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LIVRE/ LEVEAUX FAIT BŒUF AVEC « SEXE, DROGUE ET NATATION »

Ah, le titre est on ne peut plus « accrocheur », voulu par l’éditeur (communication oblige !), Amaury Leveaux ayant préféré celui (un peu niais) de « Plouf »…En tout cas, ce « Sexe, drogue et natation » a fait des vagues « tsunamidales » entre les lignes et les odeurs de chlore des bassins ! Ce n’est pas celui de Gainsbourg avec son célèbre « Sea, sex and sun » ! Même si ça y ressemble… phonétiquement parlant. Ce récit/témoignage d’un champion de natation au palmarès impressionnant : 4 médailles olympiques, 4 médailles au championnat du monde et plus de 40 aux différentes compétitions européennes, a donné la chair de poule aux édiles et autres athlètes des plans d’eau ! Et pour cause…

Le champion de natation, natif de Delle, près de Belfort, se livre sans tabou sur une jeunesse laborieuse avec une maman qui s’est retrouvée, seule, abandonnée par son mari et qui doit faire face à de grosses difficultés financières. Il est très vite repéré par un entraineur qui a du flair : Vincent Léchine. Et là, tout s’enchaîne en crawl et papillon. Le nageur-compétiteur est en mode combat : Moi, quand je ne gagnais pas, je faisais la gueule. Il est gentil, Pierre de Coubertin, mais je n’ai jamais pensé que l’essentiel était de participer. L’essentiel est de gagner. Celui qui avoue ne plus arriver à se débarrasser de l’odeur du chlore calcule qu’il a dû –durant sa carrière de compétiteur – « parcourir » près de 70.000 kilomètres dans les piscines !

Il parlera sans ambages du dopage (injections de testostérone pour certains !), de ses virées nocturnes hyper arrosées et de ses entrainements délicats le lendemain…de la drogue, des abus en tout genre et de ses noubas entre nymphettes et alcools en passant par la cocaïne, lui qui avoue qu’il grillait un paquet de cigarettes par jour…. !!!

Bref, on tombe sur les fesses en lisant cet ouvrage qui dépareille avec les images gnangnan des champions. Ce n’est – certes pas – de la littérature mais c’est intéressant, l’inverse n’étant pas toujours vrai !

                                                                                                               @Laurent BAYART

* Sexe, drogue et natation, un nageur brise l’ormeta de Amaury Leveaux, Fayard, 2015.

 

FOCUS/ A CAMILLE, PETITE FEE QUI VIENT D’ARRIVER…

 

Camille,

Te voilà enfin arrivée

Ballerine de l’espace

Petite fée si frêle

Au visage fluet

Que nous couvrons

De nos tendres baisers

 

Camille,

Des mois à t ‘attendre

T’imaginer

Te deviner par la lucarne magique

Des échographies

 

Soudain

Tu surgis

Comme un enchantement

Nouvelle étoile

Au firmament de notre ciel

Et de notre famille

 

Plus belle et gracieuse que rêvée !

 

Camille,

Je dépose quelques mots

Au-dessus de ton berceau

Comme on prendrait

Un bouquet de photos fugaces

Camille,

Peut-être que demain

Tu suivras le chemin

De ceux qui t’ont précédée

Danseuse, génie du bricolage,

Tricoteuse du multimédia,

Ingénieuse, animatrice,

Musicienne, guitariste,

Passionnée de cinéma,

Poétesse ou écrivain(e)

Et que sais-je encore !

 

L’avenir t’appartient

Et tu l’imagineras à ta façon

 

Camille,

Jour après jour

Tu t’affines

Et apprivoises la lumière du soleil

Ainsi que tous ces visages qui

Sont comme des anges gardiens

Bougies qui brillent autour de toi

 

Jules, ton grand-frère, te couve avec affectionEt Alphonse, ton cousin, qui t’a précédée de quelques semaines, t’observe avec les billes émerveillées de ses yeux

 

Camille,

Voilà que notre monde s’enrichit

D’une nouvelle lumière

Qui nous habite déjà

De Mundolsheim à Vesoul

Les distances ne sont plus

Que d’anecdotiques raccourcis

Les mondes se rejoignent

Aux confins des couffins…

 

Tu es notre passerelle/tourterelle

Notre petit pont vers l’avenir

Notre envie de poursuivre le chemin

A tes côtés

De ne jamais s’arrêter

Te voir grandir/mûrir, sourire…

 

Avoir un enfant, c’est mettre

Des fleurs de magnolias sur nos prochains calendriers.

 

Camille,

La vie est un généreux rendez-vous

Pour lequel nous sommes heureux d’être à l’heure

En ta compagnie

Merci de nous y avoir conviés !

Un jour de février…

 

Camille,

Sûr que les deux ailes de ton prénom

T’aideront à prendre ton envol…

 

Camille…

Merci, jolie petite fée,

De nous rendre la vie toujours plus belle

Avec deux L !

 

@ Laurent BAYART

20 février 2018

10h34

 

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 54 / GLA GLA CIALE OU LA METEO COMPLETEMENT GIVREE !

On l’avait presque oublié sur le calendrier : l’hiver – qui ne fait désormais plus peur à personne – se met à faire grincer les dents, pincer les oreilles et frigorifier les orteils. On pensait (à tort) que la quatrième saison n’était presque qu’une aimable prolongation de l’automne ou la cinquième colonne du printemps… Les saisons ne sont plus ce qu’elles étaient mon bon monsieur ! Mais où sont donc passées les neiges d’antan ? Moufle de saperlipopette, voilà que le train « Moscou-Paris » (drôle d’image ferroviaire !) déferle sur les quais en provenance de Sibérie, nous dit-on… Les météorologues ont prédis une attaque massive. Une sorte d’Anschluss polaire ! Les ours éponymes vont venir nous envahir avec une artillerie de pingouins et de manchots ! La guerre (froide) est déclarée. A vos casemates emmitouflées. Ligne Maginot bien chaude…Alerte orange ou rouge, ou plutôt gla gla ciale. La température a du tempérament. Oups, on se voyait déjà à travailler torse nu au jardin, à bêcher la terre avec une bouteille bien fraîche à ses côtés. Glacée oui. Le frigo est dehors ! Et les bourgeons, éclater en valse de couleurs sur les branches des arbres. L’exubérante nature offre une symphonie de verdure et une palette de couleurs. C’est loupé/râpé. Les magnolias peuvent piétiner d’impatience sur leurs bancs de touche en compagnie des forsythias !

 

Le « Moscou-Paris » passe à toute berzingue et nous atomise de ses froidures en mode engelures…Nous qui rêvions plutôt d’un « Paris-Brest » sur la terrasse d’un café…Le thermomètre va se mettre à parler russe. Diantre, s’il y a bien une boisson pour ne pas se geler, c’est bien la vodka livrée…par un Orient Express dont les rails sont fixés sur la ouate des nuages…Histoire de jeter un froid sur un éphéméride pétrifié.

                                                                                                            @ Laurent BAYART

24 février 2018

LIVRE / UN CYCLISTE AVEC UN COMPTEUR GEYSER OU MEMOIRE D’UNE APOCALYPSE.

Inspiré de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, le livre de l’auteur espagnol Javier Sebastiàn « Le cycliste de Tchernobyl » nous plonge dans ce passé proche où l’Europe découvrit avec stupeur que le nucléaire pouvait plonger le monde dans le chaos. Nous voilà à Pripiat, ville fantôme, qui se trouve à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, ville figée comme une espèce de Pompéi des temps modernes. Déambulent des personnages qui peuplent un paysage fossilisé entre salles de classes désaffectées et pistes d’auto-tamponneuses…Les temps ne sont plus à la liesse. L’ombre de l’invisible radioactivité affole les compteurs geyser. Dans ce décor de cimetière, Vassia, le scientifique, erre avec sa bicyclette tel un messager de l’apocalypse et des becquerels dévastateurs. Cycliste qui sera poursuivi par les hommes en noir du KGB. La vérité n’a pas bonne presse auprès des politiques et de l’Empire. L’homme travaillait sur le projet « Pamir » destiné à neutraliser à l’époque l’initiative de défense stratégique de Ronald Reagan. Cent dix usines et laboratoires étaient disséminés dans toutes les républiques de l ‘ancienne URSS, avec des projets de centrales nucléaires mobiles, lorsque Tchernobyl explosa le 26 avril 1986…Hallucinantes et ubuesques recommandations faites à la population : Il faut hydrater le corps pour que les particules radioactives s’évacuent par la sueur et l’urine… L’histoire s’inscrit sur un nuage radioactif devenu mythique qui fera fi des billevesées et des mensonges proclamés. Il y avait à Pripiat tellement de césium et de strontium en suspension que, selon l’intensité du soleil, on pouvait le voir. Dévastation et horreur d’un massacre muet. Et puis, quelques conseils entre bon sens et surréalisme afin d’éviter les produits irradiés : Les gens cherchaient des fruits avec des vers, ils savaient comme ça qu’ils n’étaient pas contaminés et qu’on pouvait les manger ».

Ce livre chante avec mélancolie et tristesse l’aubade des gens qui sont morts dans le silence des radiations, « hymne à la résistance dans un monde dévasté ».

On déclare souvent, après les catastrophes : « plus jamais ça », mais des pléthores de bombes à retardement menacent encore le ciel bleu et son soleil. Gageons que ce seront encore d’autres nuages bien innocents et inoffensifs…

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

* Le cycliste de Tchernobyl de Javier Sebastiàn, Editions Métaillé, 2013.

LIVRE / KIM YOUNG-HA, DE MEMOIRE.

 Né en 1968, Kim Young-Ha est un petit prodige de la littérature coréenne. J’ai eu le bonheur de découvrir plusieurs de ses opus (dont Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur, Quiz Show ou Fleur noire) qui désopilent par sa manière de briser les règles et d’emmener le lecteur dans des paysages inédits.

Cette fois-ci, ce surdoué de l’écriture traite de la maladie d’Alzheimer avec une incroyable dextérité et intelligence d’esprit. Il fixe ses pas à ceux d’un ex-tueur en série Kim Byeong-su, 70 ans dans la musette et une flopée de crimes dont il n’a plus souvenance : Les hommes sont tous prisonniers du temps. Et ceux qui sont atteints d’Alzheimer sont enfermés dans une prison dont les cellules rétrécissent de plus en plus vite…Ce personnage déambule dans son existence, sans mémoire, il confond son auxiliaire de vie avec sa fille qu’il pense finalement avoir assassiné comme tant d’autres. L’horreur et la dérision jouxtent en des cloisons fines comme du papier cigarette. L’approche de cette maladie emblématique de nos sociétés est faite avec une grande pertinence. On sent qu’un travail de fond a été mené par Kim Young-Ha : Quand je perds la mémoire du passé, je ne sais plus qui je suis, tandis que si je perds la mémoire du futur (Se souvenir de quelque chose que l’on doit faire dans l’avenir), je suis coincé dans le présent pour toujours.

 Par son architecture, ce thriller psychologique haletant fait songer par moments à l’Etranger de Camus. La maladie jouant le rôle de ce soleil pressant et aveuglant. Les mots disparaissent. Mon cerveau me fait de plus en plus penser à un concombre de mer…

 Malgré son carnet de note et son magnétophone qui pend à son cou, le narrateur, poète et philosophe, marche sur des nuages volatiles. L’auteur, comme il le dit lui-même, se plaît à nous entraîner dans des territoires inconnus de tous, à la manière de Marco Polo.

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

* Ma mémoire assassine de Kim Young-Ha, Editions Philippe Picquier, 2015.

 

MAGAZINE / SPORT ET VIE, CA RIME BIEN, NON ?

Toujours aussi passionnant, ce Bimestriel qui sort ces temps-ci sont cent soixante sixième numéro qui me régale toujours à chaque parution. Dans cette mouture, on y parle du « spectre d’Athènes » en rappelant qu’il ne faut jamais trop se réjouir de se voir « décrocher » l’organisation d’une Olympie ! Rappelant l’exemple de la Grèce en 2004 dont on évalue la facture « finale » à 20/25 milliards d’Euros. De quoi plomber encore plus l’endettement abyssal du pays : 320 milliards d’Euros avec, notamment, des infrastructures flambant neuves qui n’ont – par la suite – jamais servies et sont aujourd’hui livrées…aux herbes folles !

Le dopage y est toujours constamment évoqué, avec une acuité cinglante :…Ils (les athlètes) évoluent dans un monde où rien ne compte en-dehors de leurs performances et parce qu’ils sont prêts à tous les risques et à tous les sacrifices pour réaliser leurs ambitions déclare Anne Sakorafa, ancienne championne grecque devenue députée (et dépitée !). L’article conclut amèrement : Car malheureusement, la victoire revient souvent à celui qui triche le mieux ! Au fait, que fera t’on du cas Froome et de ses quatre victoires dans le Tour de France ? Lui supprimera t’on le palmarès, comme à l’ogre Armstrong (En passant, Philippe Brunel évoque le dopage mécanique à son encontre).

Ce magazine ne se lit pas, mais se dévore, comme une bonne barre de céréales ou une plantureuse banane sur le vélo ! A noter un article passionnant où des études statistiques très sérieuses nous apprennent : qu’un corner sortant amène un but 3 fois sur 100. Un corner rentrant 9 fois sur 100. Hallucinant, non ? L’auteur de l’étude rajoutant bien à propos : L’option du corner rentrant pourrait donner l’impression de vouloir absolument marquer soi-même, ce qui sera mal perçu de la part des coéquipiers…Ce qui fait que ce genre de but direct reste rare…

 A noter aussi, la page sur les pelouses synthétiques et leurs petites billes qui contiendraient jusqu’à 190 substances toxiques…Plus avant, on nous apprend qu’ils ont fait leur apparition dans les années soixante, commercialisés par…Monsanto ! Oups.

Dossiers sur l’haltérophilie (record à l’épaulé-jeté de 263 kilos soulevés par Hossein Reza Zadeh, l’Hercule iranien !), la pédophilie dans le sport (à tomber sur le…cul !) avec des entraineurs à la main baladeuse, que ce soit en natation, gym ou football…Ca dézingue tout azimut. Focus sur Léo Lagrange, si connu et inconnu dont la fête de la musique, initiée par Jack Lang, constitue une manière d’hommage…

                                                                                                                   Laurent BAYART

* Sport et Vie, numéro 166, janvier/février 2018, Bimestriel, 6,50 Euros.

LAURENT BAYART INVITE DU « LIVRE A LIRE », EURO-NEGOCE, A L’IUT ROBERT SCHUMAN.

                                        (photo IUT Robert Schuman)

Passionnants moments de rencontres et d’échanges avec les élèves en Techniques de Commercialisation ainsi que des BTS MUC et BTS NRC de l’Académie de Strasbourg dans le cadre de l’opération EURO-NEGOCE, du « Livre à lire » à l’IUT Robert Schuman d’illkirch-Graffenstaden.

Laurent Bayart a été invité, le mardi 9 janvier dernier, en compagnie d’autres écrivains et des éditeurs, à présenter son parcours d’écrivain-cycliste,  dans le cadre d’un colloque « le commerce dans la littérature ». « A l’heure où d’aucuns se plaignent du manque d’intérêt de la jeunesse actuelle pour le support écrit et la littérature, nous avons choisi de faire de cette semaine. Laurent était accompagné de ses collègues Albert Strickler, Charlotte Abecassis-Weigel, Magali Rudler, Florence Jenner-Metz, Anne Plichota et Cendrine Wolf, Gabriel Schoettel, Emmanuel Parmentier, Pierre Marchant et Eric Catarina.

Un grande merci au Docteur Régine Atzenhoffer de l’Université de Strasbourg pour son accueil et son invitation !

CINEMA/ VAS ‘Y ! L’ASIE DEBARQUE A VESOUL !

 

Youpi ! La 24 ème édition du somptueux Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul va commencer, en « intérieur/nuit », à partir du 30 janvier jusqu’au 6 février. Nous avions, à Mundolsheim, le bonheur d’accueillir en décembre le « caravansérail » du festival à la bibliothèque « L’Arbre à lire » pour une expo rétrospective et une rencontre. Mundolsheim dont il est question dans l’édito du programme 2018 !

 Pour mémoire, ce festival attire plus de trente mille spectateurs, le plaçant dans le Top 10 des festivals de cinéma en France. Il est, en outre, le plus ancien des festivals de films asiatiques en Europe.

Nous voilà donc en « fondue enchainée »… à nos confortables fauteuils du Multiplex Majestic de Vesoul, à savourer la presque centaine de films qui sera présentée durant ces sept jours non stop. Cette année, neuf films seront en compétition longs métrages de fiction dont trois d’entre eux en premières internationales et trois inédits. Au total, une quinzaine de prix sera proposée aux différents membres de jury. Focus particulier aussi sur le cinéma de Mongolie et hommages à des cinéastes majeurs avec le réalisateur chinois Wang Xiaoshuai et le syrien Mohamad Malas…A noter également, la thématique brûlante d’actualité « Paroles de Femmes », les nombreux documentaires présentés et les séances pour le jeune public…

Mais, ce festival n’est pas seulement une succession de films projetés, ce sont aussi des rencontres chaleureuses, des instants d’échanges, des retrouvailles entre festivaliers, des repas conviviaux, des soirées thématiques enjouées, des moments de passions partagées et d’ivresse du vagabondage dans les paysages de l’Asie, de rencontres avec des cinéastes, acteurs et réalisateurs, sous l’œil malicieux d’une caméra enchantée.

Merci à Martine et Jean-Marc Thérouanne, les fondateurs et à Bastian Meiresonne, le directeur artistique, pour cette rêverie en images et ces déplacements immobiles si riches en sensations, émotions et découvertes !

C’est finalement plongé dans le noir que les plus beaux voyages commencent, avec un ciel blanc découpé en rectangle de toile, au fond d’une salle…

Voilà que je commence à parler en version sous-titrée. Chut…le générique commence.

                                                                                                                  Laurent BAYART

 

* 24ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, du 30 janvier au 6 février 2018 à Vesoul.

 

 

 

LIVRE/ LA GRANGE AUX SOUVENIRS DE CLAUDINE MALRAISON

Cet ouvrage de souvenirs, signé par l’artiste-peintre, Claudine Malraison, nous ouvre les portes d’une armoire magique et les pages d’un album d’où s’échappent les poussières aurifères d’un passé enchanté. Voilà que cette plasticienne, bien connue sur la place, troque son pinceau pour le stylo ou le piano d’un clavier d’ordinateur, afin de raconter son enfance dans l’ancien quartier maraîcher de la Robertsau, là où ses parents possédaient une ferme. Dans notre famille, il n’y a que des filles. Je suis la treizième et en plus, je suis née un vendredi treize nous confie, espiègle, l’au teure. « La grange aux souvenirs » recompose ainsi par touches les joies et tragédies d’une enfance où pétillent et fourmillent mille et une anecdotes, drôles, caustiques et parfois dramatiques. Aussi, quand la porte de la grange est ouverte, on voit le soleil pénétrer par tous les interstices. Grâce de ce lieu emblématique qui constitue –en quelque sorte – la ligne de partage des eaux de tous les rendez-vous où gamins et marmots viennent s’encanailler et savourer l’instant. Ainsi, apprend-on au détour d’un feuillet que c’est ici que l’aiguille d’un gramophone a entonné les airs du Beau Danube bleu…Drame également avec la mort accidentelle de Maria, suite à une chute ou ailleurs, la mémoire tragique d’un suicide… L’écriture simple restitue les évocations vintage des années soixante, lorsque le monde était encore un peu coloré par la poésie d’une certaine lenteur. Au détour d’un paragraphe, conçu tel un sentier buissonnier, la petite Claudine, résidente d’une ferme oblige, confie que je serai infermière… ou que, lance t’elle, parlant d’urine et de son oncle : En Alsace, elle est toute jaune à cause de toute cette bière qu’il boit ! Récit à la Pergaud où La guerre des boutons ne se trouve pas trop loin non plus.

Voilà un petit livre à l’esthétique remarquable qui nous offre des instants de bonheur. Noisettes de souvenirs que l’on croque avec délectation, nous permettant de retrouver quelques images sépia d’un passé, pas si lointain que ça, car il laisse encore la buée de sa respiration sur la lucarne des vitres du grenier ou du moins d’une certaine grange…

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

La grange aux souvenirs, récit de Claudine Malraison, Editions Andersen, 2017.

 

 

 

LIVRE/ UN CERTAIN VENDREDI 13 NOVEMBRE…

 

Il ne s’agit pas d’un ouvrage de littérature sportive, « Une belle équipe » a été écrit – comme un antidote – par Grégory Reibenberg, le patron de ce restaurant éponyme bien achalandé qui se situe à Paris, dans le 11ème arrondissement. Nous sommes le vendredi 13 novembre 2015, il est 21h35 et un groupe de terroristes kamikazes va terrasser une vingtaine de personnes, sous la mitraille d’une mini apocalypse.

Le récit rédigé avec simplicité raconte cette lente reconstruction, la bouée sur laquelle il s’accroche, sa fille Tess, narration, d’un homme qui avoue : « Je me sens à moitié humain, à moitié zombie. Je suis comme un automate… » Rescapé miraculeux, il aura perdu une dizaine d’amis, de connaissances et de collègues. Il raconte, avec distance et humanité, sa tournée des psy, les fatras de formulaires à remplir pour se faire indemniser, son audition à une commission d’enquête ubuesque, le gymkhana des rendez-vous avec les édiles, son envie de remettre en route un nouvel établissement afin de continuer à vivre, malgré tout. Grégory Reibenberg essaie de comprendre la barbarie : « A un moment, on se demande tous les trois comment on peut réussir l’exploit de mettre dans la tête de quelqu’un qu’en tuant son prochain, on sauve le monde ? ».

Cette soirée d’enfer du vendredi 13 novembre 2015 où le match de foot France-Allemagne déclenchera la mise à feu de ce pandémonium qui fera, dans la capitale, plus de 130 morts en une soirée. C’est juste avant le massacre de « Charly Hebdo » et après le tsunami de Nice…

On trouve beaucoup de pudeur et de dignité dans ce récit où ne transparaît jamais de haine mais juste l’envie de reconstruire, de comprendre et de résister tout simplement à l’horreur.

                                                                                                                   Laurent BAYART

* Une belle équipe de Grégory Reibenberg, éditions Héliopoles, 2016.