Tous les articles par Laurent Bayart

LIVRE / LA TERRE EN NON STOP PAR ANDRE BRUGIROUX.

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C’est par curiosité que j’ai lu le livre d’André Brugiroux (né en 1937), un incroyable bourlingueur, parti pendant des années à pied et en stop, faire le tour du monde. Il en reste un récit hallucinant qu’il raconte dans la 20ème édition de « La terre n’est qu’un seul pays, 400.000 km autour du monde en stop », dont la dernière version (à ma connaissance) a paru en 2006 !

Cocktail génétique étonnant (détonnant) puisque son père était un sédentaire avéré et sa mère une grande voyageuse…Ce livre de 380 pages raconte cette immense bourlingue de six années (18 ans au total) avec 135 pays traversés et 6 passeports grillés. Ce personnage est un voyageur disciple du prophète iranien Baha’U’Ullah qui proclamait l’unification prochaine de l’humanité et l’émergence d’une civilisation nouvelle. Le titre de cet ouvrage est extrait d’une citation de ce sage perse. L’intérêt de ce livre réside dans le fait qu’il raconte – en quelque sorte – un monde disparu puisque ce voyage eut lieu de 1967 à 1973. On y voit l’évolution d’une planète qui bascule, peu à peu, dans cette ligne plate de la mondialisation. Beaucoup d’anecdotes évidemment avec son passage à Mexico où il arrivera (malgré un impressionnant dispositif policier) à entrer dans le village olympique. Plus loin en Nouvelle Zélande, l’avion qu’il a pris atterrit sur un terrain de golf…Sans compter la traversée de l’Alaska avec une pointe à -45 degrés et l’Australie à + 65…Choc thermique garanti ! Quant au Pakistan, ayant étanché sa soif avec un verre d’eau avarié, il traînera une maladie chronique qui ne lui laissera que 52 kg au lieu des 65 habituels…Le voyage en Palestine et en Israël se fera dans les bruits de bottes et de haine…Le monde a-t-il vraiment changé ?

En revenant de ce périple étourdissant, débarquant chez lui, dans son village de Brunoy, sa mère décédée depuis, il retrouvera la silhouette voûtée d’un père malade vaquant à ses occupations, vaguement indifférent…avec ses allures de Jésus Christ, les cheveux longs, prophète d’un seul pays mais aux contrastes phénoménaux. Ulysse revenant dans sa maison…en étranger. Son chien l’a t-il reconnu ?

Quant aux prophéties de ce Persan éclairé, elles sont loin –hélas – de s’être réalisées…

                                                                                                                      Laurent BAYART

* « La terre n’est qu’un seul pays », Editions Géorama, 2006.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 23 / LES MOTS COMME UN DESIR DE REBELLION.

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La création, c’est se prendre au mot, surtout lorsqu’on est écrivain. Flirter avec ce qui demeure de la beauté du monde, s’émouvoir de la parole de l’autre et jeter l’encre sur d’autres rivages. Proposer l’impromptu d’une rencontre, le regard décalé des instants perdus. Essayer d’ouvrir encore les yeux sur ce qui reste d’images. Capter l’instant dans l’émerveillement du temps qui s’effeuille. S’essayer à la beauté malgré la barbarie quotidienne et le grand tohu-bohu du monde. Aller vers l’autre en ces temps d’obscur individualisme où la technologie du multimédia offre des conversations de l’instantanéité, mais fait glisser l’être humain dans la noirceur de la solitude. Envoyer mail sur mail au lieu de tendre la main en brassée de fraternité. Ne plus regarder le quidam qu’à travers le feu follet d’un site Internet.

Se rebeller, s’indigner – sans être dans une quelconque mouvance philosophique ou politique – afin que toutes les messes ne soient pas encore dites. Changer le cours du monde et offrir des fleurs aux perdants, en laissant à leurs pitoyables bras levés ces gagnants/winners de compétition. Ralentir, encore et encore, le rythme fou de cette fin du monde. Inventer de nouvelles rencontres et de joyeuses libations dans cette bande d’arrêt d’urgence, où les capots ouverts, comme des gueules de monstre, fument en volutes blanches des crises cardiaques de moteurs en surrégime. Et se laisser doucement mourir comme on décide de (re)naître lentement.

                                                                                                                 LAURENT BAYART

LIVRE / DANS LES ALLEES DES VASTES COURANTS D’AIR D’ASIE CENTRALE.

 

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A l’instar de ce roman nord-coréen dont j’ai parlé dans cette rubrique (voir plus loin), parfois par la magie des traductions et la pugnacité des éditeurs, nous parviennent des ouvrages singuliers et rares. La montagne éternelle de Mamadali Mahmoudov en fait partie. Cet auteur ouzbek, âgé de 67 ans, croupit depuis de longues années dans les geôles de l’autocrate Islam Karimov. Vous savez ? Il s’agit du président de l’Ouzbékistan qui se paya le luxe d’organiser une rencontre de football avec de vieilles gloires, tel Ronaldo, n’hésitant pas à enfiler crampons et maillot pour aller jouer le match en leur compagnie…Les potentats ressemblent souvent à la caricature du « Roi et l’Oiseau », dessin animé de Paul Grimault et de Jacques Prévert…

Ce livre nous entraine dans les décors –en vastes courants d’air – de l’Asie centrale, où vivent les hommes rudes des steppes, cavaliers aguerris qui s’adonnent au célèbre bouzkachi (jeu de l’attrape chèvre), galopant entre plaines et montagnes. Poésie pastorale et lieux emblématiques comme l’est l’Oqqoya, cette, « montagne éternelle qui veille sans faillir sur l’Ouzbékistan ». Le lecteur va ainsi à la découverte d’une culture, faisant partie d’une mosaïque de pays, anciens « satellites » de l’URSS. Une galerie de personnages est constituée afin de nous faire partager ces aventures picaresques. On apprend ainsi que les Ouzbeks reprochent à leurs voisins kazakhs « leur tiédeur religieuse, tandis que ceux-ci se flattent de leur cuisine ». Plus loin encore, l’auteur nous confie que Pierre le Grand disait « qu’il faut considérer les terres kazakhs comme une clé, comme une porte dans les relations avec l’Orient ». On nous rappelle aussi que le peuple du Turkestan est l’héritier d’une ancestrale culture : berceau de l’algèbre et de l’arithmétique et qu’un certain Al-Biruni fut le premier au monde à avoir créé un globe terrestre. De plus, un centre de mathématiques avait été fondé à Samarcande, ainsi qu’un observatoire, bien des années avant que les astronomes occidentaux s’y intéressent…Bref, ces territoires d’Asie Centrale, si chère à Tamerlan, figure tutélaire, sont – quelque part – une plaque tournante et le berceau des civilisations, lieux de passage sur les chemins de la route de la soie, mais là c’est encore une autre histoire…

                                                                                                                     Laurent BAYART

 * La montagne éternelle (roman) de Mamadali Mahmoudov, traduit de l’ouzbek, éditions de l’Aube, 2008.

 

 

 

 

LIVRE/ZOYâ PIRZâD OU L’IRAN AU FIL DES JOURS.

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La présentation de Zoyâ Pirzâd, romancière iranienne, ne tarit pas d’éloges : Etoile montante de la littérature iranienne, elle transcende le quotidien de son écriture limpide ». Son ouvrage C’est moi qui éteins les lumières est remarquable par l’originalité de son approche. Née à Abadan, d’un père iranien d’origine russe et d’une mère arménienne, elle décrit merveilleusement bien la société chrétienne apostolique d’Iran et constitue un précieux documentaire culturel et ethnique. Personnage tchekhovien, Clarisse est une héroïne autour de laquelle gravite tout un petit monde attachant : sa famille, ses enfants, son mari…ainsi que le voisin Emile Simonian. Est évoquée aussi – et bien sûr – la tragédie du 24 avril, autrement dit, le génocide arménien et de nombreux pans de la culture arméno-iranienne. Finement rédigé, ce livre fourmille d’éléments culturels intéressants en nous offrant une kyrielle de personnages attachants. A découvrir car ces voix se révèlent être rares et sont d’une réelle authenticité.

                                                                                                                     Laurent BAYART

* C’est moi qui éteins les lumières de Zoyâ Pirzâd, Editions Zulma, 2013.

PARUTION DE « TOUS EN PISTE ! »(cyclable)

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Ca y est ! Il est en piste, le nouveau opus littéraire de Laurent BAYART. Il vient de paraître des (impressionnantes) presses du Lycée Gutenberg d’Illkirch-Graffenstaden. Avec ses 56 pages et ses photos en quadrichromie, ainsi qu’une très belle maquette, vous allez parcourir avec l’écrivain cycliste la cinquantaine de kilomètres qui jallonnent son parcours quotidien sur le goudron bordeaux de la piste aux merveilles. Cet observateur du quotidien, hors pair, croque les personnages qu’il rencontre et raconte les mille et une aventures qui lui arrivent… A la fois tendre, poétique et drôle, cet ouvrage est un hymne original aux déplacements en bicyclette et une délicate ode à la petite reine.

* « Tous en piste ! (cyclable), format à l’Italienne, 56 pages avec des photos en quadrichromie de Némorin. Prix 12 Euros.

Cliquer sur ce lien pour commander dès à présent le livre

 

VIENT DE PARAÎTRE : « A PLEINS POUMONS », LE LIVRE LE PLUS PERSONNEL DE LAURENT BAYART

Ce livre n’était pas prévu au programme et puis, sur la demande de l’éditeur, Laurent BAYART est allé plonger au plus profond de sesa_pleins_poumons_couv.indd

souvenirs…Ceux d’un petit garçon de 7 ans en 1964, dont on détecte -in extremis- une tuberculose pulmonaire. Et le voilà entraîné dans une vie de turbulence, un grand chahut qui va tout bousculer en lui. Deux ans de sanatorium, des maisons de santé, des épreuves, des mauvaises rencontres et des années de galère à traverser le feu…mais aussi la rédemption et une lente remontée vers la lumière. Sous le fil rouge de la bicyclette, le talisman d’une vie, l’écrivain-cycliste raconte, avec beaucoup d’humour, de tendresse et de poésie ses années tuberculose. Un hommage aussi à tous les anges gardiens qui lui ont permis d’être ce qu’il est aujourd’hui. Un récit-témoignage rare et émouvant, dans lequel Laurent BAYART se livre, comme on pose son thorax sur la plaque d’une radiographie…

* « A pleins poumons », Andersen Editions, 9,95 €.

lien site / http://www.andersen-editions.com/a-pleins-poumons

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 22 /LE VINGT ET UNIEME SIECLE SERA RELIGIEUX. SANS BLAGUE !

L’ogre de la barbarie ne cesse de rogner le puzzle dépareillé des territoires. Ici, les soldats noirs de l’apocalypse trucident dans de monstrueuses mises en scène, là ils chourinent et se gavent de tripaille, plus loin ils violent, sous des oriflammes en pâmoison, psalmodiant leurs prières pour les dieux de l’hémoglobine devenus sourds à toute pitié et compassion. Et lorsque ce gigantesque capharnaüm sanguinaire n’est pas fini, ces truands s’en prennent aux monuments des civilisations ancestrales, comme si on pouvait égorger les pierres !

Le bruit de cette fureur nous parvient jusqu’ici, avec la bête immonde du meurtre lâche et la tuerie qu’on improvise au coin des rues. J’entends encore ce témoin interroger naïvement les cieux et prendre à témoin des journalistes: «  Mais pourquoi l’avoir tué ? ». Qui pourra répondre à cette question ? Pourquoi ôter la vie à des innocents ? Pour quelle (ir)raison assassiner, encore et toujours ? Et ces enfants, ces femmes, ces vieillards, n’ont-ils pas droit à s’émerveiller devant le spectacle des nuages et du soleil ? De la brise qui souffle ?

André Malraux nous avait pourtant prévenus : « Le vingt et unième siècle sera religieux ou ne sera pas ! ». Pour notre plus grand désespoir, il ne l’est pas, ou si peu…car les divinités n’ont jamais eu besoin de tous ces sacrifices inutiles !

L’être humain est un équarrisseur qui pend les étoiles à des crocs de boucher. Sa prière est une incantation du couteau qui nous laisse la lame à l’œil.

                                                                                                         Laurent BAYART

LAURENT BAYART A LA FOIRE ECO BIO DE COLMAR

 

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Journée non stop pour l’accordéoniste Jeanine Kreiss et Laurent Bayart qui seront présents à la foire Eco Bio de Colmar le dimanche 17 mai, dans l’espace convivial d’une « yourte aux contes » aménagée pour la circonstance.

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Trois lectures musicales seront proposées durant la journée : 11h30, 14h et 16h. Une lecture, c’est bien, mais trois…C’est trois fois mieux ! Venez voir nos artistes et rendez visite aux quatre cents exposants qui seront sur les lieux. Agriculture, alimentation, santé, environnement, bien-être, habitat, éducation, climat et bien-sûr la culture, seront abordés durant ces journées ! (du 14 au 17 mai 2015 au Parc des Expositions de Colmar).