Archives de catégorie : Blog-Notes

DES NOUVELLES DE COREE / LIVRE

 

seoul

Encore une belle et heureuse traduction et découverte, celle qui rassemble une petite dizaine de nouvelles d’auteurs contemporains coréens (du sud, cette fois-ci). Séoul, vite, vite ! présente une palette surprenante de jeunes auteurs, un peu la crête d’une vague vivifiante d’une littérature qui gagne à être connue. Grâce soit rendue aux traducteurs Kim Jeong-Yeon et Suzanne Salinas. Ecrivains qui ont vu l’avènement de la consommation et de la démocratie : « l’intérêt des Coréens s’est déplacé vers l’individu en tant que tel, c’est-à-dire envisagé hors de la collectivité…/…pour déboucher sur une exubérante aspiration à la réalisation de soi »

On se délecte de ces histoires magistralement menées qui narrent les aléas d’une vie moderne et trépidante, univers asiatique et d’un pays que l’on ne connaît que trop peu où s’entrechoquent modernité et tradition. Dans ce registre, le texte Le déménagement de Kim Young-Ha est un petit bijou de dérision et va donner lieu à des comportements « irrationnels ». On notera aussi la très belle nouvelle Cours, papa ! qui raconte –non sans humour- la fuite en avant du pater, comme une allégorie de ces Coréens, nés à la fin du XXème siècle et qui se cherchent…Quand viendra l’heure évoque avec tendresse la disparition d’une sœur comédienne et de la lecture de son journal par sa sœur. Le drame du Grand magasin Sampung, immeuble qui s’effondra le 29 juin 1995, devenant un sanctuaire de ruines et gravats pour cinq-cents personnes…L’héroïne racontant comment le hasard lui fit échapper à cette dévastation, la vie –parfois et souvent – ne tient qu’à l’extrême bienveillance de la destinée…

Cette anthologie est une petite perle d’exotisme et une manière d’ouvrir l’huitre d’un pays à découvrir, pour y sentir l’irrésistible iode de l’exotisme.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Séoul, vite, vite ! anthologie de nouvelles coréennes contemporaines traduites par Kim Jeong-Yeon et Suzanne Salinas, Editions Philippe Picquier, 2012.

STEPHEN BLANCHARD : L’INOXYDABLE PLUME !

L’écrivain bourguignon Stephen Blanchard est un infatigable et inoxydable animateur de l’équipée culturelle contemporaine. Fondateur de l’association des Poètes de l’Amitié, sise dans la bonne ville de Dijon, il a mis à flot également la revue littéraire « Florilège » qui sort –ces jours-ci- sont cent cinquante-sixième numéro ! Rare dans la geste éditoriale littéraire.

???????????????????????????????

Son curriculum est quasiment un inventaire à la Prévert, tant il fourmille de mille et une choses qu’il a réalisées. Syndicaliste, organisateur de manifestations littéraires, d’expositions, de récitals, de lectures, créateur de prix…il foisonne d’activités et d’énergie (dopage ?). Et puis, avec cette incroyable panoplie d’interventions qu’il réalise dans moult (frites !) domaines, on en oublierait presque l’auteur qui se cache derrière l’animateur. Seize recueils de poésie publiés, bon an mal an, qu’il ne cesse de diffuser et parfois de réimprimer. Cet homme de cœur et pluridisciplinaire, fécond à souhait, se révèle être aussi un poète de talent qui manie le langage poétique avec finesse et dextérité.

L’homme d’action, en retraite (??) depuis peu – enchaîne de plus bel : il organise des spectacles littéraires et musicaux, presque soixante-dix par an…Il nous donnerait presque le tournis cet oiseau-là dont les plumes ne sont pas prêtes de se décoller du râble. Au pays du chanoine Kir, notre Icare a mis de la super glu !

Chapeau bas Monsieur Blanchard !

                                                                                                                  Laurent BAYART

« LE BEST-SELLER DE LA RENTREE LITTERAIRE » D’OLIVIER LARIZZA

image la rentrée

 Olivier LARIZZA, pardons Octave Carezza, signe un nouvel opus incendiaire de 228 pages : « Le Best-seller de la rentrée littéraire ». Ne vous fiez pas au gentil toutou qui se trouve en couverture. Galurin de touriste sur le chef, chemise à fleurs et lunette d’intello sur le pif, en train de taper sur le clavier de sa vieille Remington à rouleau. C’est un pitbull lâché au royaume de l’édition ! Notre écrivain nous décrit ses pérégrinations dans le monde des lettres. La parole se lâche en goguette et les citations drolatiques (et véridiques) de ses collègues parsèment l’ouvrage comme on saupoudre du parmesan sur des pâtes italiennes…On se régale, mais ça sent le soufre et le vitriole. Sa plume est rouge lance-flammes et dresse des portraits de ses confrères taillés à la tronçonneuse. Drôles, cocasses, pleins d’esprit, on se régale de ses descriptions et des personnages singuliers qu’il côtoie : éditeurs-poussahs en volutes de cigare, vampes admir-actrices, boutonneux des salons du livre du vendredi, Bernard Pinot-Noir, Houellebecq, Sollers ou l’incontournable Bernard-Henry Lévy qui propose des interventions armées (de stylos), sous couvert de l’ONU, dans la Google valley ! Et puis, il paraît que les écrivains possèdent un taux de suicide au-dessus de la moyenne nationale. Le meilleur remède pour ne pas sombrer dans la dépression, c’est (au final) de dévorer le livre-pamphlet d’Olivier Larizza ! Vous ferez l’économie d’une bonne dépression… de bière sans faux cols (culs !).

                                                                                                               Laurent BAYART

                                        * « Le Best-Seller de la rentrée littéraire » d’Olivier Larizza, éditions Andersen.                            

L’ANNIVERSAIRE DE LA BIB DE MUNDO : CINQ ANS DEJA !

 Un petit hommage particulier à la dynamique et sympathique équipe de la bibliothèque de Mundolsheim, lieu de vie et d’échange, de passage et de convivialité dans le village. La culture est un vecteur important de lien social, on ne le répètera jamais assez. Grâce à Céline Hirtz, Claudia Windstein et Brigitte Thomas, entourées par une équipe de bénévoles compétentes et toujours attentionnées, la bibliothèque propose –tout au long de l’année – des animations, expositions et autres rendez-vous dans un espace aéré, confortable et lumineux.

Sans titre-1

Cette ancienne école primaire est dotée d’un magnifique préau et d’un jardin coquet à l’arrière, qui lui confèrent un cachet intimiste et chaleureux. Les chiffres témoignent de cet engouement et parlent d’eux-mêmes : 16% des habitants de la commune fréquentent « l’Arbre à lire » ! Un bel arbre qui ouvre ses bras aux lecteurs, comme des branches remplies de feuilles…L’hiver n’est pas prêt d’arriver à Mundolsheim !

bibliothèque@mundolsheim.fr

LIVRE/ VERS LA MAITRISE DE LA TRADUCTION DE CARMEN ANDREI

Et en traductrice, je me vois comme un jardinier amoureux de sa plante, qui a toujours peur que la greffe ne prenne pas, que la plante ne se développe pas nous confie Carmen Andrei qui enseigne la littérature française à l’Université du Bas Danube de Galati en Roumanie. Traductrice auteur de nombreux travaux dans ce domaine, elle vient de faire paraître ce volumineux ouvrage de plus de trois cents pages : « Vers la maîtrise de la traduction littéraire – guide théorique et pratique ». Une impressionnante synthèse qui mêle théorie et exercice empirique en français/roumain. Un ouvrage, à la fois didactique et passionnant. Ce livre, érudit et bien documenté, regorge d’informations intéressantes. Travail soigné et exhaustif qui ne manquera pas de captiver les jeunes pousses et autres vocations de la traduction.

Coperta fata Carmen Andrei (1)

Carmen Andrei Carmen Andrei part du postulat que la traduction littéraire est une activité créatrice au même titre que la lecture et l’écriture. Toutes trois aiguisent la curiosité intellectuelle qui reste indubitablement une source de plaisir.

Pari réussi : elle a fait œuvre – à part entière – d’acte de création car le traducteur, à l’instar d’un metteur en scène, est lui aussi un auteur car il réinvente son propre jeu d’écriture et sa manière d’appréhender le monde.

                                                                                                                  Laurent BAYART

  • Vers la maîtrise de la traduction littéraire – guide théorique et pratique – de Carmen ANDREI (Galati University Press, 2014). Illustration de couverture de Iarina ANDREI.

(voir le portrait de Carmen Andrei rédigé dans cette rubrique)

SURPRENANTE DECOUVERTE D’UN ROMAN NORD COREEN

* Des amis de Baek Nam-Ryong, traduit par Patrick Maurus et Yang Jung-Hee, Actes Sud.

Les choses rares sont forcément précieuses, ainsi les infos – autres que celles tamisées (et parfois tronquées) par les feux de l’actualité – sur le quotidien et la vie sociale de la population nord coréenne ne se bousculent pas au portillon.

des-amis

 

Aussi, cette première traduction en France d’un roman venu de la République populaire démocratique de Corée du Nord a attisé ma curiosité. Ce livre : « Des amis » signé par l’écrivain –qui revendique son origine ouvrière- Baek Nam-Ryong (né en 1949) est à tout point de vue remarquable. Qualité d’écriture, excellent rythme narratif et une description de la vie sociétale contemporaine à travers des personnages bien croqués dont les silhouettes pourraient ne pas être inventées… Cet ouvrage traite la question du divorce entre un ouvrier tourneur (et inventeur de machine) dans une fonderie qui se dévoue –corps et âme – à son entreprise Ri Sok-Sun, et sa femme chanteuse Soon Hwi, qui fait partie d’un groupe artistique se produisant dans de nombreuses salles de spectacle. Le lecteur apprend ainsi que dans ce pays, le divorce n’est pas simplement une affaire de couple mais prend des dimensions politiques… En effet, l’ouvrière-artiste sort, peu à peu, de sa condition pour s’envoler dans les hautes sphères d’une certaine forme de vedettariat et d’élitisme au milieu d’un univers populaire et ouvrier…l’une s’élève et l’autre continue sa vie de tâcheron…Débat arbitré par un personnage sympathique et tendre, à l’humanité décalée, le juge Jong Jin-Woo. Une sorte de fin limier psychologue qui joue un rôle d’arbitre au milieu des bris de verre d’une séparation voulue par la femme. L’intrigue est passionnante et le dépaysement garanti.

Les traducteurs écrivant – fort justement – que l’information sur la Corée du Nord peut ne pas provenir uniquement des dénonciateurs qui n’y ont jamais mis les pieds. Bel exercice d’équilibriste car nous avons affaire à un écrivain publiant toujours aujourd’hui chez un éditeur bien connu sur la place, à Pyongyang. L’écrivain prône moins d’héroïsme et plus de réalisme dans les Lettres. Belle prouesse et grisante découverte d’un pays bunker où la littérature a –le temps d’un roman et d’une traduction– entrebâillé la lourde porte de fer…pour nous raconter une surprenante et finalement tendre histoire d’amour…

                                                                                                                    Laurent BAYART

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 12 « LE GRAND SELFIE DU MONDE ».

image

Les temps sont à l’étalement des existences. Big Brother n’a vraiment aucun souci à se faire, nos contemporains participent à l’immense vidéo-surveillance qui observe le monde de ses yeux électroniques – à l’insu de leur total plein gré – Pire, ils participent allégrement à ce grand bêtisier qu’est devenue la communication, via ce qu’on appelle pudiquement les « réseaux sociaux ». On twitte, on followe, on tchatche. On fait part de ses humeurs et autres états d’âme au monde entier… Au final, on « s’auto-flique » en livrant les petites infos de nos vies en pâture…Pendant ce temps-là, la vieille voisine de palier d’en face, morte depuis quelques jours, se désagrège dans une odeur pestilentielle. Les rois du facebook avaient oublié de s’inquiéter de son absence et de lui dire tout simplement bonjour, et pourtant sa boite aux lettres (qui n’est pas électronique !) était bourrée de factures et de pubs…On se souvient (pour certains) de la série « Le Prisonnier », toujours suivi par une grande bulle scrutatrice…Déjà, à l’époque, la liberté tronquée étaient évoquée…

Aujourd’hui, dans les rues, marche une peuplade de zombis fixant le creux de leurs mains : ils sont absorbés par les messages qu’ils déchiffrent sur leurs mobiles…leur Ipad ou Iphone…Que sais-je ! Inutile de saluer les quidams que vous croisez, ils ne vous verront même pas…oups…

L’homme – Narcisse n’arrête plus de se mettre en scène avec la civilisation du selfie. Je me prends – moi-même -, au jeu du self-portrait…et ne vois plus la grande barbarie qui ne cesse de ronger le monde et de nous tailler le portrait. Le danger est campé derrière l’oiseau de proie du clic de la photo…

                                                                                                                    Laurent BAYART

GENEROSITE ET TALENT / LA COMEDIENNE CATHERINE JAVALOYES.

 

mundo5

Incroyable énergie déployée par ce petit bout de femme, passionnée par la dramaturgie et la littérature, qui sait judicieusement et magistralement mettre en scène et en voix les textes des auteurs contemporains. Comédienne, formée à l’art théâtral à l’école Jean Périmony, elle a joué dans plusieurs compagnies avant de fonder en 2003 sa propre troupe strasbourgeoise « le Talon Rouge ».

Une bonne demi-douzaine de spectacles a ainsi été créée dont les remarquables « Mon amour » et « Mad about the boy » de l’écrivain Emmanuel Adely. Prochainement, la compagnie annonce la création de « La campagne » de Martin Crimp, pièce qui sera présentée du 4 au 9 novembre au Taps Gare à Strasbourg.

Généreuse et dotée d’un sens instinctif de la mise en scène, j’ai eu la chance de former avec elle un duo impromptu lors de mes nombreuses lectures musicales dans les bibliothèques et médiathèques du Bas-Rhin. Un vrai bonheur et une charmante complicité.

Catherine Javaloyès fera étape à la bibliothèque de Mundolsheim le vendredi 10 octobre pour une nouvelle lecture musicale, accompagnée de jazz et du vernissage de l’exposition de sculptures de Sylviane Bernardini. Un rendez-vous, d’ores et déjà, à noter dans votre agenda !

CONTACTS / Compagnie Le Talon Rouge, 5 rue Charles Grad, 67000 Strasbourg, talonrouge@orange.fr

BILLET D’HUMEUR / ACTE 11 / L’ETE ITELE ET BFM.

En ces mois de juillet-août, outre la morosité ambiante économique et une rentrée qu’on nous annonce sous neuroleptiques, l’été (pourri, météorologiquement parlant) au niveau de l’actualité constitue du « pain béni » pour les médias, du non-stop pour BFM TV et sa consœur d’ITELE.
Pensez, d’abord avec l’Ukraine, l’histoire du Boeing « dégommé » par un missile sol-air des rebelles à priori, les incessants combats qui se passent dans ces contrées perdues… Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que le virus Ebola, jusque-là estampillé africain, devient quasiment pandémique et surtout incontrôlable, se répandant comme une traînée de poudre noire sur la planète…Vite, à vos masques ! Et puis, il y a aussi le Proche-Orient et Gaza, l’incessant leitmotiv de ce conflit, où ça bombarde à vau l’eau, mitraille et gravats, corps ensanglantés. Purée, quel été !
Et voilà t’y pas que la barbarie en rajoute une couche avec ces massacres médiévaux et autres coupeurs de tête qui chassent les « infidèles » chrétiens (les Yazidis) en Irak. On se croirait revenus aux temps « héroïques » de l’obscurantisme, « Le vingt et unième siècle sera religieux ou ne sera pas » disait un Malraux clairvoyant…Mais, s’agit-il vraiment de religion ?
Pas gaie l’actu en ce moment. On ne parle même plus des carnages routiers estivaux sur la route des vacances…Plus le temps, surbookées les salles de rédaction !
Finalement, vivement la rentrée et les reportages édifiants, sinon récurrents, concernant le prix des fournitures scolaires et les enfants gnangnans, dans la cour des écoles, qui pleurnichent…On en rirait presque si les anxiolytiques ne nous avaient pas déjà flingué les zygomatiques.
                                                                                                                  Laurent BAYART

CARMEN ANDREI OU LA TRADUCTION COMME UNE NOUVELLE CREATION DU METTEUR EN SCENE DU LIVRE.

Encore étudiante à l’époque, j’avais rencontré Carmen Andréi dans les années quatre-vingt-dix alors que j’étais invité à Galati en Roumanie en tant qu’écrivain et éditeur de l’Ancrier. Déjà on sentait chez elle la passion de la littérature et cette envie de découvrir l’âme des mots et des textes.

carmen

Le temps a passé, et diplômes et études studieuses plus loin, cette férue de culture française est aujourd’hui Docteur en philologie romane, Maître de conférences au Département de Langue et Littérature Françaises, faculté des Lettres, à l’Université « Dunarea de Jos » de Galati. De plus, elle enseigne aux étudiants en licence les cours magistraux de littérature française. Cette boulimique du travail, cette « décortiqueuse » de la syntaxe a participé à plus de 90 colloques, conférences et symposiums en Europe et dans le monde entier. Elle a collaboré à une dizaine d’ouvrages dont trois livres en solo.

Comme chacun sait, la traduction est une manière de nouvelle mise en scène d’une pièce qui fait ainsi l’objet d’une création, d’un nouveau regard. C’est le cas du livre traduit. Le traducteur est ainsi un créateur à part entière, la moindre trahison et la magie s’effrite. On ne répétera jamais le rôle essentiel du traducteur qui donne à l’auteur une nouvelle voix et lui permet ainsi d’être audible et découvert dans une autre langue. Sans son entremise, l’écrivain resterait un sédentaire collé aux limites-frontières de sa propre langue.

Carmen excelle dans cet exercice difficile et pointilleux. Ainsi, a-t-elle déjà traduit plusieurs ouvrages en roumain, dont ceux de l’écrivain et dramaturge contemporain Paul Emond. Petit focus et clin d’œil amical à cette amie surdouée qui habille les mots des écrivains d’autres mots (latins) pour les emmener, avec elle, voyager entre Danube et Carpates, dans les terres magiques de Roumanie…si chères à Paul Morand.

                                                                                                                     Laurent BAYART

Contact / carmen_andrei2001@yahoo.fr