Archives de catégorie : Blog-Notes

AUJOURD’HUI, C’EST TON ANNIVERSAIRE, MON AMOUR…

Eh oui, ma Véronique, quelle idée que ce jour anniversaire en pareils moments et circonstances ! Confinés comme des huitres dans nos coquilles en pierre. Pendant que tu dors encore, je voulais t’écrire ce petit message d’amour, une façon de cadeau qui viendrait du magasin de mon imaginaire et de mon inspiration. 

Nous, mon amour, on a dépassé la quarantaine, en terme d’années, depuis que l’on se connaît ! Confinés les deux par cette alliance et par les serments prononcés un jour dans notre Val d’Ajol, poumons de nos existences et repos vert de nos coeurs. Le temps passe et nous chahute, nous bouscule et nous malmène, mais nous sommes encore – par la grâce de Dieu et de nos anges-gardiens – restés confinés ensemble et unis. Nos enfants et petits enfants comme des papillons nous remplissent le cœur et l’âme de ce bonheur qui nous émerveille au quotidien. 

Mon bélier, ma haute-saônoise, les années filent et passent mais ne nous lassent jamais. Etre avec toi, chaque jour, c’est apprendre à vivre et rester heureux, un mot majuscule dans notre monde plein de turbulences.

Ce petit texte à ton réveil devant un café fumant et un monde à ré-enchanter avec toi. Poème-croissant à croquer. Demain, restons ensemble, à conjuguer nos vies à tous les temps du verbe aimer. Et glissons, doucement vers demain, avec la tendresse des jours comme des rendez-vous qui passent lentement, à savourer l’instant, à l’image d’un soleil posé – tel un marque-page – entre les feuillets de nos existences. Confinés, certes mais en duo qui nous permet de rester encore debout, à nous enlacer tendrement.

L’amour, le véritable, c’est de prononcer encore les mêmes mots, les mêmes serments, après plus de quarante ans, notre quarantaine à nous, à se connaître et se découvrir,  encore et toujours…passionnément amoureux.

Tu t’en souviens, c’était hier : Je t’aime comme un et un font toi !

                                                                                Copyright  Laurent BAYART 

                                                                                    27 mars 2020    

LIVRE / LES ARCANES (TORDUES) DU MONDE DE L’EDITION AVEC JEAN-FRANCOIS MERLE COMME APPARITEUR.

Cet ouvrage est une joyeuse surprise, d’un auteur, Jean-François Merle, que je ne connaissais pas et qui a officié dans le monde de l’édition. Justement, ça tombe bien, il en parle comme s’il se trouvait en terrain conquis !

Histoire d’un auteur, plutôt tâcheron, plutôt en mode laborieux qui bute lamentablement sur la première phrase :J’en possédais un stock, de premières phrases, affriolantes et bichonnées, prêtes à l’usage, consignées dans une chemise à soufflet… » Et le voilà qu’il se trouve en pleine angoisse de la page blanche. Plus de suite. Plouf. Et son éditrice Dolorès qui l’attend au tournant. Elle lui avait versé un solide à-valoir…qu’il a grillé en alcool. Gloup. Le piège se referme…

Pour le sortir de l’impasse, on lui propose un deal qui consistera à faire le nègre, pardon, le « prête-plume » pour l’auteur « phare » de la maison : André Maillecourt. Le voilà parti à la chasse au « grand écrivain » qui n’est finalement qu’un immense leurre, voire une tromperie éditoriale. L’écrivaillon deviendra – à son corps défendant – un véritable limier…chargé de rédiger ses mémoires à sa place ! Trois jours, donc, trois épuisantes journées durant lesquelles je m’échinai vainement à tirer les vers du nez du plus grand écrivain vivant pour percer les mystères de son génie…Si Maillencourt est un imposteur, qui a écrit ces trois livres ?  

Voilà un ouvrage à rebondissements et à facettes, finalement palpitant, sorte de huis-clos où Dolorès, l’éditrice, Solveig, la secrétaire (mais pas que…), Maillencourt, l’oncle mystérieux, clés du mystère et le narrateur constituent la passionnante dramaturgie du récit.

Ce livre est un véritable plaisir et une manière pertinente d’entrer dans les arcanes du monde de l’édition. Question : est-ce véritablement une fiction ou bien, une réalité dans le genre « toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. » ? That is the (lancinante) question !

                                                             Copyright Laurent BAYART

Le grand écrivain de Jean-François Merle, éditions Arléa, 2018.

UN RENDEZ-VOUS QUOTIDIEN SUR FACEBOOK AVEC HENRI DES OU LE MAGICIEN DE LA TENDRESSE

          J’ai chaque jour rendez-vous avec l’auteur-compositeur emblématique, le magicien-enchanteur des chansons pour enfants, qu’est Henri Dès qui me plonge dans le bonheur d’un monde un peu passé et désuet, lorsque nous étions jeunes parents à écouter ses merveilleuses comptines jouées à la guitare de sa voix si chaleureuse. Nous l’avions même vu en concert dans la salle (vintage) de la Marseillaiseà Strasbourg… Trésor de poésie et de tendresse avec ses tubs que nous chantions à tue-tête à l’époque : Les bêtises, Y’a tout qui va pas, les crocodiles, la petite charlotte…Ah, je vous entends sourire ! Tout cela est bien puéril. C’est pourtant les larmes aux yeux que je l’écoute et le revois aujourd’hui. 

         Et, merveille du temps qui se mord un peu la queue, voilà que nos enfants, devenus adultes et jeunes parents, entonnent ses chansonnettes avec leurs propres enfants, le temps d’un rendez-vous quotidien sur Facebook.  Ca m’a fait un choc de revoir ce jeune homme de (presque) quatre-vingt ans nous envoyer des tonnes d’énergie positive en « live » dans son salon, avec par moments son chien qui vient l’interrompre et sa compagne qui pousse la chansonnette, elle aussi ! Un bonheur de revoir cet artiste atypique qui sait parler (intelligemment) aux enfants avec grâce, douceur et poésie.  De son vrai nom, Henri Destraz, citoyen helvète né en 1940, a quitté l’école sans diplôme (apprentissage de dessinateur-architecte) et exerça les métiers de « vendeur de savonnette et de concasseur de camions ». Puis, autodidacte, se mit à la guitare comme certains entrent dans les ordres. Il chante d’abord des chansons pour adultes. Sa bio nous apprend qu’il fut classé (tout de même) 4èmeau concours Eurovision de la chanson en 1970, ex aequo avec un certain Julio Iglesias…Mais rapidement, découvert par le chanteur Adamo, il se lance dans ce qu’il allait devenir son karma de chanteur dit pour enfants (mais pas que…) avec une multitude d’albums, des disques d’or, d’innombrables récompenses et une kyrielle de tournées et de concerts…

On apprend aussi que cet enchanteur du verbe qui donne la parole aux enfants avait perdu le sien, au bout de cinq jours…Mais la vie lui offrit deux autres enfants qui furent ses complices Pierrick, alias Mouloud Rochat (devenu musicien) et Camille (directrice de théâtre) et de sa  première femme Marie-Jo…

Et puis, sa vie bascule récemment. En effet, cet éternel jeune homme est victime, le 27 novembre dernier, d’un infarctus  et sera sauvé, in-extremis par sa compagne Nathaly Karleen, avant que les secours n’arrivent. Son égérie lui brisera deux côtes et le sternum mais sauvera ce prophète de la bonne humeur qui – paraît-il – en pleine convalescence à l’hôpital se fit la belle pour rentrer chez lui avant l’heure ! Les deux toubibs qui le soignaient étaient en larmes : marmots, ils étaient fans de ses chansons…

Alors, avoir avec mes enfants et petits enfants, ce rendez-vous quotidien avec Henri Dès constitue un moment de joie et de bonheur, une belle échappée vers un monde de tendresse et de lumière. Une bénédiction en ces temps de tsunami viral et de dévastation planétaire…

Henri Dès nous offre le meilleur de l’homme, en passant par le monde si naïf de l’enfance. Un sourire positif qui vaut aujourd’hui son pesant d’or. On pourrait même lui décerner un Nobel à ce chanteur vaudois, non ?

                                                                            copyright Laurent BAYART

                                                                                  25 mars 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 92 / ASSIGNES A RESIDENCE OU LA (SOMBRE) VICTOIRE DU SEDENTAIRE.

@ photo de Némorin, alias Erik Vacquier

Situation inédite, extra-ordinaire comme dans un film catastrophe, sauf que…Nous voilà assignés à résidence, domicilié chez nous, confinés et réduits à un huis-clos où tous les événements, rendez-vous, manifestations, rencontres, visites…se retrouvent en mode annulations et reportées aux calendes… grecques ! Il ne se passe par une journée sans que l’actualité nous étouffe de ses oxydantes et anxiogènes nouvelles. Et ce chiffre effroyable des décès en Italie…Comme une guerre qui ne dit pas son nom, un conflit dans l’infinitésimal du monde microbien. Et pourtant, le printemps est là, trompeur à souhait pour nous inviter à faire la fiesta, à sortir et aller donner de grandes bourrades sur les épaules des amis et des passants ! Que nenni, le virus vous mordra illico presto ! Et vous fera tousser, la mort dans l’âme.

Confiner, le Petit Robert nous le précise bien :Toucher aux confins, aux limites d’un pays…Nous voilà donc chez nous, dans notre territoire sacré, dans l’herbe folle du jardin ou sur le tapis persan (super, une évocation au voyage !) ou le cuir « vachement » confortable du salon en mode pause (qui dure). Voilà que nous sommes invités à rester sagement derrière notre paillasson. Barbelés à ras du sol de la frontière.

Voici venu le temps béni pour les sédentaires invétérés. Plus besoin de justifier son refus lorsqu’on leur propose un voyage ! Chez moi c’est un pays buissonnier, confins dont je ne connais pas encore toutes les routes et sentes…

Le monde est à notre porte. Il suffit simplement de l’ouvrir de l’intérieur.

                                                                           copyright Laurent BAYART

                                                                                22 mars 2020

LIVRE / ESPECE DE VIEUX SCHMOCK OU LE DERNIER LIVRE DE FRANZ-OLIVIER GIESBERT.

Ce nouveau livre de l’écrivain-journaliste Franz-Olivier Giesbert pose cette question essentielle qui ne cesse de tarauder les historiens depuis tant d’années :Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi tant d’Allemands « bien », respectables, avaient pris à la légère la montée du nazisme tandis que les Juifs tardaient étrangement à fuir. 

L’écrivain raconte, avec son talent habituel, cette lente montée d’Hitler, en reconstituant le fil des événements à travers quelques personnages clefs dont Elie Weinberger, (qui côtoya le Furher), Karl Gottsahl, Elsa, Lila et d’autres, emportés par ce maelstrom où le hasard n’a finalement rien à voir. Agé de vingt-cinq ans, cet Hitler était un personnage étrange, embarrassé, pas causant. Tout, sur son jeune visage, pendouillait comme du vieux linge…Giesbert nous précise aussi –contrairement à ce qu’on pourrait penser – que Hitler n’a pas été porté par le raz-de-marée qu’ont décrit, les réécriveurs de l’histoire. Contrairement à un mythe bien ancré, jamais le parti nazi n’a été majoritaire en Allemagne…Passionnant, ce livre qui se lit d’une manière romanesque, bien que suivant à la trace l’histoire. On voyage dans cette monstruosité qui se construit et qui ne dit pas encore son nom, à laquelle beaucoup ont collaboré sciemment ou non. Karl, l’un des personnages résume bien cette ascension : J’ai sympathisé avec lui pendant la Première Guerre../..tout en reconnaissant son talent oratoire, son éloquence quasi mystique, je l’ai toujours sous-estimé. D’abord, j’ai pensé qu’il était trop bête pour arriver au pouvoir…/… On ne se méfie jamais assez des imbéciles. 

Quant au mot Schmock, il s’agit tout simplement d’une insulte dans la langue yiddish.

                                                                           @ Laurent BAYART

Le Schmock , roman, de Franz-Olivier Giesbert, Gallimard, 2019.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 91 / CHERCHE FIGURANTS POUR FILM CATASTROPHE.

le virus fait son cinéma mais c’n’est pas du cinéma ! (photo de @ Némorin, alias Erik Vacquier)

Hallucinant scénario, de jour en jour, un château de cartes s’écroule devant nous. La faute à qui ? Au domaine de l’infiniment petit, du microméga comme aurait écrit si bien Voltaire, d’un virus le corona (la « couronne » mortuaire ?) qui vient faire vaciller le monde entier et nous plonge dans un indescriptible chaos qui commence- doucement – à dire son nom… ? Et ce quatrième jour de confinement à la maison, comme un arrière-goût d’amertume dans la bouche. Une troisième guerre mondiale sans explosion, sans déflagration atomique…sauf qu’un minus de virus a mis, sens dessus, sens dessous, les organismes humains ! Les rues sont vides. Tout est déserté, dévasté…La pandémie ébranle déjà un monde vacillant qui n’en croit pas ses thermomètres ! Les êtres humains sont donc bien devenus fous ! A piller les magasins et emmagasiner des tonnes de papier hygiénique ! 

Nous voilà plongés dans un décor/ travelling de cinéma sauf que…Messieurs/dames, on cherche des figurants pour un film catastrophe. Vite, dépêchez-vous d’envoyer votre CV (costaud virus!) sans tarder ! Le directeur de production recrute ! Film apocalypse dont la sortie à l’écran est immédiate, quasi en temps réel, serait-on tenté de dire…

Non, Messieurs/dames, vous ne rêvez pas et n’êtes plus simples spectateurs mais bien acteurs !  Silence, on tourne et restez à plus d’un mètre, en version sous titrée et masqués, de préférence ! Confinés dans un film décidément bien trop noir…Pourvu que le mot fin ne vienne pas s’inscrire trop vite sur nos écrans !

                                                                            copyright Laurent BAYART

                                                                                20 mars 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 90 / VOS YEUX FILENT AU GRE DE L’ONDE…

photo de Marie Bayart (Camille et Jules, pensifs)

Vos yeux filent au gré de l’onde. Enfants-songeurs, enfants-rêveurs, vous pensez peut-être au monde que vous allez façonner demain ? De quoi sont faits vos rêves ? Laissez-moi, un instant, oh, juste un instant, entrer dans vos songes, m’y glisser. Petits, préservez comme la prunelle de vos yeux la beauté et l’intégrité de ce monde enchanté, le ballet des poissons qui vagabondent dans l’eau, les libellules, ballerines bleues des eaux, les grenouilles danseuses étoiles des nénuphars…O, soyez plus sages que nous qui avons tout saccagés ! Gardez précieusement l’écrin de cette verte planète qui chante pour vous la chanson de l’instant précieux. 

Peut-être pensez-vous à tout cela en ce moment fixé par l’oeil de la photographe ? Moi qui vous écoute de loin…je perçois le chuchotement de votre regard. Elle est si belle et propice à la sérénité, cette virgule d’eau brunâtre et verte, respiration d’un petit arpent de forêt…Oui, le monde vous appartient déjà. On vous en donne la clef. Nous qui avons été incapables d’avoir la sagesse de l’enfant et la folie de l’amour pour construire un monde meilleur.

Nous aurions dû avoir des volées de moineaux dans nos cœurs au lieu de froides calculettes…

                                                                             copyright laurent BAYART

                                                                                17 mars 2020

photo de Marie Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 89 / APO-CUL-YPSE NOW

A force de prévoir des scénarios catastrophe, à grands coups de bombes atomiques et autres docteurs Folamour, nos grands prévisionnistes de l’apocalypse n’ont pas vu venir l’infinitésimal du monde microbien des virus, une autre manière de guerre (des scientifiques apprentis sorciers ?) et qui se répand à la vitesse d’une trainée de poudre. Il aura suffi ce grand tohu-bohu sanitaire venu de Chine pour faire basculer le monde dans un surprenant chaos, une onde de choc à faire tousser toute la planète et à affoler les thermomètres du monde entier. Et voilà, que tout s’enraye, se dérègle, les bourses s’effondrent, les hôpitaux se remplissent, les poignées de mains se figent, les visages se masquent, les sourires se crispent…Et voici que les caddies de supermarchés deviennent obèses et boulimiques. Ils se remplissent comme dans un film de guerre. Et il paraît que le papier toilette, autrement dit le pq, connaît un succès incroyable qui frôle l’hystérie, la diarrhée de la bêtise en quelque sorte ! L’apo-cul-ypse now serait-on  tenté de pasticher. On n’en sourirait presque si cela n’était pas tout simplement pathétique…incroyable ânerie humaine.

 Finalement, l’homme est probablement le plus grand…virus de la planète. Le père Ubu n’est pas mort. Mieux, en ces temps de pandémie, c’est le seul à se porter comme un charme !

                                                                   copyright Laurent BAYART

                                                                       16 mars 2020

LIVRE/ MONTEE AU FILET JUSQU’AU BOUT DE LA NUIT.

Bon, honnêtement, je ne suis pas trop fan de tennis mais ce petit bouquin d’un aficionado de Rodgeur, complètement déjanté à haut débit et totalement illimité, m’a séduit. Opuscule, quasi livre de poche, Roger Federer jusqu’au bout de la nuit  est un ouvrage sur-vitaminé qui vous souffle dans la nuque un courant d’air vivifiant. Bref, une déflagration de bonne humeur ! Ce jeune journaliste lorrain, animateur télé et chroniqueur, en plus d’être papa, pose la lancinante question: est-ce qu’un match de Federer justifie de décaler d’une heure le biberon matinal d’un nourrisson ? Et comme on dit, la réponse est déjà contenue dans l’interrogation. Il ne loupe aucune retransmission même en plein milieu de la nuit lorsque son héro en raquettes fait ses gammes à l’autre bout de la planète. Et notre ami ne cesse de jouer avec le feu, dans le brasier d’une vie familiale intense, il jappe quasiment le baptême de sa fille en ayant constamment un œil (pas le mauvais !) sur les échanges « tennismatiques » du prince helvète de la raquette. 

Et, au final, ce petit livre aux feuillets parsemés de sable rouge se révèle être un vibrant hommage à sa « bienveillante » épouse : Quelle compagne accepterait de perdre sa matinée du jeudi 27 janvier 2005, posée sur la chaise en plastique d’un modeste resto asiatique paumé dans la dernière galerie d’un centre commercial lambda à mater deux gugusses se renvoyer une balle jaune sur un court vert pendant plus de quatre heures ?

Les femmes mariées à des passionnés sont des trésors de patience, nonnes tibétaines et sages hindoues, qu’on se le dise !

                                                                   @ Laurent BAYART

Roger Federer jusqu’au bout de la nuit  de Arnaud Caël, éditions Andersen, collection Sportitude.

LIVRE / UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE HAINE, COINCEE ENTRE VICTIME ET BOURREAU DANS L’ENFER D’UN CAMP NORD COREEN.

A première vue, on pourrait penser que ce livre publié par la coréenne du Nord Kim Yu-kyeong (un pseudonyme afin de protéger sa famille qui vit encore au pays), transfuge qui s’est réfugiée en Corée du sud, est un récit sur les camps situés dans ce pays asiatique « hermétique), ben non ! En tout cas, pas que…

Cette histoire, passionnante et haletante, commence –suite à leur arrestation à Pyongyang – au fin fond d’un camion/panier à salade de Wonho et de son épouse, musicienne. Le camp de l’humiliation raconte cette descente en enfer d’un couple arrêté et qui finit par se déchirer, se désarticuler et se haïr. Narration en forme de huis clos entre trois personnages phares : Han Wonho (le mari), Chae Min-kyu (l’amant, garde chourme, qui n’est autre qu’un sinistre Bowiwon,membre du Bowibu,services secrets du pays), et Su-ryeon, l’épouse.  Le kapo reconnaissant la prisonnière dont il était amoureux dans la vie civile…L’existence, ou plutôt l’enfer, s’organise dans ce camp de travail où les détenus sont humiliés quotidiennement. Wonho le sera doublement en étant cocufié par son épouse. Un enfant naîtra (Seon-pung), dans les limbes du doute, monstre et petit angelot. Les jours sont tellement fatigants qu’ils oublient que le temps continue à couler ; ils ont l’impression qu’il s’est immobilisé complètement ; à force de travailler d’arrache-pied…

On pense que la mort et le suicide achèveront la destinée de ces personnages, mais, suite à son évasion rocambolesque, le « mari » devenu conférencier en Corée du sud verra les ombres de son passé surgir pour laisser aux lecteurs un épilogue – finalement – plein de suspens, de rebondissements et d’amour. Un sentiment  que l’on n’aurait jamais imaginé ressentir au fil de ce récit, à la fois cruel et plein d’espérance. Tout simplement sublime. Une belle leçon que la vie nous donne, comme quoi la haine n’a pas  forcément toujours les derniers maux.

                                                                                    @ Laurent BAYART

Le camp de l’humiliation de Kim-kyeong, roman traduit du coréen, Editions Picquier, 2019.