Tous les articles par Laurent Bayart

LAURENT BAYART EN MODE LECTURE LITTERAIRE A BEAUNE, le samedi 17 septembre a 17h.

Invité par l’association l’Ivresse des beaux vers (et non pas verre, encore que !) de Mady Vernay et Bruno Cortot, dans le lieu magique et magnifique de l’Atelier du Cloître à Beaune et dans le cadre des « Apéroésies » de la ville de Beaune, Laurent Bayart proposera une lecture dans ce cadre prestigieux, suivie d’une séance de dédicaces et du vers (non du verre !) de l’amitié.

  • le samedi 17 septembre à 17h, Atelier du Cloître, 31, rue du Faubourg Saint-Martin, 21200 Beaune (entrée libre).

LES YEUX SONT LES LUCARNES DE L’AME.

Photo de Rémi Picand

                  Aux matines, lorsque je j’ouvre et rabats les persiennes/volets de mes paupières, la lumière du jour (ou plutôt de cette luciole de luminosité qu’est l’aube) vient éblouir mes pupilles. Je chavire de bonheur de me retrouver dans ce petit jour qui ne dit pas encore son nom. Le soleil n’étant qu’une esquisse, une ébauche d’un dessin de Léonard de Vinci, une roue qui tourne doucement sur la ligne d’horizon. Quelques grains de poussières de lampes de chevet…

Mes yeux s’extasient et jubilent de cette beauté qui glisse dans l’instant. Regard qui s’envole au-delà de ma fenêtre vers l’indicible.

Ma rétine est un petit soleil, telle une planète minuscule fichée dans la voie lactée de mes yeux.

Ce cosmos qui me nourrit en images fabuleuses. Mon livre et cabinets des merveilleuses, chambre noire des curiosités où le monde pose ses couleurs en moi, chaque matin.

Mes yeux sur lesquels j’écris le monde que je vois…

                                                                   © Laurent BAYART

                                               9 septembre 2022

NOUS AVONS TANT BESOIN DE RETROUVER LE CHEMIN DES ETOILES.

photo Rémi Picand

          Dans ce ciel à l’ivresse bleutée, je cherche le chemin des étoiles pour y poser la tendresse de l’instant. Contempler le ciel, c’est prier avec les yeux dans le chuchotement de nos pupilles émerveillées. L’azur est un drapeau qui nappe les nuées d’un paysage sans fin. J’y cherche l’étoile du Berger, un coquillage de lune, un confetti de soleil et quelques novae égarées sur le tapis du ciel. Une croix se lève comme un tournesol dans ce champ de lapis-lazuli. Comme un autel sur la nef d’une église, une colombe joue les tabernacles de paix sur l’horizon.

J’aime regarder l’infini sur les territoires du ciel. Là-bas, la ligne d’un avion trace un petit trait. Dieu est-il en train d’écrire avec les ailes de ce papillon à réacteur ?

Quand donc arriverons-nous à déchiffrer tous ces messages que l’on nous adresse ?

Le ciel est une Bible ouverte sur les cantiques de l’invisible. 

Nous avons tant besoin de retrouver les chemins de l’essentiel.

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                         7 septembre 2022

LIVRE/ LITTERATURE EN MONGOLIE OU LA FRAICHEUR DE LA DECOUVERTE.

          Luvsandorj Ulziitugs est une poétesse contemporaine mongole au nom quasiment imprononçable pour les Occidentaux. J’ai été séduit par la couverture  (Solen Zaya Demars) et l’originalité de cette proposition de lecture qui nous fait découvrir un panel de nouvelles. « Aquarium » est un véritable best-seller en Mongolie. Héritière d’une civilisation nomade qui transmet son patrimoine à travers l’oralité, Ulziitugs est convaincue que l’esprit de la littérature mongole est né avec les chansons traditionnelles de son peuple, et que, pour comprendre l’âme de la poésie mongole, il faut avant tout écouter et comprendre ces créations orales…Pour elle, la mort est simplement la limite du visible et une merveille au même titre que la vie. Nous sommes, évidemment, à mille lieues de la conception occidentale ! Écriture, à l’instar de ce territoire sans limite, de cette femme qui a réussi à garder son cœur intact en parlant aux nuages, au soleil et aux étoiles. 

Littérature, parfois à la Kafka, avec cette nouvelle où la narratrice se retrouve plongée dans son…aquarium : au début étroit et froid, je commençais peut-être à m’y habituer…Réalité ou cauchemar, comme en un écran, elle y perçoit les étranges infidélités de son époux. Les images restées sur les lunettes sont une petite merveille de trouvailles littéraires, car en essuyant ses bésicles, les images disparaissent par enchantement ! Dans Elle et lui, je pioche ce petit extrait savoureux : Sa mère avait l’habitude de lui laver les cheveux avec de l’eau de pluie quand il était petit. Tout le monde savait chez lui que l’eau de pluie rendait les cheveux doux et soyeux comme ceux des filles. Grossesse nous entraine à nouveau dans une certaine forme d’absurde où la femme se retrouve enceinte avec des marques sur le corps. Tout cela finira en queue de poisson…L’explication finale permettra au mari jaloux et dubitatif de se rassurer quelque peu…

Ces nouvelles de Mongolie sont de petites pépites qui nous offrent cette poésie de territoire des confins. Une belle ivresse de lecture et une généreuses originalité !

                                                               © Laurent BAYART

  • Aquarium, nouvelles de la Mongolie d’aujourd’hui, de L. Ulziitugs, Editions Borealia, 2017.

Laurent bayart et son pote age dans le dernier numero de florilege.

Laurent Bayart revient avec sa chronique « Entre nous soit dit » publiée dans le numéro d’automne de la revue bourguignonne « Florilège », numéro 188, fondée en 1974 par Stephen Blanchard. La plus ancienne de France ! Jardinier « potageur », il nous raconte « la félicité de ces instants de grâce passés dans mon jardin à jouer du stradivarius avec ma fourche-bêche et mon sarcloir. » Son texte plein d’humour et de poésie s’intitule « Le pote âgé reste toujours jeune grâce à son jardin ». Un peu voltairien le chantre des légumes ! Non ?

  • Florilège, les Poètes de l’Amitié,
  • Contacts / aeropageblanchard@gmail.com

LA LIGNE D’HORIZON COMME UN CHEMIN DE COMPOSTELLE.

                                                               A Brigitte et Rémi Picand,

          Demain, nous aurons besoin d’aubes nouvelles et de sourires retrouvés pour féconder nos espérances mises à mal. Le monde a besoin de nos énergies d’amour, éoliennes du cœur, photovoltaïques de l’âme, géothermies et autres pompes à chaleur de nos tendresses. Il faudra rouler avec l’électricité de nos fraternités, réapprendre à aimer nos contemporains et cette vieille terre lasse de nos frasques délétères. En pérégrins, reprendre le chemin et la sente là où nous les avons laissés.

Aimer le vent qui tourbillonne sur nos cheveux, le soleil qui nous cajole la peau et dessine des arabesques sur l’horizon qui est une ligne droite sur laquelle nous avons tant et tant à écrire encore.

Là-bas, nos ivresses et nos soifs nous attendent toujours et encore, tels des rendez-vous avec l’absolu.

Et qui sait ? Dieu – en compagnon et en frère – viendra poser sa main sur notre épaule pour nous signifier que nous sommes arrivés au bout de notre chemin de Compostelle. L’aventure ne faisant que commencer…

car l’horizon ne connaît pas le petit soleil noir du point final.

                                                                    © Laurent BAYART

ARTS PLASTIQUES / GERVAISE LECOMTE OU LA TENDRESSE CHATOYANTE DES VISAGES.

          C’est une artiste protéiforme qui est passée par la sculpture sur pierre, puis l’aquarelle, les pastels et enfin, par la peinture à l’huile. Elle s’est installée et travaille dans les Vosges Méridionales, plus précisément au Val d’Ajol qui est un creuset artistique. Ces derniers temps, elle « taille » avec justesse, tendresse et une précision « bluffante » de superbes portraits de jeunes femmes qui nous émerveillent. La précision du trait, la finesse des attitudes, la beauté de ses sujets en font une artiste atypique, à part dans le paysage culturel et artistique. Ajouté à cela, des portraits de chats que l’on a envie de caresser et d’étreindre. Tout juste, entendrait-on le ronronnement de ses félins de salons, apprivoisés par le pinceau de Gervaise… Ses tableaux sont une ode à l’amour et la tendresse et par les temps qui courent, c’est une aubaine et des instants précieux qu’elle nous offre, par le prisme de ses couleurs et de ses formes. 

Une douceur de câlin et d’amour à l’adresse de chacun.

                                                                          © Laurent BAYART

  • Bibliothèque « L’arbre à lire » de Mundolsheim, durant tout le mois de septembre, 19, rue du Général De Gaulle, 67450 Mundolsheim. Tel. 03.88.20.89.29.

LA LUMIERE FINIRA BIEN PAR ENTRER PAR LES PAUPIERES FERMEES…

photo d’Alain Tigoulet

          Les temps glissent vers l’incertitude, l’obscurité a renversé sa palette sur nos rétines de fauves. Nous voulions tant un monde meilleur où le soleil pouvait jouer ses andantes à chaque instant. Des cloportes armés sont venus jouer le bal musette de l’apocalypse sous nos fenêtres. Nous vivions d’insouciance et de fantaisie, mais nous ne savions pas qu’il suffisait à des fous d’appuyer sur un bouton pour rendre le soleil borgne. Un monocle sur son œil rouge flamboyant. Des crayons aux mines bien taillées se sont dressés vers l’horizon, missiles de destruction comme si on voulait nous annoncer la fin du monde. Je croyais que les arbres et les fougères étaient plus forts que ces ombres menaçantes couleur kaki ! Des ogives nucléaires sortent de leurs fourreaux métalliques et menacent nos existences. Les nuages joufflus et cotonneux ne veulent pas de leurs particules et scories atomiques. Pourquoi toujours cette danse de Saint-Guy absurde et non pas la promesse des étoiles et des novae ?

Mais la lumière du soleil continue de se faufiler entre les persiennes.

C’est une espérance… chantait Jean Humenry. 

Moi, je veux croire encore au soleil, comme un tournesol planté dans du sable, un bouquet de coquelicot en plein désert de Gobi et un sourire sur l’adresse de l’absence. 

Les anges se sont déguisés en colombes pour venir rouvrir les paupières de nos volets…

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        27 août 2022

LIVRE / LORSQUE LE KAFKA CHINOIS RACONTE LA MORT DU SOLEIL…

          Inclassable et surprenant à souhait, l’écrivain chinois Yan Lianke est un orfèvre d’une certaine forme d’absurde, de dérision et d’ironie, parfois grinçante. Ce n’est pas par hasard qu’il a obtenu le Prix Kafka, en 2014, pour l’ensemble de son œuvre.

Souvent mis à l’index par la censure, il a le mérite de ne pas être un nième dissident vivant en Amérique mais de continuer à vivre et à publier dans l’Empire du Milieu.

C’est le jeune Niannian (malicieux clin d’œil de l’auteur ?) qui prend la plume pour raconter l’incroyable épidémie qui s’est abattue sur un petit village des monts Funiu. En effet, les gens du bourg ont sombré dans un somnambulisme désabusé où tout devient transgression, en réalisant leurs désirs les plus violents…La nuit règne sur le monde et le soleil s’est affublé d’un monocle sur son œil unique. Une apocalypse qui ne dit pas son nom, un no man’s land nucléaire ? 

De plus, avec un goût de la raillerie et de la satire, il se met en scène lui-même dans ce récit : Sa renommée est si grande que l’on pourrait le comparer à une pastèque dans un champ de sésame, à un chameau mené paître au milieu des moutons. Face à ce cataclysme, il convient d’éviter absolument de dormir afin de ne pas sombrer dans le somnambulisme et l’obscurantisme ! Son talent et son originalité s’avèrent remarquables, son style incomparable : L’homme avançait si vite que la route l’avalait. Un directeur de crématorium vole tous les cadavres dans les cimetières afin de les incinérer d’office, produisant une huile stockée dans des bidons…Un véritable cauchemar que l’on peut éviter en étant insomniaque : Une tasse avait suffi à nous faire passer l’envie de dormir. Et plus loin : Ils ont tous bu du thé, du café à la cryolithe ; ils ont perdu l’envie de dormir. Comment les cambrioler quand ils ne sont plus somnambules ?

Allégorie biblique, conte philosophique, les personnages pousseront le délire jusqu’à vouloir ressusciter le soleil et le sortir de sa grande noirceur. Chaos sous les étoiles, les êtres humains étant devenus démiurges…

                                                                  © Laurent BAYART

  • La mort du soleil de Yan lianke, Éditions Picquier, traduit par Brigitte Guilbaud, 2020.

LIVRE / L’AFGHANISTAN ENCORE ET TOUJOURS, SELON NADIA HASHIMI.

         Nadia Hashimi est Afghane, elle a quitté son pays dans les années 1990 avant l’invasion soviétique. Elle nous offre un livre singulier, roman mais aussi récit sur la condition des femmes dans ce pays martyr depuis tant d’années. A noter la très belle citation de Rumi en préambule de cet ouvrage : Ne sais-tu pas que la lumière du soleil / N’est que l’image du soleil apparaissant sous son voile ?

Récit parce que cette narration (romanesque) sent l’authenticité. Nous est contée cette ligne de fracture vécue par Zeba, retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari ensanglanté à ses pieds. L’auteure du crime est donc désignée d’office. Trop facile et évident. Cette femme sera envoyée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab. C’est Yusuf, revenu des Etats-Unis, devenu avocat, qui aura la lourde tâche de la défendre, car le nœud du licou enserre déjà son cou…

Khanum, quelle importance d’où je viens ? De Mazar, de Kaboul ou de Paghman. Qu’est-ce que ça change ? – ça change tout, jeune homme. Si vous ne venez pas de mon village, vous ne savez pas quels fruits poussent sur ma terre…répliqua l’accusée à son (jeune) défenseur, désormais citoyen américain. Hashimi nous entraîne dans un récit où nous cotoyons des personnages atypiques, dont Gulnaz, la mère de Zeba, qui pratique la magie et la sorcellerie. Les femmes sont véritablement les héroïnes de ce volume, parlant d’elles et de leur condition, la prêtresse lance : Ce sont les espaces vides entre la pierre et la chair qui le constituent. Nous voyons le sourire sur un visage de marbre, le mince rayon de soleil entre deux branches mortes… Prégnante écriture qui nous plonge dans une enquête sentant le bout de corde…On ne cache pas le soleil avec deux doigts lance -philosophe- un protagoniste. L’Afghanistan où tout le monde faisait dix ou vingt ans de plus que son âge…

Kamal, le mari trucidé, était un homme violent, alcoolique et blasphémateur, et dans un pays où la religion est prédominante cela ne pardonne pas !

La vérité aura gain de cause…la corde ayant égaré sa future pendue…pour mettre une majuscule sur le mot Justice.

                                                               © Laurent BAYART

  • Pourvu que la nuit s’achève de Nadia Hashimi, Editions France Loisirs, 2017.