Archives de catégorie : Blog-Notes

LES PORTE-PLUMES S’ENVOLENT DANS LE CIEL.

          Le ciel est en goguette, des hérons cendrés ou autres oiseaux font glisser leurs plumes dans le tableau bleu azuréen du ciel. Ils s’en vont/ s’envolent et jouent de l’arpège avec le vent. Les nuages, à l’image de la craie, leur servent de décors. Où vont-ils donc, ces armadas de volatiles graciles qui sont tels des porte-plumes dans cette immensité bleue ? Ivresse de lever la tête et de les regarder filer comme des caractères d’imprimerie sur la page des nuées. Le casse du siècle !

Des centaines d’oiseaux jouent les voyageurs et font un bruit de flûtes à bec. Ils jacassent, babillent, chantent, gazouillent, jabotent, piaillent, piaulent et font un vacarme infernal de commères volubiles au-dessus de nos silhouettes. Quelle ivresse de sons et autres caoucophonie !

Ces porte-plumes s’affranchissent de leurs encriers. Migration ou éphémère échappée ?

Ces graciles caravelles portent sur leurs fuselages le nom d’une compagnie Air Line que je n’arrive pas à déchiffrer. 

Les stewards sont des corbeaux, tandis que quelques mouettes jouent aux hôtesses de l’air. Quant à la piste d’atterrissage, gageons qu’elle se situe quelque part dans un pays d’Afrique où un soleil ardent fait office de passeport. 

Moi, j’aimerais bien être un oiseau afin de partir avec eux…mais, hélas, ma compagnie aérienne n’a plus de places pour des oiseaux de mon espèce ! Et je ne sais pas voler, alors Tant pie !

                                                               © Laurent BAYART

                                            25 novembre 2022

LIVRE / LE BALAI ENCHANTE DE MICHEL SIMONET OU LA DIVINE POUSSIERE DES RUES DE FRIBOURG.

A Brigitte Picand, merci pour cette magnifique trouvaille,

          C’est une pépite dont il est question-là, un livre rare et original signé par un balayeur écrivain à la plume enchantée (ou plutôt le plumeau !) qui « exerce » à Fribourg en Suisse. Une espèce de Christian Bobin des trottoirs et du macadam. « Une rose et un balai, Petit traité de sagesse d’un balayeur de rue » se révèle être un petit chef d’œuvre d’écriture, de joute verbale, de poésie, de philosophie et de dextérité littéraire, qui a marqué les esprits lors de sa parution en 2015, puis via les innombrables (je pense) réédition ! Cet orfèvre des mots est employé municipal et cantonnier à Fribourg. Son métier lui permet la rencontre et la méditation. Le poète se régale et nous fait savourer le fruit de son imaginaire tout en jubilation et en mode déambulation. Et l’artiste du verbe de nous confier : Le simple fait de salir et de commettre volontairement des déprédations dans un lieu public, c’est déjà se défouler sur le balayeur, et un trottoir jonché de mégots équivaut à un passage à tabac…Notre ami, un zest humaniste, pérégrine et « péripapéticine » dans les rues de Fribourg qu’il connaît comme ses poches d’éboueur, ainsi que ses habitants. Notre poète nous distille quelques savoureux mots d’esprit et de sagesse : Si l’on a une bouche et deux oreilles, c’est pour écouter deux fois plus que parler. Avis aux amateurs…Il nous apprendra, en pédagogue détritus, que le littering signifie « abandon des déchets sur la voie publique ». Son balai est une véritable baguette magique et un stylo avec lesquels il réenchante le monde, ornant sa charrette d’une rose comme une oriflamme et talisman. 

Ce vadrouilleur utile et vagabond communal nous raconte la quarantaine de portefeuilles qu’il retrouve chaque année, dans les poubelles ou les fourrés des Grand-Places. Sans compter que parfois il dégotte (mégote ?) du cannabis, mais je le donne plutôt à la police. Au moins pour la rime. Il nous établit aussi une liste à la Prévert où il dresse l’inventaire de tout ce qu’il trouve ! Hallucinant. Et parfois, Michel Simonet tombe sur des ouvrages et la boucle se boucle : On finit par tout voir, ou en tout cas beaucoup lorsqu’on travaille longtemps sur un même périmètre. Balayeur et fier de Lettres.

Cet ouvrage est un véritable chef d’œuvre qui illumine cette bibliothèque d’objets sales et en déshérences pour lui redonner quelques lettres majuscules. Et s’il y a un balai entre les mains, ce n’est pas celui d’une sorcière mais celui en paille d’un passeur d’humanité. Bref une magnifique trouvaille !

                                                                © Laurent BAYART

  • Une Rose et un Balai, Petit traité de sagesse d’un balayeur de rue, Editions de la revue Conférence, 2017. Pocket. 

MARCHER FAIT CHANTER MON AME.

          Je chemine sur la sente qui m’élève vers le ciel. Escalier de goudron ou de caillasse comme une échelle posée par terre, à même le sol. Je pérégrine plus que je ne marche vers je ne sais quel autel ou cathédrale. Une croix ou une statue telle une borne sur une route m’indique la …marche à suivre. J’aime m’égarer dans l’instant, savourer ces secondes qui me racontent l’infinitésimale des vies végétales et la romance du monde minéral. Le silence est à l’image d’un compagnon silencieux. Il m’aide à m’apprendre et à me comprendre. Mon bâton de pèlerin comme un gouvernail, un sextant de nautonier ou une boussole.

J’aime m’enivrer du monde jusqu’à tituber de bonheur.

Marcher fait chanter mon âme.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                   21 novembre 2022

LIVRE / L’INCROYABLE DERNIER VOYAGE D’OGAWA ITO EN FORME DE GOÛTER.

          Ogawa Ito, petit bout de femme de 49 ans, est un écrivain majeur de la littérature japonaise avec quelques livres publiés qui ressemblent déjà à des œuvres, comme Le restaurant de l’amour retrouvé, Le ruban ou La papeterie Tsubaki. Son dernier livre publié en août dernier se révèle être – tout simplement – magistral par le regard de l’auteur sur la manière d’aborder la mort, comme un fabuleux rite de passage. Le goûter du lion est un livre initiatique qui nous apprend à apprivoiser ce dernier acte que constituent nos ultimes jours, plombés par ce qu’on appelle prosaïquement soins palliatifs ou fins de vie…La maison du Lion se situe sur l’île aux citrons où officie une directrice, infirmière lumineuse, du nom de Madonna qui accueillera la narratrice de l’ultime et fera tout pour lui rendre son séjour le plus agréable possible : Elle représentait un soutien inestimable pour nous tous, aussi bien sur le plan physique qu’émotionnel. Sa tenue de femme de chambre était un signe d’hospitalité envers les invités, du moins c’était ainsi que je l’interprétaisLes bateaux ne trainaient jamais en chemin. Ils avançaient, lentement mais sûrement, vers leur destination. Tout comme ma maladie… nous chuchote la pensionnaire Shizuku Umino.Cette femme qui se raconte n’a que trente-trois ans et savoure ses derniers instants comme une gourmandise, tel un savoureux onigiri ou un okayu. La cuisine et la gastronomie régalent les papilles des êtres condamnés : Mais les repas à la Maison du Lion étaient d’un genre différent. Leur goût résonnait dans l’âme. Et lorsque la douleur est trop lancinante, elle peut « déguster » du vin à la morphine, une manière de mêler les plaisirs épicuriens à l’indispensable pharmacopée de l’essentiel. 

Cet ouvrage irradie la beauté, la plénitude et la sérénité face aux questions qui nous taraudent : Mais je pense que ce que nous sommes au fond de nous, la conscience ou l’énergie, ne disparait jamais. Cela continue d’être pour l’éternité, en changeant de forme en permanence…Il y aussi ses dialogues avec les disparus, fantômes qui apparaissent tout naturellement pour parler de leur vie passée et évoquer l’amour qu’ils ont donné durant leur existence. Livre magnifique d’un auteur dont la maturité et la densité impressionnent. Cette histoire est un goûter de fraicheur et de bien-être car le goûter n’est pas un repas essentiel pour le corps, mais il enrichit notre existence. Le goûter est une nourriture pour le cœur, une récompense pour la vie. Un peu, à l’image de ce livre…

                                                                         © Laurent BAYART

  • Le goûter du lion de Ogawa Ito, Éditions Picquier, 2022.

CHEMINS DE COQUILLAGES POUR S’EN ALLER A L’AVENTURE DE L’INSTANT.

                                          Pour Albert Strickler,

          Partir sur les chemins enchantés semés de coquillages pour -justement – sortir de sa coquille et s’en aller à l’aventure des autres et de soi-même. Ce Samaritain qui vient nous tendre la main et nous (trans)porter dans la cathédrale verte des forêts et des plaines traversées. Chemin de l’émerveille où Dieu se glisse dans notre sac à dos pour nous offrir cette quête de l’essentiel, sans quoi nos vies ne seraient que des océans de platitude, sans vagues ni sel. Moi, j’aime vagabonder sur ces sentes qui racontent l’ivresse de notre foi qui grimpe l’escalier du ciel en cheminant sur la caillasse des chemins. Compostelle des rendez-vous qui chantent la romance des instants partagés à savourer les paysages que l’on réinvente ensemble.

Puis, parvenir jusqu’à cette croix qui glisse un peu de ciel bleu dans notre âme de pèlerin jusqu’en Galice.

L’éternité se trouve tout au bout de ce chemin. Nos souliers ont des ailes d’anges sous leurs semelles. Nous sommes des Jacquets en route vers l’ineffable de l’Amour.

Savoir que nous sommes en partance à chaque seconde que nous offre l’instant. La vie ne serait-elle pas un chemin de Compostelle permanent qui nous emmène du berceau jusqu’au cimetière où sommeillent tant de coquilles ?

C’est ici que la sente s’arrête et que tout commence…

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                         11 novembre 2022

ATTENDRE DANS L’IVRESSE DES RENDEZ-VOUS DE L’ABSOLU.

                                                     Avec la complicité d’un inconnu, sur la plage de Vielle-Saint-Girons, Landes.

          L’océan égrène la « minutieuse » horlogerie de son ressac au fil de ses marées qui vont et viennent inlassablement, comme des rendez-vous quotidiens de l’impromptu. Les mouettes et les goélands ressemblent à des aiguilles de montres qui nous donnent l’heure devant le monocle du soleil. Clin d’œil complice. Attendre et se remplir l’âme de cette sérénité qui vient de l’instant. L’odeur de l’iode telles des fragrances de fumée de cierges ou de chandelles. Église ou cathédrale ? La mer est une messe dont l’autel est immense. Où se trouve la lumière du tabernacle ? Les vagues jouent leurs sonates au fil de leurs partitions. Quelques croches de musique en forme de surfeurs ou de baigneurs s’amusent à pianoter des staccatos en andantes apaisantes. Symphonies, opéras ou chansonnettes ?

Le sable, papier froissé, accueille sa liturgie ou son cantique de plénitude sur le sol. 

Des millions de pas perdus, d’inconnus, de badauds ou de nageurs ont laissé leurs éphémères traces. Stigmates en plantes de pieds ou en pattes de chiens.

Métaphores de nos existences, ces empreintes s’effaceront à la prochaine marée…

Chaque jour, une page blanche s’offre à nous dans le grand sablier du monde. Eternel recommencement jusqu’au jour où…

                                                                               Copyright : Laurent BAYART

                                                                                9 novembre 2022

NOUS SOMMES EN PARTANCE POUR UN INSTANT D’ETERNITE.

cimetière de Fougerolles, Vosges

          Dans le silence des instants, dans ce jardin où tant de cigales et de fourmis se sont couchées, je regarde le ciel, plutôt que la terre qui représente des mottes de nuages renversés et je pense à tous ceux qui s’en sont allés à jamais…Pensées furtives et volages, mais prières comme des flèches que j’envoie dans la destinée des étoiles. Un Christ couché nous rappelle que le monde attend ce rendez-vous de rédemption telle la lumière d’un tabernacle. Éclairage et luminaire du cosmos. Les cimetières ne sont que des villes silencieuses et muettes. Les ifs représentent des silhouettes d’anges gardiens dressés à la lisière des allées, de ces lieux où psalmodient les voix des disparus. Partis ? Oui, mais à la fois si loin et si près. Nous nous trouvons dans cette sublime attente de retrouver nos souffles et de la jubilation de connaître enfin l’éternité. Nous qui ne sommes que des papillons de l’éphémère. Un soleil sur une croix nous rappelle que chaque instant un oiseau chante dans notre âme. La volière est désormais ouverte. Il suffit de regarder les branches des arbres, bras végétaux tendus, pour y retrouver peut-être tous ceux qu’on aime…Récolte des grandes retrouvailles.

Les oiseaux sont des messagers de l’invisible. Shamans à becs et en soutanes de plumes.

Dieu, oiseleur, nous a appris et permis de voler. Des ailes dans le dos à l’image de celles des anges…qui sont des colombes venues des jardins de l’Eden. 

Missives aériennes à l’image des courriels que l’on découvre et lit dans la boite mail de notre âme.

                                                               © Laurent BAYART

                                           1er novembre 2022

LIVRE / «LA LAITIERE DE BANGALORE» OU LA VACHE REND LE MONDE PLUS LAIT ET AUTRES INCROYABLES BIENFAITS.

          C’est vraiment une pépite de découverte que ce livre indien publié par Shoba Narayan. Elle nous offre, sous forme de récit romanesque, une véritable encyclopédie sur la vache et ses mille bienfaits, distillés sous forme de lait mais aussi de bouse, ou d’urine (propriétés antibactériennes, antioxydantes, anticancer et antifongiques) qui sert de médicaments, en nous réconciliant avec toutes ses vertus, loin des clichés du ruminant sympa, décorant nos pâturages occidentaux (qui regardent passer les trains !) et voué à terminer à l’abattoir.

La laitière de Bangalore (Cette mégapole de douze millions d’habitants appelée Bengaluru est considérée comme la Silicon Valley indienne) se lit comme du petit lait et nous révèle une foule d’informations passionnantes sur ce bovin emblématique : le père de la psychologie positive, Martin Seligman, a listé six traits de caractère prisés par les cultures à travers le monde. Ces six traits sont la sagesse, le courage, la tempérance, la transcendance, la justice et l’humanité. En Inde, le folklore, les mythes et la poésie prêtent toutes ces qualités à la vache. Et si on pose la question à un Indien pourquoi les vaches sont-elles. Sacrées dans son pays ? Il vous répondra sans doute quelque chose comme : « Elles sont les hérauts du bonheur ». Plus loin, on apprend qu’au-delà du lait, transformé en yaourt, en babeurre, en beurre, en crème et en ghee, la bouse de vache est elle aussi utilisée pour nettoyer les cours des maisons dans les villages, et pour faire du méthane, le « goburgaz », Gobur signifie « bénédiction de la part d’une vache ». Shoba Narayan redonne des lettres de noblesse à cet animal souvent brocardé et moqué. Et, elle complète : La mémoire d’une vache vient seulement en deuxième position après celle d’un éléphant. Ce qui est tout simplement hallucinant, c’est le nombre de références à la vache nourricière et mythique que l’on retrouve dans la culture indienne, jusqu’aux noms des villes et des lieux. 

Et l’histoire me direz-vous ? Shoba, qui rentre en Inde après plus de vingt ans passés aux Etats-Unis, se lie d’amitié avec Sarala, sa voisine laitière qui lui proposera d’acquérir une vache…C’est là, que nous découvrirons ce véritable foisonnement culturel, économique et mystique, lié à la vache. L’Inde nous dit-on abrite environ trois cents millions de bovins…une véritable population de meuh (et de mouches) ! 

Et puis, on reparle des prétendus méfaits du lait de vache, mais il n’en est rien de la vache indienne : Il y a quelque dix mille ans, une mutation génétique s’est produite parmi le bétail, entraînant la conversation de la protéine bêta-caséine présente dans leur lait : on est alors passé du lait « A2 » au lait « A1 ». Toutes les vaches indiennes produisent du lait de type A2. Soit celui d’avant la mutation…

Ce livre est une vivifiante et bienfaisante ode à cet animal qu’est la vache, et Shoba de nous rappeler son côté divin et spirituel ainsi : On peut, en attrapant la queue d’une vache, marcher jusqu’au paradis ».

Gageons qu’après avoir lu ce livre vous ne verrez plus la vache du même œil ! Et même qu’elle deviendra…sacrée pour vous !

                                                                    © Laurent BAYART

  • La laitière de Bangalore, roman traduit de l’anglais (Inde) par Johanna Blayac, de Shoba Narayan, Bibliothèque étrangère, Mercure de France. 2020.

LIVRE / L’IMPETUEUSE REVOLTEE EN MODE LANCE-FLAMMES DE LA REVOLUTION RUSSE.

          Evguénia Iaroslavaskaï-Markon est un personnage hors norme et totalement captivant de l’histoire de la révolution russe. Cette impétueuse passionaria, condamnée à mort par les Bolchéviks, sera fusillée en juin 1931, non sans avoir rédigé une curieuse et furtive autobiographie qu’elle laissera pour la postérité, avant d’être livrée à ses bourreaux. Olivier Rolin exprime bien cette fascination qu’elle exerce, sur cette photo de couverture mystérieuse  : de profil, grave, avec même quelque chose d’inflexible qui frappe d’emblée, vêtue d’un manteau épais qui semble une capote de soldat…Marié au poète Alexandre Iaroslavski (qui finira -lui aussi – fusillé), elle fut victime d’un grave accident (tombée sous un train) et due être amputée des deux pieds : Évènement si insignifiant pour moi que j’ai failli oublier de le mentionner dans mon autobiographie : en effet, qu’est-ce que la perte de deux membres inférieurs en comparaison de cet amour si grand qu’était le nôtre, de ce bonheur si aveuglant ?! 

Elle aura brûlé sa vie par les deux bouts, exerçant tous les métiers du monde, comme vendeuse de journaux à la sauvette dans les rues qui servirent de chambres à coucher au grand air, manquant de se faire violer une paire de fois, fréquentant le monde interlope des prostituées, de la pègre et des malfrats, s’adonnant au vol tous azimuts sans vergogne : Je me suis inventé une spécialité : je passais dans les cabinets de dentistes et fouillais les poches des manteaux laissés dans les vestibules pour voler l’argent….ou : Oh, Seigneur ! Quelle joie procure chaque valise dérobée ! C’est comme, dans l’enfance, une boule de chocolat « surprise »…

Bref, cette femme c’était de la dynamite qui a explosé en pleine jeunesse. Destinée improbable et tumultueuse, cette autobiographie est une fresque laissée sur le mur de la postérité et de l’histoire !

                                                                 © Laurent BAYART

  • Evguénia Iaroslavaskaï-Markon, Révoltée, récit, Éditions du Seuil, 2017.

SERENITE DES BOUGIES QUI ECLAIRENT LA PRIERE DE LA LUMIERE OFFERTE A LA MEDITATION.

photo de Rémi Picand, Vézelay

          Dans une alcôve au creux de la pierre de ce lieu saint, une statue semble recueillir la lumière des bougies afin de chuchoter une prière, ode au créateur, supplique à l’éternité semblant s’écouler langoureusement dans cette basilique si inspirée, si inspirante, de Vézelay. Compostelle de foi en quête de cette pérégrination qui sublime la marche dans le cheminement de l’absolu.

Suprême sérénité de la prière qui ressemble à un tête-à-tête ultime avec le fécondité d’un vagabondage intérieur.

Dieu nous écoute dans la respiration de la seconde. Agenouillé, les mains rassemblées comme pour happer quelques gouttes de cette source qui s’écoule de l’invisible, Je scande la jubilation d’exister.

Eau bénite, eau-delà, eau qui purifie ce silence si habité que mon âme chante en silence d’avoir déjà oublié le coffrage de son corps.

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                           24 octobre 2022