Il semble que nous assistons (impuissants ou indifférents ?) au grand chambardement d’un monde et d’une Europe qui se décomposent, peu à peu. La barbarie est devenue une image presque habituelle dont le visage n’est même plus flouté. Erotisme macabre d’un siècle qui rogne inlassablement nos valeurs de liberté et d’espérance. O incandescence des jours gris sur lesquels les colombes font office de cible pour tireurs d’élite de fête foraine. Le basculement est latent. Les frontières, que l’on croyait abandonnées aux musées des rétrospectives, s’érigent de nouveau avec des cheveux de frise en sus. Les horizons sont de feu et de flammes et les rendez-vous guerriers.
L’étranger piaffe d’impatience à nos portes. Le voilà qu’il constitue une menace, tandis que les chants de haine des séides de l’apocalypse font voler leurs oriflammes à tête de mort. Et comme si cela ne suffisait pas, les hommes –corporatistes à souhait – se déchirent l’héritage du père pendant que l’incendie se propage…
Peut-être faudra-t-il réinventer des espérances pour ne pas sombrer dans ce grand trou noir sidéral que les humains ont mis en place ? La matière y serait absorbée prétendent les scientifiques ? Ainsi, nous pourrions être amenés à disparaître. Car, pendant ce temps-là, – n’est-ce pas monsieur Hulot ? – les glaciers se délitent et les océans montent tel le mercure d’un ancestral thermomètre. La clepsydre se vide et se fiche éperdument de nos agendas Outlook. Demain est un rendez-vous en pointillé. Mettez-vous bien ça dans la tête ou marquez-le bien en rouge dans ce qui reste de vos éphémérides…
Laurent BAYART
- photo de Némorin, alias Erik Vacquier.