Archives de catégorie : Blog-Notes

BILLET D’HUMEUR / ACTE 179 / UN BESOIN DE REENCHANTER NOS VIES …

photo de némorin, alias Erik Vacquier.

          Il suffit de se laisser emporter par le souffle de l’indicible qui chuchote le cantique de l’invisible dans nos oreilles. Chercher le merveilleux dans l’apparence trompeuse du quotidien qui brouille nos existences. Des ange-gardiens y foisonnent et viennent nous effleurer de leur bienveillance venue des outre-mondes. Nous ne savions pas que nous ne sommes finalement pas seuls… L’humanité n’est jamais aussi belle que lorsque nous nous abandonnons à la dérive, sur la coque d’une feuille morte imaginaire qui court avec l’onde et le fluide des eaux vives, en son électricité liquide. Légèreté des instants enchantés. Et, voici que je devine plus que je n’aperçois quelques divines présence venant coudoyer ma peau, jusqu’à la caresser sans l’étreindre. Ombres fécondes qui racontent l’inépuisable puissance de la vie. 

Dieu ne cesse de nous envoyer ses messagers en oriflammes d’amour, dans le drapé de l’éphémère.

Il pose ainsi quelques cotillons d’éternité, histoire de nous offrir un avant-goût de la grande aventure qui nous attend, lorsqu’il sera temps de partir en voyage dans l’immense bulle lumineuse d’une étoile…

                                                                   © Laurent BAYART 

                                                       30 juillet 2021

CARNET ROSE / BIENVENUE A GUSTAVE !

Gustave, Petite luciole

Sortie de la grande nuit

Viens nous enchanter

De tes petits gazouillis

Dont on entendait déjà

Le chuchotis à travers

La fine cloison du ventre

De ta maman

Les voix que tu percevais

Durant des mois

Se sont transformées en visages

Pour venir tracer des sourires complices devant toi

Les bras se sont levés pour te prendre

Et t’étreindre comme en un couffin

Quel bonheur de faire enfin ta connaissance !

Comment vas-tu Gustave ?

Elle était bien ta boite-box

Dans laquelle tu as grandi durant tout ce temps

Avant de te présenter à nous ?

Il te plaît ton prénom ?

– Eh, dis donc, ils sont tous sympas

Les membres de ma famille !

Réunis autour de moi

Pour notre première rencontre

Comme un collier de perles

De minois bien sympas

Bonjour maman !

Coucou papa !

Salut Frérot !

Je crois qu’on va bien s’amuser en duo

On va tous apprendre à s’aimer désormais

A s’apprivoiser

Mais ça a déjà bien commencé !

Dis Alphonse, tu me prêtes ton train ?

Moi, je te donnerais un peu de lait en rab

En échange !

Ca te va ?

Maman en a encore plein

Dans sa buvette

Viens frangin, on va trinquer

Avec un bon coup de blanc

Après tout

Y’a pas que les adultes

Pour s’improviser un apéro !

La vie va être super belle

Tous ensemble…

Moi, je m’appelle Gustave !

                                                             Laurent BAYART, dit Papilo

                                                                     17 juillet 2021

LITTERATURE ASIATIQUE / LES ANNEES DOUCES OU LA SACOCHE DU PROFESSEUR.

          Encore une belle découverte asiatique aux éditions Picquier – qui décidément regorgent de petites merveilles littéraires – en lisant le roman d’Hiromi Kawakami, romancière et essayiste japonaise, l’un des écrivains les plus populaires en son pays. Une véritable pépite dont on dit qu’elle a su s’imposer dans le monde littéraire japonais par la tonalité très particulière de son style, à la fois simple et subtil. 

Cet ouvrage joliment intitulé Les années douces raconte avec finesse et intelligence les rencontres improbables d’une jeune femme avec son vieux professeur de littérature, septuagénaire et veuf,  dont le théâtre se situe dans un café sous le talisman de l’emblématique saké…Cela pourrait être un récit sulfureux mais Hiromi Kawakami le pétrit de grâce et d’une incroyable tendresse qui illumine cette narration d’une dizaine de textes comme des récits à part. Parcours se transformant en inexorable passion amoureuse qui ne dit pas vraiment son nom…sans jamais tomber dans le trivial de la vulgarité.

On se délecte, au fil de la lecture, comme dans La cueillette des champignons où la femme du vieux professeur déguste un champignon hilarant…Le médecin m’a appris avec nonchalance qu’une fois que le poison s’était infiltré dans le sang, les soins n’étaient pas d’une grande efficacité, pour ne pas dire pratiquement inopérants.Plus avant :…et tout en regardant de travers ma femme qui riait de son côté dans le living, j’ai infusé du thé très fort. Elle a avalé son thé en riant, moi, j’ai bu dans la colère. 

On évoque aussi l’expression tashô no en qui signifie plusieurs vies, vivre en se réincarnant dont l’origine se situe dans la pensée bouddhiste, selon laquelle tous les êtres vivants se réincarnent plusieurs fois.

Le maître, vieux professeur, disparaîtra et laissera à la jeune femme sa serviette comme un petit héritage de tendresse. Et Tsukiko  d’implorer à l’absent :Je voudrais tant vous revoir. Vous voulez bien n’est-ce pas ? D’en haut le maître me répond. Oui, un jour, sans faute.

Le vide de l’absence remplit le cœur et l’âme de la jeune femme. Sublime écriture qui, elle aussi, ne meurt pas…

                                                                  © Laurent BAYART

* Les années douces, roman traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, de KAWAKAMI Hiromi, éditions Philippe Picquier, 2003.

LIVRE / LE FACTEUR BUISSONNIER ET CHEMINEAU DE L’AUBRAC.

         C’est ce qu’on appelle, en guise de raccourci, un roman régionaliste, comme si la littérature se faisait – parfois – champêtre en chantant l’allégorie des terroirs qui sentent bon l’authenticité, en contre-point de la grande uniformisation du monde. Avec ce livre « Un facteur pas comme les autres », Michel Fabre nous fait visiter l’Aubrac par le biais d’un facteur couleur local qui cumule un peu tous les métiers, en plus d’être un homme de lettres (dans le sens postal du terme !). Il se fait maquignon et garde-chasse pour la circonstance, ce qui ne plaît pas forcément à tout le monde dans le landerneau du coin ! 

Rappel géographique : L’ Aubrac est un plateau d’environ 40 km de long sur 20 de large, qui s’étend sur trois départements : la Lozère, le Cantal et l’Aveyron. Son nom vient de l’occitan Alto braco (lieu élevé). 

L’auteur, un peu à la manière de Bernard Clavel, nous emmène dans une narration qui fleure bon le foin, les vieux métiers et les gourmandises naturelles où il écrit élégamment : le pays est coutumier des sautes d’humeur et des sauvages retours d’hiver en plein été. D’ailleurs, ceux qui vivent là ont toujours un œil vers le ciel. Le glossaire, à la fin du volume, nous offre un panel croustillant de mots qui sont de petits morceaux de poésie locale que l’on savoure. 

On appréciera, avec délectation, les descriptions de ces « champs de foire », vestiges d’un autre temps, que l’auteur semble connaître comme sa poche ou sa gibecière : A la sortie du champ de foire, un vieux guéridon est recouvert de drap sombre sur lequel sont déposés les avis de décès. Cette tradition remonte à la nuit des temps…Plus loin : Au cul de son camion, un marchand propose de la pomme de terre par sacs de cinquante kilos, des raves et des cents de plants de saison…

Sans fioritures mais avec un sens de la narration, digne d’un conteur d’autrefois, Michel Fabre raconte l’Aubrac sous les pas d’un facteur pérégrin qui use ses semelles pour aller visiter les boites à lettres, mais pas que…

                                                                ©  Laurent BAYART

Un facteur pas comme les autres, roman, de Michel Fabre, Le chant des pays, Editions Lucien Souny, 2019.

TOUR DE France / LES VIEUX DEMONS OU « TOUT EST BIEN DANS LE MEILLEUR DES MONDES » DIXIT VOLTAIRE…

         Boum patatras, on croyait « que tout était bien dans le meilleur des mondes » en paraphrasant Voltaire et son Candide, (qui n’était pas coureur cycliste !), mais voilà que les vieux démons du Tour de France surgissent à nouveau et que l’équipe des gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) se met à procéder à un contre-la-montre en allant perquisitionner à l’hôtel de l’équipe Bahrhain pour une suspicion de dopage. Oups. Retour vers le futur ? Décidément, la culture de la seringue (Bien qu’on n’en ait plus vraiment besoin avec les docteurs Follamour de la pharmacopée !) revient toujours en force, dans le genre Chassez le naturel…

On pensait que le grand ménage avait été fait et voilà que l’on vérifie (à nouveau) les ordinateurs, les poubelles, les paletots et les frigos des équipes du Tour de France. L’histoire – décidément – se répète inlassablement…

Un chroniqueur avisé du Canard Enchaîné vient d’écrire : C’est l’histoire d’un blondinet, fluet, impassible qui met les champions de la petite reine en état d’apoplexie…Il s’agissait alors (en 2008) de Riccardo Ricco qui fut contrôlé positif à l’EPO et dont le « sulfureux manager était le Suisse Mauro Gianetti… »

Aujourd’hui, les yeux des consultants brillent pour Pogacar, l’immaculé slovène (sorti de nulle part). Lui n’a que 22 ans, et les exploits de son prédécesseur transalpin font pâle figure à côté de son écrasante domination. Mais il n’est plus question de sulfureux manageur : son équipe UAE Emirates, est cette fois dirigée par…le Suisse Mauro Gianetti.

Il n’y a décidément jamais de hasard au pays de Candide ! La caravane passe (tousse) et la roue tourne. A quand le vaccin contre la naïveté ?

Là, pour le coup il faudrait –au moins – deux doses…

                                                © Laurent BAYART

                                                                       16 juillet 2021                                           

BILLET D’HUMEUR / ACTE 178 / LA BEAUTE ET LES ENFANTS SAUVERONT LE MONDE…

Haguenau, photo Marie Bayart.

         Instants à cueillir les secondes au fil de l’eau qui ruisselle dans cette magnifique fontaine en grès. Y-a-t-il des poissons rouges, les enfants ? Comme des virgules qui frétillent dans le grand bocal de cette conque en pierre. Poissons globes et carpes Koï ? A moins, qu’une sirène ne s’amuse à esquisser une folle chorégraphie avec la chevelure d’une algue ? Ivresse de laisser vagabonder et baguenauder vos yeux pour se rassasier de ces moments partagés. Fratrie de trois pommes à savourer ce ruisseau canalisé et domestiqué au cœur même de la ville.

J’aime cette espèce d’éternité qui vient enchanter les minutes buissonnières.

La beauté sauvera le monde et nous avons, les enfants, de plus en plus besoin de vous…car nos yeux d’adultes ne savent plus l’émerveillement et la jubilation.

Fontaine que vous imaginerez source pour irriguer et rassasier votre soif de vivre pour demain.

La beauté et les enfants sauveront le monde…en une immense cure de jouvence.

                                                © Laurent BAYART

                                                11 juillet 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 177 / TRAVERSER LA LIGNE JAUNE…

Passer la ligne jaune (ou rouge) et la faire bouger avec le compas de ses jambes. Aller au-delà de ce fil peint, tendu sur le sol comme une corde d’équilibriste. La vie, parfois, ne tient qu’à un fil…Marcher de l’autre côté de ces mondes rectilignes et linéaires. Passer outre l’interdit. S’engager dans cet horizon nouveau qui s’ouvre à nos libertés retrouvées. S’inventer un autre chemin entre cailloux et voies lactées. Danser sur le macadam apprivoisé des barrières horizontales. No man’s land, telle une terra incognita, ou une zone franche fichée entre deux frontières. 

Marcher d’un pas allègre, accompagné par son ombre, sur les différentes strates du sol en manière d’œuvre d’art. Singulier parcours sensoriel sur un quai de gare.

Chorégraphies des pieds qui s’en vont inventer un chemin… de traverses.

Plus loin, la voie ferrée comme un voyage à ras de terre.  En terre inconnue.

A composter l’invisible billet d’une échappée (re)belle.

                                                 © Laurent BAYART

                                                                         6 juillet 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 176 / NOUS SOMMES DEUX…

photo Patricia Chabas, Bretagne.

          Le vent mauvais nous a emportés dans le sable fin de nos rêves, à imaginer des jours meilleurs que nous tricotions ensemble à force de se tenir les mains jointes, dans la prière du bonheur, à s’accrocher aux palpitations de l’amour tels des coquillages sur les falaises. Après tant d’années, les yeux écarquillés, nous avons résisté aux embruns, aux tempêtes et à la rouille qui se glisse –inexorablement- sous la coque des bateaux. Vivre intensément comme un rendez-vous qui n’aurait plus de fin. Figé dans l’agenda des jours qui passent et nous tourneboulent. La houle a jeté les couleurs d’ardoise et de craie sur nos soleils bousculés. C’était hier que nous nous étions rencontrés. Blouse blanche d’infirmière et moi, poète, trop rêveur pour s’accrocher au goudron du plancher des vaches. Les mots portaient mes pas dans l’allégresse des rencontres. Les étoiles dans les yeux que je t’ai partagées avec toi, jusqu’à t’en déposer une au fond des pupilles.

L’océan, et sa grande marée, un jour nous emportera. Dans les pays dont nous n’avons pas idée.

Partir, c’est ne plus regarder passer les nuages, mais devenir mouette ou goéland à jongler avec les vents d’autan, et s’amuser de l’instant qui s’éternise et fait du surplace.

Dieu, comme un cerf-volant, nous poussera plus loin, beaucoup plus loin…

On appelle ça, le grand large.

                                                                                         30 juin 2021

                                                                   © LaurenBAYART

BILLET D’HUMEUR / ACTE 175 / S’INVENTER DES VOYAGES POUR ALLER PLUS LOIN.

photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

         

Un sac sur le dos, comme une guitare buissonnière, un bâton de pèlerin et le chemin qui déroule sa liturgie de caillasse droit devant nous. Au loin, l’horizon se laisse apprivoiser. Y-a-t-il besoin d’une carte pour s’enfuir vers les lointains ? Il y aura forcément un océan pour aller à notre rencontre. Le chemin de Compostelle est bien borné de coquilles, alors, pourquoi pas ? Le monde tourne autour de nos souliers, jusqu’à nous donner le tournis. Le voyage est une invite à la folle escapade et à l’ivresse des paysages que l’on veut caresser de ses propres yeux. La valise est bien trop lourde pour la bourlingue vagabonde. C’est un poids mort sur la poitrine. Partir, léger comme l’air avec un air de musique dans la tête. Voilà notre destinée…volage.

La route est une partition et les kilomètres représentent des notes de musique sur lesquelles glissent nos semelles.

Partir et s’inventer des voyages avec une étoile au fond de nos pupilles.

Les nuages comme des moutons obéissants, avec plus haut, l’étoile du berger qui pose sa bienveillante lumière.

Et, dans les confins du ciel, Dieu pour nous guider et veiller à notre itinéraire.

Notre autre soleil. 

Gouvernail et tabernacle.

                                                              © Laurent BAYART

                                               20 juin 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 174 /LECTURE MUSICALE DANS LA COUR DE LA BIB OU SE RETROUVER ENFIN…

         Les mois se sont passés et ont posé leurs cloques sur les feuillets des agendas qui se sont vidés, comme s’écoule l’eau de la clepsydre. Le coronavirus a lancé ses invisibles lansquenets et troupes de soudards sur nos existences paisibles et a tout chamboulé. Tout annulé. Tout reporté à des jours meilleurs. Il a fallu pratiquer la distanciation, le sourire étouffé dans un masque, le lavage des mains au savon hydrogel et surtout ne plus se toucher, se tenir, s’embrasser…

Les mots sont devenus orphelins, les phrases commençant toujours par un point final… Et, l’autre jour, après des mois et des mois de disette, se retrouver enfin dans la belle et spacieuse salle d’animation de la cour de la bibliothèque…Toutes fenêtres ouvertes. Un grand bol d’air sur les partitions et les ouvrages ouverts ! Les chaises assemblées, en attente de vous revoir tous. Enfin extirpées de leur remise, assemblées l’une sur l’autre dans l’obscurité de l’oubli et de ses poussières. En attente de rendez-vous festifs.

Se retrouver enfin au son de l’accordéon et des mots en goguette. Les notes et les paroles sont venues enfin à votre rencontre. Quel bonheur de se revoir ! Même masqués…

Les chaises se sont retrouvées habitées. Le monde est si beau lorsqu’on se rassemble et se ressemble…

A l’écoute de nos cœurs qui tambourinent de cette jubilation de se retrouver. Enfin.

Tout simplement.

                                                                                 © Laurent BAYART 

                                                                                         19 juin 2021