, en l’occurrence, m’était imposé, j’ai le regret de dire que ce ne sera pas encore dans celui-ci. 

Nom d’une pipe en bois et volute de tabac ! Ce bon mot aura été remisé dans le cendrier. Dont acte.

                                                                    © Laurent BAYART

Sherlock Holmes, compléments d’enquête, de Jean Alessandrini, Editions Andersen, 2021.

ANNIVERSAIRE / UNE NOUVELLE BOUGIE ET LE TEMPS NOUS EMPORTE DANS LE FLAMENCO DE SA LUMIERE…

photo de Nemorin, alias Erik Vacquier.

          On dirait que le temps s’accélère et joue au ventilateur sur les flammes de mes bougies. Eviter qu’elles ne s’éteignent et me plongent dans la grande noirceur des étoiles et de sa cosmogonie. Partir pour les confins, je ne me bouscule pas pour ce voyage dans les extrêmes ! Pas si pressé que ça… Les années passent et filent, mais la lumière m’habite encore, même si la rouille a posé son lierre sur mes cartilages et mes os. Garder la ligne d’horizon comme l’étoile du berger pour me tracer la route avec ses catadioptres de lumignons. Marcher en brinquebalant mais avancer toujours, avec un rêve d’amour fiché encore dans les pupilles. Regarder la lumière et la laisser entrer en moi comme une offrande de soleil. 

Et demain, s’inventer encore des rendez-vous. Confettis de miracles au quotidien. Regarder passer les trains sur le quai de la gare. Avec vous, les petits-enfants, complices de l’instant que l’on égrène lentement…Trains qui tricotent leurs inexorables voyages.

Et ne pas s’en aller avec eux, pas encore…

Les bougies attendent le soufflet de ma bouche pour fêter mes futures pérégrinations. Mon chemin de Compostelle à moi.

                                                                      © Laurent BAYART

                                                                       11 septembre 2021

ECRITURE SUR UN BANC OU FAIRE MOTS DE TOUT BOIS…

         

Curieux hiéroglyphe et étrange scarification d’encre aperçus sur le banc des quais de la gare. Mystérieuse écriture contemporaine comme un sibyllin message à l’endroit de chaque séant. Qui donc pour mettre des mots sur la surface en bois de ces longues chaises reposoirs ? Décidément, la litanie des tags ne respecte aucun terrain, aucune surface! Un appel au secours, un help laconique rédigé le long du pin de ces lattes/écritoires ? Drôle de poésie glissée sur le feuillet du bois. S’asseoir, c’est se reposer et lire avec son postérieur. Bizarre, vous avez dire bizarre…

L’esprit complètement taggueur/ailleurs en surprenante rêverie littéraire. Echappée vers un ciel renversé où les mots deviennent des étoiles qui s’affichent sur ce qui fut – jadis – un arbre.

Comme on trace au canif un cœur fléché sur la pelure d’une écorce.

Moi, je voudrais y mettre tout simplement un Je t’aime ! à l’image d’un adolescent éperdument amoureux.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                       5 septembre 2021

IL RESTE UN REVE DE SABLE ET QUELQUES COQUILLAGES…

déco réalisée par Emilie Bayart

         

L’automne a dressé la table dans les jardins, tandis que les feuilles commencent doucement à descendre du balcon de leurs branches. Les écoliers ont repris le chemin de l’école…Les cours de récréation sont remplis du défilé d’une armée d’enfants, hauts de trois pommes, prêts à en découdre avec une nouvelle année scolaire. L’été baisse tout doucement son pavillon de soleil pour le remplacer par l’ardoise et la craie des jours de labeur. La page/plage se tourne inexorablement. Quelques rêves de sable, d’océan et de coquillages demeurent encore vivaces dans les pupilles, avec le ressac des marées. Et s’il y a encore flux et reflux, ce sont ceux des élèves qui vont et viennent sous le talisman des préaux. Pour peu, on y percevrait presque le cri lancinant des goélands et des mouettes, faisant la course avec quelques bateaux.

Pourtant, dans les cartables flambant neufs et dans les trousses, il reste quelques grains de sable, à l’instar de confettis de fantaisie venus enrayer l’inextricable machine infernale et ses rouages bien huilés…

Imaginer un minuscule grain de sable qui demain formera la grève qui se cachera sous les pavés…

Le rêve n’est jamais bien loin lorsque les embruns jouent aux porte-plumes avec les oiseaux.

                                                             © Laurent BAYART

                                                                   2 septembre 2021

LIVRE / JEAN-LOUIS FOURNIER OU L’IMPATIENCE…D’ATTENDRE.

          Ecrivain, Jean-Louis Fournier a publié près d’une quarantaine d’ouvrages. Réalisateur, il était aussi producteur d’émissions télévisées, mais aussi ami et complice de Pierre Desproges. Cet auteur de 82 ans vient de publier Je n’ai plus le temps d’attendre, une parenthèse poétique et narrative sur le thème de l’attente. Le vieil homme de confier que 80 ans plus tard, je n’ai toujours pas la patience d’attendre. L’homme pressé à la manière de Paul Morand psalmodie la douleur d’attendre lorsque le temps –désormais – nous est compté, avec cette lancinante question de cette vitesse qui  constitue des taches de rouille sur le paysage qui défile…trop vite. La pédale la plus brillante était celle de l’accélérateur. C’est normal, c’est celle qu’on utilise le plus. On a toujours le pied dessus. Dans la vie, c’est pareil, on accélère toujours. On veut toujours aller plus vite. Aller plus vite. Pourquoi ? Brèves de l’essentiel, ces textes sont des odes au ralenti fécond afin d’y creuser un peu de philosophie comme une religion de l’horloge. Lui qui avoue que je voudrais que ce soit fini avant de commencer et avec un zest d’humour de nous confier : Il faut toujours aller plus vite, le café est expresso, bientôt le bonheur sera instantané et en poudre…

Au final, cet opus de petits textes épars comme des ersatz de longs aphorismes sont à déguster et à lire lentement, Jean-Louis Fournier lâchant au passage que :  pour faire un éclair il faut accepter d’être longtemps un nuage.

Un hymne à l’écriture telle une hypotension de mots qui pulsent langoureusement dans une phrase…

                                                                          ©  Laurent BAYART

Je n’ai plus le temps d’attendre de Jean-Louis Fournier, Editions Jean-Claude Lattès, 2021.

LA RENTREE, C’EST LA CLASSE…

Avec la complicité de Jules et Camille…

          Petite répétition à la lisière des chambres, avant la rentrée des classes, comme une « générale » dans le domaine théâtral, avant la « première » de la création. On se prépare d’arrache-trousse afin d’être prêts pour le jour J. Les enfants, comme des coccinelles affublées de drôles de parachutes dans le dos qui renferment les mikados de crayons et de stylos, les trousses, cahiers et tutti quanti…Les parents, tels des metteurs en scène, concoctent déjà la dramaturgie de ce jour qui restera dans les annales des petiots. Tout un chacun commence à avoir une petite boule dans le ventre…Que dire, des maîtresses et des maîtres qui se préparent, eux aussi, dans les coulisses avant le grand lever de rideau ? Qui dira l’angoisse du gardien de but avant le penalty ?

Plus loin, un tableau noir à l’image du décor de cette pièce affûte déjà ses craies. Y-a-t-il encore des ardoises à l’ère de la technologie informatique et du fatras du multimédia où tout est désormais « dématérialisé » ?

Il n’empêche que les livres scolaires restent infiniment lourds pour les échines des enfants. Le savoir et les humanités, comme on les appelait au temps jadis, pèsent d’un poids d’enclume sur le dos des enfants.

De futurs lumbagos et petits tracas lombaires s’imaginent dans l’arithmétique des tables de multiplication. Les ostéopathes se frottent déjà les mains. Futurs patients impatients d’en découdre…

Nos petits lutins de trois pommes les envoient, d’un haussement d’épaules, dos à dos… L’ivresse de la connaissance s’avère légère comme une plume d’hirondelle ou plutôt une plume d’oie ! 

Il reste à réinventer les encriers pour enchanter les portables laissés à la discrétion du porte-manteau, comme on détrousse les bandits de grand chemin en leur demandant d’abandonner leurs armes à l’entrée des églises.

                                                                           © Laurent BAYART

                                                                                      29 août 2021

LES ARBRES DRESSES COMME DES CIERGES VERS LE CIEL…

photo Marie Bayart

Ivresse en mille béatitudes dans la prière de l’instant, arbres, vous êtes mes frères du domaine du silence dans cette forêt peuplée de mille âmes qui chantent les cantiques du ciel et de la terre. Entre minéral et végétal, l’homme et l’animal se révèlent n’être que des ombres et des confettis dans le paysage. Epicéas dressés comme des cierges dans cette cathédrale à ciel ouvert, je nourris mon âme de votre présence qui rassasie ma soif d’absolu et de plénitude. Je m’installe dans votre invisible paix et vous venez m’apprivoiser de votre muette sérénité. Quelques chiffes de nuages passent telles des fresques sur des vitraux où une kyrielle de saints en épines de pin jouent de l’épinette sur vos instruments en bois de sapin.

J’aime ces moments bénis où Dieu semble vouloir m’indiquer la sente pour de lumineux rendez-vous.

Me retrouver dans l’absolu comme une promesse d’étoile sur le candélabre d’un feu.

Mon cœur est un autel où brille la lumière qu’il nous faudra rejoindre un jour…Là, nous quitterons le soleil de nos éphémères journées pour nous glisser dans son immense flamme où brûle l’essence de toutes vies qui s’appelle l’éternité…

                                          ©   Laurent bayart

                                               27 août 2021