Archives de catégorie : Blog-Notes

LA LUMIERE DANSE AU BOUT DU TUNNEL

          Sur une photo de Marie Bayart,

Chemins escarpés parsemés de chardons et de ronces qui viennent écorcher nos corps meurtris. L’existence n’est pas toujours un long fleuve tranquille ! Qu’on se le dise ! Les ombres de la grande noirceur nous menacent à chaque instant. Les fourches de l’orage se trouvent au-dessus de nos têtes. Marcher, encore et toujours, pour parvenir enfin au bout de ce long tunnel où jaillit la lumière comme un serment de plénitude. Le soleil et sa luminosité apaisante ne se trouvent pas très loin…Marcher, encore et toujours, en écoutant la musique de son âme qui joue en sourdine un adagio de plénitude. N’écouter que sa foi et la certitude que de la sente jaillira un sanctuaire.

Croire que ce chemin de croix nous illuminera et nous fera parvenir à une cathédrale, comme celle de Compostelle, qui sait ?

La lumière au bout de ce tunnel est comme la parole d’un ami ou d’un frère, la promesse d’une main qui se tend en une fraternelle rencontre.

Au bout, il y a toujours une étoile pour vous attendre.

                                                         © Laurent BAYART

                                                             14 octobre 2024

UN OISEAU NOIR TRAVERSE LE CIEL BLEU…

                                             Sur une photo de Nemorin, 

         Il faudra, un jour, réapprendre la grâce de croire encore aux chemins de l’ineffable. A se surprendre à lever la tête pour y admirer l’arpège du ciel et le majestueux cantique des étoiles. De blanche, la colombe a revêtu la soutane noire du pasteur. Mais le divin volatile n’en scande pas moins son chant d’espérance en mille trilles devant les drapeaux des patchworks de tous les pays de la planète. Tissus colorés qui portent en eux l’aiguillon des barbelés et le trait d’une barrière douanière. L’oiseau vole harmonieusement et traverse les nuées en proposant sa litanie de soleil à la cantonade. Il faudra bien se remettre à chanter au diapason de nos espérances disparues.

Croire toujours et encore en des lendemains meilleurs, voilà bien la destinée des hommes ! Les ailes des oiseaux sont des pages de livres qui battent comme des tambours sur le vélin-peau tendue de l’azur. 

Ils écrivent sur le drap du ciel ce qu’il reste d’amour à imaginer pour s’émerveiller de cette jubilation d’exister qui nous pousse à creuser des sentes dans les nuées.

Et s’enivrer d’azur afin d’ériger des cathédrales avec les briques légères des plumes de nuages.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                    12 octobre 2024

LA GIROUETTE DES CHAMPS ET  TOURNE TOURNE LE SOLEIL…

                                                     Sur une photo de René Roesch,

              Le soleil fait des circonvolutions autour de sa plante fétiche qui tourne autour de lui, comme une ballerine fait des entrechats avec son partenaire. L’hélianthe, ou autrement dit le tournesol, ne cesse de s’acoquiner à l’astre du jour dans un ballet naturel et champêtre qui émerveille le badaud. Chorégraphie des pâturages où les plantes deviennent danseuses en tutus aurifères, sur la pointe des pieds ou plutôt des tiges ! Symphonie de rayons qui glissent sur les tournesols en goguette et les ensemencent d’énergie ensoleillée. Ivresse de cet andante de couleurs où l’or glisse et dégouline sur ses pétales et sa fleur. 

Ainsi, le ciel devient orfèvre-jardinier en bichonnant cette plante emblématique, disciple inconditionnel du soleil. Culte à ras de terre voué à ce Dieu campé dans l’azur.

Le ciel devient ainsi un jardin et le soleil, un immense arrosoir à rayons vivifiants qui envoient à sa plante fétiche des graminées de vitamines.

Le tournesol lui adresse un clin d’œil de connivences, comme des gens d’une même fratrie.

Le tournesol est une succursale du soleil dans les champs.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                    7 octobre 2024

EQUILIBRE MINERAL Posé SUR LE CIEL.

                                     Sur une photo de Rémi Picand,

          Le minéral jongle avec l’équilibre précaire du monde, cariatide qui semble porter le fardeau du ciel. La pierre possède l’éternité que le végétal n’a pas. Figée dans la cire fondue avec ses minéraux et cristallins, comme de l’hémoglobine qui se serait fossilisée. Elle porte en elle l’ADN du cosmos. Mémoire de l’univers et poussières d’étoiles déposés dans ce sarcophage rigide. L’astre du soleil s’est caché dans ce réceptacle sacré. Un cairn sur le chemin caillouteux se trouve comme un cantique scandé au milieu des stalles d’une cathédrale. Bannière de tissu, drapeau de prière en menhirs de toiles. Cierge minéral qui renferme encore cette flamme vive, foyer originel brûlant depuis les temps ancestraux et la nuit des temps. 

Le passant/pèlerin dépose l’étoile de sa foi avant de continuer son irrésistible ascension.

La sente monte comme une échelle sans barreau ni échelon. 

Invisibles pas telles des étincelles d’anges qui montent dans une échappée de lumière.

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                        3 octobre 2024

LIVRE / « BOXE », LE RECTANGLE DE CORDES OU CHANTE (ET DECHANTE PARFOIS…) LES BOXEURS.

         Prix Médicis de l’essai en 2016, cet ouvrage est une petite pépite rédigée avec dextérité et talent. « Boxe », titre furtif et laconique (comme un uppercut) de Jacques Henric, nous raconte l’ivresse de ces épopées qui jouent leurs destinées dans le rectangle des cordes. Personnellement, je ne suis pas un aficionado de ce sport mais dévore, littéralement, les biographies de boxeurs qui retracent ces existences déjantées où l’argent, la drogue, le sexe, la pègre et la violence jouent du saxo sur les gueules fracassées de ces êtres sans mesure. On sait que l’avenir de ces boxeurs se retrouve souvent en pointillé car les coups de boutoir des gants endommagent irrémédiablement leurs cerveaux : la masse d’un boxeur appartenant à la catégorie des lourds pouvait avoir une force équivalente à cinq mille kilos…

Sont retracés les parcours atypiques et les combats mythiques de ces matadors en short que sont Georges Carpentier, Al Brown, Marcel Cerdan, Mohamed Ali, Sonny Liston, Mike Tyson…De nombreux écrivains ont été les chantres de ces anges au torse nu, véritables Homère racontant ces odyssées souvent noires. Ainsi, Archie Moore, l’ancien lourd-léger confiera : La boxe, c’est comme les syllabes, ça s’apprend au fur et à mesure. On découvre que Marcel Cerdan n’oubliait pas de réciter un Notre-Père avant le match, tandis que Sylvester Stallone qui assista à l’un des derniers combats de Mohamed Ali (à Las Vegas contre Larry Holmes), déjà passablement diminué par sa maladie, déclara : Suivre ce combat fut comme regarder l’autopsie d’un homme qui est toujours vivant. Quant à Jean-Marc Mormeck, à la question : Pourquoi êtes-vous boxeur ? Je ne peux pas être poète. Je ne sais pas raconter des histoires. On apprend aussi qu’un champion fut…manchot !?? 

Bref, un livre captivant et passionnant sur ce noble Art, pas toujours si majestueux que ça…

                                                               © Laurent BAYART

  • Boxe de Jacques Henric, Seuil 2016.

LE TEMPS SE PRELASSE…

                                             Sur une photo de René Roesch,

         Le temps, jamais ne se lasse mais il se prélasse… Il suffit de le suspendre un instant. Echapper à la fuite du temps et à la nervosité d’un chronomètre qui vous moud et tord les nerfs. Il pulse et expulse l’instant en n’arrê-temps jamais de tourner frénétiquement… 

Dans le jardin, le coquillage en tissu d’un hamac est prêt à vous gober le corps pour un embarquement immédiat dans le monde de la grande farniente. Quelques chaises, aux montants en arabesques de fer, essaimées sur les gravillons du jardin, sont des incitations à mettre vos séants en mode repos. Sous l’immense parasol d’un arbre qui irrigue l’espace de sa virevoltante feuillée, le temps suspend son vol et vous accueille dans son paradis de verdure.

Je suis ivre de ces instants volés. Mon cœur se met au diapason et tempo du jardin.

Vivre, c’est se laisser glisser dans une seconde qui n’aurait plus de fin.

Et là, m’arrêter et regarder un nuage passer comme un galet peint et déposé par un enfant espiègle dans mon jardin…

Une courgette ayant pris un trait de gouache sur son museau… tel le discret cachet du bonheur faisant foi à l’image du tampon de la poste.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                                     29 septembre 2024

LE TANGO DU SOLEIL DANS LE CIEL.

                                                     Sur une photo de Donatien Breiner,

         Le soleil brûle quelques instants sur le feuillet ivoire du ciel avant de s’éteindre et de basculer de l’autre côté de la terre. D’autres méridiens vont se réveiller et regarder l’astre du jour grimper dans les nuées, petite boule de feu venant irriguer le ciel de cette vie venue de l’infini. En attendant, chez nous, le crépuscule n’a pas encore trouvé la nuit… Il reste quelques lucioles de luminosité afin d’éclairer la terre qui s’endort lentement. Encore une journée passée dans la grande horlogerie du monde. Les feuilles des arbres baillent aux…corneilles. Les champs ont posé leur fin duvet comme une douillette literie. Un chat ronronne déjà quelque part au loin.

Le soleil bascule langoureusement derrière l’horizon.

Demain est à imaginer, le coq prépare ses vocalises matinales.

Tandis que les poules sont aller rejoindre leur couette de plumes dans la basse-cour.

                                                                     © Laurent BAYART

                                                                       26 septembre 2024

LIVRE/ HUMEURS MEDICALES DE LUC PERINO OU LA VIE EN MODE BONNE…HUMEUR D’UN STETHOSCOPE ANTHROPOLOGUE.

                  Cet ouvrage atypique pourrait se décliner comme une suite de brèves ayant trait à la pratique d’un médecin généraliste, inspiré et talentueux, qui nous offre des croustillantes pépites de petits textes. Chroniques rédigées avec talent et puisées de son expérience de toubib, elles se révèlent didactiques et passionnantes ! Observateur au regard acéré, il scrute le patient et ses pathologies afin de raconter avec maestria son quotidien de médecin, toujours bien documenté et plein de références pour argumenter ses textes. Comme il est précisé sur la quatrième de couverture : Cet essai littéraire dévoile, pas à pas, une véritable anthropologie de la maladie et du soin.

Cet iconoclaste inspiré nous entraîne sur les chemins escarpés de sa pratique quotidienne et de son expérience, nous confiant – avec humour et pertinence- ses préférences en matière de médicaments : J’avoue avoir aussi un faible pour ceux qui ne servent à rien. Ce sont les plus nombreux. Leur seule limite est celle de l’imagination des fabricants. Leurs ressorts sont l’activisme du médecin et l’impatience du patient. Notre toubib pose un regard ludique et amusant sur cette médecine qu’il exerce avec humanisme et humanité, préférant le patient tranquille, venant chaque mois pour faire contrôler sa tension/…que le trublion faisant irruption avec sa violente douleur abdominale. Belle envolée aussi sur la Revanche de la rate qui malgré sa taille importante, se trouve négligée de l’anatomie et méprisée des étudiants. N’eussent été les volants de voiture où elle vient s’éclater…Plus loin, cet homme en blouse blanche nous déclare que le patient chronique est devenu un véritable malade professionnel. On vous avait prévenu, ce disciple d’Esculape manie l’humour et la dérision avec talent ! Plus loin, il assène que : Plus de 80% des psychotropes prescripts le sont inutilement, voire dangereux. 

Cet ouvrage, passionnant, est rédigé en mode léger. Il constitue toutefois un petit Vidal de bonne humeur…médicale ! Et ce n’est pas un mince compliment ! Ce trublion du stéthoscope rajoutant, philosophe à ses heures, que la médecine est essai, la santé est littérature. Continuons donc d’écrire ! Dont acte.

                                                              © Laurent BAYART

  • Humeurs médicales de Luc Périno, Éditions France Loisirs, éditions du Félin, 2006.                                                                   

LA SENTE QUI RACONTE LE CHEMIN…

Sur une photo d’Alain Tigoulet.

          Parcourir cette sente en posant sur le sable et la caillasse l’écriture de ses pas, empreintes de semelles comme le cachet de la poste faisant foi. Poste restante de cette déambulation qui fait palpiter nos corps, gastéropodes en position debout harnachés d’une maisonnée de rucksack sur le râble. Ivresse de s’en aller à l’aventure, entre liesse de fougères, candélabres d’arbres et d’arbustes et embrouillaminis de liserons. Le chemin chante l’évasion impromptue et fortuite. Se perdre et s’inventer un horizon aux confins de la sylve. Et croiser un inconnu, promeneur et badaud. Se saluer d’une regard furtif et d’un bonjour de compagnonnage et fratrie. Et l’ombre repart dans l’étouffante verdure des futaies.

Marcher, c’est changer de pays à chaque instant et soulever la barrière fictive d’un poste de douane tenu par un scarabée ou un écureuil. Drôle de garde-chiourme !

La limace sur nos godillots faisant office de tampon de visa en bucolique laissez-passer.

Chaque nouveau paysage porte l’étendard d’un pays.

© Laurent BAYART

                                                                        22 septembre 2024

LES PAUPIERES SONT UN ECRIN DE LUMIERE.

                                                     Vallée des Saints, Carnoët, Bretagne.

         Les paupières ont fermé leurs persiennes mais la lumière est restée à l’intérieur, enfermée dans l’écrin de la pupille. La canne du berger a gobé la nuit et ouvre le chemin, comme le bâton de Moïse faisant s’écarter les vagues de l’océan. Des coquillages font office de caillasses sur cette sente qui fleure le chemin de Compostelle. J’avance ainsi dans l’impromptu des rencontres, les images sont en moi, gravées dans les chromosomes de l’instant qui échappe à la fuite du temps. Je marche vers une cathédrale qui n’a pas encore de fondations et, que des pèlerins imaginent déjà pour de pieuses dévotions.

 Se laisser emporter par l’invisible en regardant ses pas s’inscrire sur l’ardoise du sol. Il ne manque plus qu’un saint pour lui attribuer un nom.

Les paupières sont des semelles qui parlent à la terre mais qui chantent la promiscuité du soleil.

Sur le granit, un poème a laissé le souffle de sa syntaxe telle la bulle d’air d’une parabole dans un sanctuaire

                                                                        Laurent BAYART

                                                                  18 septembre 2024