Archives de catégorie : Blog-Notes

LIVRE / L’ECHAPPEE BELLE COMME UNE VRAIE RETRAITE SANS LA COQUILLE DE LA MAISON…

Je découvre avec ravissement ce petit livre bleu signé par un auteur que je ne connaissais pas : Xavier de Moulins. Ecrivain et journaliste de 47 ans, auteur de plusieurs ouvrages.  Et doté d’une particule, s’il vous plaît !

Le titre est surprenant et étrange Ce parfait ciel bleu, où l’on retrouve Antoine Duhamel qui sillonnait les pages de son premier opus Un coup à prendre. Histoire de cet homme divorcé et père « recomposé » qui n’arrive pas à mettre les deux pieds sur la barge, regardant toujours en arrière via la page Facebook de son ex…Histoire aussi aussi tendre et touchante de Mouna, sa grand-mère rebelle, genre de merveilleuse zazou. Echappée belle loin du mouroir de la maison de retraite. Vie en majuscule et découverte d’un passé au miroir brisé et fragmenté, d’une superbe complicité qui passe à travers la barrière des générations.

On n’a pas d’autres choix que de tomber de haut lorsqu’on cultive la certitude que derrière tous ces croulants il n’y a jamais eu d’histoires d ‘hommes et de femmes, que des bérets et des médailles d’ancien combattant rangés au fond d’un tiroir. C’est que les vieux sont des miroirs que l’on fuit pour ne pas avoir à penser à demain…

Ecrit avec justesse, la narration s’écoule paisiblement. Les mots sont bienveillants et fixent parfaitement la vérité de la trame. Sagesse et bonheur de l’instant comme un message chuchoté par l’ancêtre dans la conque d’une oreille : Le passé tu ne peux pas le changer et tu ignores tout du futur. Vis au présent, aime au présent, c’est la seule solution…/…Tu verras bien demain ce que l’avenir t’a réservé.

Belle leçon de liberté qui prouve qu’on peut toujours s’affranchir de son destin, il suffit tout simplement de rêver les yeux ouverts.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* Ce parfait ciel bleu de Xavier de Moulins, éditions Au diable vauvert, 2012.

 

 

 

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 61 / LES TOURISTES N’AIMENT PAS LES CIGALES OU PREFERENT-ILS JOUER LES FOURMIS ?

(photo originale de Némorin, Erik Vacquier)

      J’ai parlé du tourisme bête et imbécile dans mon dernier livre  J’ai mon voyage (éditions Orizons) où j’aurais pu rajouter cette évocation surréaliste de l’actualité estivale. Ce tourisme du déplacement en masse, rapide et volage, voire vorace qui ne voyage plus mais se meut (h) (enfin, les toutous ne supportent même plus le bruit des vaches à la cambrousse !) rapidement. On pourrait presque en rire, prendre ces infos pour des fake news, inimaginables, inconcevables. Comme si le père Ubu, sorti de sa boite à fantaisies, revenait nous dire Merdre !  à coup d’absurdités et pourtant… Les bouseux devenus indésirables dans leurs prés carrés. On pourrait presque penser qu’il s’agit d’une farce inventée par le maire de cette commune du Beausset dans le Var, interpellé par des touristes lui demandant d’éradiquer les cigales et le frottement intempestif  (pestif plutôt !) de leurs ailes.

Bref, exit la stridulation ou le craquètement de ces hémiptères. Ca dérange les porteurs de bob et autre sac banane ! Il y aurait même eu des plaintes ? Trop bruyants ces insectes ! A éradiquer à coups d’insecticides ! Oui, on pensait que tout cela n’était finalement que des galéjades, façon de faire de la pub pour tel ou tel site…mais non. Voilà qu’on tombe dans le grotesque, à l’image de ceux qui se retrouvent – à la campagne – incommodés par le meuglement des bovins ou le carillon des cloches, les piquouzes perverses des taons ou des moustiques, ou le cotcodac des poules dans une basse-cour, l’appel matutinal et claironnant des coq, le bruit d’un ruisseau ou d’une fontaine dont l’eau s’écoule, clapote dans une vasque en pierre, langoureusement…on tombe décidément sur les fesses. Ce siècle est grandissime ! Trop forte cette époque ! Force est de constater que nous ne sommes plus dans celui des Lumières, mais dans celui des « petites frappes », courts circuits en boucle, des  câbles et des plombs qui sautent en permanence. Les ampoules ont perdu de leur luminosité. La boîte crânienne humaine devient une grotte obscure.

Notre coefficient intellectuel aurait-il culbuté dans le grand néant de l’absurdité ? Les touristes sont-ils devenus aujourd’hui des fourmis qui se prennent pour des cigales ou bien l’inverse ? La connerie a toujours de (très) beaux jours devant elle et demeure –à l’image d’Internet – en haut débit et terriblement illimité.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

                                                                      

 

 

EXPO EN SEPTEMBRE/ LES CHEVAUX AU VENT DE GEFE A LA BIBLIOTHEQUE DE MUNDOLSHEIM.

          Incroyable profusion artistique du plasticien/créateur Géfé qui « tribule » (de tribulation !) depuis une cinquantaine d’années au gré d’une inspiration débridée, à l’image des chevaux qu’il va prochainement exposer à la bibliothèque « L’arbre à lire » de Mundolsheim.

Cet artiste, né en mai 1950, d’un père ébéniste et artiste peintre, a bourlingué de Wasselonne, Brechlingen, Marlenheim (où se trouve son atelier !) jusqu’à Mulhouse. Il possède une formation de décorateur-étalagiste et s’est inspiré d’un collègue qui signait ses toiles R-Gé pour s’approprier le patronyme de Géfé, alias Gérard Felder. J’ai eu le bonheur de le revoir après un bon break d’une vingtaine d’années et notre ami est resté ce gamin émerveillé, hyper productif à l’imagination débordante, révolté et généreux, bref un véritable humaniste. Le monde en a bien besoin en ces temps d’obscurantisme ! J’avais publié, dans les années quatre-vingt, un ouvrage poétique à la Bartavelle intitulé « A corps et à cris » qui lui avait –déjà à l’époque – inspiré de superbes dessins et illustrations.

Aujourd’hui, je ne peux que vous inciter à venir découvrir ces toiles de chevaux qui expriment les alizés enivrants, la beauté, les couleurs de l’ivresse de la vitesse et du bonheur de l’évasion. Cette envolée équestre de Géfé est un hymne à la liberté et aux paysages que l’on devine arpentés par les sabots inspirés de ses folles montures. Géfé se révèle être un cavalier hors pair. Sa selle ressemble tout simplement à une toile qui l’emmène dans la frénésie de ses aventures artistiques. Menées de mains de maître, à hue et à dia et – qui plus est – Mors aux dents !

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* exposition « Les chevaux de Géfé » durant le mois de septembre à la bibliothèque « L’arbre à lire », 19, rue du Général De Gaulle à Mundolsheim. Vernissage le mardi 4 septembre 2018 à 19h30.

 

LIVRE / LA COREE DU NORD EN 100 QUESTIONS NON EDUL »COREES »…


Finalement, on a écrit tout et n’importe quoi sur ce pays, Juliette Morillot, coréanologue, professeur à l’université de Séoul et Dorian Malovic, spécialiste de la Chine, chef du service Asie au quotidien La Croix, ont rédigé un ouvrage qui pose les bonnes questions en apportant les réponses qui remettent un peu les pendules à l’heure, face au déferlement de fausses infos ou de fake newsau sujet de la Corée du Nord qui a défrayé souvent la chronique (ou plutôt effrayé !) ces derniers temps.

Véritablement passionnant, cet ouvrage retrace l’histoire, la politique, géopolitique, les réalités quotidiennes, l’économie et la culture de ce pays. Force est de constater qu’à la lecture de cet ouvrage quasiment complet, on comprend beaucoup mieux la Corée du Nord, surnommé jadis Joséon, le pays du matin clair. Une carte en début de volume offre aux lecteurs une vision détaillée de la péninsule coréenne, théâtre d’une histoire déjà bien mouvementée. On apprend aussi que déjà en 1653, ce territoire était déjà considérée comme une terra incognita, pays si fermé qu’elle n’apparaît même pas sur les cartes de navigation occidentales. L’histoire et ses moult soubresauts, ainsi que ses envahisseurs, expliquent en grande partie cette haine des Américains et des Japonais :une jarre remplie par les Américains des larmes et du sang du peuple coréen. Et plus loin : Tellement de familles ont été séparées par la faute des Américains. Les gens ont fui le Nord pour se réfugier au Sud car ils avaient peur de la bombe atomique.

Explication de texte avec un retour sur la guerre de Corée et cette fameuse zone du 38èmeparallèle ainsi que la DMZ (Zone démilitarisée, longue de 249 kilomètres, qui recèle une incroyable faune et biodiversité, car protégée de toute intrusion humaine depuis 60 ans, comme quoi…). On apprend aussi que la France envoya un bataillon composé de 3421 soldats, sous couvert de l’ONU (dont 269 perdront la vie). Ajoutons à cela que très souvent les témoignages des transfuges échappés de ce pays s’avèrent totalement faux. Ainsi, de nombreux récits ont été publiés qui n’étaient que des ramassis de propagandes venus des frères sudistes….On y parle également de cette métamorphose dans la société contemporaine depuis l’accession au pouvoir de Kim-Jong Un qui détonne avec la politique de ses prédécesseurs Kim-Jong Sung et de son père Kim-Jong-Il…Finalement plus moderniste que l’on croit. Beaucoup de choses ont déjà changé depuis la parution de ce livre fin 2016.

Bref, cet ouvrage est une mine de renseignements et d’infos qui nous révèle bien des vérités sur ce pays, pas si satanique que l’on veut bien nous le faire croire, mais pas non plus, un éden ou un paradis. Loin de là !

Comme chacun sait, la vérité se trouve souvent entre les deux lignes, un peu à l’image de cette ligne de démarcation…

                                                                                                              @ Laurent BAYART

 

* La Corée du Nord (en 100 questions) de Juliette Morillot et Dorian Malovic, Tallandier, 2016.

 

LIVRES/ LE BONHEUR EN COUPLE(s) ET A VELO OU ELLE N’EST PAS BELLE LA…BELLE EPOQUE ?

Maurice Leblanc, avant d’inventer le personnage d’Arsène Lupin, a « commis » une petite merveille de livre parue en 1898, un joli conte à lutiner, une manière de prémices de la littérature sportive lorsque deux couples s’emmêlent les pinceaux et s’en vont s’encanailler sur les routes normandes. Les femmes à vélo s’appelaient à l’époque (la belle !) des cyclistines. Voyage en chambre à air et découverte de cette fée d’acier, petite reine qui va servir de révélateur à ce couple qui, au fil des kilomètres, se déjante…et s’acoquine avec la volupté des instants volés à la fuite du temps. La nature et les paysages (en mode lecture comme on dit !) se réveillent sous leurs yeux émerveillés : Le soleil ne perçait le voile des branches que pour jeter sur la pelouse de la lumière joyeuse et changeante. Les quatre compères découvrent la liberté qu’offre la bicyclette qui réveille leurs sens à la vie : Oh ! Comme c’est bon d’être heureux pour la seule raison que l’on vit ! Voilà qu’ils découvrent que le vélo (anagramme de love) est un perfectionnement de son corps même, un achèvement, pourrait-on dire. C’est une paire de jambes plus rapides qu’on lui offre. Lui et sa machine ne font qu’un…Et finalement, Pascal, l’un des bienheureux vélocipédistes de se rendre compte : Nous avons des ailes, Madeleine !/. Voici des ailes pour nous éloigner de la terre, pour nous moquer du monde et de ses méchancetés et des ses bêtises, voici des ailes pour nos âmes affranchies !

De retour de cette virée cycliste rédemptrice en Bretagne et en Normandie, les amoureux auront redistribué les cartes et reviendront changés sinon métamorphosés, grâce à leur bicyclette et à l’amour qui a rempli leur musette d’une exaltante ambroisie aphrodisiaque. Bref,  une façon de dopage avant l’heure…

                                                                                                              @ Laurent BAYART

*Voici des ailes de Maurice Leblanc, préface d’Antoine De Caunes, éditions Phébus, 1999, réédité par les éditions France Loisirs.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 60/  DETOUR DE FRANCE ET RIEN DE NEUF SOUS LE SKY, OU VIVE LA FRANCE VUE D’HELICO !

Franchement, je ne voudrais pas passer pour un grincheux, mais cela fait des années que le Tour nous gave d’un profond ennui. Cette année, la messe fut encore dite assez rapidement, même si l’équipe Sky a alimenté un minuscule zest de suspens, en cuisine interne, mais bon …franchement, il n’y avait pas de quoi louper une séquence à la télé en allant se chercher une bière, pendant une étape de montagne. La course et leurs étapes stéréotypées (pour sprinteur, baroudeur ou grimpeur) nous font chavirer dans un marasme sans nom. Tout est dans l’oreillette ! Il suffit de brancher vos portugaises sur « Radio Tour » ! Même les spectateurs (tout de même moins nombreux) semblaient un peu se coincer la bulle sur leurs chaises pliantes. Quant à El Diablo, il est retourné d’où il est venu (c’est-à-dire au pandémonium), maugréant qu’on ne le reprendrait plus. Dorénavant, il ira supporter les étalons des courses hippiques à Longchamp ! Bonjour tristesse ! Serait-on tenté de rajouter. Heureusement qu’il y a quelques coureurs romantiques, déjantés, de ceux qui nous font encore un peu rêver comme Peter Sagan et ses pitreries (les miss des podiums l’adorent) et son alter ego français, genre Richard Virenque, un « poissard de première » avec son maillot lumineux à pois rouge, notre Julian Alaphilippe qui a su enchanter les routes de son panache et de sa bonne humeur. Même si le peloton ne s’affolait guère, il se trouvait bien loin au classement général. Ca s’agite ferme de la calculette, derrière où l’on manque sensiblement d’imagination et d’envie de mettre des étoiles sur le palpitant des aficionados des bas côtés.

Oui, aujourd’hui, le Tour est menacé. Les retransmissions télévisées d’Antenne 2 et 3 se résument à un dépliant publicitaire pour touristes. Que la France est belle en vue aérienne ! C’est « drônement » pittoresque ! On vous débite l’histoire d’un lieu-dit ou de vieilles ruines ou d’un site remarquable…Ah, oui…j’oubliais, il y a une course de vélo un peu plus bas ! Quelques fourmis en grappes moulinent devant des coquilles de voitures cacahuètes et des sauterelles de motos. Tout finira par un grand coup d’aspirateur donné par une voiture balai…Au détour d’un rêve de Grande Boucle.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

                                                                                         

 

LIVRE/  LES CHEMINEMENTS DE JACQUES LACARRIERE.

Nouvelle version d’un livre « pédestre », signé Jacques Lacarrière, qui raconte le long « cheminement » d’un périple qui l’a mené de Saverne dans les Vosges jusqu’aux Corbières à la lisière de l’Espagne, en août 1971. Chemin faisant raconte cette traversée de quatre mois, tout en enchantement et en rencontres au rythme d’une marche soutenue. L’écrivain avoue : j’ai marché pour l’unique plaisir de découvrir au fil des jours et des chemins un pays et des habitants qu’au fond je ne connaissais fort peu. Il raconte avec délectation ce culte de la lenteur retrouvée lorsque, par exemple, les gens s’arrêtent le long du canal de la Marne au Rhin afin d’observer le passage d’une péniche dans une écluse. Spectacle de la nonchalance. Le pérégrin inspiré raconte que le pire ennemi étant les « chiens aboyeurs » qui feront office de chardons et de ronces à crocs, tout au long de sa paisible déambulation. On n’imagine pas le nombre de chiens qu’il peut y avoir en France. J’en ai rencontré partout, dans les jardins, devant les maisons particulières, dans les cours de fermes, dans les prés et jusque sur les routes les plus éloignées. Jacques Lacarrière aura appris le goût de l’eau des sources et des rus. C’est un goût qu’on oublie avec les eaux javellisées de nos villes. Ici, les sources ont un goût de terre, un goût d’ombre encore vierge…/…J’ai appris aussi à reconnaître un filet d’eau selon son bruit. Car le ru chante à peine. Il coule sur des terrains très peu pentus, avec un cours nonchalant qui se traduit par un murmure. L’impénitent marcheur constatera aussi, un peu amer : l’indifférence et l’égoïsme des Français, leur méfiance et même leur hostilité à l’égard de tous ceux qui voyagent ou qui se déplacent sans être touristes ou vacanciers. Par contre, notre ami fera l’éloge de la boulangère toujours accorte : Partout, j’ai rencontré des boulangères aimables, avenantes, prêtes à venir en aide, au point que par la suite, à chaque difficulté, je me dirigeai droit vers la première boulangerie venue… La marche permet de retrouver une humanité perdue, une fraternité de l’instant, une échappée de lumière dans un monde qui grouille à la vitesse des courriels : Quand on marche, n’est-on pas l’ami de tout le monde ? Quelle magnifique et sublime réflexion ! La sagesse vient en marchant, on le savait déjà un peu, l’écrivain nous le confirme. Sismographe des émotions et des sensations, il constate aussi que les routes sont devenues de véritables cimetières d’animaux : Il faut marcher, mètre par mètre, pour se rendre compte du nombre incroyable de bêtes tuées et écrasées par les voitures. Hérissons, crapauds, oiseaux, escargots…/…Ainsi marquée de taches, d’auréoles, d’écrabouillis de toutes couleurs, l’asphalte ressemble à ces ardoises ou à ces schistes empreints de mille fossiles et où se lit l’histoire d’un sol.

Ce livre est une ode à une certaine forme de lenteur, celle qui offre l’humanité des proximités et des connivences, manière de voyager sans zapper les paysages mais en s’y nourrissant. Et l’écrivain de conclure : Les itinéraires choisis librement sur la carte, l’errance improvisée sur le grand portulan des chemins, le miracle de tous les imprévus – il faut ajouter cette libération du temps comme si les heures, échappées du morne sablier des rendez-vous et des calendriers, prenaient une substance, une épaisseur qui leur soient propres.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* chemin faisant suivi de La mémoire des routes de Jacques Lacarrière, Fayard, 2016.

 

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 59/ PENDANT LA COUPE DU MONDE DES FOOTEUX Y’A UNE COURSE DE VELO !

 

         La coupe du monde de foot et l’épopée surprenante des bleus (Allez, on ressort les vinyles de Gloria Gaynor : « I will survive » !) ainsi que l’engouement qui s’en dégage fait oublier que pendant que des millionnaires jouent à la (ba)balle sur des gazons rectangulaires, des cyclistes (asthmatiques) écument à toute berzingue les routes, parfois fraîchement goudronnées pour la circonstance. On l’oublierait presque mais le Tour de France (qui n’en est vraiment plus un depuis longtemps) a démarré la semaine dernière. El Diablo et sa fourche sont-ils partis en Russie ? Ou bien se prépare t-il à piquer un sprint sur l’asphalte et à courir (s’essouffler) après ses idoles qui fusent à trente à l’heure dans les cols…Ou bien, tout simplement las et fauché, il a jeté l’éponge ! La passion s’empare de tout un peuple. C’est bon pour le P.I.B. et le moral ! Le foot ressuscite les fratries oubliées. Pendant ce temps-là, les étapes du Tour s’enchaînent (sans jeu de mot) et on s’ennuie souvent (depuis des années d’ailleurs !) car tout est désormais tellement stéréotypé, programmé, calculé que souvent la messe est dite avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée. A moins qu’une poussière encrasse le moteur ou plutôt qu’un gravillon fasse la roue dans une descente, un pneu qui tente une échappée…d’air ! Pfut.

Les portugaises dans les oreillettes. On écoute « Radio Détour »  .Etape pour les baroudeurs, sprinteurs ou grimpeurs. L’équipe du maillot jaune veille (aux gains) sur la course. Ou plutôt la cadenasse. Un scénario écrit sur du papier à musique sinon à dérailleur électronique. Le Ventoux escaladé, non, cette année c’est plutôt la ventoline…Le mont qui tousse. N’est-ce pas Bernard Hinault, l’empêcheur de rouler en rond ? Ca fait tellement longtemps que la caravane est constituée d’une armada de pharmacies ambulantes et que les directeurs d’équipes sont des disciples d’Esculape que, lorsqu’un coureur crève, on incrimine plutôt cette infortune à une seringue qui traîne sur l’asphalte plutôt qu’à un clou…Les temps ont changé. Les poètes en chambre à air ont décidément un mal fou à nous faire rêver. Nous qui rêvions d’épopée, on à affaire à des Popeye du guidon !

Heureusement qu’il y a le foot ! Après tout, un ballon n’est finalement qu’une grande chambre à air qui s’est mise en boule et fuse sur le gazon. Faudra contrôler sa vitesse. Dès fois qu’elle se soit dopée !

                                                                                                              @ Laurent BAYART 

 

LIVRE/ LES FILLES BIEN NE VONT PAS AU POLE SUD

       Derrière un titre un peu « bateau », ce livre raconte l’histoire de Liv Arnesen, la première femme à avoir atteint le pôle Sud, après 50 jours et 1.100 kilomètres de pérégrinations dans le désert blanc, trainant derrière elle une pulka (traineau). Récit d’une aventurière hors du commun qui avoue : J’ai toujours paniqué quand les jours se suivaient et se ressemblaient un peu trop. Petit rappel concernant l’Antarctique, territoire quarante fois plus grand que la Norvège où l’épaisseur moyenne de la glace est de 4.000 mètres…On évalue que si toute la glace de l’Antarctique fondait , le niveau des mers de la planète monterait de 60 mètres…Chaque jour, cette femme téméraire s’entrainera deux heures en trainant derrière elle trois pneus et un sac sur le dos de 15 kilos…Liv nous confie également   :

qu’au fil de mon voyage, je suis de plus en plus en contact avec mon intuition, à moins que ce ne soit simplement avec moi-même. L’intuition est une formidable propriété que nous possédons et que nous ignorons sans doute un peu trop dans notre quotidien bousculé. Journal de bord parfois drôle où durant son périple, elle sera obsédée par le lancinant air de la Lambada ! A t-elle aperçu des pingouins la danser ? Elle rajoute : Ce dont nous nous souvenons comme de bonheur, ce sont souvent des situations qui contiennent aussi de la tension.. /..Pour aller plus loin, il nous faut supporter un peu d’angoisse. Le livre se termine par un hommage aux « modèles du passé », ces intrépides explorateurs que sont Nansen, Nordensköld, Scott, Shackleton et Amundsen.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* Les filles bien ne vont pas au Pôle Sud, récit de la première femme à avoir atteint le Pôle Sud, éditions Interfolio, 2017.

LIVRE/  LA POESIE DE L’ENTRE-DEUX.

Olivier Larizza, écrivain prolixe et pluridisciplinaire, s’il se trouve en quarantaine, c’est bien d’années dont il s’agit car cet auteur-professeur de langue et de littérature anglaises né à Thionville est un nomade habitué des marges qu’il affectionne particulièrement. Lui qui est comme suspendu à un fil entre deux continents, partageant son existence entre l’Alsace et la Martinique, entre 2003 et 2015. L’écriture poétique, sous forme de journal intime, s’imposa à lui comme une évidence : En somme, je n’ai jamais voulu écrire de la poésie : elle s’est imposée à moi, elle s’est emparée de moi en raison de la vie que je menais…Ecriture sensuelle, fulgurance d’images en échappée belle d’esprit et de sentiment, Larizza navigue sous le soleil des Caraïbes, lutinant et butinant avec délectation les joyeusetés locales, comme un personnage romantique de littérature libertine, écoutant Hôtel Californian (californique ?)avouant que mon siècle n’est pas le mien je me répands en lui mais ne l’aime point…Ecriture rythmée et cadensée par le son des vuvuzelas et exempte de pollution en mode virgules ou autres ponctuations. L’épicurien, chantre des tropiques, adoptant des codes typographiques qui confèrent à ses poésies des allures de musicalité originales. Fraîcheur de ce deuxième opus qui annonce un troisième tome à paraître dans la foulée.

Avec Olivier Larizza, la poésie est une manière de bourlinguer et de poser ses valises, l’espace d’un instant, dans l’entre-deux d’une salle d’attente imaginaire, avant de repartir pour d’autres aventures, histoire de faire tourner pages et plages dans l’ivresse des rencontres.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

 * L’Entre-deux, collection Confidences, d’olivier Larizza, Andersen,  2017.