Tous les articles par Laurent Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 30 / DERNIER AVIS AVANT LIQUIDATION.

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Il semble que nous assistons (impuissants ou indifférents ?) au grand chambardement d’un monde et d’une Europe qui se décomposent, peu à peu. La barbarie est devenue une image presque habituelle dont le visage n’est même plus flouté. Erotisme macabre d’un siècle qui rogne inlassablement nos valeurs de liberté et d’espérance. O incandescence des jours gris sur lesquels les colombes font office de cible pour tireurs d’élite de fête foraine. Le basculement est latent. Les frontières, que l’on croyait abandonnées aux musées des rétrospectives, s’érigent de nouveau avec des cheveux de frise en sus. Les horizons sont de feu et de flammes et les rendez-vous guerriers.

L’étranger piaffe d’impatience à nos portes. Le voilà qu’il constitue une menace, tandis que les chants de haine des séides de l’apocalypse font voler leurs oriflammes à tête de mort. Et comme si cela ne suffisait pas, les hommes –corporatistes à souhait – se déchirent l’héritage du père pendant que l’incendie se propage…

Peut-être faudra-t-il réinventer des espérances pour ne pas sombrer dans ce grand trou noir sidéral que les humains ont mis en place ? La matière y serait absorbée prétendent les scientifiques ? Ainsi, nous pourrions être amenés à disparaître. Car, pendant ce temps-là, – n’est-ce pas monsieur Hulot ? – les glaciers se délitent et les océans montent tel le mercure d’un ancestral thermomètre. La clepsydre se vide et se fiche éperdument de nos agendas Outlook. Demain est un rendez-vous en pointillé. Mettez-vous bien ça dans la tête ou marquez-le bien en rouge dans ce qui reste de vos éphémérides…

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

LAURENT BAYART AU SALON DU LIVRE DE MITTELHAUSBERGEN

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Première étape de ses pérégrinations littéraires 2016 : Laurent posera son vélo pour tenir un stand au 7ème Salon du livre et des auteurs de Mittelhausbergen, où il présentera quelques uns de ses ouvrages parus en quarante ans d’écriture.imgresIl sera aussi ravi de dédicacer son nouvel opus, livre de chroniques, « La prière du sage » qui vient de paraître aux éditions Orizons à Paris. N’hésitez pas à venir lui faire un « petit coucou » !

  • Laurent sera présent le dimanche 20 mars 2016 à partir de 13h jusqu’à 18h (Espace Sportif et Culturel, rue des Jardins à Mittelhausbergen).

LAURENT BAYART DANS LE NUMERO DE MARS DE LA REVUE BOURGUIGNONNE « FLORILEGE »

 

couverture florilègeLaurent Bayart est à l’honneur dans le numéro 162 de la revue « Florilège » dirigée par Stephen Blanchard. Publication colorée aux couleurs de la poésie et de la peinture. Notre ami poète publie deux textes : L’un concerne la chronique qu’il tient régulièrement « Entre nous soit dit » avec « Nos pages Farcebook », petites diatribes sur les amitiés électroniques… et l’autre, dans le supplément concernant les attentats de Paris : « Attentats ou des fleurs noires posées sur le soleil », chroniques d’espoir malgré tout…

THEATRE / LA DRAMATIQUE DEVOTION AU TRAVAIL, VERSION COMPAGNIE ACTEMOBAZAR.

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Envoûtant spectacle qui traite de l’addiction au travail proposé par la talentueuse compagnie Actémobazar, basée en Alsace. Erwin Motor, dévotion nous plonge (jusqu’à boire la tasse) dans le monde de la manufacture où tout se passe à la chaîne (à l’instar des rapports humains !) et de l’addiction à la productivité, avec cette entreprise de sous-traitance automobile qui emploie, de nuit, la jeune Cécile Volanges, prise en tenaille entre son mari (magistralement interprété par Fred Cacheux) et le contremaître Talzberg (Philippe Cousin) , un zest hypnotiseur et harceleur. Lui-même subit la pression de madame Merteuil (l’étonnante Cécile Gheerbrant), l’omnipotente directrice et souveraine, alias Cruella, qui pose ses monstrueux tentacules sur ses subalternes. Entreprise familiale, française qui ne veut pas aller se délocaliser en Pologne…Et pourtant, la productivité baisse, moins de 3.000 pièces effectuées en une heure, la petite main qu’est Cécile Volanges (Violaine-Marine Helmbold) ne satisfait plus les potentats de l’entreprise.

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Le drame, écrit par Magali Mougel et mis en scène par Delphine Crubézy se joue à la manière des Liaisons dangereuses…L’ambiance est pesante et l’on sent que tout va basculer dans l’absurdité érotico-morbide. Les décors, cubes à l’image de téléviseurs qui reflètent les spectateurs (impassibles consommateurs ?) dans la salle et des rideaux en plastique transparent épais, donnent une ambiance pesante à la pièce.

Le rythme s’accélère et les scènes s’enchaînent (normal). Cette pièce raconte avec justesse les rapports de force d’un monde du travail qui écrase la tête de ses employés, entre aliénation et émancipation. Et dans ce jeu cruel du « toujours plus », la machine infernale finit par broyer le petit grain de sable…L’entreprise sera-t-elle finalement délocalisée ?  Seul le roi de Pologne pourra vous répondre. Et merdre ! Comme aurait dit le père Ubu qui (lui) n’est pas mort (à la tâche) devant son établi.

                                                                                                                      Laurent BAYART

Erwin Motor, dévotion au taps Scala de Strasbourg, jusqu’au dimanche 28 février. Pour tous renseignements :

DelphineCrubézy, metteure en scène
06 18 82 66 99
actemobazar@gmail.com

Catherine Leromain, attachée de production
06 75 62 05 60
ecrire@catherine-leromain.com
http://catherine-leromain.com

 

 

LIVRE/ EUN-JA KANG OU L’AMOUR ABSOLU DE LA LANGUE FRANCAISE

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Il ne s’agit pas de la version coréenne de « L’Etranger » de Camus mais du récit de Eun-Ja Kang, enfant qui vit pauvrement dans un petit village coréen et que l’amour de la langue française va littéralement transformer, voire métamorphoser. La mort de son père et le laborieux travail dans les rizières, sa scolarité débridée où elle côtoie des professeurs parfois autant passionnés par leurs matières que par leurs élèves (féminines)…lui offriront la stature d’un personnage romanesque.

Ce livre « L’étrangère » est à touts points de vue remarquable parce qu’on assiste au parcours chaotique d’une femme portée par une incroyable destinée et une force de caractère impressionnante, dans un décor sud-coréen où les rapports sont parfois bruts sinon tourmentés. Ainsi, sortira-t-elle de sa condition sociale grâce à la puissance de sa volonté, travaillant « jour et nuit, elle assimile une année de grammaire française en trois mois » En parallèle, la jeune femme découvrira l’addiction à l’amour physique, une autre forme de grammaire !

Au final, elle réalisera son rêve : écrire en langue française et se faire éditer. Pour ce faire, elle décrochera la très convoitée bourse de la fondation Cino Del Duca : J’ai consacré quinze ans de ma vie à apprendre le français. Je fais même l’amour en français…

Ainsi, la gamine qui transporte un seau en fer sur sa tête, sur la photo de couverture, a fini par forcer les digues de son destin pour devenir écrivain en langue française. Celle dont les professeurs ne tarissaient pas d’éloges car « soulignant que je suis la première étudiante coréenne qui soit venue à bout des sept tomes de A la recherche du temps perdu…En effet, une sacrée référence…

                                                                                                                     Laurent BAYART

* L’Etrangère (récit) de Eun-Ja Kang, Seuil, 2013.

 

 

37 A L’OMBRE ! OU RETOUR SUR L’EDITION 2016 DU FESTIVAL INTERNATIONAL DES CINEMAS D’ASIE.

 

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Nouvelle (contre) plongée dans les salles obscures du multiplex du Majestic de Vesoul, à l’occasion de l’édition 2016 du Festival International des Cinémas d’Asie qui s’est déroulé du 3 au 10 février. Et, moi qui ne vais pas au cinéma durant l’année (Je « suis » plutôt théâtre !) me voilà en immersion totale et en émerveillement absolu devant la beauté et la singularité des films présentés (90 pour cette édition !). Et nous nous étonnons chaque année de cette incroyable capacité d’absorption que nous avons acquise ! 37 films à l’ombre en six jours, pas mal, non ? Et même pas écoeurés avec tout ça.

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Mes coups de cœur vont à « Voyage en Chine » de Zoltan Mayer, « Japanese Story » (superbe et intense qui se déroule dans le bush australien) de Sue Brooks, « Amreeka/ Amerrika » » de Cherien Dabis, la trilogie des courts métrages de la société de production « Vivement lundi ! » sont quasiment géniaux : « Sous tes doigts », « Le petit dragon » et « Son Indochine ». Surprenant et sublime ce « Untold Scandal » de Lee Je-Yong, remake des « Liaisons dangereuses » à la sauce chinoise… »Milyang Secret sunshine » de Lee Chand-dong où l’on découvre que les chemins vers Dieu (ou plutôt leurs prosélytes) sont impénétrables…Parmi les documentaires, j’ai adoré « Voyage en Occident » ou les tribulations de touristes chinois en Europe qui nous apprennent beaucoup de choses sur la façon dont les Français sont perçus : « Au printemps, ils sont en grève, en été en vacances, à l’automne ils travaillent un peu et en hiver, les Français vont au ski ! » Hilarant…

Et puis, mention toute particulière au réalisateur israélien Eran Riklis auquel un hommage appuyé a été rendu. Plusieurs de ses productions ont été présentées dont « Cup Final », « La fiancée syrienne » (tout simplement un chef d’œuvre !), « Zaytoun » (lorsque la haine se transforme en affection et fraternité) et « Le voyage du directeur des ressources humaines » dans lequel nous avons retrouvé l’âme, la spiritualité et les paysages roumains (pérégrinations dans le romantisme de l’improbable). Ce réalisateur hors norme confie : « Il faut par essence essayer d’aimer ses personnages, tous les personnages, aimer son histoire, aimer son message, ses métaphores, y mettre assez de passion pour ne pas accabler le public ». Plus avant, cet humaniste rajoute : « Il faut de l’attention, de la compréhension, du respect… »

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Bref, une édition encore une fois passionnante, par la multiplicité des films présentés, et ma foi, 37, ce n’est pas encore de la température à l’aune du thermomètre cinématographique, alors : Vivement l’édition 2017 ! Quant à l’overdose, elle n’est pas encore annoncée…

                                                                                                                      Laurent BAYART

UN NOUVEAU LIVRE DE LAURENT BAYART : « LA PRIERE DU SAGE »

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Petit événement que cette édition. Fruit d’un travail d’une quarantaine d’années, Laurent Bayart sort ces jours-ci un livre crucial qui rassemble ses chroniques écrites de 1991 à 2015. Rédigées comme des petites nouvelles qui racontent l’évolution d’une société, « le chamboulement du monde et ses métamorphoses ». Ses textes nous rappellent -en ces temps tourmentés – le caractère essentiel de la culture. Au fil du quotidien, Laurent nous confie – avec humour et poésie – ses coups de coeur et de gueule en nous parlant d’art, de l’actualité et de sport, société dont on assiste peu à peu à ses transformations et mutations. Un témoignage rare et passionnant. Vous pouvez commander ce livre, via le site de l’écrivain. Laurent se fera un plaisir de vous le dédicacer.

Editions Orizons, 188 pages, 20 Euros, port gratuit.

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FONDS ALSATIQUE DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE UNIVERSITAIRE DE STRASBOURG / LAURENT BAYART POUR LA POSTERITE !

 imgres-1Un fonds documentaire constitué de milliers de documents : archives, extraits de presse, articles, manuscrits, revues, anthologies, préfaces, contributions diverses et livres publiés par Laurent Bayart existe depuis de très nombreuses années dans les archives de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg. C’est la plus importante de l’hexagone après la Bibliothèque Nationale de France, et l’une des plus conséquentes d’Europe. Un fonds alsatique, au nom de Laurent Bayart, rassemble 40 ans d’écriture qui est « alimenté » chaque année par de nouveaux dépôts. Un petit pas de poète, un grand pour la postérité. Ecrire, c’est aussi laisser des traces.

LIVRE /CHI LI / UNE PETITE MERVEILLE DE LITTERATURE CHINOISE.

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Bravo à Actes Sud pour avoir publié l’œuvre contemporaine de l’écrivain chinoise Chi LI (facile à retenir et à prononcer !), née en 1957, elle est native de Wuhan dans la province du Hubei. Cette femme est considérée – à juste titre – comme l’auteur le plus représentatif du courant néoréaliste. Ses ouvrages sont de petites merveilles narratives et donnent un focus particulier sur la vie quotidienne postmaoïste des autochtones. A la fois simple et compliquée comme un boulier…chinois.

Parmi les nombreux ouvrages, de cet auteur, lus ces derniers temps (voir, dans cette rubrique, Le Show de la vie), je relèverai tout particulièrement Soleil Levant qui est un véritable petit régal d’écriture et d’humour. Chi Li nous conte les rocambolesques aventures de ce jeune couple : Li Xiaolan et Zhao Shengtian. Le voyage de noces passé, la jeune épouse se retrouve enceinte…Il s’ensuit un véritable parcours de combattant car il faut glaner, à l’administration, le sésame de l’autorisation de naissance ou le certificat d’enfant unique…avant d’avoir eu des velléités d’avortement. Les formalités accomplies, le récit se transforme en époustouflante et déjantée description de la venue de ce bébé dont on suit la gestation, au rythme effréné des parents. A noter, l’épisode hilarant du choix du lait maternel en poudre…préparation des biberons, recherche d’une nounou, regard (un peu hostile) des grands-parents et épuisement d’un papa qui s’investit à fond dans son nouveau postulat…

Petit roman magistral d’un écrivain majeur qui nous fait découvrir la vie de tous les jours dans cet empire du Milieu, devenu moderne et bien attachant. Et puis, à la fin, cet hommage rendu à l’enfant qui chamboule l’existence : Ils étaient jeunes alors, et insouciants, ignorants et fougueux, et toi, insensiblement, tu as fait d’eux des adultes responsables. Avant toi, ils ne savaient pas ce que c’était qu’aimer, et maintenant ils débordent d’amour et d’indulgence…

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Soleil Levant de Chi Li, roman, Actes Sud, 2005.

 

 

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 29 /J’AI REPRIS MON TOUR DE PISTE ET LE COLLIER…

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 Après l’épisode glacial et verglacé, voilà que j’ai repris –avec délectation – ma route cyclable. Quinze jours sans aller à la selle et même pas mal aux fesses, ni de crampes. ! Ouf… Bref, un arrêt sans conséquence. J’ai repris ma piste noire à l’entrée de Vendenheim car il fait encore nuit au petit matin. Les seules avalanches à craindre étant les maîtres et maîtresses qui déambulent avec leurs chiens; petite balade matinale histoire d’alléger les vessies, et là ils sont nombreux les cabots cabotins à lever la patte ! Néanmoins, grande innovation de ces derniers temps, ces braves toutous sont affublés de colliers de guirlandes rouges et clignotantes, qui font que le cycliste les distingue dans la nuit…Genre sapins de Noël. Plutôt original et sympa, non ? Colliers rouges et faisceaux blancs des voitures à la queue leu leu que j’aperçois aussi – un peu plus loin – le long de l’autoroute encombrée…déjà de bouchons. Mais là, c’est beaucoup moins drôle. Parfois aussi, quelques marcheurs inconscients déambulent « tout feu éteint » dans la grande noirceur de la piste cyclable. Heureusement que les cyclistes sont des gens « allumés », eux !

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Bonheur de ce petit effort quotidien en chambre à air. Avec à ma gauche, un sublime lever de soleil au-dessus des montagnes de la Forêt Noire et quelques gros bris de glace qui se diluent lentement dans l’eau du canal, comme dans un gros verre en cristal. Quelques canards s’amusent à marcher sur l’eau ou plutôt sur ces petits icebergs… Et déjà j’enfile mes kilomètres en cette entame de 2016, comme autant de pages d’un gros livre qui m’attend. L’an dernier, huit mille cinq cent dix pages, tout de même…

Mais là, je ne suis pas pressé d’arriver au bout. Chaque page que j’effeuille est un émerveillement au kilomètre. Et en vélo, tourner la page, c’est tourner un paysage…

                                                                                                                      Laurent BAYART