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EXPO DE PHOTOGRAPHIES DE MARC MEINAU / UN FORT QUI HABITE ELEGAMMENT LA COMMUNE DE MUNDOLSHEIM.

Depuis 2015 et au rythme d’une tous les deux ans, le photographe Marc Meinau propose une approche originale et décalée de notre commune, avec son fameux « Tour de Mundo », en posant ses claques mais surtout en déclenchant son clic ; il offre ainsi un regard plein de poésie, panoramique et détaillé, sur notre commune. 

Ainsi, cette année, on serait tenté de dire : qu’il a faire FORT Marc ! 

Il a décidé, en effet, d’offrir un éclairage particulier sur le fort Ducrot appelé aussi Podbielski, édifice militaire faisant partie de la ceinture fortifiée de Strasbourg. Construit entre 1879 et 1882 sur les hauteurs du village à proximité de l’église protestante, il a fait l’objet de plusieurs transformations entre 1887 et 1893. Après 1911, il est renforcé par 2 casemates (est et ouest) dotées chacune de 2 canons. A la fin de la 1ère guerre mondiale il prend le nom de fort Ducrot. Enfin en 1936, sa façade est recouverte d’un épais bouclier en béton armé en raison de l’intégration du fort dans la ligne Maginot en tant que poste de commandement

Ceci pour « l’état des lieux ». Marc Meinau nous propose, avec cette exposition originale, de faire un focus sur la vie quasi quotidienne de ce musée à ciel ouvert, animé par la trentaine de bénévoles qui œuvrent à la restauration de ce lieu patrimonial où chante et résonne encore l’histoire.

Tels des soldats armés de perceuses, ponceuses, marteaux, pinceaux ou tondeuses, ces bénévoles redonnent vie à cet ouvrage militaire. Il s’agit là d’une véritable aubade photographique, sorte de visite guidée, au fil de cet édifice, de ses longs couloirs au relief dénivelé, de ses salles, chambrées, locaux des machines, bureaux, cantines, latrines… où ne résonne plus le bruit du canon (ou sinon celui de l’apéro lors des moments conviviaux !) mais les voix et les outils des ouvriers dévoués à ce fort, réenchanté grâce à leur effort ! Cette casemate se révèle être un véritable labyrinthe aux dédales de couloirs, immense caverne d’Ali Baba où se cache le trésor de ce passé qui se remet à vivre grâce aux fruits de leur travail.

Ce Fort est ainsi une espèce de banlieue improbable de Mundolsheim, espace préservé et inspiré, petite ville dissimulée par l’épaisse verdure qui lui confère un certain cachet, à l’instar d’un parc où l’histoire se met à nous rappeler qu’aujourd’hui ces lieux où résonnaient les bruits de bottes et de guerre sont maintenant dédiés à la paix. La sérénité et la plénitude ont hissé leur oriflamme. Lieu de rencontres, de fête et de partage qui profite à tous nos concitoyens.

Merci à Marc Meinau pour cette visite guidée faite par l’œilleton/objectif de son appareil photo !

                                                                          Laurent BAYART

                                                                               6 octobre 2023

FEUILLEE DE TOITURE VERTE.

          Ivresse de cette verdure qui chante sa liturgie dans mon jardin devenu sanctuaire. Canopée de feuilles comme les tuiles d’un toit au-dessus de ma tête. Bâtisse de verdure qui m’éloigne de la voûte bleue du ciel, derrière les grandes touffes des branches feuillues, ébouriffées de leur abondante foliation où la sève pétille tel un nectar glissé dans un tonneau.

Plus haut, un merle se pose sur la patère d’une branche et s’ébroue, faisant voler et papillonner ses plumes dans l’air. On dirait qu’on vient de tapoter sur un oreiller…

Et puis, l’oiseau repart en destination du noisetier d’en face.

Mon jardin est un sanctuaire vert où je me pose et repose en faisant chanter mon âme au rythme d’une prière muette.

Cette palette d’une multitude de tons verts fait palpiter le tambourin de mon cœur.

J’existe par ce moment qui m’entraîne dans cette éternité que seul l’instant parvient à inventer.

                                                                     © Laurent BAYART                                                                      26 septembre 2023

LIVRE / DIAGONALE DE L’ECHAPPEE A VELO A TRAVERS LA France.

          Coquettement présenté et en couleur jaune de paletot en laine, ce livre/récit signé par l’écrivain journaliste Stéphane Dugast nous raconte cette épique traversée de la France en diagonale, à vélo de Dunkerque à Hendaye, avec Raymond…sa bicyclette lestée de ses (lourdes) sacoches. Ce périple a été effectué durant l’été 2020 durant le fameux « confinement ». Déconfiné et décomplexé, notre ami vélocipédiste s’en va ainsi à la rencontre de cette France rurale et de ses habitants. 

Diagonale du vide : existe-elle véritablement ? Cette bande pas toujours rectiligne, supposée traverser d’un trait la France, des Ardennes au Pays basque…Un voyage, que dis-je, une aventure et autre odyssée pour réenchanter notre pays, par un cyclorandonneur de 46 ans en quête de rencontres. Périple touristique et pédagogique où les kilomètres passés au moulinet du dérailleur racontent l’histoire des lieux et les personnages emblématiques des villes, hameaux et villages traversés. Que ce soit à Saint-Jans-Cappel où se trouve le musée Marguerite Yourcenar, ou sur ce musée à ciel ouvert de « l’enfer du Nord » où les pavés résonnent, le dérailleur vibre, mes pneus rebondissent les découvertes sont constantes. A Charleville-Mézières, patrie d’Arthur Rimbaud, il savourera la pâtisserie locale, le « Carolo », un savant compromis entre le macaron et la meringue, le tout garni d’une crème d’amandes et d’une autre légèrement pralinée. Cycliste mais gourmet et gourmand. Il posera aussi son fier destrier contre le mur de la maison natale de Jeanne d’Arc à Domrémy-la-Pucelle qui ne cesse de fasciner nos concitoyens : On recenserait plus de 20.000 statues à sa gloire, plus de 800 biographies…

Ce livre, didactique et truffé d’informations, est une manière intelligente de guide du routard, ou plutôt du roulard ! Je savoure cette vie de pèlerin, ces rapports simples, francs et authentiques et ce don de l’hospitalité qui habite encore certains…nous confie l’auteur de ce livre. 

Voyage initiatique et magique en chambre à air. Une manière d’échappée ou plutôt d’échapper à la routine qui rouille et sclérose les existences confinées…

                                                               © Laurent BAYART

  • L’échappée, La France en diagonale et à vélo de Stéphane Dugast, Editions du Trésor, 2023.

L’HORLOGE COMME UN STETHOSCOPE OU LE BATTEMENT DU SABLE QUI FILE ENTRE NOS DOIGTS…

                                                     En ce jour un peu spécial…

          L’horloge comtoise martèle le temps inlassablement et scande la chanson des instants qui s’effritent. Chaque jour nous entraine dans un tourbillon d’actions et de rencontres, à faire vibrer et pulser nos agendas. Le calepin chante la jubilation de ces cantiques de l’imprévu et de l’émerveillement. Que restera-t-il de nos vies lorsque le temps s’arrêtera ? Où donc irons-nous ? Papillons ou gommettes de l’invisible ? Resteront ces instants d’amour qui ont nourri nos âmes de cette essence nous emmenant sur ce chemin de Compostelle que nous inventons au fil des jours. Pérégriner jusqu’à cet autel/tabernacle où quelques anges gardiens viendront peut-être nous guider. 

Un jour de plus, tel un galet dans notre poche que nous scarifierons de quelques mots, tels des mandalas, pour qu’ils pèsent moins lourd.

Et puis, repartir sans savoir jusqu’où ira la sente et quand elle se terminera. C’est toute l’ivresse de la vie qui est ainsi résumée…

Bonheur d’être éphémère mais en espérant laisser quelques traces dans l’éternité. Entendre toujours battre nos cœurs au-delà de l’absence et le tempo de cette horloge que nous pensions emporter avec nous.

Ecrire sur le dos de la main notre dernier poème… et l’ouvrir comme un coquillage pour y accueillir les étoiles.

© Laurent Bayart

     11 septembre 2023

SUR LE CHEMIN DE L’ECOLE OU LA ROUTE DES CARTABLES.

                                                     A Jules, Alphonse, Camille et Gustave.

          L’estomac un chouïa serré, le cœur un rien bouclé et ceinturé, c’est le (grand) jour de la rentrée où le temps s’arrête pour poser son haleine sur l’ardoise d’une salle de classe. Que nenni ! A l’aune de la technologie, du « cloud » et de l’Internet, les craies ont été remisées dans le grand musée des souvenirs, au grenier dans les malles d’osier vintages ! S’il existe bien une route du vin, du tabac ou que sais-je encore, pourquoi pas celle des cartables ? Au bout de l’horizon se profile déjà l’eldorado de la silhouette de la nouvelle maîtresse qui, elle aussi, a les tripes en bandoulière. A quelle sauce va-t-elle être gobée par les sauvageons de trois pommes ? 

Jour de rentrée, sur le chemin de l’école, les petiots ne sont pas partis à cheval, en voiture ou en bateau à voiles, mais tout simplement en moteur à orteils et autres semelles. Ils sifflent guillerets, excités par cette terra incognita que constitue la cour de récréation. Ne pas louper l’appel !

En route pour la vie, emportés par cette soif d’apprendre et de connaître.

Une manière de chemin de Compostelle où les chiffres, les verbes, les mots et l’alchimie de l’algèbre remplacent les coquillages des Jacquets des bienheureux pèlerins.

Vivement ce soir et le goûter que maman a préparé comme une dictée de gourmandise !

Sans fautes, on va se régaler !

                                                               © Laurent BAYART

                                                                  5 septembre 2023

L’ERRANCE DU PASSANT.

Sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

         

Nous passons dans l’embrouillamini des jours qui filent comme derrière un décor en rouleau de cinéma. Destinées fragiles des silhouettes de papier mâché. Nous sommes en mal de rencontres et de fraternités. Croiser l’autre sans un regard en une aumône d’humanité. Aimer notre quidam, le temps d’un regard d’empathie et de compassion. Nous sommes des ombres à la recherche de nos soleils. Astres perdus derrière nos lunettes noires. Aveugles de ne pas pouvoir s’arrêter à l’aune d’une tendresse retrouvée, d’un clin d’œil volé, ou d’un regard de connivence.

Et, reprendre vaille que vaille notre chemin, jusqu’à glisser un jour dans la bande d’arrêt d’urgence.

Là, marcher au ralenti, les corps en panne dans l’attente d’un garagiste, grand réparateur et « rhabilleur » des corps usés.

Puis, partir à la quête d’un Chemin de Compostelle pour rallumer les étoiles.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                                        3 septembre 2023

DES TRACES DANS LE SABLE…

                                                      Avec la complicité de Camille,

          Il nous faudra suivre les pas des gens qui nous ont précédé, poser nos semelles dans ces traces imprimées, afin de poursuivre notre chemin en se nourrissant des bonnes ondes laissées au passage. Mais il nous faudra aussi inventer nos propres empreintes en sachant que l’océan et son ressac effacent d’un coup d’éponge, telle l’ardoise de l’écolier, les stigmates de nos existences. L’éternité laisse le bruit du vent dans ses coquillages, mais tout, le reste demeure à l’encans. Il nous faut créer à chaque instant, imaginer notre destinée et faire fi du passé, avant que les vagues et ses embruns brouillent tout message. 

Marcher et pérégriner sans jamais se retourner. Comme un chemin de Compostelle que l’on aurait tracé dans le sable. Tiens donc, justement il est toujours question de coquillages, non ?

Il faut du temps et de la patience, mais vivre, c’est justement cela. Et rien d’autre.

Et parfois une étoile vient glisser son message sur nos pas. Une étoile de mer qui a dégringolé du cosmos.

Moi, j’aime marcher sur le sable. C’est là que tout se forme et se créé. 

Mes châteaux de sable résistent à l’ivresse de l’eau.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        28 août 2023

L’INCROYABLE POTAGER, VIA LE TRANSAT, DE DIDIER HELMSTETTER.

          Rencontré lors d’une animation artistique et lecture musicale dans « Le jardin d’Elisabeth et de Didier » à Betschdorf, j’ai tout de suite été impressionné par la personnalité atypique de Didier Helmstetter, jardinier « paresseux » et agronome de formation qui « officie » à Rosheim en Alsace, mais pas fainéant, ce n’est pas la même chose ! Il a sorti quelques ouvrages sur sa méthode de jardiner, notamment un opus intitulé « Le potager du paresseux » qui m’a littéralement scotché et bluffé. Des ouvrages qui se sont vendus (à plus de 40.000 exemplaires !) comme des petits pains, ou plutôt à la manière de salades ou de haricots ! En effet, comment prendre en mains un jardin sans bêcher, sans composter, sans travailler, ni « engraisser » le sol…Mystère et boule de…foin.

Victime d’un infarctus en 2007 qui « m’a laissé sur le carreau pendant un an et demi. Les séquelles sont irréversibles. Avec mon ventricule gauche réduit à 45% de puissance d’éjection. » Didier a dû chercher une solution afin de pouvoir continuer à « potager » sans risques physiques, et en… potassant il a trouvé la parade ! Et puis, las aussi « des haricots verts venus par avion du Kenya ou des poires importées du Chili…/…le circuit le plus court, c’est celui qui va, à pied, de mon potager à ma cuisine… » Dont acte. Et merci pour l’empreinte carbone dont -finalement- tout le monde parle mais peu se soucie !

Ce livre de près de quatre cents pages constitue une mine de conseils et de renseignements pratiques, rédigé avec humour, étayé et développé avec talent, il fourmille de précisions et de références, avec d’innombrables renvois (plus de quatre cents !). Lavoisier le disait fort bien : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Plus loin, l’artiste du jardin, de rajouter : « Contrairement à l’homme, un sol ne fatigue pas. Il s’enrichit. Il construit sa fertilité. » Notre ami est un adepte de la couverture permanente du sol avec du foin, autrement dit de la phénoculture, terme qu’il a inventé.

Bref, ce livre est une pépite pour le jardinier et une mine dans laquelle on trouvera des tas de renseignements utiles et passionnants. De l’or en filon sous forme de papier imprimé ! Et pour celui qui connait des soucis de santé, un viatique qui lui permettra de continuer à s’adonner à sa passion ! C’est tout simplement incroyable…

© Laurent BAYART

  • Le potager du paresseux, produire en abondance des légumes plus que bio sans compost, sans travail du sol, sans buttes. De Didier Helmstetter, réédition, 2019.

DAME DU ROCHER…

                                                                                         A Marie,

          Dame du Rocher, qu’alliez-vous chercher, tout là-haut…chantait Jean Humenry, il y a déjà bien longtemps. Ces paroles et cette musique résonnent encore en moi après tant d’années. Marie continue d’illuminer nos existences par la magie de sa présence qui enchante et embellit nos destinées. Pourquoi cette incroyable et mystérieuse attirance vers elle ? La lumière de ses yeux brille, comme des candélabres et chandelles pour y porter l’espoir sans quoi la vie ne serait qu’un simple passage, une aubade de partance et tout serait donc bien fini… ?

Cette Dame du Rocher nous accompagne, chaque jour, de sa Présence et de son Amour infini, tel un incommensurable soleil fixé dans la niche de cette grotte.

Je m’arrête devant toi et ne sais pas toujours pas pourquoi ? Je suspends ces instants et les confie à ta Bienveillance en ce jour si particulier.

Penser à Toi aujourd’hui, c’est une prière muette dictée par mon âme et psalmodiée par mon cœur.

Marie, tu es une Etoile posée sur notre quotidien.

                                                      © Laurent BAYART

                                          15 août 2023

Sur une photo de Rémi Picand, la Dame du Rocher du Val d’Ajol…

VOYAGE DANS LES GRAMINEES OU IVRESSE BUCOLIQUE DANS LES CHAMPS.

                                                                         A Brigitte Di Scala,

          C’est un voyage à ras de terre, au plus près des insectes qui butinent et lutinent dans les fleurs sauvages des prés. Graminées en goguette qui émerveillent le passant par cette profusion de beauté sauvage qui s’offre au regard du badaud. Les champs proposent leur symphonie de couleurs qui font palpiter les guêpes, bourdons ou autres abeilles, lorsqu’il ne s’agit pas du drone coloré en quadrichromie d’un papillon, sous la généreuse ombrelle végétale d’un bouton d’or, d’une bourrache, d’un épilobe ou d’un bleuet. Exubérance de ce jardin fou, qu’aucun chef d’orchestre pépiniériste ne vient catalyser et domestiquer. Nature en sa genèse première, livrée à son inspiration où l’être humain ne devient plus qu’un détail, qu’une peccadille dans le paysage. Presque une fourmi qui viendrait y apposer l’apostrophe de sa signature. Patte de mouche abandonnée à cette effusion de couleurs flamboyantes. 

Beauté de cet instant de grâce qui réinvente le monde. J’aime me coucher sur cet édredon de fleurs et de fougères, et là, me laisser emmener par cette vague verte qui m’emporte vers d’autres îles…

Océan champêtre où je deviens un naufragé heureux d’échouer sur le pistil, la tige ou le pétale d’une fleur. Là, je m’enivre de pollens comme on goutterait un nectar précieux.

Mon cœur jubile et palpite comme un coquelicot que je pose délicatement sur ce tableau buissonnier.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        12 août 2023