Tous les articles par Laurent Bayart

LIVRE/ MIRCEA CARTARESCU OU LE SEDAR SENGHOR DE LA LITTERATURE ROUMAINE ?

imgres-1Né en 1956, Mircea Càrtàrescu enseigne la littérature et a publié une bonne trentaine d’ouvrages. Je viens de terminer « Le Levant », paru en 2014, qui révèle l’indéniable qualité d’écriture d’un auteur singulier, sachant manier l’humour et saisir les mots pour en faire des papillons de splendeur. Ce dernier opus représente un véritable hymne à la liberté et un plaidoyer pour la poésie où l’on déambule avec Manoïl,  jeune homme sensible et courageux, tourmenté par les malheurs de son peuple  (référence au Maître bâtisseur Manole ?).

Ce livre se compose de plusieurs « chants » où l’humour et la dérision croustillent comme du bon pain frais. Poète troubadour, chantre de la Valachie et des terres roumaines de l’ancienne Dacie, Mircea Càrtàrescu émerveille par la justesse de ses mots et l’amour de son pays, chahuté par les soubresauts de l’histoire : Oh, pauvre pays, gardes-tu des fruits dans tes granges ? Y a-t-il encore du sang chez les Roumains, qui triment depuis une éternité ? Je pense en le lisant à Marin Sorescu, le berger des Carpates. En drôleries permanentes, cet ouvrage fourmille d’une ironie bien roumaine. Il apostrophe ses personnages de romans qui ne connaîtront jamais la camarde : Braves gens, ai-je dit, ne craignez nullement la mort. Parce que vous n’êtes que des personnages…/…Vous vivrez à nouveau dès qu’un œil déchiffrera de nouveau ces lettres, dès qu’un lecteur rouvrira ce livre. Et plus loin, notre écrivain de vanter l’avènement d’un empereur poète, qui chantera la grandeur de notre peuple dans ses vers, comme Sédar Senghor…

Et si, ce bonhomme-là, était tout simplement Mircea Càrtàrescu ?

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Le Levant, roman, de Mircea Càrtàrescu, Editions P.O.L. 2014.

PRENEZ LE TRAM AVEC LAURENT BAYART ET LE THEATRE POPULAIRE DE LA PETITE FRANCE !

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Il n’y a pas que le vélo dans la vie ! Laurent Bayart – dans une existence antérieure- empruntait aussi le tram… De ses pérégrinations, il a publié un récit en 2009 intitulé « Drôle de tram ». Cet ouvrage a séduit la troupe strasbourgeoise du Théâtre Populaire de la Petite France. Elle s’est ainsi inspirée de ses brèves de tram pour monter une pièce intitulée  « Strasbourg, un Tramway nommé Délire ». Cette création va être présentée ces jours-ci à Strasbourg.  Une dizaine de comédiens participera au nouveau spectacle de cette compagnie emblématique strasbourgeoise (la plus ancienne d’Alsace): « Mesdames et Messieurs, Ladies ande Gentlemen, dans ce Tram nommé Délire, nous vous convions au bout du réel, de l’inédit, de l’extravagance et peut-être de la folie. A chaque station, deux flux de voyageurs qui pour la plupart semblent s’ignorer, se croisent et s’entrecroisent, l’un à marée montante, l’autre à marée descendante… »

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Donc, ne ratez pas ce tram qui vous fera voyager au gré de surprenantes stations…

  • du 29 octobre au 5 novembre 2015, salle de la Bourse, Place de lattre de Tassigny à Strasbourg,(dimanche le 1er novembre à 17h, puis relâche le lundi 2 novembre). Réservation : 03.88.65.14.79. ou patrice.lobel@orange.fr
  •  tarif : 10 Euros, réduit 8 Euros, étudiants et lycéens : 5 Euros.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 28 / AIMER AVANT QUE LE CIEL NE FERME SES RIDEAUX…

photo Erik

Les temps sont au chahut, à l’incertitude, aux ballotements et déchirements. Nuages sombres d’une actualité qui ne fait qu’aliéner les êtres humains. Romance de la turpitude des politiques et des bruits de bottes. Les frontières sont bousculées, les oracles annoncent des apocalypses de comptoir. On voudrait tant y croire mais le ricanement des cimetières nous glace les tempes. Et puis, la nature fait encore des siennes ! Les océans se montent en épingle et viennent jouer aux débordements (il ne s’agit pas là de football !), tandis que des cyclones dessinent des spirales folles dans le ciel tourmenté. Même les oiseaux se mettent à voler à l’envers (comme le chantait le regretté Jean-Michel Carradec). Ah, le grand Nicolas Hulot nous avait pourtant bien prévenus…

Moi, je voudrais dessiner encore quelques étoiles sur le front des enfants, et sur tes joues comme des mandarines, à toi petit Jules qui vient de naître et nous émerveille de joie. Je voudrais tant te donner des brassées d’espérance…Mais l’humanité –Alzheimer – n’a plus la mémoire de ses génocides et de ses haines. Et pourtant, c’était il y a quelques fractions de seconde à l’échelle de la planète…Dire encore « Je t’aime » avant que les nuages ne basculent dans la grande dépression.

Aimer pendant qu’il en est encore temps, avant que le Grand Magicien de nos vies tire les rideaux du spectacle. Las de ce que nous avons fait de tous ses miracles…

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • photo d’Erik Vacquier, alias Némorin

ERIC FOTTORINO OU UN SACRE TOUR DE FORCE !

 

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Qui n’a pas rêvé de faire un jour « son » Tour de France ? D’en aspirer les contours avec son vélo ? Eric Fottorino, journaliste et sportif émérite, a réussi le pari fou en juillet 2013 de réunir un peloton d’une vingtaine de coureurs (hyper motivés) et de réaliser le parcours de ces « géants de la route », 24 heures avant leur passage. Il a fallu trouver des sponsors, organiser une logistique imparable et avoir dans leur sillage un certain nombre de voitures suiveuses, et caetera…Trouver aussi et surtout une vingtaine de passionnés volontaires, n’ayant pas peur de faire trembler – voire de déchirer- leur cuissard !

C’est décidé, le 100ème Tour de France aura son éclaireur. Je serai en quelque sorte son signe avant-coureur…confie l’écrivain-cycliste, et de rajouter : Ouvrir le jeu aux jeunes, troquer mon énergie d’organisateur contre la fougue de leur envie. Et voilà que la caravane de ce « Tour de fête » (en hommage à Tati, le facteur de « Jour de fête ») s’élance –à l’instar des pros – de Porto-Vecchio le 28 juin…en ayant obtenu l’accord des organisateurs du « vrai » Tour ! Bien joué.

Avec un capitaine de route du nom de David Moncoutié, ancien champion et coureur professionnel, l’aventure devient non seulement sportive mais aussi et surtout humaine. Un groupe se forme et se soude, des amitiés se forgent au fil des épreuves de ces interminables étapes aux impressionnants dénivelés. Les chutes ne leur seront pas épargnées, le sang coulera et le macadam viendra chahuter la peau de ces compétiteurs de la fraternité, dont l’une d’elles (ce tour-là est mixte) percutera même une vache dans une descente…Plus de peur que de mal, elle ne terminera pas ce Tour dans son canapé en cuir…Ouf.

Cette troupe de saltimbanques du vélo rejoindra tout de même sans encombres Paris. Eric Fottorino écrira –en guise de conclusion – : Adolescent, mon père m’encourageait à avaler des kilomètres. Il se doutait que je ne serais jamais un crack, mais il savait qu’en souffrant sur une bécane, je me forgerais de belles armes pour lutter. Lutter contre quoi ? Contre l’usure des jours, la monotonie, la grisaille, la paresse, que sais-je encore, le désenchantement…Ce livre « La belle échappée » constitue une leçon que le vélo offre à chacun, car il suffit souvent de croire en ses rêves pour les réaliser, et pourquoi pas… en chambre à air !

                                                                                                                      Laurent BAYART

* La Belle échappée, Un Tour de France autrement, d’Eric Fottorino, photographies de Mickaël Bourgouin, éditions Gallimard, 2014.

 

 

LECTURE MUSICALE DE LAURENT BAYART ET PRESENTATION DE L’EXPOSITION DE PHOTOS DE MARC MEINAU.

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Rendez-vous habituelle et incontournable, Laurent Bayart sera de nouveau à la bibliothèque de Mundolsheim pour y présenter une lecture musicale autour de ses derniers opus littéraires. Il sera accompagné par son compère accordéoniste Fabien Christophel, lui aussi habitué des lieux qui possède son fan club local ! Ce spectacle sera suivi de la présentation de l’exposition d’un jeune artiste photographe surdoué : Marc Meinau. Il a arpenté le territoire de Mundolsheim de « fond en comble » et vous propose sa propre lecture du paysage. Surprenant, attachant et poétique. On découvre ainsi avec ravissement et étonnement les lisières du ban communal. A ne pas manquer ce « Tour de Mundo », une manière de clin d’oeil et un mini tour du monde à réaliser…Comme quoi, l’aventure commence toujours aux pas de nos portes ! Il suffit tout simplement d’avoir… l’oeil, comme Marc Meinau !

  • Vendredi 16 octobre 2015 à 20h30, à la bibliothèque municipale de Mundolsheim (entrée libre, plateau).

FOCUS SUR MARIE OTMESGUINE OU LA POESIE PASSE UN (super) SAVON !

 imgresMarie Otmesguine est portée par la grâce. Voilà des années que cette femme inspirée tient l’oriflamme de la poésie et propose des rencontres, comme autant de lieux d’improbables rendez-vous où chacun met sa poésie sur son « trente et un » et s’essaie au jeu d’une oralité et d’une chaleur retrouvée. Marie est l’organisatrice de ce « Café des poètes » qui est devenu un incontournable moment d’humanité, d’échange et de fraternité. La poésie devient partage des mots qui s’envolent vers l’autre. Remarquables instants où les poètes en herbe – quelques fois de très jeunes voix et d’autres dont la carte de visite est déjà bien chargée – se mettent au diapason de cet agora multicolore, où l’ivresse de ce simple bonheur de communiquer et de faire partager le chahut de ces mots nous emporte dans la félicité. Mots volés à un cahier à spirales ou à un (pour les plus chanceux) ouvrage publié, qui prennent chacun des participants aux tripes, applaudis pour avoir « mis aux voix » ces textes qui sortent du plus profond de leur âme. Lectures retrouvées, extra-ordinaires, de ces instants picorés à la fuite du temps qui passe, salon littéraire et cabinet des curiosités dans lesquels la poésie devient une offrande que l’on propose à son voisin.

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Face au succès rencontré par ces rendez-vous, voilà que Marie Otmesguine installe son micro et son ampli dans le très prisé bar restaurant « Les Savons d’Hélène » à Strasbourg, où elle convoque les talents comme on propose de nouvelles fêtes au calendrier. Et la magie s’opère ! A croire que ces temps lugubres et tourmentés incitent nos contemporains à prier avec leurs propres cantiques et liturgies. Marie est un peu devenue la prêtresse de ces lieux chargés d’émotion et d’humanité. Et la chaleur, l’attention et l’écoute y sont merveilleuses pour celui vient se livrer au public. Quel fabuleux moyen donné aux poètes et écrivains de se jeter à l’eau, avec tous ces savons colorés qui font autant de bulles de poésie dans les airs que de pages tournées entre les doigts…La poésie est décidément une inoxydable vieille dame ! Chapeau bas Marie !

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • Prochaine soirée : le vendredi 2 octobre 2015, à partir de 18h15, café des Poètes « Les Savons d’Hélène », 6, rue Sainte Hélène à Strasbourg, avec Cécile Biehler, puis « Scène ouverte » en deuxième partie.
  • Contact : cafedespoetesstrasbourg.eu@gmail.com

 

 

 

LAURENT BAYART AU CENTRE CULTUREL ALSACIEN

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Vendredi  25 septembre à 18h30, au Centre Culturel Alsacien de Strasbourg (5, bld de la Victoire), Laurent BAYART présentera ses derniers opus cyclistes « Tous en piste ! (cyclable) » et « A pleins poumons », parus en 2015. Il proposera un « cycle » de lecture et de dialogue enjoué avec le public. Notre ami écrivain-cycliste, sera pour la circonstance gonflé comme une chambre à air ! Après une tuberculose pulmonaire contractée en 1964, le voilà de nouveau à fond de jante ! Venez vibrer au rythme de ses surprenantes rencontres  et de son récit en forme de témoignage poignant.

LIVRE / SYLVAIN TESSON OU L’HEURE DE LA RETRAITE.

imgresC’est la Bérézina ! Le terme est bien connu : il est employé pour signifier une situation cataclysmique, une incroyable déroute. C’est aussi et surtout le nom d’une rivière en Biélorussie qui fut le théâtre d’une des batailles, devenue mythique, opposant Napoléon aux troupes du Tsar en 1812, lors de la fameuse retraite de Russie. Et voilà que l’inoxydable arpenteur des steppes, Sylvain Tesson s’est affublé d’un tricorne, a abandonné sa Joséphine à Paris, et s’est transformé en aiglon napoléonien, enfourchant un Oural ou « motocyclette à panier adjacent » (entendez un side-car) et vogue la galère…Il a roulé à toute berzingue de Moscou à Paris.

Ce bourlingueur n’a peur d’aucun défi. En homme aguerri il aime les territoires russes et ses grands enfants qu’il décrit toujours avec un sens inné de l’observation, à la façon d’un ethnologue : La vodka est autrement plus efficace que l’espérance. Et tellement moins vulgaire…/…En Russie, l’art du toast a permis de s’épargner la psychanalyse, quand on peut vider son sac en public, on n’a pas besoin de consulter un freudien mutique, allongé sur un divan. Plus loin, notre bourlingueur parlant des ivrognes du pays de Poutine, perdus en hiver sous les amas de neige, sont appelés les « perce-neige ». En effet, au printemps, à la fonte du manteau blanc, ils annoncent bizarrement un curieux printemps…Vous l’avez compris : l’humour est froid et glaçant.

Cet extraordinaire périple est raconté avec son habituel talent narratif et un remarquable sens du récit. Sylvain Tesson refait vivre ces lieux chargés en histoire où les arbres ont repoussé, mais la terre, elle, continue à souffrir. Quand elle boit trop de sang, elle devient un haut lieu. Alors, il faut la regarder en silence car les fantômes la hantent.

Ce livre est un merveilleux « road trip » ou une fastueuse « glissade à la Kerouac », parsemé de poésie. Et en grognard fidèle, le lecteur le suit admiratif. Ce gaillard-là est – l’instar du général corse – un incroyable conquérant !

                                                                                                                     Laurent BAYART

* BEREZINA de Sylvain Tesson, Editions Guérin, 2015.