Archives de catégorie : Blog-Notes

BILLET D’HUMEUR / ACTE 132 / COUVRIR LE FEU JUSQU’A L’ETOUFFEMENT.

         Drôle d’ambiance en ce moment où nous vivons l’état d’urgence (sanitaire) « agrémenté » par un angoissant couvre-feu qui concerne les régions dites en « zone occupée » (par Mister Corona !). Celles demeurées en « zone libre » sont –pour l’instant – laissées en paix (repose en…). Bref, c’est la guerre des nerfs et les flammes nous menacent dangereusement, à lire les médias qui n’ont de cesse de jeter de l’huile sur le feu qui couve…

Les temps sont à l’anxio-gégène et les invétérés optimistes sont priés de ne pas siffler à tue-tête dans les rues ! Voyons…Vous foutriez la trouille aux oiseaux de…mauvais augures ! Curieuse atmosphère délétère où l’on nous annonce cette deuxième « vague » qui ressemblerait à une déferlante, un tsunami microbien ! Vous avez intérêt à bien vous accrocher à votre surf ! Sinon, on parlera de vous en terme de feu… le monsieur ! Nul n’est parfait, ou plutôt imparfait ! Incendies dans les urgences et les réanimations, le coronavirus nous met en branle-bas-de combat, pour ne pas dire, à hue et à dia ! Le siècle sera pandémique ou ne sera pas aurait – finalement – déclaré André Malraux…

Il serait grand temps de couvrir ce feu afin qu’il étouffe et meurt de sa propre camarde. Que ce virus finisse en cendres, avant qu’il ne nous transforme en brûlot !

Et si l’on noyait ce feu incontrôlable dans un océan de masques et de gants en latex, histoire de lui montrer de quel bois on se chauffe ?

L’espérance étant plus forte que la brûlure des combustions. 

Couvrir le feu  d’un peu de bonne humeur et repartir avec un grand soleil sur la ligne d’horizon de nos lèvres…

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       26 octobre 2020

LIVRES/ MEMOIRES CROISEES DE BERNARD KOUCHNER ET ADAM MICHNIK/ LA DOUCE HUMANITE DE L’HUMANITAIRE OU LA DISSIDENCE DES HOMMES DEBOUT.

Encore une surprise de lecture avec ce livre paru en 2014 « Mémoires croisées », intéressant et instructif à de nombreux égards, qui permet de mieux connaître un personnage parfois agaçant mais toujours attachant qu’est Bernard Kouchner, toubib, qui fut plusieurs fois, ministre et bâtisseur emblématique de Médecins sans frontières, ainsi que de découvrir ce « combattant » atypique qu’est Adam Michnik, dissident politique et héros de Solidarnosc, fondateur du plus grand journal polonais Gazetta Wyborcza.

Ces entretiens (une cinquantaine d’heures), menés par Jolanta Kurska, constituent un retour sur une actualité proche et un ensemble de débats et de positions contradictoires, mais toujours respectueuses de l’autre. Actes de résistance qui grandissent indéniablement ces hommes parfois controversés parce que, inclassables et « n’habitant » pas l’esprit de chapelles et de castes. 

Ces entretiens passionnants évoquent mai 68, l’Europe, les relations entre la France et la Pologne, le monde après les attentats du 11 septembre et leurs façons de faire « bouger les lignes » dans leurs pays respectifs.  Mise en lumière de ces hommes d’action qui inspirent le respect. De son côté, Adam m’a fait partager ses découvertes et ses missions avec Vaclav Havel, et les conditions de son soutien – temporaire – à Jaruzelski qui évita l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge. Ce qu’en Occident, on ignore. Mai 68, Pas une révolution mais une révolte qui amena de grands changements dans les mœurs selon Michnik et une libération de la parole selon Kouchner, mais une utopie avortée car où étaient les trublions révoltés ? Lorsque les chars soviétiques sont entrés en Tchécoslovaquie et ont écrasé, avec le soutien des forces du pacte de Varsovie, le Printemps de Prague sans provoquer de réactions chez les étudiants parisiens…

Plus loin, un peu amer, Kouchner, le disciple du « droit d’ingérence », de s’interroger : je n’ai pas vu beaucoup de gens de 68 engagés dans le reste du monde car ceux qui ont fait MSF n’étaient pas des gens de mai 68…car avant, rajoute t’il, il n’existait pas de médecine de catastrophe. C’est nous qui l’avons inventée. 

L’abbé Pierre parlant de notre médecin volant, pourtant athée, répétait à l’envi que j’étais chrétien, que « mon impatience était ma foi ». 

Et pour finir, cet ouvrage remarquable et passionnant, je citerais encore notre médecin humaniste, homme d’action : Oui, je sais combien il est plus facile de rester un dissident permanent : on écrit des livres, on signe des pétitions, on défile… /…mais il me semble que, parfois, il faut s’engager, se salir les mains, accepter les compromis, tout en gardant le sens de la révolte et de l’engagement. Dont acte.

                                                          Copyright : Laurent BAYART

* Mémoires croisées, Bernard Kouchner et Adam Michnik, Allary Editions, 2014.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 131 / CE SERA L’ANNEE DU SIGNE DU PQ (SELON LE CALENDRIER CHINOIS !).

         Qui eût imaginé un instant que l’année allait être placée sous  le signe du PQ dans la constellation (en forme de rouleau) des figures zodiacales du cacalendrier chinois ? Le coronavirus number 19 aura bourré le chariot de la ménagère de masques (made in empire du Milieu !) et de p.q. niais (business oblige), destiné à faire (affaires) chanter la chasse d’eau des commodités et à rassurer le quidam. La deuxième vague à défaut de nouvelle vague semble déferler sur nous, sermonnent et martèlent les médias. Et même un bon surfeur n’en finirait pas de tousser en buvant la tasse pandémique. Décidément ce tsunami microscopique n’arrête plus de nous harceler et de nous obliger à vivre masqués, distanciés et « barriérisés ». Le nouveau monde est en route, pour ne pas dire en…déroute.

Difficile à l’invétéré optimiste de le rester dans cette ambiance saumâtre. On lui promet anxiolytiques et antidépresseurs dans les officines pharmaceutiques (tant qu’à faire (affaires, encore !), achetez-vous –en passant- le vaccin ! Enfin bref,  on nous présage de se retrouver définitivement au bout du rouleau si on n’engrange pas rapidement un peu de vitamines en surdose de bonne humeur !

Atchoum… aurait signé le nain éponyme.

                                                               Copyright : Laurent Bayart

                                                                       22 octobre 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 130/ RESTO EN TETE A TETE ET EN MODE MASQUES.

Tête à tête en amoureux et en version resto. La mode coronavirusienne nous emporte dans une Venise de l’absurde à porter nos loups, ou plutôt nos masques…C’est ainsi le temps de la sainte protection, des panneaux de plexiglass pour contrer l’appétit du méchant virus. Entre les plats, on se déshabille le visage pour enfin se dévoiler la face. Que ça fait du bien, ces instants d’intimité à se regarder sans avoir à se contenter de la lecture de nos iris ! Les temps sont décidément à l’évitement, à la distanciation, aux incommensurables gestes barrières et aux rasades de mixture hydro alcoolique sur les mains comme les ablutions des ancestraux gestes bibliques. Peste de ce monde de la déshumanisation !

Le temps suspend son vol, les tablées aux alentours se figent : le voisin est pris d’une violente quinte de toux…

Un baiser rebelle sur nos lèvres pour conjurer le mauvais sort.

Nos masques suspendus horizontalement, comme des pendus, sur le porte-manteau de la table et de sa nappe.

Je t’aime, sous l’harmonie musicale des fourchettes et des couteaux.

Gastronomie de nos amours.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                                 18 octobre 2020

LIVRE / DANS LA FAMILLE MITTERRAND, JE DEMANDE…LE NEVEU FREDERIC !

          Dans l’exercice ardu de faire « table » rase des quatre énormes piles de ma table de chevet, je suis tombé sur un journal de 700 pages…rédigé par l’ancien ministre de la culture, cinéphile et  ex-directeur de la Maison Médicis : Frédéric Mitterrand. Le livre s ‘intitule La récréation mais, nous n’avons pas affaire-là, à des souvenirs d’écolier mais à ceux d’un homme élégant et distingué, parfois controversé aussi qui défraya la chronique avec de sulfureuses révélations contenues dans un précédent ouvrage. Désir sombre et velléités de foutre ce pavé à la poubelle ! Eh oui…Mal m’en aurait pris car ce journal écrit – de mains de maître – est un véritable petit bijou, d’écriture, de distance, d’observation et d’analyse, mitonné avec pertinence et dérision.  Ministre de Nicolas Sarkozy, sous la houlette de François Filon (de juin 2009 à mai 2012), notre ami nous dresse le portrait des hommes politiques qu’il côtoie, tantôt avec bonheur, tantôt en avalant quelques couleuvres, voire des pythons ! Rantanplan, ainsi se surnomme t-il, nous trimballe dans ses tribulations de ministre où, le personnage ne se contente pas de faire danser les parapheurs dans son cabinet mais « habite » le terrain et s’en va – bon an mal an – en province à la rencontre des maires et des projets granguignolesques parfois en faisant actionner sa « réserve » de ministre ou pompes à phynance comme aurait dit le Père Ubu. Le labeur quotidien est astreignant, difficile, essentiel ; ce sont les rencontres qui l’éclairent et font accepter les contraintes.Aréopage de « tapeurs », d’écornifleurs et de persifleurs qui viennent quémander son aide tout azimut. De bonne guerre comme on dit.

Gérard Longuet, Roselyne Bachelot (dont il prédit presque qu’elle obtiendra un jour le portefeuille de ministre de la culture !), Xavier Bertrand, Luc Besson et tutti quanti, sans compter les ténors de la politique internationale. On se régale littéralement à ces descriptions et à ce regard acéré, finement taillés comme des costards, mais toujours tendres et bienveillants. Rare dans le monde interlope de la politique. 

Homme de culture, Frédéric Mitterrand agrémente ses chroniques quotidiennes de nombreuses références cinématographiques, une véritable prouesse. On pourrait presque rajouter celle de…Il était une fois dans l’ouest, façon western.

Il pressent le générique de fin lors de la campagne électorale de son mentor. Clap terminal.

Mitterrand, le neveu Frédéric, s’éclipse dans un ultime travelling en écran redevenu blanc.

                                                          Copyright : Laurent BAYART

La récréation de Frédéric Mitterrand, Editions Robert Laffont, 2013.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 129 / CLIN D’ŒIL AU TROUBADOUR JEAN HUMENRY CAR IL EST (ENFIN !) VENU « LE TEMPS D’AIMER » ?

         Certains ont peut-être souvenance de ce vinyle trente- trois tours, sorti en 1977, (que j’écoutais alors en boucle) : Il s’agissait des chansons de l’auteur-compositeur Jean Humenry qui faisait partie de l’aréopage/équipage de Jo Aksépsimas, de Gaétan de Courrèges et de Mannick, bref le groupe « Crèche ». Une époque bouillonnante et foisonnante d’utopie vivifiante.

Le titre de ce disque s’intitulait Le temps d’aimer. Ne peut-on pas trouver  plus beau titre ? Une grappe de chansons à vous injecter des doses d’adrénaline d’optimisme et de joie.

Qu’il serait peut-être vivifiant de passer enfin au « temps d’aimer », si cher au chanteur Jean Humenry. Voilà, dans le climat de morosité et de sinistrose actuel, une merveilleuse utopie qui nous permettrait de rêver les yeux ouverts et de quitter ses années tristounettes pour aller de plain-pied dans un monde meilleur qui puisse nous permettre de regarder (enfin !) vers le haut. 

Et s’il suffisait d’y croire pour que le monde retrouve son enchantement ? Il s’agirait, peut-être là, de cette révolution que l’on attendait tous et qui surgirait tout simplement de deux endroits improbables et mystérieux : nos cœurs et nos âmes.

Qui a dit que le changement commençait par nous-mêmes ? 

L’ espérance écrit dans la fratrie retrouvée de nos tendresses.

Jean Humenry chantait alors :Je vous inventerai le temps d’aimer/ Je vous inventerai la liberté…

Et si c’était enfin le moment de réinventer le bonheur ?

                                                          Copyright : Laurent BAYART

                                                                    7 octobre 2020

ARTS PLASTIQUES /LA PRIERE DE L’ART QUI NOUS ELEVE ET NOUS EMMENE DANS LES TERRES (L’ETHER) DE L’ORANTE AVEC CECILE BIEHLER.

       Merveille des mains jointes dans l’attitude de la prière, les bras levés et tendus vers le ciel. La plasticienne Cécile Biehler, artiste multidisciplinaire, nous offre la spiritualité de ses œuvres qui nous élèvent au-dessus des lourdeurs de la terre pour nous emmener aux confins du cosmos et de l’absolu. Générosité de ses créations qui empruntent une multitude de formes et de palettes pour nous emporter dans cet imaginaire qui nous remplit l’âme de quiétude et de félicité. Elle nous incite aussi à la contemplation et au recueillement.

Silhouettes découpées comme des sentinelles accrochées aux murs qui semblent veiller à la sereine béatitude de notre humanité. Lumineux itinéraires qui balisent nos chemins en quête d’émerveillement. Toiles peintes dans la rondeur mystique des planètes qui enchantent nos ciels étoilés et nous offrent le mystère des ineffables voyages. Mosaïques prenant différents aspects et se muent tantôt en fragiles libellules, en tables et mobiliers, ou en improbables variations géométriques. Aparté aussi dans le domaine de l’illustration où l’artiste excelle à nous raconter les plumes qui dansent dans l’allégresse de leur légèreté, les prêtres comme des oiseaux dans les nuées où le visage des vieillards qui portent leurs rides telle une syntaxe racontant leurs existences. Et au passage, elle décrit le soupir de bonheur d’un accordéon, toute la nuit ils dansent dans l’indécence de leur grand âge. 

Car Cécile est aussi plasticienne des mots et nous chuchote une poésie de l’essentiel, ciselée dans le rubis des instants précieux qui se fixent sur les livres-objets qu’elle conçoit et fabrique.

Passeuse éclairée, elle transmet aussi ses passions sous la forme d’ateliers artistiques qu’elle propose, comme une manière  de guider, jeunes et adultes, dans le monde de l’enchantement et de la magie que constituent l’art et l’écriture.

Ses œuvres sont des liturgies et des offrandes, une façon de prières qui convoquent le silence. Les murs de la bibliothèque, devenus vitraux d’une improbable cathédrale de livres, psalmodient d’étranges cantiques.

Et Cécile, telle une prêtresse ou une shaman des temps modernes nous fait regarder vers le haut. Là où nos yeux et notre âme se donnent rendez-vous dans l’éphéméride de Dieu.

                                            Copyright : Laurent BAYART

  • l’exposition a lieu durant tout le mois d’octobre à la bibliothèque municipale de Mundolsheim, 19, rue du Général De Gaulle.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 128 /INOXYDABLE ET INUSABLE JEANNIE LONGO, 62 ANS ET TOUTES SES DENTS (DE DERAILLEUR) !

illustration de Bruno Cortot, extrait du livre de Laurent Bayart « Un amour de bicyclette ». 2010

Franchement, Jeannie Longo est littéralement extra-ordinaire car, mine de rien, dans l’ombre de notre fantaisiste du cyclisme français Julian Alaphilippe, notre mamie de la pédale est devenue championne du contre-la-montre de la région PACA ! A l’heure des thés dansants et du scrabble sur le canapé, elle écrase les pédales et file encore comme une comète avec ses roues profilées ! Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, chapeau bas madame Longo, en version cuissard !

Son « exploit » est quasiment passé à la trappe avec le maillot arc-en-ciel de Julian remporté ce dimanche à Imola, mais ce qu’elle a réalisé nous laisse pantois et nous fait tomber de la selle ! Et pas « celle » des commodités… Pardonnez du peu, mais elle a laissé sa « dauphine » de quarante ans (une ado !) à près d’une minute. Encore une fois, pardonnez du pneu ! Licenciée au club varois de la Roue d’Or de Sanary, elle a remporté un nième titre à l’heure des feuilles mortes  et du crépuscule. Ah, la bonne blague !

La sportive française, cycliste de surcroît, la plus titrée de l’histoire, a tricoté encore avec la gloire en donnant la leçon aux petites jeunes. Ca doit jaser sur les podiums…

Potion magique, jus d’orange explosif ou tisane à la camomille sur-vitaminé, elle n’en continue pas moins à « effrayer » la chronique et rassure tout un chacun, à l’instar d’une épopée napoléonienne : non, la retraite ne sent pas forcément le roussi !

A la place des photos de ses petits enfants et progénitures, ses étagères s’encombrent encore d’une magistrale coupe en mode trophée.

Cette mamie continue de flinguer toutes les statistiques. 

Quant à miss Corona, qu’elle laisse tomber, Jeannie file trop vite pour choper le virus, sinon celui de l’éternelle jouvence !

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                              30 septembre 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 127 / IL Y A QUELQUE CHOSE DU MANEGE ENCHANTE…

         Tournicoti tournicoton, voilà t’y pas qu’un drôle de Zébulon s’invite sur le manège, devenu – pour la circonstance – enchanté avec cette mascotte jaillit de nulle part ou plutôt des émissions fétiches et vintages de la vétuste ORTF…C’était en 1972 où un certain Serge Danot lança cette émission enfantine, dans le cadre de Colorix,qui nous fit rêver et tourner de bonheur. On y retrouvait  Pollux, le chien tapis moquette anglais à poil long, fan de sucre (c’était avant le diabète !) et à l’accent so british, s’il vous plaît ! (C’était bien avant le Brexit !).Voilà pour les personnages emblématiques mais il y avait aussi le Père Pivoine, Margote, Ambroise l’escargot et le bonhomme Jouvence, jardinier –façon Jeannie Longo – qui roulait en tricycle malgré ses 100 ans…A cet âge-là, on ne parlait pas pudiquement de séniors mais de vielles gens…

Alors, me revoilà par la grâce de Camille et Jules, nos petits enfants ludiques et taquins, embarqués dans ce manège planté dans la place centrale d’une petite ville alsacienne. Evocation de la magie de nos jeunes années où les temps étaient encore à l’émerveillement. La télévision d’alors représentait encore une « lucarne magique » et non pas une boite « box »…avec des centaines de programmes à la clef…Où l’on prend des heures et des heures à zapper et à tricoter son ennui entre les chaînes, un mot qui n’existait pas à l’époque !

Manège de nos existences qui « pirouettent et cacahouètent »… trop vite désormais. Parfois, un pompon arraché de haute lutte, au crochet du forain, nous offre un petit tour gratuit. Prolongement du plaisir de tourner encore et encore avec ses véhicules colorés, figés sur place, voitures de l’immobilité, de la vitesse molle, carrosses aux couleurs « flashy » et aux chromes scintillants de mille éclats.

Métaphore de la vie qui nous fait parfois tourner en bourrique, jusqu’à ce que le manège s’arrête et sa musique se suspend.

Plus de tickets dans les poches. Il nous faut repartir. Où est passée maman ? Partie depuis longtemps…

Le petit garçon est devenu un vieillard, oui mais avec des étoiles dans les yeux…

                                                            Copyright : Laurent BAYART

                                                                         14 septembre 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 126 / POIGNEES DE MAINS POUR DEMAIN ?

Où sont passées nos chaleureuses poignées de mains qui scellaient l’ordalie de nos rencontres ? Et toi, l’ami, que je n’avais plus vu depuis tant d’années, nous nous sommes croisés derrière les barbelés dressés de nos « gestes barrières », mais nous n’avons pu signer notre rencontre d’une poignée de mains, la faute à ce maudit virus qui nous pousse contre ses rambardes et ses grilles !

Mais de quel monde avons-nous hérité-là ? Une humanité sans visage, masquée par la peur. Un monde confiné sans sourire, sans baisers, devenu anonyme et sans tendresse, désormais éloigné de toute chaleur et fraternité ? Il nous reste plus qu’à regarder le tissu bouger, l’arpège de la bouche fabriquer des sons qui nous reviennent étouffés dans un mouchoir en papier ou en plastique. Ne plus se toucher, sentir l’haleine de l’autre, éviter ainsi la proximité du monde infinitésimal où le microbe se transformerait en un vampire, suceur de vie et de poumons. Nos vies toussotent. Il ne demeure plus que la lumière de nos yeux pour nous chuchoter de mystérieuses connivences.

Mais où va donc notre respiration ?

Frère, je voudrais tant voir ce visage qui me parle et qui m’interroge.

Pourquoi cette distance, que dis-je !, cet océan et autre ligne de démarcation entre nous ?

Il ne restera plus que les mots pour confondre nos souffles aux baisers de l’instant.

Ma feuille de papier sans calque pour te dire que je t’aime.

Et te tendre la main avec au bout des doigts l’alphabet des retrouvailles.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       7 septembre 2020