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BILLET D’HUMEUR / ACTE 66 / STRASBOURG OU DES FEUX QUI RONGENT LES CŒURS ET LES CORPS.

(photo Némorin, Erik Vacquier)

           Il y a des feux, il y a le feu en nous. Ce soir, les gobelets de vin chaud, ses odeurs d’épices et les lampions de la fête ont été chahutés par les urubus de la destruction aveugle. Obsession de toujours tuer. De répandre l’horreur dans les rues illuminées par la liesse. Rendez-vous des humanités joyeuses dans les ruelles de la ville. Les santons de la crèche ont été fracassés. Ce soir, le père Noël est accablé. Affligé par les enfants fous de l’apocalypse, habillés de noir. Le vieillard, tout en bonhommie, a déposé sa hotte et son manteau rouge. Bien trop lourds à (sup) porter. Feux comme des coups de pétard qui hachent les corps qui étaient – jusque là – en goguette. Coups de poignards lacérant le drapeau blanc où flottait la paisible colombe de toutes les paix. Les mots et les paroles sont impuissants,voire inaudibles face à l’abject. La cathédrale semble pleurer des larmes de grès. Sa flèche majuscule se veut être une ode à la tolérance, elle ne comprend pas ce qui se passe plus bas. Ses archanges en pierre, dans les voussures et les tympans du portail, prient dans la lumière/ tabernacle du crépuscule. Ce soir, une immonde gargouille a joué les oiseaux destructeurs et s’est pris de folie. Jusqu’où iront ces ombres ? Démons humains à toujours vouloir semer le désastre ?

Ce soir, les bougies et les cierges se sont allumés. Il faut l’ivresse du soleil pour redonner de l’âme à ces rues balayées par les cyclones de la mort. Notre Dame de Strasbourg prie dans sa robe rose de dentelles des Vosges.

Ami, écoute le doux chuchotement de cette prière qui vient apaiser nos âmes meurtries et éteindre les incendies allumés par les enfants aveugles du néant.

Ce soir, notre prière est plus puissante que leurs cris de haine.

                                                                                                               @ Laurent Bayart                                                                                            

                                                                                 Strasbourg / 11 décembre 2018

 

LIVRE / PASSEPORT POUR SEOUL

 

Patrick Maurus est (ou était) conseiller culturel à Séoul et maître de conférence, il a fait paraître, en 2002, un livre intéressant sinon passionnant sur Séoul. Occasion pour nous d’aller arpenter la capitale de la Corée du Sud par le biais de ce livre comme un sauf-conduit : la littérature. La deuxième partie est justement jalonnée d’extraits de textes d’auteurs qui « racontent » cette ville où coule le fleuve Han : Ah, vous ! Encore cette vieille rengaine du fleuve Han ! Et depuis quand les poèmes et les rivières ont-ils une nationalité ?… /…les poèmes sont écrits pour ceux qui ont des larmes et les fleuves coulent aussi pour eux…

L’auteur de citer en liminaire Walter Benjamin : le vrai problème dans une ville n’est pas de s’y retrouver, mais de s’égarer…et Maurus de rajouter, s’agissant de Séoul, que le touriste, qui sera perturbé par tous les noms illisibles que lui offre le manuscrit de la ville, le sera au point de ne pas s’apercevoir qu’il n’y a même pas de noms de rues…en rajoutant – à toute fin utile – un tableau de l’alphabet coréen ! Plus loin, il écrira comme une manière de description : Ville moderne, tentaculaire, kilomètres de barres d’immeubles, quelques beaux palais et musées…et de nous révéler l’origine du nom de Corée : De celui de l’avant-dernière dynastie, Koryo…./…Au nord, Choson (matin clair), au sud Han’guk (pays des Han). Et de compléter avec Sorabol, parlant de Séoul, signifiant plaine. Voici pour une petite leçon d’histoire et de linguistique. Toujours instructif l’origine des noms !

Voilà pour cette petite déambulation onomastique et littéraire dans les larges avenues de cette mégapole,  avec  l’aide d’une petite carte du centre, extraite de l’édition du Petit Futé de l’époque. Entre temps,  la ville a dû encore bien changer. Les métropoles étant comme des adolescents dont la croissance n’arrête jamais…

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* Passeport pour Séoul, visite et aperçu littéraire proposés par Patrick Maurus, Actes Sud, 2002.

LIVRE / LE POINT (PRESQUE) FINAL DE JEAN D’ORMESSON

 

      Pétillant d’élégance et d’érudition, Jean d’Ormesson, décédé en décembre 2017, laisse une œuvre conséquente et notamment un dernier livre paru juste après sa mort, comme un petit clin d’œil adressé à ses lecteurs. « Et moi, je vis toujours » nous entraine dans l’incroyable maelstrom de l’histoire de l’humanité et des hommes, par l’intermédiaire de ce juif errant dont il emprunte les mots : Oui, c’est moi, mes enfants / Qui suis le Juif errant…/Chacun meurt à son tour/ Et moi, je vis toujours.

Et nous voilà partis dans une folle équipée universelle, avec ce Juif errant qui joue le rôle de passeur et personnage interchangeable à travers les siècles, en passant par la Mésopotamie, berceau de l’écriture : C’était une invention nouvelle : l’écriture. Les paroles ne restaient plus comme suspendues en l’air dans le temps : elles se fixaient dans l’espace sur le bois ou la pierre, plus tard sur du cuir ou sur des papyrus. Et nous voici plongés dans le tourbillon de l’histoire humaine avec ses guerres, génocides et ruines fumantes, Tacite résumant bien cette perversité à détruire : Où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont fait la paix. Et plus loin, Jean d’Ormesson d’évoquer les grandes plumes et autres esprits du siècle des Lumières qui ont fait briller l’esprit français sur le monde.

Ce livre est tout simplement magistral, comme un point final posé sur une œuvre qui ne cesse de nous parler, car cet écrivain vit toujours en nous. Il offre aux inconnus, qui ont traversé le temps, une sépulture car –dit-il – je suis ceux qui ne comptent pas dans les livres – et pas même dans celui-ci. Je suis ceux dont personne ne s’occupe dans leur vie et dont personne ne se souvient après leur mort…

Dont acte. Le distingué allumeur d’étoiles nous offre une dernière bulle de champagne avant de s’éclipser.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* Et moi, je vis toujours, roman, de Jean d’Ormesson, éditions Gallimard, 2018.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 65/ RESTER DEBOUT

 

 

 

                                 (photo Némorin, Erik Vacquier)

        Sommes-nous encore capable de savourer la grâce de l’instant ? Nos pas s’en vont toujours plus vite vers demain. Nous ne percevons plus le paysage qui défile, tel un rouleau de décor de théâtre de marionnettes. Nous sommes devenus des trains/lucioles filant à grande vitesse,  traversant les mondes et les civilisations que nous ignorons avec superbe. Fourmis coureuses qui n’ont plus conscience de cette humanité qui constituait notre placenta protecteur. Nous l’avons percé. L’eau s’est échappée et la terre est devenue un territoire inconnu. Nous voyageons dans la vélocité de l’éphémère. Pris par l’ivresse des raccourcis qui désenchantent la planète et ne mènent  finalement qu’aux confins des impasses.

Nous sommes devenus étrangement absents. A envoyer sans cesse des mails à nos chats et des sms à nos chiens. Tandis que sur nos boîtes vocales, nos voix semblent être des apparences de lumières, à l’image de celles des étoiles qui arrivent jusqu’à nous par les sentes noires du cosmos, mais qui n’existent désormais plus…

Où sommes-nous donc passés ? Dieu nous cherche désespérément. Prenons le temps de nous asseoir sur ce banc avant qu’une tronçonneuse ne le découpe et qu’un bûcheron ne l’achève. Il devient urgent de se mettre en mode pause et de songer à notre sauvegarde.

Sinon, il nous faudra encore et encore marcher. Dans l’obligation de rester toujours debout jusqu’au bout. Les cimetières seront nos porte-manteaux. Nos âmes accrochées à la grande penderie du ciel.

                                                                                                                 @ Laurent Bayart

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 64/ IL NE TIENT QU’A NOUS…

(photo de Némorin, Erik Vacquier)

          Ah, que reviennent les temps du vagabondage, de la fuite de l’instant et des mots qui inventaient des rencontres fortuites. Retrouver le goût de l’essentiel, écrire sur l’aiguillon d’une plume, un peu comme une ballerine se hisserait sur la pointe de ses pieds pour accomplir le ballet d’une danse magique. Ecrire avec l’encre de ses lèvres et offrir la grammaire d’un sourire adressé au passant que l’on croise. Fraternité des hommes qui se mettent de nouveau à chanter et à espérer en des jours meilleurs. Ne pas abandonner le martèlement sourd du bruit des bottes aux militaires et le grondement infernal des chenilles aux tanks. Ne pas les laisser menacer ceux qui restent debout et portent encore des rêves dans leurs pupilles.

Ah, que reviennent les temps de l’espérance, de la beauté des regards échangés et de l’amour prodigué à l’enfant, pris comme une chance et non pas un fardeau ou une charge. Respecter cet arbre- planète – qui nous porte (et supporte) depuis si longtemps car sans lui, que serions-nous ? Son écorce raconte notre ancestrale histoire et la généalogie de nos existences. Elle constitue notre plasma dans lequel sont gravées nos silhouettes. Sans ses branches, nous serions manchots de toute vie.

Ah, que reviennent ces envies de changer le monde et de chahuter l’ordre devenu une façon de dictature en nougat mou. Chloroforme de l’endormissement. Les moniteurs et autres écrans constituent notre anesthésie quotidienne.

Demain peut encore être un rendez-vous et non pas un jour biffé sur l’éphéméride.

Il ne tient qu’à nous de changer le monde. Un seul rêve peut bousculer la litanie des nuages qui promettent le déluge. Un peu d’amour ? A l’instar d’un soleil qu’un météorologue prévisionniste n’aurait pas vu venir…Ses lumineux rayons l’ayant rendu aveugle.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

                                                                            

 

LIVRE / PHILIPPE BRUNEL OU LA BELLE MECANIQUE DU DOPAGE.

 

               Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas d’une fiction, le terme roman ne figure d’ailleurs pas en couverture. Philippe Brunel, grand reporter et spécialiste du Tour de France au journal l’Equipe, nous offre un témoignage/récit accablant, rédigé comme un polar, sur le dopage mécanique dont il est souvent question ces derniers temps.  Le journaliste raconte sa rencontre avec ce physicien et ancien coureur cycliste hongrois Istvan Varjas, inventeur du vélo à moteur qui lui livre la sombre mécanique…de ses confidences. On parle de ces « bidouillages » de cadres depuis 1998 et même avant, puisque les ingénieux mécaniciens réussirent à miniaturiser ce petit moteur qui mettait de la potion magique dans la pédalée des coureurs…Ce dopage, tour de passe-passe, est quasiment indétectable et indécelable : Les hormones laissent des traces dans le sang, dans l’urine surtout, depuis qu’on peut congeler les éprouvettes. Un dopé reste à la merci d’un contrôle rétroactif, avec le moteur rien de tout cela, si l’on ne vous prend pas sur le fait, personne ne pourra vous accuser d’avoir triché…

Véritable polar cycliste, rédigé à la mode journalistique, cet ouvrage livre ses pièces à conviction à charge surtout contre l’extraterrestre du cyclisme : Lance Armstrong qui – outre l’EPO – était déjà doté de ce petit moteur révolutionnaire. Il en avait les moyens et les complicités…

Philippe Brunel nous offre un tableau hallucinant de ce dopage que l’on pensait anecdotique et marginal. Voyage aussi dans le monde interlope d’un cyclisme dominé par l’argent, les conflits et les intérêts, phagocyté par les hommes en blouse blanche,  Mabuse comme le docteur Ferrari qui touchait un pourcentage sur les coureurs…./…Il était plus riche que tout le peloton réuni !…

On apprendra aussi l’origine de la haine du coureur texan vis à vis de Greg LeMond qui lui aurait confié, à ses débuts : avec ce corps massif, ces épaules de déménageur, je lui avais dit qu’il avait plutôt un gabarit de footballeur…Ces mots allaient lui pourrir sa carrière et sa vie pendant bien longtemps…

Pour Armstrong, le Tour était un moyen d’engranger des  paquets de dollars. A ses yeux, ce n’était qu’une immense farce pour un public débraillé dont il souffrait l’haleine quand il le frôlait un peu trop près dans la montée des cols.Alors que le Tour (est) un Tour métaphysique, sentimental et poétique …affirme avec passion Philippe Brunel. Ah, que revienne le temps des héros qui nous faisaient tant rêver !

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* Rouler plus vite que la mort,  de Philippe Brunel, Grasset, 2018.

LIVRE/ LES INCROYABLES FACETIES DU DOCTEUR IRABU  DE L’ECRIVAIN JAPONAIS HIDEO OKUDA.

 

   Petite merveille de la littérature japonaise, croustillante et facétieuse, drôle et finement absurde avec les incroyables aventures de ce psy, le docteur Irabu, inventé d’une plume de maître par l’écrivain Hidéo Okuda. J’avais adoré le premier opus Les remèdes du docteur Irabu, voilà la suite qui n’est pas piquée des vers avec Un yakuza chez le psy. Ce disciple d’Esculape, bon enfant et naïf à souhait, à l’embonpoint impressionnant et qui roule en Porsche, se révèle être quasiment un personnage de manga, bande-dessinée ou de cinéma.  Pour ma part, je me régale de cette littérature atypique, pleine d’humour. On apprend que les ouvrages d’Okuda ont fait un véritable tabac dans le pays du soleil levant, et ça ne m’étonne pas ! Grand patron de la clinique Irabu, héritée de son papa pédiatre, ce psy détonnant officie en attendant le client au rez de chaussée de l’immeuble, lui administrant par l’intermédiaire de sa pulpeuse et sexy secrétaire/assistante, Mayumi, une piqûre, en guise de carte de visite et autre présentation ! Et quelques potaches collègues se souviennent encore de lui : Irabu était une source intarissable d’anecdotes. Le moindre de ses faits et gestes se distinguait de la normale. Ainsi, il avait enduit de peinture fluorescente le squelette de l’amphi.

On se délecte de ces cinq textes rédigés comme des nouvelles où l’on évoque les mésaventures d’un Yakuza allergique aux armes blanches, les névroses obsessionnelles d’un écrivain qui ne se souvient plus du job de ses personnages ou d’un grand joueur de base-ball victime de yips…

Epatantes, ces petites histoires distillées avec la magie d’un verbe surprenant et amusant. On en redemande. Vivement d’autres traductions !

                                                                                                              @ Laurent BAYART

 

* Un yakuza chez le psy d’Hideo Okuda, éditions Wombat, 2014.

LIVRE / MARC JACQUEMOND OU L’INCROYABLE EPOPEE ET AUTRE REDEMPTION GRACE AU VELO

Respect et admiration devant cet incroyable défi que s’est lancé Marc Jacquemond, un ex-collègue devenu ami, celui d’une incroyable rédemption grâce à la pratique (forcenée) de la bicyclette.

En effet, en découvrant son récit, on reste admiratif devant sa pugnacité et sa volonté  : J’ai quarante ans. Je n’ai pratiqué ni sport, ni exercice physique depuis mes 17 ans : soit près de 23 ans sans prendre soin de mon corps. Il est empâté, encrassé, ramollo…Et le voilà qu’il prend une licence à la Fédération Française de Cyclotourisme et se met à pérégriner en chambre à air sur les routes d’Alsace et autres, en affolant le compteur. Et puis, un beau jour, il s’inscrit pour la reine des cyclos sportives, le pandémonium du dérailleur : la mythique épreuve Paris- Brest-Paris ! Le Nirvana du bourlingueur en chambre à air. 1.200 kilomètres à se coltiner ! Excusez du peu ou du pneu…

Ce livre raconte, avec simplicité et fraîcheur, cette épopée humaine et cette lente remontée vers la lumière, ce Ventoux qu’il grimpe en lui-même. Rencontres, fratries cyclistes, découvertes, coups de mou, découragements mais aussi, incroyable force de caractère qui suscite l’admiration.  Une belle leçon pour chacun de nous ! Oui, en posant l’huile essentielle de son saint cambouis, le vélo peut changer la vie , voire même la métamorphoser. A découvrir absolument.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

  • Prix de vente 15,50 Euros (180 pages), préface de Laurent Bayart. /  Pour toute commande / edilivre.com

EXPO/ LES LUMIERES MAGIQUES DE LA COTE D’OPALE OU LE CLIN D’ŒIL D’ALAIN TIGOULET.

Tigoulet-Alain-10

 Les murs de la bibliothèque de Mundolsheim jouent aux voyageurs.  Sur les tringles et les crochets sont suspendus les paysages de cette cote d’Opale et sa lumière, tout en profondeur. Hymne à l’infini où l’océan pose la magie de sa cosmogonie en coquillages volages telles des étoiles. Les nuages caracolent au-dessus de la mer comme un rideau de théâtre balayé par la chorégraphie des vents. Balade de dunes et de plages, symphonie d’estuaires, adagio de marais, cantate d’écueils et cantique d’une religion où l’homme se révèle être un élément infinitésimal dans cette nature redevenue sauvage. Une gommette sur une toile. Un détail telle une signature en bas de tableau.

Le photographe Alain Tigoulet a installé ses œuvres comme un baigneur fugace pose sa serviette de bain avant d’aller jeter son corps à l’offrande des vagues. L’artiste a su jouer, avec élégance et talent, sur ces variations de lumières et de couleurs de ce paysage enchanté qu’est la baie de Somme ou du Pas-de-Calais. Paysages en constante mouvance, à chaque fois différents. Il rend à l’instant cette plénitude retrouvée, croquée à l’éternité. Petites cabines de bain comme des cottages abandonnés sur le sable, dramaturgie de personnages en duo, se faisant la conversation face à l’immensité océanique, mastodonte de falaise qui se dresse face au panorama grandiose, à l’image d’un cachalot échoué, tandis qu’un banc nous invite à la poésie de l’abandon et de l’éphémère.

Les photos d’Alain Tigoulet nous parlent de cette infinitude qui est en nous, sur ces arpents de littoral qu’il nous invite à découvrir. Et, si vous y regardez bien, vous apercevrez peut-être un phoque ou un veau de mer faisant la planche sur un tissu de sable ? Ou une mouette jouant avec ses pinceaux de plumes sur la gouache des nuages ?

Alain Tigoulet est un magicien qui porte, en bandoulière, son œil sur la poitrine. Et sur les murs de la bibliothèque, un rouleau de peinture est passé avec son encre opale. Tandis que les tringles et les crochets sont devenus des étoiles de mer.

                                                                                                             @ Laurent BAYART

* Exposition « Lumières d’Opale » d’Alain Tigoulet, durant tout le mois d’octobre 2018, bibliothèque L’arbre à lire, 19 rue du Général De Gaulle à Mundolsheim.

 

 

 

 

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 63/ LE PETIT GARCON QUI VOYAGEAIT DANS LE TRAIN…

LE PETIT GARCON QUI VOYAGEAIT DANS LE

TRAIN OU LE BRETZEL MAGIQUE…

 

Et te voilà, alphonse, à admirer le paysage

Avec tes yeux noisette qui s’écarquillent

A savourer le spectacle du monde qui se déroule

Devant toi…

La vitre du train est une cinémathèque où se joue

Un spectacle en couleurs

 

 Regarde bien Alphonse,

Voyageur de l’instant

Explorateur de l’immédiat,

Pérégrin des chemins ferroviaires

Emerveillé, tu poses ton regard

Sur le rideau de la vitre

 

En observant avec attention

 Sur le quai

De la gare

Qui sait ?

Tu apercevras peut-être

Un petit garçon déguster

Un bretzel avec son papy

C’est Jules et moi ?

Il manque encore Camille,

Mais bientôt, elle viendra nous rejoindre !

 

Voyage, en restant assis

Tout simplement et en te délectant

De ces secondes partagées

Volées

A la fuite du temps qui passe…

Sur la barque de ce banc

Havre de paix

Sémaphore des tendresses retrouvées

Les mouettes sont des caténaires

Les rails, des embruns en ferraille

Et le bruit des trains, le ressac de l’océan

 

Il suffit de quelques grains de sel

Sur un banc de gare

Comme la colombe d’un magicien

Qui sort de son chapeau claque…

 

                                                               @ Laurent Bayart

                                                                  22 septembre 2018

                                                                (photo de Marie Bayart)